Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 28 février 2015

Nu pour J.C

Édouard Dermit devant la tapisserie de Jean Cocteau Judith et Holopherne 1948
© Herbert List/Magnum

"Manif pour tous" : quand la propagande s'empare du "service public"

Hauts-le-cœur en série, ce samedi, en découvrant le reportage complaisant consacré aux tenants de la "Manif pour tous" par France 2 dans son journal de 13 heures. Le "service public" avait déjà largement couvert, il y a quelques mois, les manifestations de ce mouvement opposé à la loi dite "Taubira" (on n'est pas à un raccourci près : le projet figurait dans le programme de l'actuel Président de la République, est-il besoin de le rappeler ?), diffusant jusqu'à plus soif les images des rassemblements et les propos de leurs participants, amalgamant "mariage homosexuel", "procréation médicalement assistée", "gestation par autrui" et "loi du genre" (fantasmée).
Dans le reportage offert, cet après-midi, à un large public (que la déontologie obligerait à informer en toute impartialité, non ?), le commentaire de la journaliste ne laissait pas de place à l'équivoque : on en déduisait que cette personne rétribuée par nos deniers se faisait porte-parole de cette "cause", l'illustrant par une incursion dans le quotidien d'une famille (nombreuse, bien sûr) ancrée en terre normande, ou donnant la parole à l'homosexuel-alibi du mouvement, auquel s'opposait (bel équilibre) un coiffeur (!) évidemment caricatural.
Le document de France 2 alignait sans vergogne tous les poncifs brandis en slogans par ce mouvement minoritaire (mais ce "13h15 le samedi" aura vaillamment tenté de renverser la tendance), pour conclure sa démonstration sur ces mots : "en France, seuls Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy souhaitent abroger la loi sur le mariage pour tous".
A l'opposé de la suggestion à peine voilée, on sait dorénavant, en toute connaissance de cause, pour qui il serait stupide, inhumain même, de voter lors des prochaines échéances.
J'attends de voir si le prétendu "lobby gay" dénoncé si souvent par les adeptes de la "droite (de plus en plus) forte" réagit à cette ignoble propagande.
Qu'il me soit permis d'en douter.
Pour une fois, l'existence réelle de ce "lobby gay" serait des plus souhaitables ; nos lendemains s'annoncent en effet bien sombres.
Et pas seulement en ce domaine.


Belles bêtes


"A kiss in the snow" : Neige brûlante



Ce joli court métrage norvégien est assorti de sous-titres français quelque peu dansants  ; c'est la seule traduction disponible.
A kiss in the snow (Un baiser dans la neige) exprime fort bien les premiers émois amoureux de l'adolescence allant de pair avec la découverte de soi.

Valdrada

Photo Nico Piotto

"Les anciens construisirent Valdrade sur les rives d'un lac avec des maisons aux vérandas entassées les unes au-dessus des autres et des rues hautes dont les parapets à balustres dominent l'eau. De sorte qu'en arrivant le voyageur voit deux villes: l'une qui s'élève au-dessus du lac et l'autre, inversée, qui y est reflétée. Il n'existe ou n'arrive rien dans l'une des Valdrade que l'autre Valdrade ne répète, car la ville fut construite de telle manière qu'en tous ses points elle soit réfléchie par son miroir, et la Valdrade qui est en bas dans l'eau contient non seulement toutes les cannelures et tous les reliefs des façades qui se dressent au-dessus du lac mais encore l'intérieur des appartements avec les plafonds et planchers, la perspective des couloirs, les glaces des armoires.
Les habitants de Valdrade savent que tous leurs actes sont à la fois l'acte lui-même et son image spéculaire, laquelle possède la dignité particulière des images, et interdit à leurs consciences de s'abandonner ne serait-ce qu'un instant au hasard ou à l'oubli. Même quand les amants aux corps nus se tournent et se retournent peau contre peau cherchant comment se mettre pour prendre l'un de l'autre davantage de plaisir, même quand les assassins plantent leur couteau dans les veines noires du cou, et plus le sang grumeleux coule plus ils enfoncent la lame qui glisse entre les tendons, ce n'est pas tellement leur accouplement ou leur meurtre qui importe que l'accouplement ou le meurtre des images limpides et froides dans le miroir.
Le miroir tantôt grandit la valeur des choses, tantôt la nie. Tout ce qui paraît valoir quelque chose au-dessus du miroir ne résiste pas à la réfection. Les deux villes jumelles ne sont pas égales, puisque rien de ce qui existe ou arrive à Valdrade n'est symétrique: et qu'à tout visage ou geste répondent dans le miroir un geste ou un visage inversé, point par point. Les deux Valdrade vivent l'une pour l'autre, elles se regardent dans les yeux: mais elles ne s'aiment pas."

Italo Calvino Les villes invisibles
Traduit de l'Italien par Jean Thibaudeau (Edition du Seuil - 1974)



vendredi 27 février 2015


Revenir

Castel Sant'Angelo - Photo Silvano
Je rentre ce soir à Paris après quelques jours à Rome.
J'ai fait le plein de bonne humeur, pris quelques grammes ou plus, découvert d'autres chefs-d’œuvre ; car l'Italie nous en offre toujours que l'on ne soupçonnait pas. 
Ainsi, il faut sans cesse y revenir.

Cadeau : folk song avec Jordi



Adaptée, moulinée, triturée, sublimée quelquefois (comme ici), Greensleeves, chanson folklorique, a traversé vaillamment les époques.
Jordi Savall remonte aux origines, proposant un arrangement idéal à mon goût.

jeudi 26 février 2015

Une bonne école



Philosophons dans le...

boudoir.
Où nous ne bouderons certes pas notre plaisir.

[Enfin, mon cher, je suis un animal amphibie ; j’aime tout, je m’amuse de tous les genres ; mais, avoue-le, mon frère, n’est-ce pas une extravagance complète à moi que de vouloir connaître ce singulier Dolmancé qui, de ses jours, dis-tu, n’a pu voir une femme comme l’usage le prescrit, qui, sodomite par principe, non seulement est idolâtre de son sexe, mais ne cède même pas au nôtre que sous la clause spéciale de lui livrer les attraits chéris dont il est accoutumé de se servir chez les hommes ?]
Donatien Alphonse François, Marquis de Sade in... La philosophie dans le boudoir.



Lire ou ne pas lire...


dimanche 22 février 2015

Je suis perplexe :


ôte-t-il son slip ou le met-il ?
Qu'en pensez-vous ?
Dartmouth, 1962

Quand il pleut à Venise





Je me souviens de cette soirée de novembre 2003 où l'on inaugurait la Fenice entièrement reconstruite à l'identique après l'incendie qui la ravagea en 1996, suscitant une émotion mondiale.
Un véritable déluge s'abattit ce soir-là sur la Sérénissime ; mais Venise est belle par tous temps.
On découvre ci-dessous en musique (le Prélude de l'acte 1 de La Traviata de Verdi), l'une des plus belles salles au monde (et le foyer), qui servit de cadre, notamment , au Senso du grand cinéaste et metteur en scène d'Opéra Luchino Visconti :






Extrait du Concert de Nouvel An 2013 sous la baguette de Sir John Eliot Gardiner

La Fenice juste après l'incendie de 1996

Senso


Pour la reconstruction à l'identique de la Fenice, architectes et décorateurs visionnèrent de nombreuses fois le film de Luchino Visconti (1954) dont l'action se déroule en 1886, à la fin de l'occupation autrichienne.
Si une partie de l'action se déroule à Venise, et, notamment, dans le prestigieux théâtre, le film fut tourné en majeure partie à Vérone.
Pour les amateurs, l'édition Blu-ray de Senso (restauré par le Cinémathèque de Bologne) est somptueuse.

Scoop : la solitude du blogueur de fond

Gay Cultes, la salle de rédaction à l'aube. Photo Silvano Mangana
Dans cet endroit secret, nul, jusqu'à présent n'avait jamais pénétré.
C'est là que, dès l'aurore, quand la maison dort encore, je prépare amoureusement ma livraison du jour.
Passionnant, non ?

Timbuktu : 7 "César" mérités

C'est la seule satisfaction que l'on puisse retirer d'une cérémonie des César d'un ennui mortel : le très beau Timbuktu d'Abderrahmane Sissako remporte 7 trophées, dont celui du meilleur film.
Pour le reste, je partage entièrement l'opinion de l'Obs ci-après (à savourer néanmoins : l'extrait intitulé "Moment de grâce") : clique-moi dessus !



samedi 21 février 2015

Marches à suivre

Photo J.P Sousa 
Photo Salvatore Caputo

Mina Mazzini : la "diva assoluta"

Des pochettes toujours surprenantes
"Icône gay" mais surtout icône tout court pour tout un peuple, Mina a renoncé à toute apparition publique en 1978, accédant ainsi au statut de mythe vivant. L'immense chanteuse (3 octaves d'ambitus !) dont Louis Armstrong disait qu'elle était "la plus grande chanteuse blanche", aujourd'hui âgée de 75 ans, continue d'enregistrer un album chaque année : le temps n'a altéré en rien cette voix puissante à la palette infinie, dont elle joue comme d'un instrument, sans jamais, même dans les moments les plus sonores, "gueuler" comme telle ou telle chanteuse dite "à voix" (suivez mon regard).




"La Mina" a vendu plus de cent millions de disques à travers le monde, elle qui n'a jamais été reconnue "star" dans notre pays, mais dont beaucoup de chansons ont fait l'objet d'adaptations françaises, la plus célèbre étant Paroles, paroles par Dalida, autre icône homo qui dut, vraisemblablement, admirer sa consœur italienne.
Pour l'anecdote, on notera un "cover" de Il cielo in una stanza par Carla Bruni
Pour la découvrir mieux, on se précipitera sur YouTube ou on fera l'acquisition des albums "Platinum" qui contiennent les plus grands succès d'un répertoire pléthorique.
 Au milieu des années 60, la chanteuse fit scandale, dans une Italie puritaine sous influence vaticanesque, en vivant une liaison passionnée avec l'acteur Corrado Pani, séparé de sa femme mais non divorcé. La RAI, dont elle était pourtant la vedette numéro un, lui interdit ses studios, déclenchant à travers tout le pays une vague de protestation sans précédent. La télévision dut s'incliner devant le tollé suscité par cette mise à l'index, et réintégra l'artiste dans ses programmes de divertissement.
Une rumeur a récemment couru selon laquelle Pedro Almodovar avait pour projet de porter cette histoire à l'écran avec Carmen Maura dans le rôle de la diva. Pour l'heure, l'ébauche d'un scénario dormirait dans les cartons du réalisateur espagnol.
Aujourd'hui encore, Mina, retirée en Suisse, à Lugano, est traquée par les paparazzi, comme le furent, autrefois, Marlène Dietrich et Greta Garbo.
Si Mina Mazzini refuse d'exhiber son image réelle - peut-être est-elle devenue un "mamma" grassouillette -, elle sait jouer, en autodérision, avec son physique comme le montrent les photos qui illustrent ce billet.
Pour beaucoup d'italiens, elle reste la "numero uno".

Dernière photo "autorisée", en 2001

Pas "spectaculaire", très "jazz", j'ai choisi un extrait du tout dernier album, Selfie Mina (juin dernier). On s'amusera de la pochette : quand j'écris "autodérision", on voit que ce n'est pas un vain mot.



Dans un autre registre (elle "peut" tout), cette reprise de la chansons de Renato Zero Cercami. Si toutes les "chansons de variétés" avaient cette qualité... :

Méditation

Ashton Irwin, chanteur australien en pleine méditation
Un
cousin
du
garçon
de la
bannière
de Gay Cultes ?

vendredi 20 février 2015

La musique des anges




Cadeau : Brahms, Fauré, et les anges



Ici en solo, Arthur Jussen mène une brillante carrière, le plus souvent en duo avec son frère Lucas.
Oh, j'entends bien ricaner certains mauvais esprits : mes considérations sont d'ordre pianistique, rien d'autre... ou presque.

Arthur (né en 1993) et Lucas (1996) sont originaires d'Hilversum (Pays-Bas) et enregistrent sous le prestigieux label Deutsche Grammophon.
Ci-dessous, la berceuse de la suite pour 4 mains Dolly de Gabriel Fauré enregistrée en 2010 :
faites de beaux rêves.



Souvenirs

Maroc

mercredi 18 février 2015

Garçon lisant

C'est une photo d'Hervé Guibert que m'envoie Pierre S., toujours attentif.

Herbie Rhodes par Chloé Le Drezen

Un désir d'Italie

Photo Franco Moscatello - Plus encore ici : clic
Le désir d'Italie me taraude à nouveau.
Temps bas, mines renfrognées, froidure, stress, événements tragiques, il me faut ce soleil des cœurs, cette générosité, cet accueil chaleureux qui m'attendent là-bas.
Rome ne se découvre pas en trois ou quatre jours. Il faut y revenir. Et tiens, si je ne me retiens pas...

Cadeau : Gay Cultes vous offre un café



Constitué, à l'origine, d'anciens élèves de la Schola Cantorum de Bâle, l'effectif de Café Zimmermann s'est étoffé, pouvant aller jusqu'à 25 musiciens.
Chaque nouvelle parution discographique de cet ensemble dirigé par Pablo Valetti, recueille les critiques les plus élogieuses.
Il faut guetter les programmes des salles de concert : Café Zimmermann "en vrai", c'est l'assurance de passer un moment musical enthousiasmant, tant leur plaisir de jouer est communicatif.

Corps sublimé

Luca Sbrizzi du Pittsburgh Ballet Theatre