Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 20 janvier 2016

"Une journée particulière" d'Ettore Scola : un grand cinéaste et deux monstres sacrés.

Ettore Scola vient de disparaître ; quel début d'année !
Je retiens de lui, entre autres, trois films : Nous nous sommes tant aimés, Affreux,sales et méchants, et Une journée particulière auquel je consacrai le billet suivant en mars 2010


À Rome le 6 mai 1938. 
Alors que tous les habitants de l'immeuble assistent au défilé du Duce Mussolini et d'Hitler, une mère de famille nombreuse et un homosexuel se rencontrent.


On ne pourra oublier le duo exceptionnel formé pour Una giornata particolare d'Ettore Scola par Sophia Loren et Marcello Mastroianni.
Traitant de la difficulté d'être femme ou homosexuel sous le fascisme triomphant, le film du cinéaste italien réunit deux êtres que rien ne destinait à se rencontrer, à se connaitre intimement.
Ce jour-là, Hitler rend visite au "Duce" à Rome ; le climat est à la fête bruyante, aux hymnes martiaux distillés par les haut-parleurs disséminés dans la ville, aux rodomontades amplifiées du dictateur fasciste.
La "femme", et "l'homosexuel" sont exclus de fait de ces cérémonies où le grandiose n'est en réalité que grandiloquence.
Jamais titre n'aura autant correspondu au contenu : cette journée sera une parenthèse dans la vie de ces deux êtres entre lesquels va naître une relation aussi forte qu'éphémère.


Réalisé par Scola quelques mois seulement après son extraordinaire "Affreux, sales et méchants", film à l'humour noir salvateur, "Une journée particulière" est représentatif de la grande époque du cinéma italien, avant que ce dernier ne meure sous les coups de l'ignorance, assassiné par les marchands d'images de la télévision commerciale ; "la plus bête d'Europe", me confiait encore récemment le concierge de l'hôtel où je descends régulièrement à Rome.

 
Un "couple" exceptionnel.

Il faudra beaucoup de patience et de désir pour revoir ce film dans les meilleures conditions, le DVD français de l'éditeur René Chateau n'en offrant qu'une version doublée : on n'en est plus à un crime près à l'égard du cinéma transalpin de l'âge d'or !

 Une trace.

Villa Borghese, été 2008



Photos du pèlerinage cinématographique, Gay Cultes.

5 commentaires:

Roland a dit…

Une nouvelle et cruelle perte. Les muses pourraient-elles négocier avec les Parques un meilleur régime pour les créateurs ?

The Narrow Corner a dit…

Immensément talentueux.

Celeos a dit…

Et n'oublions pas Le Bal, dont je publie jeudi un extrait.

Anonyme a dit…

a nuit dernière RAI 2 a dépoussiéré "une journée spéciale"; alors que presque tous en place a voir les dictateurs fous, une personne spéciale, il était à la maison; enfin le fait lui et tous les personnes spéciales comme lui ont eu raison parce qu'ils ont été en mesure de regarder vers l'avenir et sans préjudice; Ettore Scola a vu, avec son art du cinéma a eu raison. Tristesse, le début de l'année 2016 est impitoyable.
Catania

Silvano a dit…

La traduction gougueule a encore frappé. J'en retiens que la RAI a rediffusé une journée consacrée à Scola. Je suis tellement content d'être lu en Sicile !