Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


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jeudi 13 novembre 2025

Noir souvenir


J'étais ce soir-là face à l'écran sur lequel je me projetais, une nouvelle fois, La ballade sauvage de Terrence Malick. La succession incessante, inhabituelle, des sirènes de police, des pompiers et du Samu, m'a fait interrompre le film. J'ai d'abord cherché en vain une information sur les chaînes "officielles" avant de me diriger vers le "tout-info" où je découvris, par bribes, de prime abord, puis en détails de plus en plus précis, l'horreur qui venait de se produire.
Comme, sans doute, la plupart d'entre nous, je demeurai pétrifié et passai l'une des plus mauvaises nuits de mon existence. Il est des concitoyens pour lesquels les commémorations sont utiles. Pour moi, chaque année, la date du 13 novembre vient sinistrement me rappeler cette nuit-là.

samedi 4 octobre 2025

« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » (Bertold Brecht)

L'Amérique de Trump et de ses séides.

La Russie de Poutine qui menace l'Europe.

L'Italie de Meloni et sa "réussite" (due, en grande partie, à ses prédécesseurs).

Les manifs anti-immigrés en Grande-Bretagne.

Les sondages en France qui placent le RN (ex FN) en situation de mettre le pays sous sa coupe dans deux ans ("on a tout essayé, pourquoi pas eux.").

Le succès hexagonal de la chaîne de désinformation CNews de Bolloré et ses avatars de "divertissements" (Hanouna).

Les attaques incessantes contre la culture et les "élites".

La dénonciation de la justice par les voyous de la République, remettant en cause l'État de droit, garant de la démocratie.

Les chants homophobes vociférés dans les stades de foot.

La prédominance de l'extrême droite en Israël.

"Encore fécond" ? Non : "plus que jamais", plutôt.

Ils sont beaux, mes anges et mes "fouloulou !", mais…
On peut sonner le tocsin.

Riccardo et Andrea par Giuseppe Morello
Jouir de l'instant, mais après ?

samedi 28 juin 2025

Fiertés

Autrefois nommée "Gay Pride", la Marche des fiertés promènera aujourd'hui, dès 14 heures, quelque 500 000 participants annoncés, du métro Palais Royal à la Place de la Nation, en dépit de la controverse suscitée par une affiche que d'aucuns ont dénoncée comme significative de récupération politique.
On souhaite que les divisions nées de ce visuel, sujet à polémiques, soient oubliées.
Piètres chicaneries quand on sait dans quelles conditions se déroule l'évènement dans les pays qui subissent le poids de régimes politiques extrémistes.
C'est ainsi que nous observerons la marche de Budapest, interdite par le gouvernement si peu démocratique du sieur Orban et soutenue, néanmoins, par le Maire d'opposition de la cité hongroise.
C'est aux gays et lesbiennes de ce pays que j'exprime ma solidarité.

mercredi 22 janvier 2025

Difficile de rire

 J'ai beau être un "stressé optimiste", force m'est de reconnaître que l'accession au pouvoir de l'ex-nouveau président de la plus grande puissance mondiale me glace le sang. La présence, au nombre des invités aux festivités, de trois représentants de la France qui pue, proclamant, sans vergogne, qu'une ère de liberté vient de s'ouvrir (!), n'est pas faite pour dissiper l'odeur fétide qui se dégage de l'air ambiant.
Quel sale temps !

jeudi 16 mai 2024

Dis-moi ce que tu hais...

Nemo
Sur les réseaux dits "sociaux" et dans ses médias amis (CNews, Europe 1 et consorts), la fachosphère a distillé son venin après la victoire du jeune chanteur suisse Nemo, lequel portait une jupe lors de la finale du Concours Eurovision de la "chanson", qui n'est pas pour autant ma tasse de cappuccino.

53 ans auparavant…


David Bowie en robe sur la pochette de The Man Who Sold The World  (1971)

Sans oublier les créations de Jean-Paul Gaultier 


ou...

Mick Jagger sur scène

mercredi 1 mai 2024

Muguet amer

Extrait de Novecento (1900), chef-d'œuvre de Bernardo Bertolucci (1976).
Robert De Niro partageait la vedette avec un certain… Gérard Depardieu.

   Le 1ᵉʳ mai, ce n'était pas la "fête du muguet" * et ce peuple en lutte ne connaissait certes pas l'expression "faire le pont".
" Pourquoi n'avez-vous pas cours mercredi ? "
Un seul de mes élèves a dit "fête du travail".
"C'est-à-dire ?
- Bah, parce qu'on travaille pas, ce jour-là."
C'est toujours ça.

* C'est en 1941 que le muguet est associé officiellement à la fête du Travail. Le maréchal Pétain impose cette fleur blanche pour remplacer l'églantine rouge, trop associée au communisme selon lui. 
La « fleur socialiste », comme on disait alors, rendait également hommage à Fabre d’Eglantine, inventeur en 1793 du calendrier révolutionnaire.

mardi 2 mai 2023

Mauvais genre

Je vous sais indulgent(e)s. Aussi me pardonnerez-vous de m'autociter : dans le dernier épisode publié de votre (pour certain.e.s) feuilleton, l'oncle du narrateur définit comme "efféminée" l'allure du jeune Émile Boisselier. Sans pour autant célébrer ceux/celles que nos anciens appelaient "folles tordues", j'avoue apprécier les garçons d'aspect gracieux. Sans excès, donc, sachant à quoi les exposeraient, dans la société de leurs concitoyens "jeunes adultes", ce que d'aucun(e)s désignent par "des manières" trop connotées. Car la célébration récente du dixième anniversaire de la loi sur le mariage pour tous ne doit pas nous le cacher, le droit à la différence n'est pas encore entré dans les mœurs, loin de là ! Ainsi, il y a peu, une mère de famille lambda me désignant un jeune homme qui n'a pour tare que l'apparence construite au fil de nombreuses années de pratique du patinage artistique, qu'il avait "mauvais genre". Ce garçon, de plus (ou de moins), est strictement hétérosexuel. Voici, en images, cinq charmants jeunes gens qui ont, selon certain(e)s... mauvais genre :  






mercredi 16 septembre 2020

On n'est pas arrivés !

La photo date des années soixante-dix du siècle précédant notre sublime vingt et unième siècle.
C'est un mariage en pied-de-nez au sein de la communauté gay d'une Amérique du nord qui réprouvait le droit à la différence.
En France, il y a sept ans, la loi sur le mariage pour tous déchaînait les passions et toute une partie de la population défilait pour la combattre.

Aujourd'hui, on apprend par un sondage que plus de 50% des Français sont favorables au rétablissement de la peine de mort*.
On n'arrête pas le progrès.

* On me rapporte qu'un journaliste-animateur d'un chaîne d'information (!) en continu, a cru bon d'illustrer ce sondage par une vieille chanson d'un certain Sardou intitulée Je suis pour.
Le "journaliste" en question a sans doute oublié que la plus belle réponse chantée à cette œuvrette, à l'époque, est un pur chef-d'oeuvre signé Jean-Loup Dabadie et Julien Clerc intitulé L'assassin assassiné.
Je rappelle de plus qu'il est impossible de rétablir la peine de mort en France, l'abolition étant inscrite dans la Constitution et, également que l'Union Européenne, par un traité commun s'y oppose et combat son application à travers le monde.
Le seul pays de notre continent qui la pratique encore est... la Biélorussie.

lundi 7 septembre 2020

Venise m'euphorise

Comme prévu, la Sérénissime, à cause de la pandémie (grâce à elle ?) m' est apparue telle que je ne l'avais jamais vue.
Et ce n'était que la quinzième fois que je l'aimais.
Comme dans notre pays, où les Français ont choisi, dans leur majorité, de passer leurs vacances, Venise a attiré une foule d'Italiens ravis de découvrir la cité des Doges rendue à elle même, sans ces touristes d'un jour irrespectueux de sa beauté : pas de bains de pieds dans la lagune, pas de beaufs ingurgitant leur pizza "al volo" assis sur les marches de San Marco ou sur celles des multiples "pontile", pas de grands bateaux de croisière déversant leurs foules d'un jour armées de perches-à-selfies, transformant cette ville éminemment baroque en parc d'attractions  au parcours balisé.
On entend donc essentiellement la langue-musique de Dante ; s'y égarent parfois, minoritaires, celles de Goethe ou de Molière.
Dans le vaporetto, qui, il y a peu, éveillait le souvenir du métro parisien aux heures de pointe, on entend râler, en toute logique, un couple de jeunes français se plaignant que les "bâtiments" (!) ne sont pas assez éclairés (on est au crépuscule) pendant que je jouis de la quiétude qui règne enfin sur le Grand Canal dont les eaux ont quasiment retrouvé leur pureté originelle.
Le soir, les places, les venelles, la "plage" qui jouxte le "Rialto mercato", où l'on déguste l'ultime "grappa" avant de rentrer au couvent (l'hôtel fut en des temps reculés un monastère), laissent entendre le silence que trouble à peine le clapotis des eaux du canal ou, parfois, le toussotement d'un vaporetto fatigué d'avoir subi tous les assauts.

Quant aux vrais Vénitiens - il en reste quelques uns ! - on sait, l'expérience aidant, où les trouver, en population lassée des diverses invasions barbares d'hier et d'aujourd'hui ; on apprécie leur discrétion et l'orgueil qui se manifeste par leur refus de consommer, désormais, cet "Aperol Spritz" vendu à prix d'or sur les terrasses parisiennes : leurs spritz à eux sont maintenant rouges de Campari, signe de résistance au marketing de la maison Barbieri devenue, grâce à son breuvage orangé, firme internationale florissante.
Autour des "cicheti"  - ah, parmi ceux-ci, cette sorte de brandade de morue sur toasts ! - ils se retrouvent dans d'obscurs "bacari" connus d'eux-seuls, quand le visiteur lambda se laisse gruger par des "aperitivi" sans générosité sur l'artère principale du Cannaregio, celle où le touriste harcèle l'autochtone de "San Marco, please ?". Excédés, mais non sans humour, des petits malins ont tracé à la craie des indications fantaisistes destinées à égarer le passant qui tourne et vire sans jamais aboutir à la fameuse place aux pigeons (dans les deux sens du terme).
Je pense, ayant relu Taine à la faveur de ce séjour, à l'émerveillement qui le saisit lors de sa découverte de la Sérénissime lors de l'avant-dernier siècle (comme le temps passe), et, comme lui et tant d'autres visiteurs sachant la regarder, en savourer toute splendeur, j'ai, à chaque fois, le cœur serré quand il me faut la quitter.

Je vous le promets : ce sera mon seul coucher de soleil. Mais, reconnaissez que ce n'est pas laid.

En guise de carnet de voyage, j'ai choisi de publier, ci-dessous, des photos (avec ou sans légende) qui, à mes yeux, racontent ce bref séjour.
Je ne vous apprendrai sans doute rien, internautes chevronnés, en rappelant qu'il suffit de cliquer sur les photos pour les afficher en très très grand :



















dimanche 16 août 2020

Masques et bergamasques

"Tristes sous leurs déguisements fantasques"




Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

— (Paul Verlaine, « Clair de Lune », Fêtes galantes, 1869)




Nous y voilà : la préfecture étend à de larges zones de la capitale l'obligation de porter le masque à l'extérieur. La désinvolture dont ont fait preuve nombre de parisiens est finalement sanctionnée. Je fus effrayé - lors d'une période de paranoïa que je traversai en juillet - de constater à quel point une population d'une tranche d'âge 18/40 ans se contrefichait des mesures dites "gestes-barrière" dans une rue voisine jalonnée de bars, restaurants et autres pubs, envahissant en soirée les trottoirs-terrasses dans une dangereuse promiscuité.
Tout récemment, un match de football opposait le Qatari (Paris) Saint-Germain aux joueurs de l'équipe de Bergame, ville qui se remet lentement de la catastrophe sanitaire du printemps : les images des camions militaires transportant les cercueils des victimes me hantent, d'autant que la Lombardie est l'une de mes régions de prédilection, que je parcourus à plusieurs reprises ces derniers mois. Un ami originaire de Brescia vécut ainsi la période, accroché quotidiennement à son téléphone pour prendre des nouvelles de ses parents.
Agglutinés devant l'écran d'un bar tout proche, les supporteurs, en grand nombre, se répandaient en effusions lors du coup de sifflet final, semblant ignorer le risque encouru.
J'ai évoqué le moins possible la pandémie dans ce journal : je ne voulais ajouter ma voix à celles de ceux qui prétendaient savoir. J'ai simplement transmis un jour les propos d'un philosophe qui déplorait que trop peu de nos concitoyens étaient capables de prononcer un simple "je ne sais pas", le moindre péquin pérorant comme s'il avait fait de longues études de médecine, quand épidémiologistes et virologues, eux-mêmes, se contredisaient jour après jour.
Aujourd'hui, l'exemple d'un comportement responsable nous vient précisément de cette Italie, tant moquée, qui parvient à contenir le virus.
"On vit les uns contre les autres" disait la chanson extraite de Starmania.
C'est là que le bât blesse.
 

samedi 1 août 2020

Mazarine Pingeot épingle les «extrémistes de la médiocrité» qui «discréditent les combats féministes»

C'est dans les pages "culture" du Figaro du 28 juillet, sous le chapeau suivant :
La romancière française dénonce l'activisme qui veut substituer à la domination de «l'homme blanc occidental» celle d'«une jeunesse sans désir mais pleine de colère».
Je l'approuve, et recommande la lecture de cette chronique.
C'est ici : cliquez !

mardi 28 juillet 2020

Étalons


C'est une photo de tournage de l'un des films marquants des années 60/70.
Si ça ne vous dit rien, vous n'êtes pas cinéphile pour un sou : évidemment vous pouvez faire une "recherche image google" pour vous hausser du col tel l'un de ces nouveaux cuistres qui font appel à wikipédé (dia) et oublient dans les cinq minutes les informations qu'ils ont ingurgitées. 
Je me souviens que le film était un peu "pédo", comme le chef-d'oeuvre dont il s'inspirait, et  qu'à l'époque, on ne clouait pas au pilori le fils du secrétaire de l'assistant de la script-girl pour avoir participé à une entreprise artistique sulfureuse.
Je pense bien sûr à ce qui vient de subir Christophe Girard à Paris, qui n'eut que le tort de connaître et de travailler, il y a des lustres, avec un type un peu dérangé de la bistouquette.


dimanche 5 juillet 2020

Je ne sais pas

"Je ne suis pas médecin mais..."

Étienne Klein confie que cette phrase omniprésente dans l'espace médiatique l'a "traumatisé", en particulier le résultat d'un sondage publié dans le Parisien, qui demandait l'avis des lecteurs concernant un traitement au coronavirus : "Seuls 21% ont répondu 'je ne sais pas' alors que tout le monde aurait dû répondre ça."

Etienne Klein est aussi l'une des voix de France Culture
Le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein était jeudi dernier 2 juillet l'invité de la matinale de France Inter. 
L'écouter au saut du lit m'a fait un bien fou : son analyse de la période hautement anxiogène que nous vivons est, selon moi, d'une justesse de nature à nous rasséréner.

Nous avons la chance de pouvoir réécouter l'émission en suivant ce lien indispensable : clic





lundi 29 juin 2020

Vie à Venise

Dans l'excellent journal ou magazine (on ne dira plus blog, OK men ?) de Lorenzo intitulé TramezziniMag, du nom de ces sandwiches au pain de mie que l'on peut reproduire à loisir sous la pâtisserie dénommée "Sacré Cœur", mais n'auront jamais ce goût inimitable sans doute imprégné de l'humidité saline de la Sérénissime,  Lorenzo cite le bel article d'Arièle Butaux, confinée à Venise pendant la période dramatique, bien plus dure que la nôtre, que vient de vivre l'Italie, la région Veneto (Vénétie) ayant été miraculeusement préservée jusqu'aux confins de la Lombardie, laquelle est encore sanguinolente des plaies infligées à Brescia, Bergame, et autres joyaux qui me sont si précieux, devenus indispensables à mon équilibre.
L'article d'Arièle Butaux, sans doute l'une de ces françaises tombées en amour de Venezia, titre et sous-titre :

"À Venise, le bonheur du dimanche et notre solitude apprivoisée

Ce que ce confinement nous prend de liberté et d’insouciance, il nous le rend en acuité. Nous n’avons plus cinq sens mais six ou sept, en éveil."

Il est daté du 10 avril, date où nous étions nous-mêmes reclus.
Je vous mettrai le lien en fin de billet, rassurez-vous, mais je voulais vous dire mon ressenti à sa lecture : j'en ai reçu un désir irrépressible de retourner très vite là-bas où je n'ai pas mis les pieds depuis 2013, ce qui n'est guère dans mon rythme vénitien. Je veux te revoir, ville aussi éternelle que Rome, sans le vrombissement des sirènes des bateaux de croisières gratte-ciel, sans les "jeunes mariés" d'Asie en quête de la photo idéale pour Instagram, sans les hordes se gavant de bouffe importée sur les marches de San Marco devant le Museo Correr !
Oh, je vous en prie, n'ébruitez pas que Venise s'offrira, dans les prochaines semaines, plus sereine, plus saine, plus rare, moins maladivement fébrile qu'elle le fut ces dernières années - d'où mon absence ? - qu'elle va trouver une autre manière d'accueillir ses amoureux ! J'y crois : je vois l'énergie que déploient les associations qui s'époumonent à dénoncer les atteintes à l'intégrité de l'ancienne République, et je veux aller les soutenir en visiteur responsable, en véritable amoureux d'une ville qui doit redevenir la plus belle du monde.

Le beau texte "en confinement" d'Arièle Butaux : ici

Le Grand Canal pendant le confinement