Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


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mercredi 12 février 2025

Chaud bain

Aron, par Maja Egman
La mère d'un jeune
amant, découvrant la situation,
a dit : 'y a pas d'mal à s'faire du bien ".
(Authentique)

vendredi 6 septembre 2024

Ne jamais en parler



Ce court-métrage, déjà diffusé ici même en 2014, m'avait beaucoup ému, car j'ai vécu la même situation. Seule différence, la mer, au Cap d'Antibes.

C'était ici, très précisément. Le plus beau garçon du lycée et, un soir, restaurant, Champagne, ivresse réelle ou feinte, nuit complice. Nous eûmes une relation de plusieurs années que je ne devais absolument pas révéler. Depuis, J. s'est marié. Son épouse et son fils sont toujours restés dans l'ignorance de cette relation. Je n'ai jamais failli à mon serment.

mercredi 1 mai 2024

Muguet amer

Extrait de Novecento (1900), chef-d'œuvre de Bernardo Bertolucci (1976).
Robert De Niro partageait la vedette avec un certain… Gérard Depardieu.

   Le 1ᵉʳ mai, ce n'était pas la "fête du muguet" * et ce peuple en lutte ne connaissait certes pas l'expression "faire le pont".
" Pourquoi n'avez-vous pas cours mercredi ? "
Un seul de mes élèves a dit "fête du travail".
"C'est-à-dire ?
- Bah, parce qu'on travaille pas, ce jour-là."
C'est toujours ça.

* C'est en 1941 que le muguet est associé officiellement à la fête du Travail. Le maréchal Pétain impose cette fleur blanche pour remplacer l'églantine rouge, trop associée au communisme selon lui. 
La « fleur socialiste », comme on disait alors, rendait également hommage à Fabre d’Eglantine, inventeur en 1793 du calendrier révolutionnaire.

samedi 12 août 2023

Amour de vacances


«  J'avais trop bu, hier soir, sans doute...
Que s'est-il passé ?
Je ne sais même pas si je regrette.

Cet été-là, il revint plusieurs fois.

jeudi 15 juin 2023

Ciel, son épouse !


Toutes proportions gardées,
j'aurais pu vivre ce genre de situation :
J'étais l'amant d'un garçon dont l'épouse était souvent absente pour raisons professionnelles.
(Ils ont divorcé, depuis, mais je n'en suis pas la cause.)

mardi 8 novembre 2022

" Ma mère ! Vite ! "


J'avais seize ans. Un après-midi, je fus surpris par ma mère, rentrée plus tôt que prévu, en compagnie d'Hocine. Dans ma chambre, où elle déboula sans frapper, nous étions fort peu habillés. Je lui ai dit que nous avions échangé nos pantalons pour juger de l'effet. Elle y crut. Ou fit semblant d'y croire. 

lundi 7 septembre 2020

Venise m'euphorise

Comme prévu, la Sérénissime, à cause de la pandémie (grâce à elle ?) m' est apparue telle que je ne l'avais jamais vue.
Et ce n'était que la quinzième fois que je l'aimais.
Comme dans notre pays, où les Français ont choisi, dans leur majorité, de passer leurs vacances, Venise a attiré une foule d'Italiens ravis de découvrir la cité des Doges rendue à elle même, sans ces touristes d'un jour irrespectueux de sa beauté : pas de bains de pieds dans la lagune, pas de beaufs ingurgitant leur pizza "al volo" assis sur les marches de San Marco ou sur celles des multiples "pontile", pas de grands bateaux de croisière déversant leurs foules d'un jour armées de perches-à-selfies, transformant cette ville éminemment baroque en parc d'attractions  au parcours balisé.
On entend donc essentiellement la langue-musique de Dante ; s'y égarent parfois, minoritaires, celles de Goethe ou de Molière.
Dans le vaporetto, qui, il y a peu, éveillait le souvenir du métro parisien aux heures de pointe, on entend râler, en toute logique, un couple de jeunes français se plaignant que les "bâtiments" (!) ne sont pas assez éclairés (on est au crépuscule) pendant que je jouis de la quiétude qui règne enfin sur le Grand Canal dont les eaux ont quasiment retrouvé leur pureté originelle.
Le soir, les places, les venelles, la "plage" qui jouxte le "Rialto mercato", où l'on déguste l'ultime "grappa" avant de rentrer au couvent (l'hôtel fut en des temps reculés un monastère), laissent entendre le silence que trouble à peine le clapotis des eaux du canal ou, parfois, le toussotement d'un vaporetto fatigué d'avoir subi tous les assauts.

Quant aux vrais Vénitiens - il en reste quelques uns ! - on sait, l'expérience aidant, où les trouver, en population lassée des diverses invasions barbares d'hier et d'aujourd'hui ; on apprécie leur discrétion et l'orgueil qui se manifeste par leur refus de consommer, désormais, cet "Aperol Spritz" vendu à prix d'or sur les terrasses parisiennes : leurs spritz à eux sont maintenant rouges de Campari, signe de résistance au marketing de la maison Barbieri devenue, grâce à son breuvage orangé, firme internationale florissante.
Autour des "cicheti"  - ah, parmi ceux-ci, cette sorte de brandade de morue sur toasts ! - ils se retrouvent dans d'obscurs "bacari" connus d'eux-seuls, quand le visiteur lambda se laisse gruger par des "aperitivi" sans générosité sur l'artère principale du Cannaregio, celle où le touriste harcèle l'autochtone de "San Marco, please ?". Excédés, mais non sans humour, des petits malins ont tracé à la craie des indications fantaisistes destinées à égarer le passant qui tourne et vire sans jamais aboutir à la fameuse place aux pigeons (dans les deux sens du terme).
Je pense, ayant relu Taine à la faveur de ce séjour, à l'émerveillement qui le saisit lors de sa découverte de la Sérénissime lors de l'avant-dernier siècle (comme le temps passe), et, comme lui et tant d'autres visiteurs sachant la regarder, en savourer toute splendeur, j'ai, à chaque fois, le cœur serré quand il me faut la quitter.

Je vous le promets : ce sera mon seul coucher de soleil. Mais, reconnaissez que ce n'est pas laid.

En guise de carnet de voyage, j'ai choisi de publier, ci-dessous, des photos (avec ou sans légende) qui, à mes yeux, racontent ce bref séjour.
Je ne vous apprendrai sans doute rien, internautes chevronnés, en rappelant qu'il suffit de cliquer sur les photos pour les afficher en très très grand :



















mardi 22 octobre 2019

Automneries 2019, "numero cinque"

Les anges de la balle-au-pied



Je fus aimanté par ces anges jouant aux arènes de Montmartre un jour d'errance en solitaire d'avril 2018.
Loin de m'en vouloir de les observer puis de les photographier, ils m'adressèrent des sourires comme on envoie des baisers, pensant peut-être que c'étaient leurs exploits footballistiques qui avaient suscité mon intérêt.
Ce qui n'en est pas moins piquant.

Ils m'adressèrent des sourires comme on envoie des baisers

La vieille dame au violon


À Cremona, chez Stradivarius
Je ne sais plus si j'ai conté ici ce beau souvenir du printemps passé, ce trop court séjour dans une Bretagne en micro-climat, non loin de Lorient, où, me dit mon hôte, il fait beau trois fois par jour : cet ami de longue date me pressait depuis longtemps de rencontrer sa mère, vieille dame de quatre-vingt dix ans encore très alerte, musicienne de profession autrefois et donc musicienne à jamais.Dans cette maison du bord d'océan se languit un vieux piano Gaveau presque juste, sur lequel je jouai pour elle tout ce qui me passait par le cœur, pièces connues ou moins parcourues, dont elle connaissait chaque note, chaque silence, chaque nuance, chaque indication de phrasé. Percluse de rhumatismes dans cette période, elle fit tant et tant pour les oublier, que nous nous quittâmes après avoir joué ensemble - elle au violon, moi au piano - la musique du film La liste de Schindler que John Williams a signée pour Spielberg, mélodie digne des plus grands airs du répertoire dit "classique".
J'évoque à nouveau celle qui est devenue une amie de toujours par la grâce de la musique partagée, car la semaine prochaine j'irai à Crémone (Cremona), la ville de Stradivarius, la capitale moooooondiale du violon, avec son fils : il pourra ainsi lui rapporter un souvenir pour son quatre-vingt onzième anniversaire et un cadeau de ma part pour qui ces quelques jours sont inoubliables.


Christophe Honoré l'enchanteur


Vincent Lacoste et Camille Cottin, photo de tournage.
Ce n'est certes pas son meilleur film, mais Chambre 2012 possède une charme particulier dû principalement, selon moi, au concept scénaristique très original qui transforme les affres de la vie d'un couple vieillissant en fable sautillante, un peu dans la veine, parfois, d'un Michel Gondry, quand ce dernier est au meilleur de son inspiration.
Ça file, ça virevolte, ça vaudevillise un tantinet, et donc, de fait, ça vous prend dans ses bras pour un moment de cinéma qui ne se la pète pas, où l'on se love tranquillement en pays de bienveillance, ce qui, par les temps qui trépident, hein...
Et puis, nonobstant le talent et la grâce de Chiara Mastroianni, le jeu intelligemment (naturellement ?) flegmatique de Benjamin Biolay, la perversité de Camille Cottin, le choix judicieux de la Sonate K466 de Scarlatti et du Could it be magic de Barry Manilow (mais aussi, un peu beaucoup de Frédéric Chopin !), et puis, disais-je, il y a Vincent Lacoste, tant adulé de moi et d'autres garçons sensibles qu'il a conquis à jamais dans le précédent film du sieur Honoré*, épatant, finaud, magnifique, talentueux et doté, de surcroît (je me lâche !), du plus beau cul du cinéma français, ce qui justifierait presque l'organisation d'une pétition pour le rétablissement immédiat des "cinémas permanents" d'avant, où l'on pouvait rester à toutes les séances si on le désirait.
Bref, ne faites pas la gueule, détendez vous : ce film vous y aidera.
Et puis, Scarlatti, n'est-ce- pas ?


Domenico Scarlatti, Sonate K 466 - Vladimir Horowitz, piano.

* Plaire, aimer et courir vite


RIP, Frédéric !

Des fleurs, toujours. 

Jeudi dernier 17 octobre était la date anniversaire de la mort de Frédéric-François Chopin qui s'éteignit à Paris en 1849 à l'âge de 39 ans.
Si cher au cœur des mélomanes et des pianistes du monde entier (il fut le premier à exploiter les possibilités du piano "moderne"), l'artiste majeur de la période romantique fit l'essentiel de sa carrière à Paris où il repose dans le cimetière du Père Lachaise. Selon ses dernières volontés, son cœur a été séparé de son corps pour être transporté à Varsovie où il se trouve dans un pilier de l'église de la Sainte Croix.
Jour après jour depuis le jour de son inhumation, la tombe du Père Lachaise est ornée de fleurs déposées par la foule d'amoureux de la musique et de musiciens qui l'adulent pour l'éternité.
Pour écouter Chopin, entre autres grands pianistes, j'ai une tendresse particulière pour Arthur Rubinstein.


Un peu de gloire, beaucoup de douleur


J'ai revu, comme prévu, le film de Pedro Almodovar, en Blu-ray d'excellente facture, en compagnie d'un jeune ami (bluffé !) qui l'avait manqué lors de sa sortie.
La scène "émoustillante" vue par ici maintes fois, arrive finalement assez loin dans le film ; mon souvenir n'était pas très précis.
Mais tout ce qui précède cette scène et tout ce qui la suit est purement génial, et je pèse le mot !
Bonne nouvelle : Pedro est de retour !
Et Antonio aussi !
Antonio Banderas : a-t-il jamais été meilleur ?

Cadeau.


C'est la chanson (ici, en direct et en public) qui accompagne l'un des grands moments du film de Christophe Honoré Chambre 212 (voir plus haut) : 


Crédits : comme on peut le constater, tant elles sont de qualité moyenne, j'ai fait les photos insérées dans ces automneries.
Sauf la dernière : 

Garçon fumant à sa fenêtre | Daniele Sartori, Montmartre 2010

samedi 12 octobre 2019

Monte là-dessus...


Ils furent très inspirés, les enfants des écoles de Montmartre, dans le choix des couleurs destinées à rendre les escaliers de la Butte moins durs aux miséreux.

lundi 30 septembre 2019

Automneries 2019, numéro deux

Tout près de chez moi, mais en 1938
C'est le bonheur de la semaine écoulée : un voisin m'a offert une caisse de disques vinyles en parfait état, dont nombre de Deutsche Gramophon période Von Karajan ; à ma grande stupéfaction, les disques sont dans un état neuf, comme sortant d'un bon vieux disquaire qualifié comme il en existait autrefois. L. - béni soit son Saint Nom - a trouvé un jour les disques dans la cour de l'immeuble, laissés là, en toute vraisemblance par un résidant en urgence de déménagement ; il les a récupérés puis descendus à la cave, d'où la plus agréable odeur de moisi jamais ressentie dans mon salon depuis que j'y ai posé ma vie.
L. n'a pas de platine, et j'ai bien compris que l'écoute de Boris Godounov parasitée par les hurlements ad libitum de sa marmaille n'étaient pas dans ses priorités.
Alors, la collection Archiv, pour les fans, hein... !
Dans cette malle aux trésors se trouvent les Symphonies de Beethoven par HvK (un intime :  je ne l'appelle plus que comme ça !) que je possédais déjà mais pas dans cet état impeccable qui ne nécessite même pas l'usage de mon chiffon antistatique usuel.
S'y trouvent également les concertos du même Ludwig par Kempff et Leitner que je ne possédais qu'en CD, et des coffrets d'opéras, dont des éditions associées La Scala/DG qui doivent être rares de nos jours.
J'en passe et des tout aussi exceptionnels (Les Etudes de Chopin par Pollini !) qu'un revendeur de ma connaissance m'envierait à en défaillir.
Bref, il y a des moments de vie plus heureux que d'autres, constaté-je en enfonçant allègrement une porte béante. Mais actuellement je "fais mes nuits", en gros bébé, sans interruption, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des lustres.
Et bien ça compte énormément et me permet de passer des journées autrement constructives qu'aux temps où je me traînais misérablement en veste d'intérieur jusqu'à onze heures du matin.
Un heureux hasard amplement planifié, prémédité, veut en effet que je ne commence jamais à exercer mon activité professionnelle avant l'après-midi, à l'exception notable du samedi où je dois être sur le pied-de-guerre sur les coups de onze heures du matin, vous rendez-vous compte ?
Je m'élance alors lentement vers mon lieu d'exercice, et peut-être aurai-je la chance, la prochaine fois, comme ce fut le cas samedi dernier, de croiser ce très bel ange dont le sourire et le bonjour respectueux me font chavirer, d'autant que je me demande s'il ne se poste pas ici chaque fois juste pour ce bref échange de bienveillances ; je lui ai enfin parlé enfin samedi dernier, et voletèrent au-dessus de nous de ces gentillesses qui vous purifient l'atmosphère : vingt-quatre secondes de bonheur absolu pour enchanter une journée d'automne entre figues et raisins.
... de ces gentillesses qui vous purifient l'atmosphère...

Il faudra que j'écrive un jour à propos de l'émission de France 5 Silence, ça pousse ! Si vous l'avez déjà regardée, vous savez pourquoi.
Si vous avez un jardin à entretenir ou un balcon "vert" comme moi, ça vous fait plusieurs raisons de la suivre.
Ça n'a rien à voir (quoique, en réfléchissant...) Arte a donné vendredi dernier un document amusant sur le "Glam Rock" dont le plus éminent représentant fut le Bowie de Ziggy Stardust. Prirent la vague avec le talent que l'on sait des groupes comme Queen, Roxy Music ou The Sparks.
Il y a toujours quelque chose à voir sur la chaîne franco-allemande, même si, actuellement, semble s'essouffler la programmation des films du dimanche soir.
Un enfant dans la foule (G.Blain 1976)
Par ailleurs, sur le tube, j'ai vu, sidéré, le film de Gérard Blain Un enfant dans la foule que l'on peut acquérir sur Amazon pour la modique somme de 199,50 € (!). Sidéré, parce qu'il serait strictement impossible de produire un film aussi "pédérastique" de nos jours : pas du tout ma tasse de cappuccino (j'en connais...), mais révélateur de l'état d'esprit d'une époque (1976) sur un sujet devenu sulfureux.
Je reviendrai sur Gérard Blain qui fut le Beau Serge de Claude Chabrol, bel acteur-réalisateur travaillé, semble-t-il par son adolescence, et dont le film Les "Amis" (les guillemets disent tout) mérite une chronique.
Je termine ces sautes d'humeur automnales par une photo... printanière :

Joseph Frigo & Manning Walsh, Room with a View par Hector Clark

lundi 12 août 2019

Après Palerme (2016)


[Je n'ai pas retrouvé, ici, trace de ce texte écrit à la fin de l'été 2016. Peut-être avais-je omis de le publier. Dans le cas contraire, on pourra passer à la suite.]

Après Palerme

On voudrait n'être jamais rentré de Palerme.
Après une semaine de pédestres pérégrinations sous un soleil dont on avait oublié qu'il pût être si implacable et bénéfique à la fois sous les chants galvanisants du jeune compère jamais éreinté, après les dégustations extasiées de pasta al ricci (oursins) où la Méditerranée toute entière submerge le palais, après la grappa nocturne obligatoire, après le constat que la misère la plus noire jouxte la magnificence des palazzi baroques où Luchino Visconti tourna les scènes mémorables de son Guépard, vieillard désabusé assistant à la fin d'un monde qui n’en finira jamais, après nos rires que l'on croyait inextinguibles quand nous rivalisions de pitreries, de salacités qui faisaient voler en éclats les frontières homo-hétéro à la con, après les tendres moqueries déclenchées par mes dérisoires souffrances - " allez, Maître, ne restent que cinq ou six kilomètres, tu peux le faire ! " - après cette semaine où les entêtantes, les abrutissantes salves d’informations qui rythment nos vie trop connectées, se sont  tues, miraculeuse parenthèse, juste une bouffée de chaleur, mais aussi d'oxygène, on reprend pied de la manière la plus brutale. On essaie d'encaisser le choc de l'horreur qui se répète, on apprend - c'est inévitable - l'Allemagne, Munich, et ce crime abominable en paisible Normandie : et l'on comprend que la paix, désormais, n'a plus de village où se réfugier.
Abasourdi, on entend, on lit, les déclarations de ces politiciens sans scrupules qui soufflent sur les braises, avec pour seul honneur, épinglé au  revers de leur veston, l’insigne de la seule chose qui les fasse bander : le pouvoir.
Il faut garder à l'esprit égoïstement pour ne pas s’effondrer le soleil qui part tranquillement se coucher dans la mer, à Cefalù, mais aussi l'image des ragazzi siciliens sur la piazzetta, qui jettent leurs canettes, leurs mégots, leurs gobelets en plastoc sur le bitume, quand on a étouffé une réaction très con de Français qui ne sait pas son bonheur : "c'est beau, mais qu'est-ce- que c'est sale !", qu'on expie les larmes aux yeux, troué jusqu'au tréfonds de l'âme - et c'est bien de redécouvrir qu'on en a une - par cette énergie du désespoir qui se traduit en cris, en apostrophes, en rires sonores, en virées à trois ou quatre sur une Vespa volée peut-être, comme des tours de manèges, car on ne sait pas vraiment où aller ; mais on y va : 
il faut vivre.

Ph. Silvano



lundi 30 juillet 2018

Il est pas cool, le XXIè siècle ?

Apéritif à Lucca, Duomo (centre historique, donc) - 5 euros
Chaque séjour au-delà des Alpes me réserve son lot de nouveautés, heureuses ou malheureuses. J'apprécie toujours autant le service italien dans les bars et restaurants, toujours aimable, attentif sans obséquiosité. La générosité qui veut qu'une boisson alcoolisée soit toujours accompagnée de comestibles, (en abondance, souvent) nous éloigne beaucoup de la coupelle de cacahuètes ou de chips servie (et pas toujours !) avec l'apéritif hexagonal.
Las, je l'ai noté ici maintes fois, force est de reconnaître que l'Italien est excessif dans le positif comme dans le négatif.
Ainsi, j'ai été sidéré de l'arrivée massive des tatouages sur les épidermes de nos voisin transalpins : ici, on ne fait pas dans le détail, certain(e)s ayant choisi d'être ainsi décorés de la tête au pied, par des motifs d'un goût souvent douteux.
Port d'Ischia après la pluie
De même, la "connexion" permanente via les smartphone et les tablettes est devenue vice national.
Dans un restaurant sur le port d'Ischia, où il était si bon d'écouter le clapotis des vagues, d'admirer un coucher de soleil irisé d'après la pluie, un trio de jeunes s'installa à la table voisine : deux filles ultra "fashion" et un garçon sensible très (mal) "looké" à peine assis, se mirent en devoir de s'auto-portraiturer pour leurs "insta." respectifs en prenant des poses de top modèles, moues "kimkardashiées" à l'appui. Je les observai en scrutateur des mœurs du temps, sans laisser paraître mon effondrement. La séance dura environ une quinzaine de minutes, jusqu'à l'arrivée des pizze, lesquelles eurent droit également à leur immortalisation par "pic" véhiculée jusques aux foules d'adeptes en extase supposée.
Adepte de Mister Bean, je me mis en devoir d'exécuter une série de "selfies" très "moi aussi, na nanère !" me livrant à un medley de mes grimaces les plus immondes, pour le plus grand plaisir de mes voisins, hilares, et d'Amedeo, maître des lieux*.
Les trois stars ne levèrent pas les yeux sur ce show exceptionnel, et pour cause : chacune d'elle engloutissait machinalement sa pizza les yeux rivés sur son précieux petit rectangle magique.
Le comble me fut asséné deux jours plus tard chez Coquille (oui, avec un q), restaurant "à la mode", et qui le mérite : cuisine raffinée et décor somptueux sous les étoiles.
Une grande table me faisait face où avaient pris place des filles très "bimbo" néanmoins mères de familles avec leur progéniture.
Un môme de six-sept ans tournait autour de la table, portable en main, absorbé par les images diffusées sur son appareil, ou un jeu peut-être.
Mon regard se portait alors sur une poussette garée à droite, en bout de table, où un bébé de quelques mois faisait glisser son doigt avec dextérité sur une tablette !
Si, oui, parfaitement, tout à fait, absolument : je le prouve avec une photo de mauvaise qualité, certes, mais révélatrice !
Elle est pas géniale, cette époque ?

Pendant que maman consulte son écran, bébé, dans sa poussette en bas à droite...
Glossaire (j'ai de plus en plus de jeunes lecteurs paraît-il, mais toujours la vieille garde !) :
"fashion" = mode
"insta" = abréviation pour Instagram, réseau "social"
"pic" = abréviation de "picture", pour photographie
"kimkardashier" = (néologisme de mon cru) verbe du premier groupe : imiter en tous points la madone des réseaux, une dénommée Kim Kardashian (comme son nom l'indique).

* Par respect pour mes visiteurs et pour ne pas polluer ce blog hautement esthétique, je m'abstiens de diffuser ces photos, euh, redoutables.


jeudi 25 janvier 2018

Refuge

Photo Mary Quincy
Aux beaux jours, j'aime m'attabler, avec  un livre, sur la petite terrasse du Refuge à côté de la station Lamarck-Caulaincourt du Métropolitain.
En milieu de matinée, ce n'est pas bruyant, et les voisins de table sont souvent aimables.