Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
"La gravité est le plaisir des sots"
dimanche 30 avril 2023
Beau comme l'antique
Dérogeant à toutes les règles, je ne chômerai pas demain, 1er mai, et publierai l'épisode de Mon amant de Saint-Jean que je suis sur le point de terminer.
Les Scarlatti, quelle famille !
samedi 29 avril 2023
Lieu de travail
Si quelqu'un sait d'où provient cette photo... |
De bonne compagnie
Le photographe des plus grandes personnalités de l'époque et créateur de costumes (My fair lady...) Cecil Beaton (1904-1980) en compagnie du riche collectionneur d'art et Mécène Peter Watson et de l'amant de ce dernier, le scénographe Oliver Messel.
vendredi 28 avril 2023
jeudi 27 avril 2023
mercredi 26 avril 2023
Scorsese et Chalamet pour Coco
Martin Scorsese et Timothée Chalamet |
Rien à voir (ou alors, vraiment très peu)
France 2 diffusait dimanche dernier l'histoire, souvent portée à l'écran, des Filles du Docteur March (2019), que la réalisatrice Greta Gerwig est parvenue à débarrasser de sa mièvrerie, ou presque. Je ne veux pas passer pour un fan énamouré de Timounet (quand il vient dîner, c'est ainsi que je le nomme), mais force est de reconnaître que l'acteur de Call me... et de Dune illumine le film de sa présence. Même Télérama l'écrit ! La distribution du film est impeccable, dont Saoirse Ronan est le plus beau fleuron.Saoirse Ronan et Timothée-la-classe dans Les filles du Docteur March |
mardi 25 avril 2023
L'archiluth, c'est cool !
lundi 24 avril 2023
"J'en mourrai pas."
Incroyable : je trouve ce matin sur Tumblr cette vieille photo, qui résonne admirablement avec l'épisode du jour ! L'âge, les couleurs de cheveux, l'incident... Si j'étais joueur, j'irais acheter une grille de Loto.
Mon amant de Saint-Jean | Épisode 71 : Coups du sort
Si besoin en était, les vacances de Pâques avaient aiguisé mes sentiments
pour mon amant de Saint-Jean. Nous nous étions unis à trois reprises dans la
pénombre complice de la mansarde du vieil homme qui protégeait notre amour.
Nous avions renoué avec nos balades à vélo, jouissant du bonheur d’une liberté
que nous savions pourtant précaire. Si le climat n’était guère propice aux
baignades, nous avions profité de la générosité des premiers rayons, leur
offrant nos nudités, nos baisers, et cet amour qui osait dire son nom, que nous
aurions voulu proclamer à la face du monde. Par un lundi de Pâques radieux, un perfide nid
de poule précipita Jules dans le fossé. Son genou gauche était ouvert, il
saignait. « Oh, c’est rien, juste une éraflure, j’en mourrai pas »,
avait-il fanfaronné. Et son sourire héroïque me rendait encore plus amoureux de
lui. De nos sorties avec les Éclaireurs, j’avais heureusement conservé dans ma
musette de quoi jouer les infirmiers : un peu de sparadrap et une boule de
coton presque propre que j’appliquai sur la plaie après l’avoir enduite de
salive en guise d’antiseptique – j’avais dû lire cette astuce dans un livre
d’aventures. Pour commencer, j’avais léché la blessure et Jules m’avais comparé
avec malice à une mère chatte. J’ai miaulé et nous avons ri à s’en casser les
côtes. Nous avions seize ans et, parfois, l’enfance cognait à la porte,
pas tout à fait enfuie. Nous avons regagné le bourg à faible allure. Le genou
blessé protestait à chaque coup de pédale et Jules faisait le fier, ne pouvant
toutefois réprimer un rictus qui révélait sa souffrance. Pour couronner le
tout, peu avant la descente qui précipite vers le village, je constatai avec
irritation que mon pneu avant était crevé. C’est un piètre équipage qui fit son
entrée à Saint-Jean. Nous avions mis pied à terre, l’un boitillant, l’autre
pestant contre le mauvais sort qui s’acharnait contre nous.
Selon la croyance populaire, une
succession d’incidents sans gravité est annonciatrice des pires calamités :
comme nous parvenions à hauteur de l’église, nous vîmes courir vers nous un
Chaumard essoufflé, livide, qui parvint à grand-peine à nous expliquer qu’il
allait chercher le docteur Bosc. Notre vieil ami Etienne avait fait une chute
dans l’escalier qui l’avait laissé inerte. Par bonheur, Clément, qui lui
tenait compagnie à cette heure, l’avait ranimé et lui avait administré un
cordial. Chaumard, le réprouvé, pouvait, sans crainte des ragots, accomplir la
mission : s’en aller quérir le docteur, le mener jusqu’à la maison des
Aspres, et tant pis si l’on pouvait désormais savoir où il passait le plus
clair de son temps, fuyant l’obscurantisme qui en avait fait un exclu pour
cause d’affection cutanée trop visible. Nous n’aurions pu nous acquitter de cette tâche, partagés entre le désir d’accourir auprès de notre ami, et celui de
préserver la relation particulière que nous entretenions avec lui. Il nous
était insupportable de ne pouvoir entourer « cheveux de neige » de
notre affection, d’être pris dans l’étau des convenances. Mais il en allait de
notre salut. Le garçon à la peau de serpent le concevait fort bien. « Je viendrai
sous ta fenêtre te donner des nouvelles dès que possible » me dit-il d’une
voix chancelante. Ce garçon jamais aimé, hormis par sa mère, était pétri de
bonté. Le village ne le méritait pas. Le docteur Bosc, que l’événement avait
soustrait à un jour de fête en famille, le suivit sur les hauteurs sans
barguigner. Au comble de l’angoisse, j’appris le soir-même que notre cher
Etienne souffrait de contusions, mais qu’il faudrait le mener à Millau pour des
examens plus précis. Si j’avais eu la foi, j’aurais prié toute la nuit. Je
devais repartir le lendemain. Jules me promit de téléphoner à Marcel pour m’informer
de la santé de notre ami. J’offrais une triste figure quand, le mardi soir, je
m’assis à la table des Rochs. Je ne savais pas qu’une autre déconvenue m’y
attendait.
À suivre
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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dimanche 23 avril 2023
Nicholas, royal amant
Commentaires : à noter
Silvano
Jakub Józef Orliński, humble étoile : hip-hop, breakdance et chant baroque, pas de frontières !
Le phénomène Orlinski est le sujet principal d'un excellent film de 52' diffusé récemment par Arte.
Voyez donc ici : clic
L'archipel du goulasch
Goulash e gnocchi di patate à Trieste (It.) Photo Silvano Mangana |
Il fait encore assez froid pour se permettre ce type de nourriture roborative. Le "goulash" hongrois était, à l'origine, une soupe mijotée d'oignons, de viande, et parfumée au paprika. Ici, dans cette ville très "Mittel-Europa", il devient ragù que l'on sert avec des gnocchis de pomme de terre. On choisira de la viande de bœuf du même type que pour notre bœuf-bourguignon (gîte, paleron). Ce doit être excellent avec de la joue. Le goulasch (2 orthographes possibles) gagne à mijoter longuement dans une cocotte en fonte : il n'en sera que plus fondant. Réchauffé, c'est encore meilleur.
À vos fourneaux !
samedi 22 avril 2023
vendredi 21 avril 2023
jeudi 20 avril 2023
Le piano de la plage
mercredi 19 avril 2023
Le plus beau film du monde et... la mozzarella in carrozza
Outre sa qualité unanimement reconnue - Le Voleur de bicyclette n'est jamais sorti du classement des 10 meilleurs films de l'histoire du cinéma - le film de Vittorio de Sica comporte une scène d'anthologie (parmi d'autres) dans la trattoria où le gamin affamé dévore une "mozzarella in carrozza", plat emblématique et économique de la cuisine italienne.
Pain, mozzarella di bufala bien fraîche, lait, oeufs, farine et filets d'anchois pour ceux qui aiment (comme moi) sont les ingrédients nécessaires. N'oubliez pas de fariner et de tremper les bords du pain, afin d'éviter que le mélange ne coule dans la poêle.
Voici la recette en italien ; mais en vidéo, nul n'est besoin de maîtriser la langue :
mardi 18 avril 2023
lundi 17 avril 2023
Mon amant de Saint-Jean | Épisode 70 : Être soi-même
Colmar, avril 1938
Tous les mardis après-midi, les garçons du lycée se déplacent jusqu’aux bains municipaux de la Place des Unterlinden, vaste ensemble dédié à l’hygiène et aux sports. C’est pour Roland un supplice. Ce ne sont pas les exercices physiques qui le contraignent : ses années de scoutisme l’ont aguerri comme l’atteste ce corps parfaitement dessiné dont il peut être fier. Après les évolutions dans le grand bassin dont l’eau est chauffée – miracle de la technique moderne qui fait l’orgueil des Colmariens, il faut se rendre aux sanitaires où les nageurs procèdent à leurs ablutions sans la moindre pudeur et s’aspergent virilement dans les rires et les quolibets. À chaque visite, Sieffert se trouve à la merci du même dilemme : promener son regard sur un camarade trop bien découplé aurait pour effet d’attiser le feu de fantasmes chaque jour étouffés et réveillerait cette partie de lui qui ne sait mentir ; se cacher, refuser l’exposition de son corps à la vue de ses condisciples ferait tout autant le nid de fâcheux soupçons. Aussi a-t-il trouvé un pis-aller : à la sortie du grand bassin, il lambine, baguenaude, simule la rêverie, examine avec intérêt les détails architecturaux de l’édifice, la courbure de la voûte aux vitrages que troue la lumière du jour. Ainsi, quand il parvient sur les lieux des grandes éclaboussures, les jeunes gens se sont apaisés sous les coups de sifflet du pion de service et se sont rhabillés. Le surveillant ne manque pas d’admonester le traînard, qui, soudainement revenu du pays des songes, se précipite sous la douche tiède, se savonne frénétiquement, couvre son anatomie de la serviette toujours trop petite à son goût, empoigne ses vêtements et se retrouve prestement en tenue. Le soir, il aura tout loisir de fantasmer lors du rite qui s’est institué entre lui et son coturne.Les nouvelles du monde, en cette saison où le soleil retrouve sa vigueur, sont accablantes. Les échos qui parviennent de l’autre rive du Rhin ont tout pour jeter l’effroi dans la communauté protestante, pétrie d’humanisme, de tolérance, de générosité. Son instituteur de père, si bon, si aimant, si attentif, a inculqué au lycéen ces valeurs qui font les hommes bons. Mais dans la grande ville, ce garçon qui dissimule, à s'en déchirer l'âme, sa vraie nature, entend trop bien les rumeurs annonciatrices de lendemains terrifiants. Chez le voisin, le bilan de cinq années d’un prétendu socialisme national suscite de vives discussions dans le cercle restreint des étudiants qui s’intéressent au devenir de la planète. Il n’y a, ici, que peu de partisans de ce que l’on appelle dorénavant « l’expérience » du Front Populaire que la plupart qualifient d’échec. La conscience politique de Roland, que ses penchants inavouables tourmentent, n’est que balbutiante. Il s’informe toutefois. Il réfléchit. Il sait que son cœur fera obstacle à des idées qu’il juge, en son for intérieur, répugnantes. Guère plus. Mais le souvenir de ses conversations avec le Montpelliérain Marcel Fabre le conforte, le réconforte. Il lui écrira à ce sujet. Il lui en a déjà dit beaucoup de ses souffrances, de ses atermoiements, comme un appel au secours. Il sait qu’à l’autre bout de la France, quelqu’un l’aime et le comprend. Il voudrait s’y transporter par magie, se lover dans des bras amicaux, être lui-même. Une femme, des fiançailles suivies d’un mariage comme tous les autres, il ne pourra pas. Il partira un jour. Il verra sa mère et son père en larmes. Il ira à Paris, le centre du monde. Il fera du cinéma.
À suivre
© Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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dimanche 16 avril 2023
Créativité
Précision : ce n'est pas moi, sur la photo. Le mystère demeure.
Cuicui
Handel - Concerto in F n. 13 The Cuckoo & The Nightingale (Le coucou et le rossignol) Johann Aratore, Handel Festival Chamber Orchestra, John Tinge