Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 31 août 2013

Vallons


Rien n'est grave


Tu verras,

qu'un jour, 
après en avoir déversé des océans, 
les larmes finissent par se tarir.
Il faut lutter,
alors,
pour ne pas
s'assécher à jamais.

A Verona | Vérone : la tentation bourgeoise

... anciennement vassale de la Sérénissime... (Silvano)
A deux heures de train (omnibus) de Venise, Vérone, bien qu'anciennement vassale de la Sérénissime, est d'une toute autre Italie. Certes, les foules de visiteurs du mois d'août arpentent, cornet de glace en main, les rues et venelles du centre historique en direction du "balcon de Juliette", lieu symbolique mais fallacieux, qui n'est qu'un hommage rendu par la ville à l’œuvre de ce cher William. Les couples d'amoureux mal informés badent la -jolie, au demeurant- loggia, persuadés que les amants célèbres ont vraiment roucoulé dans ce cadre prétendument historique. Certains s'attendent peut-être à voir apparaître Leonardo Di Caprio ou Leonard Whiting (selon les générations) qui incarnèrent Romeo à l'écran. Un mur a été tout spécialement prévu à l'intention des graffiteurs. Si l'inscription dépasse l'emplacement réservé, le coupable risque les pires ennuis. Car Vérone est une ville soucieuse de préserver sa grâce. Pas assez cependant, puisqu'elle a laissé s'installer, sur la somptueuse Piazza Erbe, les marchands du temple,  leurs blanches toiles mercantiles faisant affront aux murs séculaires ornés de fresques médiévales. Pour relativiser, c'est bien pire à Florence, où les vendeurs de gadgets touristiques occupent un espace public où l'on est obligé de jouer des coudes pour progresser jusqu'au Duomo. Pourquoi ai-je ressenti -dès mai dernier où je la découvris- ce coup de cœur pour la cité du Veronese ? Pour cette impression que la vie y est douce ? Pour un coucher de soleil sur le Ponte Pietra ? Pour le soin qu'apportent à leur apparence vestimentaires les indigènes, jeunes ou moins jeunes ? Pour la qualité de ses vins (suave "Soave") et de ses nourritures terrestres ? Pour la douceur de ses jardins ?

Giardini (jardins) à Vérone (en mai) Silvano
Vérone est une ville bourgeoise, certes, mais sans l'ostentation qui caractérise certains quartiers de Paris ou telle ou telle cité du Sud de la France (le summum étant, pour moi, Cannes (pour la partie qui s'étend autour de la rue d'Antibes jusqu'à la Croisette s'entend) où le tape-à-l’œil va de pair avec la fatuité des adeptes du bling-bling. A Vérone, un certain chic est de mise qui va de soi, naturel, en respect de soi et du regard d'autrui (que l'on ne cherche pas à épater, cependant). J'ai cherché (vainement), Porta Nuova, un panneau "tongs interdites en ville" ou "attitude négligée prohibée". Et de fait, tous, touristes compris, semblent s'être donnés le mot : pour déambuler, ou s'attabler sur l'une des terrasses qui regardent l'Arena (les fameuses arènes), on a pris soin de son aspect.

Premier séjour en mai 2013 - Silvano
Après le concert d'Ennio Morricone, repas sous le ciel étoilé dans une rue animée mais pas trop, à l'image de la cité, où nous dégustâmes des "papardelle al truffo nero" facturés 15 € : tout, ici, reste correct, non ?

Vérone la nuit - Wikipedia

Un chat, d'accord, mais...

ça
peut
faire
des dégâts.

jeudi 29 août 2013

Daniel Catalano - 2011

Via The Look par Hatnapper - Deviant Art

Ennio Morricone à Vérone : inoubliable !


Quand les portables remplacent les briquets d'antan...
Les pierres des gradins sont dures, au point que l'on peut louer un coussin pour la soirée. Il faut dire que les places confortables, proches de l'immense plateau, sont vendues à tel prix qu'on ne rechigne pas à faire subir à nos (jolis) fessiers cet inconvénient que la qualité du concert fait oublier en peu de temps. Toutes les places, des plus chères aux plus modiques ont été vendues. Nous sommes donc plus de 20 000 dans ce cadre exceptionnel des arènes de Vérone, lieu mythique qui vibre encore du son des plus grandes voix. A 84 ans, le Maestro est encore bien alerte, qui dirige pendant près de deux heures l'Orchestre Symphonique de la RAI, appuyé par les chœurs du "Coro lirico sinfonico di Verona", remarquables.

Ennio Morricone


Les musiques de films sont au programme : celles qui ont fait la célébrité du compositeur (les films de Sergio Leone, de Bertolucci, Tornatore), mais aussi celles de films plus "politiques" comme "Sacco et Vanzetti", "Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon" (à qui pensez-vous donc ?) "La classe ouvrière va au paradis" ou "La bataille d'Alger". Public populaire, fervent, qui fera une longue ovation, à laquelle le Maître répondra par de nombreux bis. La lune est pleine, qui veille sur le prestigieux monument ; l'acoustique, fameuse, est incomparable. On s'émeut, trépigne, chante. La vie est une comédie italienne, la vie est une tragédie italienne. Ce soir, la vie est belle.






Ci-dessous un extrait du concert, plutôt bien filmé (c'est rare !) par un spectateur :

Un archange dans le Marais, ce soir


Arcangelo Corelli - Huile sur toile - Jan Frans Douven
Angeolâtre, je ne pouvais ignorer le 300ème anniversaire de la mort d'Arcangelo Corelli, compositeur de génie, qui, bien avant ce cher Berlioz, fut le premier à réunir d'impressionnants orchestres (à cordes, essentiellement) : j'insérai ici, tout récemment, un concerto grosso de l'Opus 6 interprété par l'ensemble 415, enregistrement essentiel qui renoue avec la tradition corélienne de l'ensemble pléthorique.
Ce soir, il sera bon d'aller fureter dans le Marais parisien (si !). A deux pas des lieux de perdition prisés par certains (dénoncez-vous !), est proposée une "Notte della follia" bien plus modeste, puisque il s'agit d'entendre des sonates pour violon, et, précise le carton, "clavier"* (j'aurais préféré lire "clavecin", et je m'avoue quelque peu inquiet),  interprétées par la violoniste Claire Ducelle, que l'on entendit au Jeu de Paume d'Aix-en Provence lors de l'édition 2011 du Festival dans Shostakovitch (quel bond !) avec le quatuor Tercea de bonne renommée.
L'entrée est libre (prévoir une obole, c'est la moindre des choses) et ça se déroule dans le joli Cloître médiéval des Billettes, 24 rue des Archives (en plein gay-Marais vous dis-je !) à 21h30.
Sitôt élucidé le mystère, pour moi, qui entoure le terme "clavier", dont j'ose espérer qu'il ne désigne pas un instrument numérique reproduisant le son du clavecin, je verrai si je dois me mettre en devoir d'y assister.
C'est le dernier concert de la série. Si vous êtes dans les parages (y a pas de honte), mettez y donc une oreille.

Nota : excellent article sur Corelli par Roger-Claude Travers dans la dernière livraison de la revue Diapason (septembre 2013).

Nota 2 : (vendredi à minuit et trente cinq minutes) dès 20 heures, gratuité oblige, les mamies du coin font le siège (pliant) du cloître. J'ai donné rendez-vous à un ami à 8 heures et demie. Complet. On rebrousse chemin. Excellent repas non loin de là. L'an prochain, je plante ma tente machinchua dès potron-minet. 

* Nota 3 : de toutes façons, j'avais l'intention de partir aussitôt si je voyais un clavier numérique. 

Célébrée par Dante

Benàco, lac de Garde, It.

mercredi 28 août 2013


Ragazzi à Venise, encore, mais pas seulement

Que n'ai-je zoomé !



Heure de pointe sur le Vaporetto : vivement ce soir !
Sur le Grand Canal, on a toujours un peu l'impression de se trouver dans un "Disneyland baroque", pour reprendre l'expression de mon camarade de voyage, lequel s'émerveille, par contre, de la Venise parallèle, celle où le visiteur d'un jour ne met pas les tongs. C'est là qu'on trouve les vrais vénitiens, quand ils n'ont pas fui leur cité à la pleine saison, lassés, excédés sans doute, du flot incessant de ces touristes qui encombrent les venelles et les ponts, peu soucieux des habitants qui, comme ailleurs, doivent vaquer à leurs activités. 
On est surpris du calme qui règne à quelques brasses de San Marco, de la sérénité ambiante, des placettes assommées de soleil, des jardins cachés, d'un impromptu de Schubert bien joué, pour de vrai, dont les notes s'échappent d'une fenêtre. On s'y attarde un moment, mon jeune ami et moi, ravis de l'aubaine. Qui aime les garçons ne sait où donner du regard : ils pullulent, ragazzi locaux ou jeunes européens en goguette, se regroupant, à la nuit tombée, au mercato (marché) du Rialto, l'un de mes points favoris, ou sur le campiello d'à côté. On croise, un  soir, deux garçons se tenant par la main, et mon compagnon hétéro (cette appellation !) dit : "voilà, ça c'est bien !" avant de lorgner les filles, dans sa quête d'une nouvelle Audrey Hepburn. Le miracle, aussi, de la Sérénissime, c'est qu'une fois le soleil disparu, dès qu'apparait la pleine lune complice, la cité s'est vidée de ses foules bruyantes, et que seuls ses vrais amoureux sont restés. Prosaïquement, il est vraisemblable que les prix prohibitifs pratiqués leur ont fait rejoindre la Mestre voisine, plus low cost (bas coût) ou l'un de ces bateaux de croisières qui suscitent, à raison, l'ire de tout admirateur de la cité au lion. Venise nous est rendue, donc, en plein mois d'août, après huit heures du soir, où l'on peut même gravir les marches de Rialto sans craindre les diurnes bousculades qui font immanquablement penser à un jour de soldes aux Galeries Lafayette. Le repas est délicieux à San Trovaso, où le patron, sincèrement ravi de me revoir, salue chaleureusement celui qui se présente comme mon fils, nous offre un verre bien rempli de sa meilleure grappa (divine !) et, à ma grande stupéfaction, pratique un escompte sur notre addition ! Le vénitien est sobre, garde la distance. En avoir convaincu deux ou trois de ma sincérité me comble d'aise ; et de gratitude.
Une journée et une nuit à Vérone (où j'aimerais vieillir) pour applaudir le Maestro Ennio Morricone : je vous en écrirai plus long très bientôt.
 


Sur ce campiello, ce ragazzo a tout juste remarqué notre présence : j'en déduis qu'il est straight, tant mon compagnon de périple (qui ruse pour me permettre de photographier mon sujet) est au maximum de sa beauté.
Photos Silvano Mangana

Tuyau : si vous aimez Venise ou voulez la découvrir mieux, l'excellent blog (en français) de Lorenzo.
Cliquez sur : TraMeZziniMag

Venise nous est rendue...

Ah, nos mères !




Extrait du film "La residencia" de Narciso Ibañez Serrador (1969). C'est un film... d'horreur.
Nota : je suis parfois distrait, mais soyez rassurés : je sais qu'aujourd'hui, ce n'est pas la fête des mères.

Pudeurs au Luxembourg (par Roger B.)

C'est une contribution (texte et photos rapportées du Jardin du Luxembourg, Paris) de Roger, lecteur fidèle :

Zacharie Astruc -Le marchand de masques (1883)

Pourquoi le sculpteur a-t-il choisi d’habiller «  Le Marchand de Masques » ?
L’époque probablement, qui mit en place la honte du corps.
Mais surtout, pourquoi Astruc prend t’il la peine de broder le vêtement.
Et de faire figurer sur « les divines et célestes pommes », le motif d’un vase grec :
Zeus poursuivant Ganymède ?
Roger



Salon de musique

Château de Peleș, Roumanie

mardi 27 août 2013

Extatique


Lido de Venise : bonus


A ma grande satisfaction, j'ai pu constater le raccourcissement général des shorts, que je prônais tout récemment dans un billet estival sur le "retour du bon goût", ici : cliqueter  et là, sous le titre "Ragazzi en short : j'aime vos genoux ! " : clicounet

Les ragazzi du Lido



Vendredi dernier. Le garçon qui m'accompagne dans cette (courte mais enchantée) parenthèse n'aime que les femmes, mais met un point d'honneur à se présenter comme "gay friendly" (ami des gens différents de lui). Je l'emmène en pèlerinage (il est cinéphile) sur la plage du Lido de Venise où, juste en face de l'Hôtel des bains (fermé) cher à Visconti, évoluent sur le sable des ragazzi, à l'endroit précis où le Tadzio de Mort à Venise enflamme le coeur d'Aschenbach.
Comme il l'a fait à plusieurs reprises, mon compagnon fait mine de poser pour moi, tandis que mon objectif dévie vers ces jeunes gens en pleine activité sportive. Je lui dis : "les lecteurs de Gay Cultes te remercient !"

Photos Silvano Mangana avec la complicité d'E.

Cadeau : cello sorcier

Entendues à Venise (voir mon billet d'hier, lundi), ces Variazoni sul Mosè de Paganini, que Davide Amadio et les Interpreti Veneziani jouent, ici, au Rudolfinum de Prague, ont quelque chose de diabolique : 
Paganini, quoi !

lundi 26 août 2013

Merveilles de la nature


Vapeurs sur le vaporetto


Les concepteurs du "Vaporetto dell'Arte" de Venise, bus flottant de grand luxe, ont vraiment soigné le moindre détail. Ont-ils fait un casting pour le choix du personnel ?

Photos Silvano Mangana


Puisque vous êtes sages, d'autres photos des merveilles de l'Italie dès demain.

Baroque and roll !


Au centre, Davide Amadio en répétition - 20 août 2013 - Photo Silvano Mangana
Lors de nos premières foulées sur le sol tanguant de Venise, rencontre avec Davide Amadio qui répète pour le concert du soir à l'église San Vidal, lieu de résidence des Interpreti Veneziani. Pourquoi répéter autant un répertoire qu'il connait sur le bout des doigts ? "Parce que, dit-il, on se trouve toujours mauvais, ou, en tout cas, jamais assez bon, qu'il faut jouer et rejouer pour trouver le son qui fera oublier l'acoustique ingrate, trouver le "truc" pour communiquer aux touristes qui affluent, le soir, la passion de la musique vénitienne". Les Interpreti Veneziani peuvent se scinder en trois groupes, pour leur permettre de tourner en Europe. Ainsi donc, c'est une chance de trouver ici Amadio aujourd'hui, que je ferai découvrir ce soir à un jeune homme bluffé par son jeu et son charisme. Le concert sera de haut niveau, avec, notamment, le célèbre concerto RV.443, joué à l'ottavino par un flûtiste également habité, Andrea Dainese. Beau conciliabule final entre notre Davide Amadio et le violoniste Giacobbe Stevanato dans le RV.547 du même Vivaldi. En bis, Davide Amadio joue son "morceau de bravoure", les "Variazoni sul Mosè" de Paganini. Jimi Hendrix est vivant et vit à Venise.

Ici, le concerto RV 547, enregistré en répétition (2011) avec un violoniste que j'aime beaucoup (pour des raisons pas seulement musicales...), Nicola Granillo.

Russie : Wentworth Miller n'ira pas !

"Merci pour votre gentille invitation. En tant que visiteur par le passé enchanté par la Russie mais également en tant que personne ayant des ancêtres russes, j'aurais aimé répondre oui. Cependant, en tant qu'homme gay, je suis obligé de refuser"
"Je suis profondément troublé par l'attitude actuelle concernant les menaces et le traitement des hommes et des femmes homosexuels par le gouvernement russe"
"La situation n'est pas acceptable, et je ne peux pas, en bonne conscience, participer à un événement organisé par un pays où des personnes comme moi sont systématiquement privées de leur droit fondamental de vivre et d'aimer ouvertement."



Indigné par la loi homophobe récemment promulguée dans la Russie de Poutine, l'acteur américain Wentworth Miller (Prison Break) a décliné une invitation pour un festival de cinéma qui doit se dérouler en terre russe. L'acteur fait par là même, son coming-out.

 

dimanche 25 août 2013

Sable émouvant


Lambiner

"Comment se lever et s'habiller"

et je suis rentré le cœur léger




L'aimé dans le malheur...



L'aimé dans le malheur me jette
et de blancs cheveux couronne ma tête
avant que de la terre les replis
ne m'eussent enseveli !

Je suis pour mon malheur épris
d'un aimé qui me trahit
me floue et fauche ma vie.

S'il semble sincère et candide,
à l'épreuve, il se révèle perfide.

Ses mots et ses missives
me le révèlent.

Son âme pour moi
d'une passion mortelle
est captive !

Que je le touche ou boive son haleine
je le trouve plus que moi
enclin à la peine !

Abû Nuwâs

Cadeau : j'aime l'ouverture, d'une tristesse infinie, de ce concerto grosso de Corelli


Ensemble 415
dir. Chiara Banchini & Jesper Christensen

Boutine

La chronique de François Reynaert, dans le Nouvel Observateur, est presque toujours un régal. Cette semaine, il parvient à faire sourire, tout en nous indignant, sur l'homophobie en URSS Russie.
On peut le lire ici : click

Nota : ça n'a rien à voir, mais vous êtes drôlement gentils d'avoir continué à commenter pendant mon absence.

mercredi 21 août 2013

Relâche


Nota : je ne pourrai publier vos commentaires que dimanche.
Mais, d'ici-là, j'ai programmé quelques anges quotidiens pour ne pas vous abandonner tout à fait.