Philippe Besson ne le savait pas jusqu'à mardi dernier : il est l'un de mes familiers.
En l'absence des hommes et son
Retour parmi les hommes en séquelle m'avaient accompagné, avec leur Vincent-narrateur (le "je" est une marque de fabrique bessonienne) lors d'un séjour sur les rives du Lac Majeur, et son
Garçon d'Italie m'avait ramené à Florence quand je croyais ne plus y revenir avant longtemps. J'avais découvert l'écrivain lors de la publication de
Un homme accidentel, qui m'avait passionné. J'étais ravi qu'un auteur français suive, à sa manière, la voie tracée par Joseph Hansen, papa du détective gay Dave Brandstetter (allez voir les romans publiés par Rivages/Noir, c'est vraiment bien !).
Je suis donc devenu attentif à l'actualité du sieur Besson, et l'annonce, un matin, sur France Inter, de la publication de
Vivre Vite doublait le plaisir que j'aurais - sans aucun doute - à le découvrir : pensez-donc, James Dean au centre d'un bouquin, voilà de quoi satisfaire cinéphage en manque perpétuel !
Comme je l'écrivais dans un précédent billet, j'ai pour habitude d'entreprendre la lecture de plusieurs livres à la fois. L'emporte celui qui parvient à me faire entrer en immersion. C'est le cas ici, pour cette fiction biographique que j'ai avalée aussi vite que son héros les kilomètres au volant de ses bolides (sans les mêmes dommages, heureusement).
Dans son
Vivre Vite, Besson use d'un procédé narratif original : le "je" se multiplie, l'auteur se substituant à Dean, à sa mère, à son père, à Brando, à son photographe, à ses proches, à ses profs (beau personnage que celui d'Adeline Brookshire, sa prof d'art dramatique à Fairmount), et à Rock Hudson, jaloux de l'aura du jeune acteur mort à 24 ans, lui qui jamais n'incendia un écran.
En dire plus serait porter atteinte à l'intérêt que vous porterez à ce (trop) court roman, à votre désir de le déguster, ce que les cinéphiles appellent "spoiler" dans leurs forums.
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Mieux-lisant sensuel |
L'art de Philippe Besson consiste, à mon sens, à nous passionner pour la vie d'une icône au sujet de laquelle tout a été dit, écrit et filmé (les biographies pour la télé sont d'ailleurs insipides, incapables de transcrire un magnétisme unique au monde), ce qui n'est pas rien.
Circulent maintes biographies, dont l'une (je n'ai plus la référence), "non autorisée" proclamait la couverture, glosait sur la sexualité de l'acteur en n'épargnant au lecteur aucun détail salace.
Au cours de la rencontre à laquelle j'assistai mardi dernier à la Fnac, Besson fit preuve, sur le sujet, d'une saine pudeur, et, s'il s'attacha à démontrer la bisexualité du comédien, ne céda pas un pouce de terrain à un "interviewer" gourmand d'anecdotes croustillantes.
Suscitant d'emblée l'empathie, l'écrivain sacrifia au rite des dédicaces : la mienne est émouvante, dont je le remercie à nouveau s'il lit ces lignes. Je souhaite que ce soit la première de ma "collec".
Je connais deux jeunes gens du milieu cinématographique, auxquels je dis souvent : lisez davantage !