Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


lundi 31 octobre 2022

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 51 : L'homme sans défauts

 

(...) l’appétit sexuel que j’avais d’Émile Boisselier...

   S’il est des hommes sans qualités, André Foulques n’en était pas dépourvu. Loin de là : pendant ces années où j’eus à le côtoyer, je ne lui trouvai guère de défauts. Encore fallait-il que je pousse à l’extrême l’analyse de son caractère pour en déceler. Je conservais encore des naïvetés d’enfant nourries d’idée préconçues. Par exemple, il me paraissait évident que les yeux bleus étaient l’apanage des blondes populations nordiques. Aussi fus-je intrigué lors de notre première rencontre par cet avantage qu’avait accordé la nature au brun compagnon de Marcel. Quand, à l’heure de nos goûters, la conversation prenait un tour passionné, le regard de l’artiste prenait des teintes changeantes selon l’humeur du moment : azur, lavande, ciel, marine, persan, outremer, turquoise, jusqu’à l’indigo. Plus qu’à mon imagination (prompte à s’enflammer, il est vrai), on devait, plus prosaïquement, cet étonnant camaïeu à la variation de la luminosité de ces fins d’après-midi. J’arrivais au Colombier bien en avance, guettant de la rotonde la venue de mes deux amis. Venant du théâtre voisin, Foulques était toujours le premier. De mon poste d’observation, je pouvais m’émerveiller de sa démarche souple et mesurée. Quand il se mouvait, en tous lieux, c’était un gentil félin ; pas un tigre, mais un chat, aussi doux que Figaro, le véritable maître de la maison de mon oncle. Il était, comme l’animal, maître du temps. Jamais d’injonction, mais toujours, nous le suivions. Et toujours, nous nous rangions à ses décisions, car toujours il faisait le meilleur choix. Pour nous. Parce qu'il était prévenant, attentif, aimant. Plus tard, il fut un meneur d’hommes respecté, adulé. De sa vie avant nous, on ne connaissait que peu de choses. Il évoquait avec passion ses études aux beaux-arts, mais nous ne savions rien de son enfance, de ses origines. Nous ne savions rien de ses parents. Tacitement, nous étions d’accord pour ne jamais aborder le sujet. Nous le laissions libre de cultiver ou de laisser en friches son jardin secret. Un jour, pourtant, croisant à Laissac un brave type un peu bourru venu des campagnes environnantes, il lâcha : « Ça alors, on dirait le père Foulques ! ». Et l’on vit les plus beaux yeux de mon monde s’embuer. Comme le but de ces pages est de me livrer à confessions, je sais que j’ai aimé André. Je pense même que je l’ai désiré et que seule mon affection pour son alter ego a retenu l’expression de l’attraction qu’il exerçait sur moi. J’étais en outre suffisamment partagé entre l’amour que j’éprouvais sans qu’il fléchisse pour Jules et l’appétit sexuel que j’avais d’Émile Boisselier pour ne pas m’infliger d’autres tourments. Je devais par la suite m’en féliciter : mon amitié amoureuse confinerait au sublime sans qu’il soit besoin de l’écorner. Apprenant peu à peu à modérer mes pulsions, je devenais un homme. Et, surtout, je conservais pour l’éternité deux précieux amis. André s’investissait davantage, de jour en jour, dans ses responsabilités au sein du Parti. Contrairement à certains de ses camarades, que nous avions eu à rencontrer lors de réunions publiques plutôt houleuses, il n’était pas atteint du syndrome de la « foi du charbonnier » et pouvait contester certaines décisions venues d’en haut. Ses mœurs, son « vice bourgeois », tel qu’il était désigné par les instances, le gardaient d’avancer avec des œillères. Marcel pouvait ricaner : « Chez nous, on est plus tolérants. » La remarque recueillait son approbation, mais ne le faisait pas douter de son engagement. Le sujet devenait subalterne : c’est l’humanité tout entière qu’il fallait changer.
 (À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
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dimanche 30 octobre 2022

Octobre au balcon

 


Ce ne sont vraiment pas des chaleurs de saison.

Chavirons ensemble


La première lumière du jour
faisant doucement son entrée
dans ma chambre pour me réveiller :
j'aime bien "l'heure d'hiver".
Voyant la photo ci-dessus,
je regrette l'été.

Baroque dimanche

 


Pietro Antonio Locatelli Concerto Grosso n° 12 op 1 en Sol mineur Concerto Köln

Très "Corellien", ce Grand Concerto de Locatelli (1695-1764), l'un des grands violonistes de la période baroque, est, ici, interprété par l'une des meilleures formations actuelles.

En façade

J'ai cherché vainement d'où
provenait cette photographie.
S'il s'agit de la façade de votre
immeuble, manifestez-vous !
 

samedi 29 octobre 2022

De belle humeur


 Oui, ça existe !

Brunissime



Laurence Coke, chauffeur-livreur

 

Marcel et ses potes*

Marcel Proust et ses ami(e)s au cours de tennis du boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine, 1892 (photographie anonyme)

* Étant donné les récriminations féminines de saison, souvent justifiées au demeurant, je me suis demandé si je devais inclure dans le titre "pote.ss.e.s", si tant est que le substantif "potesses", guère élégant, soit admis par l'Académie. En outre, comme on le voit, je n'ai guère intégré la notion d'écriture "inclusive". Je me borne généralement aux parenthèses permettant d'inclure le "e" féminin. 


vendredi 28 octobre 2022

Beau rivage

Leonardo Rocha par Michael Oliver Love

Pensées d'automne



Pierre Soulages est mort mardi dernier

 

Pierre Soulages devant l'une de ses œuvres | Archive AFP | Gabriel Bouys

André Foulques*, l'un des personnages de Mon amant de Saint-Jean, est, en 1937, fraîchement émoulu de l'école des beaux-arts de Montpellier où Pierre Soulages séjourna en 1941. Et c’est là qu’il a rencontré Colette, étudiante comme lui. Elle est devenue sa femme et ils ne se sont jamais quittés depuis. Ici, il est également tombé amoureux du musée Fabre (la famille de Marcel*, le compagnon d'André !) qui a contribué à façonner son regard et qu’il a n’a jamais cessé de fréquenter tout au long de sa vie. Pierre Soulages, l'un des plus grands peintres de notre temps, est mort à Nîmes le 25 octobre à l'âge de 102 ans.

* Les deux personnages sont fictifs.



Je possède cette lithographie, signée. 
Elle m'accueille quotidiennement dès que j'ouvre la porte de ma chambre.

jeudi 27 octobre 2022

Douces fesses, doux pays...


 

Dallas, ton univers paradisiaque*


Cameron Dallas par Damon Baker
 * Oui, je sais, "peut mieux faire".

Louis Garrel : un "Innocent" en pleine forme !

Pardon si vous l'avez en tête pour la journée.

" Je suis très mélancolique. " disait Ismaël, dans Les chansons d'amour de Christophe Honoré, film qui me revient toujours à l'esprit quand j'évoque Louis Garrel. Le bel et bon acteur revient très fort sur les écrans avec L'innocent, œuvre peu "mélancolique", dont il signe également la mise en scène.
Son film est la bonne surprise "made in France" de l'automne : c'est pétillant, réjouissant, emballant, palpitant ! Louis, se faisant plaisir avec des citations de films "historiques" (clin d'œil au "Pigeon" de Mario Monicelli, par exemple) a bouffé du lion pour son quatrième long métrage en tant que réalisateur. Les quatre actrices et acteurs principaux sont formidables : Roschdy Zem se bonifie de film en film et la plus qu'excellente Anouk Grinberg, dont c'est le grand retour à l'écran, prouve qu'elle peut jouer les personnages torturés au théâtre et, ici, une mère un peu foldingue, lumineuse, touchante. Noémie Merlant et Louis Garrel forment un duo effervescent digne de Harry et Sally, cités au détour d'une scène mémorable. Super rythme, dialogues bien troussés, chansons des années 80 bien venues, moments hilarants ou tendres, poursuites bien réglées : enfin une vraie bonne comédie française qui fait mouche, portée, surtout, par un bouche-à-oreille enthousiaste et mérité.



mercredi 26 octobre 2022

Sauveteur


" Au secours, je me noie ! "

Avant-garde


Pièce composée par Franz Liszt en 1881
Elle est jouée ici, mieux que très bien, par le pianiste québécois André Laplante

lundi 24 octobre 2022

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 50 : Attention, danger !

 

(...) photos d'acteurs en petite tenue...

   « Je me suis pris une porte dans la figure ». L’explication, tellement galvaudée, ne fit pas illusion et nos camarades s’en gaussèrent sans retenue, pendant que Monsieur Cordier observait l’amoché avec circonspection. Dans le couloir, entre deux cours, Émile me révéla ce qui s’était passé : son détestable frère avait fouillé sa chambre et découvert un cahier où l’imprudent compilait des images qui n’étaient pas pieuses : photos d'acteurs en petite tenue dérobées dans les Cinémonde de sa mère, images d’hommes en sous-vêtements prélevées dans des catalogues, reproductions photographiques de sculptures gréco-romaines et autres œuvres d’art exaltant la beauté masculine ; un véritable aveu ! Outre l’affliction dans laquelle l’état du beau garçon me plongeait, je mesurai la gravité du danger :  le mal-nommé Désiré ne m’avait-il pas vu un jour attablé avec les Nathanaël à la terrasse du « Riche » ? Ses remarques caustiques, son attitude fielleuse – « Qui est donc ce garçon si mignon ? » – me revenaient en mémoire. Cette affaire nous condamnait à la clandestinité la plus absolue. Désormais, je le décidai sur le champ, il n’était même plus question d’afficher une quelconque complicité. Nous ne communiquerions que par billets qu’il faudrait détruire après lecture. C’est par ces bouts de papier que nous fixerions nos rendez-vous. Ce fut l’objet de l’unique échange verbal que nous eûmes ce jour-là. Je confirmais de la sorte mon statut de « maître », sous l’œil admiratif de mon partenaire. Cette expérience du secret me fut d’une utilité non négligeable quand le grand raz de marée déferla sur nous. Ainsi, le péril qui assombrissait mes rêves se présentait, empruntant une voie détournée, tout aussi alarmante. Devant son désarroi, je n’eus pas à cœur d’exprimer la colère sourde qu’induisait pareille inconséquence.
   « Tu me fileras la moitié de ton argent de poche chaque semaine si tu veux que je la ferme. » avait décrété son aîné. Ma première impression se vérifiait : Désiré Boisselier était un sale type. Par lui, la grande ville devenait menaçante, en comparaison de laquelle Saint-Jean était un paradis sur terre. Je me réveillais en sueur, parfois, au milieu de la nuit, au terme d’un cauchemar semblable à celui que je fis l’été précédent. Je voyais déjà ma famille déshonorée. Je m’imaginais jeté à la rue, vieilli prématurément sous l’opprobre, mendiant ma subsistance de ville en ville, dormant sous des porches d’où l’on me chassait, quand on ne faisait pas appel aux gendarmes pour m’en déloger. Je confiai mes noirs pressentiments à Marcel qui me rassura : « Mon petit Claude, ne t’inquiète pas. Nous avons sur cette enflure de Boisselier trop de dossiers pour qu’il te cherche noise. À maître chanteur, maître chanteur et demi : nous en savons assez pour qu’il renonce à vous harceler, son jeune frère et toi. Je le lui ferai savoir dès demain entre deux cours. » Grâce te soit rendue, Fabre ! Il n’est de jour sans que je pense à toi, à ton courage, à ton dévouement, toi qui, souvent, vins à mon secours dans les moments les plus tragiques de ma jeunesse, en regard desquels cet épisode n’était qu’anecdote sans conséquence réelle. Le salaud ne préleva jamais sa part d’argent de poche, adoptant à l’égard de son cadet une attitude distante, proche du mépris. Mais nous étions saufs. Peu de temps après, je l’aperçus en ville. Il ne me vit pas. Ou presque. Il allait, dans le futur, révéler une autre facette de sa personnalité.
(À suivre) 

©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
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Illustrations :
1- Johnny Weissmuler dans Tarzan
2 - La revue Cinémonde

dimanche 23 octobre 2022

Ma main, doucement, sur toi


 

Caravagesque

 

Simone Stravolo & Jakob Jokerst par Giuseppe Riserbato



Piano : la révélation Yunchan Lim

 


   Vainqueur à 18 ans du prestigieux Concours Van Cliburn, le pianiste sud-coréen Yunchan Lim est, sans aucun doute, l'une des révélations de cette deuxième décennie du siècle 21. Cette interprétation, en finale du concours, du périlleux 3ᵉ Concerto de Rachmaninov, le range déjà parmi les plus grands. Fan absolu du célèbre enregistrement en public de Martha Argerich, je ne pensais pas qu'un jour, je craquerais sur une nouvelle version. Pour vous en persuader, consacrez trois quarts d'heures de votre dimanche à l'écoute de cette œuvre, ravivée par notre jeune musicien. Une grande carrière vient de débuter : 

  

Un "petit" bis enregistré en mai dernier à Séoul.
Encore une œuvre souvent jouée.
Ici, c'est l'extase assurée :



Enfin, pour nous "achever",
on écoutera les 12 Études Transcendantes de Liszt
jouées lors de la demi-finale, ici : cliquer


Encore envie de danser

 



samedi 22 octobre 2022

O tempora o mores






(Rediffusion d'un billet de 2016 toujours d'actualité, hélas !)

Mais que fait donc le personnage de droite, vous demandez-vous ?
Il se livre à un très ancien rituel qui n'a plus cours aujourd'hui : on appelait ça le "rasage".
L'opération consistait à ôter les poils, drus, qui couvrent le visage, et, si on les laisse pousser, lui donne un aspect prétendument viril et, le plus souvent, quelques années de plus.
On se servait pour cela d'appareils de différentes sortes appelés rasoirs. Il en existait des mécaniques, ou des électriques pour les plus pressés.
Aujourd'hui, au hasard de nos rues, de même qu'il n'y a pas si longtemps je m'amusais à compter les personnes n'ayant pas de téléphone mobile collé à l'oreille en simili-prothèse, le nouveau jeu consiste à dénombrer les "sans-barbe". Et bien, croyez-moi, il m'est arrivé de faire un long parcours dans les rues de la capitale sans en rencontrer !

Un "coupe-chou"
Un rasoir mécanique à 5 lames
Un rasoir électrique

Mon p'tit lapin

 

Izis Bidermanas
(Lituanien / Français, 1911-1980)
Vendeur de lapins, Londres, 1951

Ma petite entreprise...

 

ne connaît pas la crise.
Je me demande pourquoi.

vendredi 21 octobre 2022

Ruses

 Tumblr, où j'ai créé un blog de photos extraites de mes archives et quelques trouvailles, rejette systématiquement les clichés où s'affichent des organes sexuels, même flasques.
Mutin, je suis parvenu à tromper l'algorithme avec cette jolie photo dont certain détail n'échappera pas à la sagacité de mes lecteurs :

Et toc !
Ma collection est ici : cliquer

jeudi 20 octobre 2022

Brochettes partie

Hautement défini

 

Emin Özsüt par Aljandro Ramirez
Admirable grain de peau.
Et puis, moi, les gars en chemise...

J'écoute de la musique soul

 

Je bats la mesure, je me lève (sans bousculer personne) et
virevolte gracieusement dans mon salon.
Las, mon grand-écart n'est plus ce qu'il était.

mardi 18 octobre 2022

Distraction

 

Craig Doty par Hanson von Triebig

Personne pour signaler à ce bel homme que l'ascenseur se trouve à deux mètres sur sa droite !

"La marche sur Rome", pour mémoire

Ce film sort en Italie ce mois-ci. Après des élections qui ont été remportées par un parti dont l'égérie est une "fan" revendiquée de Benito Mussolini, cette œuvre est de salubrité publique.

Une histoire émouvante sur le cinéma, l'Italie fasciste, sa propagande et ses atrocités, orchestrée comme une symphonie. La marche de Mussolini sur Rome en 1922 a influencé beaucoup des despotes du 21e siècle et au-delà. À travers des archives inédites et le personnage d'Anna (joué par Alba Rohrwacher) nous découvrons un monde fait de masculinité toxique, d'hystérie nationale et de fake news. (Avant-première et débats demain mercredi au Cinema Troisi, Rome)


lundi 17 octobre 2022

Accompli


 " De l’adolescent à l’homme, la mue avait fait son œuvre."
(Mon amant de St-Jean, épisode du 3 octobre)

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 49 : Le jardin extraordinaire.

  

Un baiser furtif et nous repartions...
   Jécrivis à mon amant de Saint-Jean, mais n’osai la relation de l’événement extraordinaire qui venait de se produire, remettant à plus tard ce que j’avais eu tout d’abord l’intention de lui confesser – était-ce bien le terme à employer ? Je m’étais convaincu sans peine qu’il était urgent d’attendre et de lui en parler quand nous nous reverrions au village, à Noël. Extraordinaire, cet événement, oui, car, outre ces débordements, il était hors du commun d’avoir partagé avec ce garçon dont le père était un client des Fabre, eux-mêmes collaborant étroitement avec mon généreux grand-oncle. Il était pour moi ahurissant que ces trois hommes nourrissent en leur sein autant de fieffés invertis !
   Les jeunes gens varient souvent, défaut ou qualité que l’on prête, en préjugé populaire (et masculin) aux femmes. Ainsi avais-je décidé – avec l’assentiment d’Émile, cette fois – qu’il fallait nous séparer en classe. Nous ne voulions éveiller le doute de nos condisciples sur la teneur de notre relation et pensions tous deux qu’une promiscuité de tous les instants nous porterait préjudice. « Je suis d’acc’ : de plus, on banderait tout le temps, on ne pourrait pas éviter de se toucher, ce serait une torture » avait approuvé l’ange pervers. Nous avions la ferme intention de recommencer, de nous découvrir davantage. La stricte observance que nous eûmes des consignes de Marcel plaidait en faveur d’un nouveau geste de sa part ; néanmoins, il ne fallait en abuser, d’autant que des mouvements inaccoutumés dans le petit immeuble seraient de nature à attiser la suspicion.
   Nous nous étions tout juste accordés des rencontres dans un jardin laissé en jachère, sur les hauteurs du faubourg, où proliféraient orties et herbes mauvaises. Quand nous étions sûrs de n’être pas observés, après avoir consciencieusement balayé les environs du regard, nous osions des frôlements de nos intimités comme des gosses curieux des choses de la vie. Le summum du contentement était de nous étancher mutuellement en scrutant les alentours, ce qui avivait notre excitation, et de mélanger nos semences sur la pierraille. Un baiser furtif et nous repartions chacun de notre côté. Ce pis-aller était toutefois plus satisfaisant que les plaisirs nocturnes que je m’octroyais dans ma chambre jusqu’alors. La seule différence, et non des moindres, était que Jules, dans ces moments, était étranger à mon plaisir.
   Au lycée, je faisais de jour en jour des progrès qui me valaient force compliments de mes professeurs et remplissaient d’aise l’oncle Octave. Mes parents, au risque de mettre à mal des finances maigrelettes, se faisaient un devoir d’envoyer un mandat chaque mois chez les Rochs. L’oncle avait eu beau dire que c’était hors de question, tant je fournissais un travail scolaire de bon niveau, ils s’obstinaient. Mon bien-aimé parent encaissait les mandats dont il mettait le montant de côté avec l’intention d’ouvrir à mon nom un livret à la caisse d’épargne de Rondelet. 
   Dans nos conversations susurrées, le soir, Magali avait pris l’habitude de m’appeler « Saint Claude ». Elle savait. Mais je m’étais gardé de lui conter mon aventure avec le jeune Boisselier. Bien qu’il fût de quelques semaines plus âgé, je veillais sur Émile, dont je savais qu’il était peu vigilant. Ce fut dramatiquement avéré quand, un lundi matin, il arriva au lycée le visage tuméfié.

(À suivre) 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022
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dimanche 16 octobre 2022

En rouge et noir *

David Mobalaji par Michael Oliver Love

* En admirant le corps sculptural du beau David,
les anciens pourront fredonner cette rengaine des années 80.
Si ça leur chante.
 

Gabriele,

Gabriele Mocini par Sasha Olsen  


tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie ! (Et ouais, c'est ça, la culture !)

Bon dimanche !
 

Le Bach(oque), c'est chaud !

 



J'ai méga kiffé cette version.
(Olivier Fortin et Emmanuel Frankenberg, clavecins · Ensemble Masques)

Tout simplement

 

Vittoria Iguazu Editora, 2016

Un verre de San Giovese toscan à l'Osteria Le Logge de Siena (Sienne), ça vous dit ?

C'est promis :


demain,
on range la chambre !
Ou après-demain (on a mieux à faire).

samedi 15 octobre 2022

Économisons l'énergie !

 


L'automne amène les premiers frimas.
Au moment où, selon les autorités, l'on doit se restreindre, 
le port d'un pull-over est, paraît-il, recommandé à la maison où
l'on usera du chauffage avec modération.
Notre ami de la photo ci-dessus donne l'exemple.

Gian Leo

Gian Leo | Photographie Niv Shank

 

"Cacio e pepe", simple et délicieuse "pasta"

Recette validée par Fernando Lindez
C'est une spécialité romaine "basique" et économique.
Il vous faudra du poivre noir en grains, du "pecorino romano" (et pas d'ailleurs !), de l'eau et des spaghetti de bonne tenue (par exemple "Spaghetti n° 12 de DeCecco").
Dans la vidéo ci-dessous, la première recette est la façon originale. Elle est présentée par Claudio, d'Armando al Pantheon, l'une de mes adresses romaines préférées. Vous pouvez vous abstenir de regarder la seconde, celle d'une dame "étoilée" qui "revisite" la recette originale. Quant à Claudio, qui m'a maintes fois reçu dans sa cuisine, c'est le plus exquis et le plus humble des chefs. Si vous allez à Rome, ne manquez pas de visiter son restaurant.


J'ai appliqué à la maison, en quelques minutes, la recette de Claudio : "un regalo !"