lundi 28 février 2022

"Mon amant de Saint-Jean" | Episode 17 : Si le grain...

Résumé :
Lors de l'été de 1937 à Saint-Jean, village de l'Aveyron, Claude (le narrateur) et Jean, deux adolescents de quinze ans, ont vu leur amitié évoluer vers une liaison amoureuse qu'ils doivent impérativement dissimuler. Ils ont la chance de bénéficier de la complicité de Jacob, un vieil excentrique dont la maison isolée leur permet d'accomplir leurs amours interdites. Leur relation a été découverte par les deux exclus de la bourgade, le jeune Clément Chaumard, ostracisé à cause d'une maladie de peau et Solange Gleizes, une pocharde au passé obscur, dont seul le lecteur sait qu'elle est une fille-mère qui fut contrainte d'abandonner son nourrisson.
Pour l'heure, "la Gleizes" et le garçon "à la peau de serpent" couvrent la liaison des deux principaux protagonistes avec cette connivence qui unit les "parias" de toute nature.
Les deux jeunes amants ont échafaudé des projets pour quitter la région à l'orée de l'âge adulte pour suivre des études supérieures. Il leur faudra pour cela obtenir l'assentiment de leurs pères respectifs. 

 Malgré son caractère bourru, mon père, qui n’avait pas d'instruction, – il savait tout juste lire et écrire – se penchait parfois sur moi quand je faisais mes devoirs sur la table de la cuisine et m’encourageait : « Tu as raison Claude, continue, si tu ne veux pas trimer aux champs par tous les temps douze heures par jour. Tu pourras être dans l’administration et je serai fier de toi. » Ma mère me prédisait un destin encore plus prestigieux : conseiller général comme son oncle Octave Clément, celui dont le portrait en buste vous toisait, impérial, dans la chambre des parents. Mon ambition était tout autre, qui me projetait vers un brillant avenir de journaliste et d’écrivain, car ma conscience politique n’en était qu’à ses prémisses et la perspective de devenir un gratte-papier me faisait horreur. La lecture des livres que me prêtait Jacob, livres que je cachais avec la plus infinie prudence pour éviter des questions sur leur provenance, m’avait conforté dans ma passion pour la littérature et je m’imprégnais avec gloutonnerie des écrits des grands auteurs classiques, mais aussi d’autres, plus récents et quelque peu subversifs où les amours interdites étaient narrées sans équivoque. De ceux-ci, j’avais lu en peu de temps aux "amandiers" – même bien caché, je ne pouvais prendre le risque de l’apporter chez moi – Si le grain ne meurt d’André Gide dont la teneur m’avait enfiévré et bouleversé à la fois. Même si je ne comprenais pas l’attrait exercé sur l’écrivain par des minots de l’âge de mon petit cousin Jérôme, je n’en admirais pas moins l’audace d’un écrivain contemporain digne de figurer dans mon Panthéon. 
  J’étais heureux malgré tout d’avoir des parents aimants et doutais que ceux de Jean soient aussi bienveillants avec un fils qui avait la mauvaise habitude de se montrer arrogant plus souvent qu’à son tour ou de « répondre » quand il se sentait victime de l’une de ces injustices qui le rendait fou de rage, comme le soir ou, un pneu de sa bicyclette ayant crevé, il ne réintégra le domicile familial qu’après le sacro-saint souper et subit une colère noire du paternel qui lui administra une gifle mémorable, acte avilissant qu’il m’avait relaté le lendemain, des sanglots entrecoupant son récit. Le père Goupil avait acquis une belle réputation dans tout le pays. Son savoir-faire, sa précision, son ardeur à l’ouvrage – il lui arrivait de veiller la nuit pour terminer une commande – et la qualité artistique de son travail lui valaient l’afflux d’une clientèle des plus variées : il pouvait œuvrer pour outiller les agriculteurs ou façonner du mobilier pour la commune et les particuliers, les seules offres qu’il refusait étant celles des paroisses, en bon "coco" pourfendeur de calotins qu’il était. Le curé de Saint-Jean avait dû faire appel à un artisan de Millau pour rafistoler la chaire de l'église qui menaçait de s’écrouler sur les fidèles. 
Ces hommes rudes qui consacraient la majeure partie de leur temps au labeur laissaient à leurs femmes le soin de veiller à l’éducation de leur progéniture. À la faveur du "front popu" qui les avaient rapprochés, les deux paternels voyaient d’un bon œil l’amitié de leurs deux garçons, dont ils étaient à cent lieues d’imaginer ce qui la faisait singulière.
Nous maîtrisions à présent l’art de la dissimulation, usant de ruses de peaux-rouges pour abriter une liaison que plus d’un aurait estimée coupable.
Notre détermination à poursuivre de concert et hors de portée du regard de nos ascendants notre parcours scolaire allait cependant se heurter à un obstacle que l’insouciance de l’adolescence ne nous avait pas permis de prévoir.
(À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022

Illustration : Photo Werner Bischof


Lauriers : sept César, bravo !

 J'ai écrit ici en son temps tout le bien que je pense de ce film irréprochable.
Les sept César sont amplement mérités.
Bravo à tous et notamment à Benjamin Voisin auquel on souhaite
de faire les meilleurs choix pour la suite de sa carrière.

dimanche 27 février 2022

Joli Flo

Florian Maček  📸 par Tom Williams.

Bon dimanche ! 

Foulala !

Jared Celma, apprenti-pâtissier espagnol

samedi 26 février 2022

De Russie, avec amour



Au hasard de mes errances sur la toile à la recherche d'anges pour agrémenter ce journal, je suis tombé sur une série de photos de garçons russes extraites d'un livre intitulé
With Love From Russia par Vlad Zorin.

À l'heure où la Russie ressuscite le spectre de la guerre - où sont les beaux esprits qui se refusaient à prononcer le terme "autocratie" ? - rassurons-nous en nous intéressant au travail de Vlad Zorin qui, après un séjour parisien, s'est interrogé sur le rapport à l'amour et à la sexualité de ses jeunes compatriotes.
Il a fallu de laborieuses recherches pour trouver des garçons gays pour illustrer le livre et se raconter.
Certains ont posé courageusement à visage découvert, les autres, pour la plupart y figurent masqués. 
(Je n'ai pas trouvé de lien permettant de se procurer ce beau livre en France.)

« Pourquoi les Français peuvent-ils parler de sexe si ouvertement ? Et pourquoi les Russes ne peuvent-ils pas le faire du tout ? » — ces questions taraudaient Zorin depuis le tout début de son voyage dans la capitale française en septembre 2020. « Pourquoi moi non plus ? — se demanda-t-il. Vlad avoue : « Le point de départ de ce projet était le désir de dépasser cette barrière mentale ». Le contexte russe semblait être une réponse : il y a une interdiction tacite de l'éducation sexuelle dans les écoles et les universités russes, les médias de masse stéréotypent les expériences de la sexualité, tandis que les conversations sincères sont stigmatisées. Il n'y a pas de langage normatif et non abusif pour parler de sexe. Tous ces facteurs contribuent au nombre d'infections par le VIH, ainsi qu'au manque de compréhension de l'éthique sexuelle et du principe du consentement actif. Dans de telles circonstances, un projet artistique initialement conçu comme une déclaration émotionnelle s'est inévitablement transformé en projet social. Des photographies joyeuses de jeunes garçons riant et s'explorant coexistent avec des récits où la maltraitance est indissociable des premières expériences amoureuses. Dans son introduction au livre, la féministe et éducatrice sexuelle Sasha Kazantseva écrit : « C'est peut-être la première tentative de recueillir des histoires franches d'expériences sexuelles, racontées par des hommes russes. Bien que Sasha trouve les abus dont il est question dans les entretiens horrifiants, elle exprime néanmoins l'espoir qu'un jour les femmes se sentiront en sécurité avec les hommes. Une discussion ouverte sur l'expérience masculine, abordant les aspects problématiques du « regard masculin » et les voies possibles vers une nouvelle masculinité éthique, serait une étape vers la fin des cycles d'abus. Afin d'entamer cette conversation, Zorin a créé un espace sûr et accueillant, où la sentimentalité et l'honnêteté ne provoquaient pas la moquerie - une approche qui faisait que les entretiens ressemblaient davantage à des aveux. De nombreuses histoires de ce livre ont été racontées pour la première fois, y compris celle de Vlad. L'esprit qui imprégnait les photos de ses projets Hare and God a acquis une nouvelle expression verbale :

Yulian
 "J'ai remarqué que ses grandes lèvres écarlates en forme de cœur se tournaient avec un léger sourire timide. Il a tendu la main et s'est présenté, "Je suis Yulian, ravi de vous rencontrer..." J'ai failli mourir là, je suis tombé follement amoureux et il n'y avait aucun moyen de revenir en arrière. Il a suggéré que nous sortions fumer une cigarette, nous nous sommes assis sur un banc et j'étais juste hypnotisé par la façon dont il parlait. Son regard froid et charmant me parcourut. Je me souviens comment il a tenu la cigarette avec ses longs beaux doigts, comment il a porté la cigarette à ses lèvres, comment la fumée en est sortie, je me souviens comment il a jeté un coup d'œil dans ma direction. J'étais ravi. A partir de ce moment, il est devenu ma muse, et il sera ma muse pour le reste de ma vie". Le livre crée un espace pour votre propre histoire personnelle. Cela peut être un pas vers une meilleure compréhension de vous-même, un tournant dans la façon dont vous percevez votre propre sexualité, ainsi qu'un pas vers la déstigmatisation des conversations ouvertes sur le sexe.


Egor





Egor, 18 ans : 
" Cela me fait mal. Il y a des parents à qui on ne peut parler de rien, mais parler à ma mère est tout simplement impossible. Elle ne me dira pas où est mon père. Je m'en fous. Je suis juste curieux de savoir à quoi il ressemble "

Mark

















Mark, 23 ans, 
Moscou : " Nous sommes allés quelque part et tout d'un coup, elle a dit "Je t'aime, Mark !" Je lui ai dit : tu as 37 ans, un mari et trois enfants et j'ai 22 ans."





Lire l'entretien avec Vlad Zorin dans le CH Daily : clic


vendredi 25 février 2022

La cuisine inspire

 Et l'on croit que seules les chambres-à-coucher sont 
sources de fantasmes ?

Être gay dans les années soixante-dix

Je ne saurais trop recommander l'excellente émission REMBOB'INA de La Chaîne Parlementaire et, notamment, celle qui fut consacrée à l'homosexualité telle que la vivaient les contemporains des années soixante-dix.
Les invités de Patrick Cohen, Hervé Liffran, journaliste et membre fondateur du CUARH (Comité d'Urgence Anti-Répression Homosexuelle), Odon Vallet, historien, membre durant les années 70 de la revue et du club Arcadie, et Richard Poirot de l'INA ont pu commenter deux documents révélateurs de l'état d'esprit qui régnait alors dans notre pays.
Il avait fallu attendre 1973 pour qu'une émission traite du sujet, sous un aspect "médical", puis un reportage de Patricia Charnelet en 79, qui permettait à des gays de s'exprimer "à visage découvert", pari encore risqué à l'époque.
La vision de ces documents permet d'évaluer le chemin parcouru, même si rien n'est jamais gagné, de sombres apprentis-sorciers, y compris chez nous, appelant de leurs vœux le retour aux "valeurs" de la douce France d'antan.

Pour voir l'émission, c'est par ici : cliquer !

mercredi 23 février 2022

Lecture intime

Photo Arturo+Bamboo

J'aime beaucoup cette photo de garçon lisant.
Elle est prise, apparemment, dans un chalet de montagne.
Au dehors, sans doute, tempête de neige.
Le jeune homme trouve la sérénité dans sa lecture.
Peut-être a-t-il affronté auparavant des éléments déchaînés.
Le voici apaisé.

J'écrirai parfois, avec cette police de caractères, ce que m'évoquent certaines photographies.

Italie : Brividi, chanson sans complexe

Avec la chanson Brividi, le duo Mahmood (le brun) e Blanco (à gauche) a gagné le mythique festival de Sanremo et représenteront de ce fait leur pays au Concours Eurovision de la Chanson. Leur chanson ("brividi" pourrait se traduire par "frissons") a pour thème la liberté d'aimer, l'attitude des deux interprètes ne laissant pas de place au doute sur son sens véritable. L'italo-égyptien Mahmood, ouvertement gay, avait déjà remporté la compétition ligure en 2019, déchaînant les foudres de Matteo Salvini (le ligueur), ce qui est valorisant à mes yeux. D'autre part, cette année-là, le Hongrois Viktor Orban avait boycotté l'Eurovision, jugeant ce concours "beaucoup trop gay". Le vidéo-clip de Brividi est sans équivoque, qui devrait agacer plus d'un "démocrate" des pays de l'Est :

mardi 22 février 2022

Nouvelle recrue

Joe D. Martinez. Photo de Karl Simone

Je forme mon nouveau secrétaire à la dactylographie.
Je lui apprendrai ensuite à s'asseoir plus confortablement.
(Dans notre série Beaux garçons, photos stupides)

Merveilleux Cocteau


Jean Cocteau avec l'actrice Ricki Soma et le danseur Leo Coleman
à New York en 1949
La photo est de Philippe Halsman.

lundi 21 février 2022

"Mon amant de Saint-Jean" | Episode 16 : Nous avions quinze ans

Résumé 
1937, un village de l'Aveyron. Deux adolescents, Claude (le narrateur) et Jean vivent une relation interdite, jusqu'alors préservée de la rumeur. Trois personnes, au village, leur apportent un soutien complice : Jacob Epstein, un vieil excentrique accueille leur amour dans sa maison isolée sur les hauteurs. Clément Chaumard, le fils du boulanger, est ostracisé en raison d'un psoriasis qui affecte son apparence. Solange Gleizes est une pocharde venue de Montpellier où elle a vécu des événements dramatiques. Cette femme sans âge, errant sans relâche dans le village, sait tout des turpitudes de ses concitoyens. Elle a surpris les agissements de Pierrette, la fille du Maire, que les garçons viennent peloter le dimanche dans la salle municipale. Les deux amants embusqués ont observé le manège, découvrant des turpitudes qu'ils étaient loin d'imaginer. Excités, ils gagnent leur "refuge" un temps délaissé.

 Notre vieux copain si jeune, heureux de nous revoir, nous a accueillis avec joie et sans barguigner nous nous sommes précipités vers la chambre, gravissant quatre à quatre les marches de l’escalier qui menait au septième ciel pour y gagner la délivrance.

Jamais chair ne fut moins triste qu’entre nous. Nous nous amusions de ces différences anatomiques comparées avec curiosité, nous flairant comme des chiots frétillants d’aise ; Jean cabriolait sur le matelas de laine puis se relevait pour exhiber sa virilité triomphante - « t’as vu, c’est ça un homme ! » - avant de fondre sur moi en rapace. Quand l’un s'offrait à l'autre, dans la position qui permet l’échange des regards, le sourire affleurait toujours, comme pour encourager l’accomplissement. Nos partages furent continuellement joyeux. Nous avions quinze ans et j’aurai quinze ans jusqu’au dernier moment, tant que ton souvenir me tiendra compagnie.

Une fois étanchée notre soif de caresses, après quelques sommaires ablutions, Jacob, que nos sonores facéties, là-haut, avaient mis en joie, ouvrit une bouteille de Saint Raphaël Quinquina pour fêter nos retrouvailles. Jeannot fit un récit à se tordre de rire du spectacle auquel nous avions assisté ce jour-là. Sur le phonographe notre ami a joué Y a d’la joie par Maurice Chevalier sur laquelle nous avons dansé frénétiquement en poussant des hurlements de louveteaux.
  Ce soir-là, loin d’imaginer que je pouvais m’être enivré, ma mère, devant mon euphorie, me demanda si tout allait bien. Mon père, plus au fait des effets pervers de l’alcool, me jeta des regards suspicieux en fronçant les sourcils.
Au cours du souper, je m’enhardis – le vin cuit faisait-il encore son œuvre ? – à évoquer la suite de mes études.
Il me restait deux ans avant le baccalauréat, un diplôme qu’aucun de mes camarades, à l’exception de Jeannot s’il se décidait à travailler, ne pouvait briguer. La plupart d’entre eux, au demeurant, n’avaient pour d’autre ambition que de demeurer au village ou dans les environs immédiats et d’exercer la même profession que leur géniteur. Quatrefages débiterait de la saucisse, Verdeille se voyait travailler la vigne près de Millau aux côtés de son oncle tandis que Pichon espérait trôner un jour au comptoir du bistrot paternel. Tous, cependant, exprimaient le désir de moderniser l’entreprise familiale, espérant peut-être donner un souffle nouveau à une bourgade qui sombrait dans la léthargie.
(À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022

Gigotons !


Je tiens Arcangelo Corelli (1653-1713) pour l'un des plus grands compositeurs de la période baroque, même s'il fut moins prolixe qu'un Vivaldi. Ses Concerti Grossi sont l'une des œuvres majeures de la période et au-delà, de l'histoire de la musique.
Cette Gigue, de nature à ensoleiller les matinées les plus moroses,  est extraite de sa Sonate opus 9 n°5.
On peut écouter la sonate dans son intégralité ici : clic  

vendredi 18 février 2022

Nando tout nu tout cru

         Fernando Lindez (Photos Willy Vanderperre)           

Omar Rudberg : sensuel, ce garçon !


L'acteur de Young Royals a plusieurs cordes à son arc.
Il en fait vibrer une : mon côté midinette.
La chanson n'a guère d'intérêt, mais quelle sensualité !

"Pour toujours" avec Mina l'éternelle

 Avant de rendre compte ici de Pour toujours, le film de Ferzan Ozpetek que je vais voir incessamment, il m'est agréable de constater que le cinéaste italo-turc a intégré au film la magnifique chanson Luna diamanta écrite par Ivano Fossati, autre grand de la chanson italienne, interprétée par la grande Mina Mazzini.
C'est Ozpetek lui-même qui a réalisé la vidéo ci-dessous où la Diva fait passer une émotion de chaque note. L'album Mina Fossati d'où est extraite la chanson date de 2019.
Bon an mal an, Mina produit un disque longue durée ; à quatre-vingt-deux ans, la voix est toujours exceptionnelle :


lundi 14 février 2022

"Mon amant de Saint-Jean" | Episode 15 : Clarabelle

(...) d’irrépressibles pulsions.
Résumé
1937
Dans ce village reculé de l'Aveyron, deux adolescents, Jean Goupil et le narrateur, Claude Bertrand, on une relation qui n'a plus rien d'amicale. Ils doivent cacher leur passion interdite, bénéficiant de la complicité d'un vieil excentrique qui abrite leur amour dans sa maison refuge, loin du village. Les deux garçons ont deux autres complices au village : Clément Chaumard, discriminé pour d'autres raisons, et Solange Gleize, une quasi-clocharde qu'ils ont d'abord pensé leur être hostile. Solange, ivrogne invétérée erre toute la journée dans le bourg. Elle en connait tous les secrets. Elle a raconté aux deux amis celui de Pierrette Viguier, la fille du Maire, qui se livre régulièrement à un petit jeu des plus surprenants avec des garçons du pays. 

 Pierrette Viguier avait de gros seins qui faisaient loucher tous les garçons du village. Goupil l’avait sarcastiquement surnommée Clarabelle. C’était le nom de la vache des dessins animés que projetait l’opérateur du cinéma ambulant avant le grand film. Nous avions longuement débattu sur ce surnom. Je penchais plutôt pour « labourage et pâturages » en référence à Sully, plus savant à mon goût, pour reconnaître que Clarabelle était finalement plus cocasse. Les faits que nous avaient relatés la Solange avaient tout lieu de nous surprendre. Aussi, un dimanche après-midi, nous étions-nous postés à couvert derrière la salle municipale. Il fallut attendre près de deux heures pour que notre attente soit récompensée. La friponne entra, suivie du fils Bastide puis de Léon Quatrefages, le fils du « roi du pâté de foie » que l’on dégustait chez nous les jours d’opulence. Arrivèrent ensuite, avec une allure de conspirateurs, ce salopiaud de Verdeille et Maxime Légier, lequel se distinguait des autres par un incurable bégaiement qui lui avait valu le sobriquet de « Mama ».

Clarabelle
À chaque nouvelle arrivée se répétait le manège : les garçons donnaient à la porte plusieurs coups à un rythme entendu, toujours le même, et Pierrette l’entrebâillait pour laisser passer prestement le nouvel arrivant. Notre nouvelle alliée la sorcière n’avait donc rien inventé !
Nous aurions pu tenter une incursion, mais nous craignîmes de mettre un terme à l’action par nos éclats de rire.
C’était assez pour se convaincre que ce village bien tranquille n’était pas exempt de turpitudes. Et nous qui avions toujours pensé que la fille Viguier, qui ne manquait jamais une messe, était un modèle de vertu !
Une sainte-nitouche, oui !
« Tu crois qu’ils la paient ou lui font des cadeaux ? » s’enquit mon comparse.
« Sans doute qu’ils se branlent » avais-je répondu sur un ton désinvolte qui le fit pouffer.
« Ou elle s'en charge, mais ça doit être plus cher ! » persifla-t-il.
Il en fallait moins, à notre âge, pour faire naître d’irrépressibles pulsions.
Nous décidâmes d’aller à notre tour frapper à une porte, celle de Jacob Epstein.
(À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
Illustrations : 1 Photo extraite de la série Merli/Philo (Netflix)
2 Disney

Offrez des fleurs !



N'attendons pas cette Saint Valentin qui fait le bonheur (et le tiroir-caisse) des fleuristes pour manifester notre tendresse.
Il y a peu de temps, le garçon formidable, qui sait combien j'aime les fleurs, s'est présenté à ma porte avec un beau bouquet composé par ses soins.
J'en suis encore ému.

dimanche 13 février 2022

Bidgood (6)

 Sur James Bidgood, récemment décédé,
voir le billet de mardi dernier publié à sept heures quarante.
J'ai choisi ma photo préférée pour vous souhaiter un Bon Dimanche !

Venise et Naples saluées à coups de "klaxon" !



On sait combien Franz Liszt aimait l'Italie, au point qu'un festival lui est consacré chaque année à Bellagio, sur les rives du lac de Côme.
Ses carnets de voyage musicaux sont justement célèbres.
Vous écoutez l'une de ces pages, ici interprétée par le pianiste allemand Alexandre Krichel, qui, outre ses indéniables qualités techniques (l'œuvre n'est pas des plus faciles), bénéficie d'un physique plutôt agréable.
L'idée de ce récital en "drive-in", où les avertisseurs sonores remplacent les applaudissements, est follement amusante, ne trouvez-vous pas ?
Écologiquement, cependant...

- Rends-moi ce sac tout de suite !

- Viens le chercher !

 (Bruno Banfi photographié par Jo Herrera)

samedi 12 février 2022

Bidgood (5)

 


 Sur James Bidgood, récemment décédé,

voir le billet de mardi à sept heures et quarante minutes.

" Parce que j'ai enfin su...

 ce que ça faisait de toucher un autre garçon."

(Ça ne semblait pas affecter le sympathique Isaac Cole Powel outre mesure.)

vendredi 11 février 2022

Bidgood (4)

 Sur James Bidgood, récemment décédé,
voir le billet de mardi à sept heures et quarante minutes.