Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


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jeudi 12 mars 2020

Divers faits de fin d'hiver

Paris qui pue ?

La rue du Mont Cenis en 1938
J'entends beaucoup dire que Paris est sale.
Evidemment, si on la compare à Vienne, ou un jet de mégot génère un tollé, notre capitale, par endroits, tient du cloaque.
Le visage de la capitale française a pourtant bien changé au cours des dernières décennies, grâce, notamment, au ravalement obligatoire des façades d'immeubles que l'on découvrait encore noirâtres dans les années 70.
Les propriétaires de chiens se sont responsabilisés et débarrassent les trottoirs des déjections de leur animal, à l'exception de ceux qui les laissent s'ébattre sans laisse, en liberté, c'est jeune, c'est vif, c'est frais, c'est cool !
Dans mon quartier, dit "populaire", on ne peut sortir sans croiser, à pied, en "pick-up" ou avec leur carriole, les agents de propreté de la ville.
Ce sont les incivilités qui sont en majeure partie responsables de la saleté de l'espace public : jets de déchets quand les corbeilles abondent, rejets d'objets, meubles, matelas, planches, sanitaires (il n'est pas rare de croiser une cuvette de WC !) à même le trottoir sans avoir prévenu le service des encombrants, très efficace...
C'est une mentalité, un état d'esprits déplorables dans une partie non négligeable de la population qui produit ce pitoyable laisser-aller.
Si le RPR-UMP-LR revenait aux affaires (même lifté), c'est l'argent sale qui risquerait de couler dans le caniveau.

Venise, ville fermée

Mon cœur tombe en morceaux devant les images qui nous parviennent de la péninsule. Ce qui devrait ravir l'inammorato de l'Italie que je suis, Florence offerte sans files d'attente, le Colisée libéré des hordes selfiennes, la Piazza San Marco débarrassée des foules de l'irrespect, la via Toledo napolitaine abandonnée aux seuls pigeons, je n'oserais en rêver. Las, c'est à cette cochonnerie qu'on le doit, qui s'abat sur le pays de la beauté, et l'on aimerait que tous les cierges brûlés ici et là par les âmes dévotes aient pour effet une rapide et miraculeuse guérison.
Pour permettre simplement au pays le plus "vivant" d'Europe de retrouver toute sa verve, son entrain, sa "dolce vita".

 © Catherine Hédouin - Mars 2020 (via Tramezzinimag)

Photo Raymond Carrance (années 50)

La veuve poignée


Système exclusif double-"gantage" de chez Stöpler : le top !
Hier, je suis allé faire quelques emplettes chez mon épicière italienne préférée. Sa vendeuse, comme souvent, m'a fait de guanciale "bon poids", comme le chantonnait ma grand-mère. Je fis bien sûr référence à la situation en Italie où, me dit-elle, vivent ses parents âgés, reclus (confinés : ce mot est assez lourd, in fine, non ?) chez eux pour une durée indéterminée. Elle pense que nous, Français, gérons mieux la situation. Notre système de santé est, me dit-elle, bien meilleur qu'au-delà des Alpes, et son pays compte beaucoup de vieilles personnes.
Je ne sais trop qu'en penser, si ce n'est que j'ai plus tendance à faire confiance aux organismes officiels et médias traditionnels qu'aux réseaux asociaux où, d'ailleurs, je ne mets pratiquement plus les yeux.
Prenant le métro pour m'en aller faire mon marché, j'ai assisté à l'étrange ballet des voyageurs, lesquels se gardent d'ouvrir la porte de la voiture, attendant qu'une bonne âme le fasse pour eux, en actionnant la poignée métallique avec la main préalablement enfouie dans la manche de son pull, manteau ou autre blouson.
Je préconise des moufles, puisqu'il se dit (sur les réseaux sociaux ?) que les gants chirurgicaux n'auraient aucune utilité en ce domaine.
Dommage, j'imagine très bien, en nouvelle mode, mes concitoyens et yennes (je ne pratique pas l'inclusion) gantés de latex de couleurs vives si possible pour égayer quelque peu les sous-sols où règne une ambiance délétère.
Ce soir, le président fait une alllllocution : ça va tout arranger.
Bon, allez, on prend un bouquin , ça fait du bien !


lundi 13 janvier 2020

D'hiver ( 2020 /1)

Le monde d'aujourd'hui


Je m'évertue, jour après jour, à distribuer ici un peu de bienveillance, d'y souffler quelques bulles de savon, je m'y repose avec vous du climat délétère qui nous asphyxie crescendo, de ce mouvement que rien ne semble pouvoir arrêter. Alors, comme beaucoup sans doute, je freine comme je peux, des deux pieds, je trouve de-ci de-là un beau visage, une attitude, une oeuvre d'art, voire une paire de fesses rebondie à souhait. Je nous offre quelques petits bonheurs qui permettent d'estomper un moment ce qui nous agresse, j'écoute quelque musique céleste née de l'un de ces trop rares bienfaiteurs de l'humanité que l'on appelle génies pour oublier le fracas, les fantoches qui gouvernent et jouent à se faire peur jusqu'au moment où tout peut s'effondrer.
Stefan Zweig
Je m'accorde aujourd'hui d'être plus sombre qu'à l'accoutumée, tant l'entassement des problèmes de toutes sortes que nous vivons atteint à présent des sommets qu'on n'aurait pu imaginer à l'époque bénie où ceux de ma génération d'entre-deux vivaient une période en parenthèse enchantée - et l'expression revêt en l'occurrence toute sa signification.
Mais nous n'avons pas fait grand chose, voyez-vous : on regardait ailleurs, comme l'avait dit tel dont on peut douter des convictions en la matière, et quand on lit le mépris et les haussements d'épaules de nombre de ceux qui portent la parole médiatique devant la colère de cette gamine venue du froid - et l'on dira demain "du tiède" -, ça résume très exactement où nous en sommes.
On lira et relira Le monde d'hier de Stefan Zweig, qui parle tout d'abord des temps heureux pour nous faire assister au glissement progressif vers l'horreur.
Jamais écrits n'ont été autant d'actualité.

Un café, avant de retourner chez les fous ?


Vienne : le Café Central de nos jours
Le même au temps de S.Zweig . Très masculin, non ?


Il est peut-être une institution du monde de Zweig qui n'a pas changé : les cafés de Vienne. S''ils sont rafraîchis périodiquement, le temps semble s'y être arrêté, si ce n'étaient les smartphones des touristes qui traînent sur les tables quand ils ne sont pas rivés tels des prothèses à l’œil de leurs propriétaires.
Les Viennois s'en distinguent, qui les gardent dans leur poche intérieure en mode silencieux ou vibreur et sortent pour prendre un appel important : la politesse, quoi ; encore une notion disparue.
On sourira tristement, pensant à nos cafés d'ici où "faut consommer !", de leur description par l'écrivain dans le livre évoqué plus haut :
« Le Kaffeehaus représente une institution d'un genre particulier, qui ne peut être comparée à aucune autre au monde. C’est en fait une sorte de club démocratique ouvert à tous pour le prix abordable d’une tasse de café où chacun peut s’asseoir pendant des heures, discuter, écrire, jouer aux cartes, s’occuper de son courrier et surtout consulter un nombre illimité de journaux et de magazines. Chaque jour, nous étions assis pendant des heures, et rien ne nous échappait. »


L'homme est un loup pour l'homme


À l'assaut ! 
Et c'est peu de le dire !
Comme on le sait, ce sont les "parisiens-têtes-de-chiens, parigots-têtes-de-veaux" qui ont le plus à souffrir des grèves dans leur vie quotidienne.
Hormis les inconvénients subis par les usagers (qu'ils soutiennent ou non le mouvement actuel), ce sont les incivilités les plus crasses qu'ont à endurer ceux qui tentent d'emprunter un bus ou un métro, lesquels circulent rarement quand le trafic n'est pas carrément suspendu.
C'est la jungle, qui me fait penser à la catastrophe historique du "Bazar de la charité" dont on sait que la majeure partie des survivants furent des hommes qui piétinèrent sans vergogne femmes et enfants lors de l'embrasement.
Ces événements  permettent de constater le piteux état de notre société, dont cette "médiocratisation" galopante (le vocabulaire, par exemple, c'est effrayant !), en contrepoids malheureux  à l'extraordinaire progrès que devait permettre la révolution numérique et ce que l'on nomma autrefois "autoroutes de l'information" devenues pistes d'assaut en mode Mad Max virtuel tout aussi violent et néfaste... C'est à des pugilats qu'assistent à longueur de parcours les personnes qui ont choisi de se déplacer dans Paris à deux ou quatre roues (certains amis en font le compte quand ils me rejoignent à Vespa), c'est d'une mini-guerre civile que fut le spectateur cet ami devant absolument prendre un bus le jour de Noël, qui m'adressa en bout de parcours ces quelques mots clavés :  "je suis en larmes de ce que j'ai vu". 
Ainsi est, aujourd'hui, la "douce France" du poète, lequel, aujourd'hui, aurait droit au lynchage des réseaux "sociaux" pour cette affaire de prétendu mineur détourné qui lui valut quelques ennuis dans les années soixante...
Mais ce sera l'objet du prochain articulet.
Pour nous consoler quelque peu (tout n'est donc pas perdu ?), cet homme auquel on tendait un micro en région : "Non, ça va, les plus à plaindre, ce sont les Parisiens."
Sans ajouter "têtes de chiens".


Les moins de 16 ans



Je me souviens très bien de cette édition  d'Apostrophe où Denise Bombardier dit son fait à Gabriel Matzneff. Nous étions ce soir-là réunis chez un ami où nous avions l'habitude de regarder l'émission de Pivot-le-prescripteur grâce à laquelle nous pouvions établir nos listes de lectures à venir sans grand risque d'être déçus.
Je me rappelle notre réaction de jeunes gens modernes et libérés devant la colère teintée de stupéfaction de la Québécoise, qui pourrait se résumer à un "mais qui c'est, cette connasse ?".
Le temps a fait son oeuvre qui m'a rendu peut-être un peu moins con, un peu moins enclin à l'indulgence vers ce qui, étant transgressif, devrait mériter louanges ou, au pire, indifférence. 
Non, le comportement de Matzneff, prédateur s'affichant comme tel, n'est pas le moins du monde excusable et oui, on tombe des nues en découvrant que l'homme a encore aujourd'hui chronique ouverte dans un magazine à grande diffusion et reçoive encore des prix et les honneurs, sous forme de subsides, de la république.
Une couverture des années 30. Inconcevable aujourd'hui.
J'ai lu par ailleurs - mais je répugne à "balancer", comme le veut la mode du temps -, des lignes pour défendre cette "paroisse" des ogres, proclamant qu'un Tony Duvert, grand consommateur de chair fraîche était un grand écrivain, tout le reste n'étant, bien sûr, que... littérature.
Certes, l'attirance éprouvée jusqu'à consommation envers les mineur(e)s par de grands noms (Gide et Montherlant ne sont pas les moins illustres) et par d'autres de moindre importance (Peyrefitte et son enfant de "cœur" célébré dans Notre amour) n'est pas une révélation de nature à les mettre au ban de la littérature... du moins jusqu'à présent. Si le simple fait d'imaginer un homme mûr copulant avec un enfant me donne la nausée, je trouve toute forme de lynchage indigne d'une société civilisée. D'autre part, le retrait de la vente d'ouvrages sulfureux sans aucune forme de procès par des éditeurs qui les ont autrefois reçus, lus, publiés et promus et, soudainement, ces autodafés virtuels où l'on jette une oeuvre, si indigne soit-elle, sont (encore) un signe des plus inquiétants sur la tournure que prend l'esprit du temps. 



Lu hier dimanche

Les thèmes des "romans-jeunesse" évoluent de manière appréciable : ainsi, je suis le point de terminer Romance (!) d'Arnaud Cathrine (Robert Laffont), sorte de journal intime d'un adolescent gay de notre temps. C'est à la fois touchant, sincère, moderne. 
Une sorte de Tombe, Victor ! d'aujourd'hui... qui ne me rajeunit pas. 
Mais c'est grave passionnant !
Attention aux résumés sur les sites, qui divulgâchent à mort ! Cela dit,on se doute, à mi-parcours de ce qui va se produire. Le bouquin donne envie de mieux écouter et d'échanger avec de jeunes gays pour combattre "âgisme" et "jeunisme" (on peut combattre les barbarismes, aussi).
De plus, jolie couverture, objet agréable au toucher.

Note vers 14h45, lundi 
J'ai fini ma lecture pour le dessert.
Je m'attendais quelque peu à cette fin.
Elle n'a rien cependant de convenu, et
confirme que Romance est un roman 
exaltant, excitant voire, sur l'adolescence.



Si vous voulez commenter,
merci de citer le titre
du paragraphe concerné.




mardi 14 juillet 2015

Chaud 14 juillet

Je la mets (sur le blog veux-je dire : je suis frileux !) tous les ans : ça m'amuse follement !

Foin des pétards, des défilés militaires et des flonflons : je suis en Sicile !

vendredi 26 décembre 2014

La fée qui sauva Noël

Delphine Seyrig (1932-1990)
Face au service public de télévision, lequel se déshonore un peu plus chaque fois qu'il tremble pour son audience de fêtes (en ce 24 décembre, France 2, qui fut autrefois la chaîne du Grand Échiquier de Jacques Chancel, programmait en début de soirée* une émission intitulée Les rois du bêtisier !), Arte a eu l'idée saugrenue (pensez-donc, un conte de fées, un soir de Noël !) de diffuser en version restaurée le film de Jacques Demy Peau d'Âne. Dans la distribution**, on trouvait entre autres Catherine Deneuve, Jean Marais, Micheline Presles, et une grande comédienne, belle, dotée d'une voix incroyable, et évidemment déjà oubliée du plus grand nombre, Delphine Seyrig en fée délicieusement perverse.
Le film n'a pas pris l'ombre d'une ride, la musique de Michel Legrand est formidable, les couleurs ravivées somptueuses, et l'on comprend que certain(e)s aient pu se pâmer sur un Jacques Perrin (le Prince charmant) qui portait le collant pourpre comme personne.
Un régal.
Il paraîtrait qu'Arte a sorti un coffret DVD de collection*** pour l'occasion.
Cherchez donc, vous devriez pouvoir le dégoter.

* "prime"
** "casting"
*** "collector"
C'est agaçant, à la fin, de devoir traduire du français à certains compatriotes !