Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 31 mai 2020

Rêvons d'autre chose


Il me rappelle Yann, 
qui venait chez moi
écouter de la musique.
Rien de plus, pensais-je.
Il s'allongeait sur le divan
et savourait Pink Floyd ou Brahms 
- il me laissait le choix -, le regard
perdu dans le ciel de mon petit studio.
Attendait-il un premier geste ?
J'aurais peut-être dû.
Où est-il maintenant ?

B
o
n

d
i
m
a
n
c
h
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Joli souvenir

La chambre d'amour


C'est la chambre idéale pour deux amants.
Pas un meuble, pas un tableau, rien pour distraire le regard.
Il n'est qu'à plonger dans les yeux de l'autre, se consacrer uniquement à l'union des corps
et des cœurs.

jeudi 28 mai 2020

lundi 25 mai 2020

Penser nos nouvelles vies


L'assassin assassiné

En 1980, lorsque le débat sur la peine de mort défrayait la chronique, quand l'opinion publique approuvait à une large majorité l'application de la peine capitale, Jean-Loup Dabadie, qui vient de mourir, écrivit ce texte bouleversant que mit en musique Julien Clerc :



C’était un jour à la maison
Je voulais faire une chanson
D'amour peut-être
À côté de la fenêtre
Quelqu'un que j’aime et qui m’aimait
Lisait un livre de Giono
Et moi penché sur mon piano
Comme sur un établi magique
J’essayais d’ajuster les mots
À ma musique.
Le matin même, à la Santé
Un homme, un homme avait été
Exécuté
Et nous étions si tranquilles
Là, au cœur battant de la ville
C’était une fin d’après-midi
À l’heure où les ombres fidèles
Sortant peu à peu de chez elles
Composent doucement la nuit
Comme aujourd’hui.
Ils sont venus à pas de loup
Ils lui ont dit d’un ton doux
C’est le jour, c’est l’heure
Ils les a regardés sans couleur
Il était à moitié nu
Voulez-vous écrire une lettre
Il a dit oui, il n’a pas pu
Il a pris une cigarette
Sur mon travail tombait le soir
Mais les mots restaient dans le noir
Qu’on me pardonne
Mais on ne peut certains jours
Écrire des chansons d’amour
Alors j’ai fermé mon piano
Paroles et musique de personne
Et j’ai pensé à ce salaud
Au sang lavé sur le pavé
Par ses bourreaux
Je ne suis président de rien
Moi je ne suis qu’un musicien
Je le sais bien.
Et je ne prends pas de pose
Pour dire seulement cette chose
Messieurs les assassins commencent
Oui, mais la Société recommence
Le sang d’un condamné à mort
C’est du sang d’homme, c’en est encore
C’en est encore.
Chacun son tour, ça n’est pas drôle
On lui donne deux trois paroles
Et un peu, d’alcool
On lui parle, on l’attache, on le cache
Dans la cour un grand dais noir
Protège sa mort des regards
Et puis ensuite, ça va très vite
Le temps que l’on vous décapite
Si je demande qu’on me permette
À la place d’une chanson
D'amour peut-être
De vous chanter un silence
C’est que ce souvenir me hante
Lorsque le couteau est tombé
Le crime a changé de côté
Ci-gît ce soir dans ma mémoire
Un assassin assassiné
Assassiné.

Je les ai tant aimés



Note ce lundi à 9 h 50
J'avais programmé cette chanson pour aujourd'hui avant d'apprendre la mort de Jean-Loup Dabadie.
Sa disparition et celle de Michel Piccoli en l'espace de quelques jours sont, pour nos générations, des morceaux de vie que nous voyons voler en éclats, une vraie douleur.

dimanche 24 mai 2020

Encore au lit à cette heure-ci ?!

Bed Piece (Chambre à coucher) - Chris Burden (1972)
Je parle de l'heure
à laquelle vous ouvrirez ce journal,
bien sûr.

BoNdiMaNChe!

Victor, Angelo, Paul...


Pour celles et ceux qui ont lu et apprécié Tombe, Victor !, j'ai inséré dans la page Facebook du roman (ici) une courte vidéo où l'on peut s'imaginer suivre l'un des personnages dans son parcours familier des rues d'Antibes.
Vous pouvez aimer la publication, et mieux encore, cliquer sur "J'aime la page".
On peut toujours acheter le roman en ligne ici : clic
Ou aider les librairies en le commandant chez l'un d'eux (Tombe, Victor ! Ed. Edilivre)
Merci


BeautéAmourCordesHarpsichord*



Ici, c'est Leonid Kogan (violon) et Karl Richter (clavecin) enregistrés en 1972.
Magistral, mais je garde ma préférence à l'un des fleurons de ma discothèque, ci-après :




















On aura tout à gagner, cependant, quelle que soit l'une ou l'autre de ces deux versions, à écouter la sonate dans son intégralité.
Et les cinq autres sonates, pour se ménager un dimanche serein.

* Ouais, bah, juste fais-le !

Un dimanche à Loreo, Veneto

Photo de Mario Cattane

Non, ce n'est pas un jeune confiné de la période actuelle :
ce Domenica a Loreo, Interio date de 1954.

La région Veneto, "Vénétie" en français, a été relativement épargnée lors de la propagation du coronavirus Covid-19. Elle jouxte pourtant la Lombardie où le fléau a frappé très fort.


Loreo, Veneto (Province de Rovigo)



samedi 23 mai 2020

Heureux ange

"Jacob Dooley" (et non Jack Langue), se nomme-t-il.

Penelope, mon amour




Vous, je ne sais pas.
Mais j'ai tendance à trouver
Penelope Cruz aussi sublime
que les films d'Almodovar où
elle incendie les écrans et les cœurs.

Sinon, les musiciens qui me lisent,
connaissent sûrement la sœur de Penelope,
prénommée Anna.

À notre âge, tout nous va !

"Enfin, presque tout !"

Vous me rétorquerez à raison qu'il suffit
de les dépouiller de leurs oripeaux pour 
en avoir une toute autre appréciation.

vendredi 22 mai 2020

Top Chef-Pâtissier GC : le grand vainqueur

The baker's fight par Frank, on Flickr

À l'unanimité, j'ai décerné le grand prix
à ce jeune chef particulièrement doué,
notamment pour le dressage.

Amoureux, extérieur-jour

Troy Pes et Zander Hodgson, vrai couple. Photo Joly Kunu
Ceux qui lisent tous les textes
se régalent, n'est-ce pas ?

jeudi 21 mai 2020

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres

Alex Lange par Luke Fontana

Sacré Steph', va !

Rome, ville en réouverture

Source "Trastevere App" (Facebook)


Les restaurants romains rouvrent, toutes distances respectées.
On peut s'en réjouir tout en versant une larme sur l'ambiance qui régnait, il y a mille ans, semble-t-il, dans les trattorie du Trastevere, comme sur cette photo de la fin des années cinquante.

Comme une envie de liberté


mercredi 20 mai 2020

Toi, juste deviné

Photo Harry Stahl

Et puis, bien sûr :


Avec Pierre Malet dans :




Ils se sont retrouvés

Avec Romy Schneider

Michel Piccoli est mort.
J'ai toujours eu la naïveté de croire que
ce genre de personne ne pouvait (ne devait) mourir.
Je suis immensément triste.

D'Olivier Adam, écrivain

J'approuve son texte, bien sûr : 
"Paris, le 12 mai 2020
Mon cher, ma chère compatriote,
Je t’admire, tu sais. Oh oui comme je t’admire. A toi, on ne la fait pas, hein ? Tu connais tout du dessous des cartes, n’est-ce pas ? Qui nous ment et ce qu’on nous cache. Qui tire les ficelles et à qui profite le crime. En toutes choses, tu sais ce qu’il faut faire. Ce qu’il aurait fallu. Ce qu’il faudra. Tes compétences sont sans limite. L’étendue de ton savoir est infinie. Ton instinct infaillible.
Je t’ai connu économiste, sociologue, historien, juge, procureur, scénariste, sélectionneur de l’équipe de foot.
Je te découvre ces jours-ci virologue, épidémiologiste, spécialiste de la gestion de crise sanitaire et des pandémies. Vraiment tu m’impressionnes. Je te lis dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Je t’écoute à la radio, à la télévision et dans la queue chez le maraîcher, dans les allées du G20.
Et comme je t’envie. Comme ce doit être grisant de tout savoir sur tout et d’avoir toujours raison. D’avoir des réponses si simples à tant de questions si complexes – et parfois le contraire. D’être expert en tant de disciplines. De toujours savoir qui incriminer. Qui croire et qui condamner. De redresser tant de torts. De déjouer tant de complots. De déciller tant de naïfs. De détenir la vérité et de l’avoir confisquée une fois pour toute à ceux qui ne la méritent pas.
A ceux qui ne savent pas s’en servir. Les hésitants. Les indécis. Les pointilleux. Ceux qui ne savent pas toujours.
Qui se demandent. A qui il semble. A qui il faut des preuves. Qui questionnent. Tempèrent. Disent ce n’est pas si simple. Coupent les cheveux en quatre. Les apôtres de la nuance. Les maniaques de l’objection. Ces pleutres qui n’éructent pas sur les réseaux sociaux. Ne signent pas de tribunes ou de post incendiaires, pleins de rage, péremptoires et justes par conséquent. Justes par définition. Justes par la loi de celui ou de celle qui gueule le plus fort. Ces lâches qui ne donnent pas leur avis sur tout à la télé, à la radio, sur les réseaux, au café, en famille, entre amis. Et s’abstiennent, les imbéciles, de se prononcer sur de sujets qu’ils ne maîtrisent pas. De condamner sans preuve. Ces gens qui doutent, comme les chantait Anne Sylvestre. Et qui rechignent à décréter.
Oh tu les connais ceux là. Ils t’ont toujours bien fait marrer ces rabat-joies, à parler si bas, à retourner une question en tous sens avant de formuler une hypothèse. A parfois penser contre eux-mêmes. A se défier des fausses évidences. Des conclusions hâtives. Des anathèmes. Ces ergoteurs. Heureusement ils sont minoritaires. Ou bien ils se planquent. Ont déserté les réseaux, les plateaux, les cafés des certitudes. Se taisent pendant les réunions de famille. Heureusement.
Manquerait plus qu’ils viennent plomber l’ambiance avec leurs scrupules, leurs nuances, leurs réserves, leurs objections
Manquerait plus qu’ils t’empêchent d’avoir raison en toute choses et tout le temps. Et de le faire savoir en gueulant.
Allez. Je te laisse. Je retourne à mes doutes, à mes hésitations, à mes incompétences. "
Olivier Adam

Olivier Adam a écrit des romans, des livres "jeunesse", et collaboré comme scénariste à quelques films pour le cinéma, dont Welcome, de Philippe Lioret qui obtint le César du scénario.
De lui, j'ai lu avec plaisir Des vents contraires et Je vais bien, ne t'en fais pas.

Firat Ayverdi dans Welcome de Ph. Lioret (2009)

lundi 18 mai 2020

Poser sa serviette...


est quelque peu malaisé en ce moment.
Mais sans doute existe-t-il des points d'eau
privilégiés loin de la foule déchaînée.

Declan McKenna (ou pas ? et aussi ?)



Merci à mon commentateur "picotludique" (et bien quoi ?), qui me signale ce clip vidéo de Declan McKenna aux prises avec son double qui n'est autre que le comédien Alex Lawther auquel je consacrai un billet pas plus tard que samedi dernier.
Ambigu, dis-tu ?

Dé-confinés


dimanche 17 mai 2020

L'amour par-dessus tout

Tanguy et Thibault par Ben Fohrer

Bon
dimanche !

Poco adagio cantabile : tout le contraire de prestissimo



Comment ce divin adagio du Quatuor n°3 (L'empereur), après avoir été l'hymne de l'empire austro-hongrois, devint celui de la République de Weimar puis, texte corrigé en "Allemagne régnant sur le monde", celui du troisième Reich ?
C'est tout un mystère qui résume le grand questionnement que nous évoquâmes l'autre soir avec l'ami E. retrouvé : comment cette nation éclairée se laissa-t-elle glisser dans la barbarie ?
La musique de Haydn survit pour l'éternité aux ignominies.
Fermez les yeux et écoutez : elle chante la paix et la fraternité.
Poco adagio cantabile : le confinement suivit ce tempo, qui fit revenir à nous les oiseaux chantants que l'on croyait à jamais enfuis et je pus suivre jour après jour l'éclosion des fleurs du printemps.

Il est beaucoup trop optimiste de croire en l'avènement d'un monde nouveau :
un large tour de mon quartier m'en a convaincu vendredi : mêmes regards suspicieux au-dessus des masques, mêmes démarches pressées, mêmes incivilités, agressions verbales entre personnes d'apparence civilisées, spectacle désolant des détritus sur la chaussée (dont les fameux masques !) quand, pendant toute la période, de braves gens sous-payés ont donné le maximum pour contredire vaille que vaille la légende de "Paris, ville sale".
Un monde nouveau ?
Écoutons Haydn et ses immenses confrères, respirons !

Bel endimanché

Autoportrait sans visage - Gutter Star (Flickr)

Te retrouver, c'est bon

Nikolas Brummer Flickr

Et nous fûmes
presque sages.

samedi 16 mai 2020

Se déconfiner, oui...

Photographiés par Matt Lambert

mais
restons
prudents :
attention aux retrouvailles
enthousiastes du samedi soir !

Un comédien très prometteur

Dans Departure



On se souvient sans doute d'Alex Lawther qui jouait Elliot dans Départ (Departure) le film très subtil d'Andrew Steggall dont j'avais inséré ici un extrait assez torride maintenant indisponible. Alex, né en 1995, que l'on vit notamment en Alan Turing jeune dans le très bon Imitation Game, est l'un des comédiens du nouveau film de Wes Anderson The french dispatch au milieu d'une distribution pléthorique de ce que le cinéma international compte de vrais grands talents, dont notre cher Timothée Chalamet. Le nouvel Anderson est censé sortir "en salles" courant 2020 : on croise les doigts (une fois de plus !). Quant à notre Alex, les esprits les plus affûtés de la profession lui prédisent une belle et grande carrière.