Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 30 avril 2023

Juste un peu... beaucoup

Beau comme l'antique


 Bon dimanche !
NB
Dérogeant à toutes les règles, je ne chômerai pas demain, 1er mai, et publierai l'épisode de Mon amant de Saint-Jean que je suis sur le point de terminer. 

Les Scarlatti, quelle famille !


Alessandro Scarlatti (1660-1725) était le papa de Domenico, vous savez, l'homme aux 555 sonates !
On était doué, dans cette famille musicienne : en témoigne le Concerto Grosso ci-dessus.
On écoutera son oratorio Il primo omicidio, par lequel je découvris ce grand compositeur, il y a quelques années : savourez-le (c'est extraordinaire !) dans la version de René Jacobs, ici : clic

Saison

 


samedi 29 avril 2023

Lieu de travail

Si quelqu'un sait d'où provient cette photo...



En observant bien, tout est réuni pour travailler dans les meilleures conditions : des livres (dans une bibliothèque un peu bancale, certes), une machine à écrire électrique (avant-)dernier cri, de quoi écouter de la musique.
Après une mise en ordre nécessaire, que faudrait-il d'autre ?

Rester horizontal

De bonne compagnie

 Le photographe des plus grandes personnalités de l'époque et créateur de costumes (My fair lady...) Cecil Beaton (1904-1980) en compagnie du riche collectionneur d'art et Mécène Peter Watson et de l'amant de ce dernier, le scénographe Oliver Messel.

Il n'y a plus personne

 


mercredi 26 avril 2023

Les garçons près de la rivière

Crawford Barton : Rivière profonde, Mojave, 1967

Blake is Blake

Blake Gray

 

Scorsese et Chalamet pour Coco

 

Martin Scorsese et Timothée Chalamet

Après le très regretté Gaspard Ulliel, c'est Timothée Chalamet qui devient l'égérie de la marque Chanel. Pour le premier "spot" publicitaire, c'est l'immense cinéaste Martin Scorsese qui dirige le chéri de ces dames... et de ces messieurs. 


Rien à voir (ou alors, vraiment très peu)

France 2 diffusait dimanche dernier l'histoire, souvent portée à l'écran, des Filles du Docteur March (2019), que la réalisatrice Greta Gerwig est parvenue à débarrasser de sa mièvrerie, ou presque. Je ne veux pas passer pour un fan énamouré de Timounet (quand il vient dîner, c'est ainsi que je le nomme), mais force est de reconnaître que l'acteur de Call me... et de Dune illumine le film de sa présence. Même Télérama l'écrit ! La distribution du film est impeccable, dont Saoirse Ronan est le plus beau fleuron.
Saoirse Ronan et Timothée-la-classe dans Les filles du Docteur March

À Madère

 

mardi 25 avril 2023

Leibowitz, la photographie à son meilleur

Annie Leibowitz : Tribute to Bill T. Jones

Les jeunes amants



Jamais nous n'eûmes des orages.

L'archiluth, c'est cool !



Apaisant, ce premier mouvement de la Sonate VIII (Arpeggio) du compositeur baroque italien Giovanni Zamboni. La jeune femme qui l'interprète dans cette vidéo "maison" est très inspirée. Mal éclairé, certes, mais fermez les yeux et la lumière sera. C'est très beau.

lundi 24 avril 2023

"J'en mourrai pas."


Incroyable : je trouve ce matin sur Tumblr cette vieille photo, qui résonne admirablement avec l'épisode du jour ! L'âge, les couleurs de cheveux, l'incident... Si j'étais joueur, j'irais acheter une grille de Loto.

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 71 : Coups du sort

    Si besoin en était, les vacances de Pâques avaient aiguisé mes sentiments pour mon amant de Saint-Jean. Nous nous étions unis à trois reprises dans la pénombre complice de la mansarde du vieil homme qui protégeait notre amour. Nous avions renoué avec nos balades à vélo, jouissant du bonheur d’une liberté que nous savions pourtant précaire. Si le climat n’était guère propice aux baignades, nous avions profité de la générosité des premiers rayons, leur offrant nos nudités, nos baisers, et cet amour qui osait dire son nom, que nous aurions voulu proclamer à la face du monde.  Par un lundi de Pâques radieux, un perfide nid de poule précipita Jules dans le fossé. Son genou gauche était ouvert, il saignait. « Oh, c’est rien, juste une éraflure, j’en mourrai pas », avait-il fanfaronné. Et son sourire héroïque me rendait encore plus amoureux de lui. De nos sorties avec les Éclaireurs, j’avais heureusement conservé dans ma musette de quoi jouer les infirmiers : un peu de sparadrap et une boule de coton presque propre que j’appliquai sur la plaie après l’avoir enduite de salive en guise d’antiseptique – j’avais dû lire cette astuce dans un livre d’aventures. Pour commencer, j’avais léché la blessure et Jules m’avais comparé avec malice à une mère chatte. J’ai miaulé et nous avons ri à s’en casser les côtes. Nous avions seize ans et, parfois, l’enfance cognait à la porte, pas tout à fait enfuie. Nous avons regagné le bourg à faible allure. Le genou blessé protestait à chaque coup de pédale et Jules faisait le fier, ne pouvant toutefois réprimer un rictus qui révélait sa souffrance. Pour couronner le tout, peu avant la descente qui précipite vers le village, je constatai avec irritation que mon pneu avant était crevé. C’est un piètre équipage qui fit son entrée à Saint-Jean. Nous avions mis pied à terre, l’un boitillant, l’autre pestant contre le mauvais sort qui s’acharnait contre nous.
    Selon la croyance populaire, une succession d’incidents sans gravité est annonciatrice des pires calamités : comme nous parvenions à hauteur de l’église, nous vîmes courir vers nous un Chaumard essoufflé, livide, qui parvint à grand-peine à nous expliquer qu’il allait chercher le docteur Bosc. Notre vieil ami Etienne avait fait une chute dans l’escalier qui l’avait laissé inerte. Par bonheur, Clément, qui lui tenait compagnie à cette heure, l’avait ranimé et lui avait administré un cordial. Chaumard, le réprouvé, pouvait, sans crainte des ragots, accomplir la mission : s’en aller quérir le docteur, le mener jusqu’à la maison des Aspres, et tant pis si l’on pouvait désormais savoir où il passait le plus clair de son temps, fuyant l’obscurantisme qui en avait fait un exclu pour cause d’affection cutanée trop visible. Nous n’aurions pu nous acquitter de cette tâche, partagés entre le désir d’accourir auprès de notre ami, et celui de préserver la relation particulière que nous entretenions avec lui. Il nous était insupportable de ne pouvoir entourer « cheveux de neige » de notre affection, d’être pris dans l’étau des convenances. Mais il en allait de notre salut. Le garçon à la peau de serpent le concevait fort bien. « Je viendrai sous ta fenêtre te donner des nouvelles dès que possible » me dit-il d’une voix chancelante. Ce garçon jamais aimé, hormis par sa mère, était pétri de bonté. Le village ne le méritait pas. Le docteur Bosc, que l’événement avait soustrait à un jour de fête en famille, le suivit sur les hauteurs sans barguigner. Au comble de l’angoisse, j’appris le soir-même que notre cher Etienne souffrait de contusions, mais qu’il faudrait le mener à Millau pour des examens plus précis. Si j’avais eu la foi, j’aurais prié toute la nuit. Je devais repartir le lendemain. Jules me promit de téléphoner à Marcel pour m’informer de la santé de notre ami. J’offrais une triste figure quand, le mardi soir, je m’assis à la table des Rochs. Je ne savais pas qu’une autre déconvenue m’y attendait.
À suivre  ©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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dimanche 23 avril 2023

Rite désuet

 

Nicholas, royal amant

 

Nicholas Galitzine, acteur et chanteur britannique, fouloulou comme tout

Le beau Nicholas vient de rejoindre la distribution de la mini-série Mary & George où il incarne Georges Villiers, amant et favori du roi Jacques 1er d'Angleterre. 

Bon dimanche !

Commentaires : à noter

Concernant le feuilleton du lundi, Mon amant de Saint-Jean, les commentaires sans rapport avec le texte de l'épisode ne seront plus publiés. Vous pouvez, bien sûr, (c'est même souhaitable) donner votre avis, positif ou négatif, dire votre ressenti. Merci.
Silvano

Jakub Józef Orliński, humble étoile : hip-hop, breakdance et chant baroque, pas de frontières !

 Le phénomène Orlinski est le sujet principal d'un excellent film de 52' diffusé récemment par Arte. 
Voyez donc ici : clic

L'archipel du goulasch

Goulash e gnocchi di patate à Trieste (It.) Photo Silvano Mangana

Il fait encore assez froid pour se permettre ce type de nourriture roborative. Le "goulash" hongrois était, à l'origine, une soupe mijotée d'oignons, de viande, et parfumée au paprika. Ici, dans cette ville très "Mittel-Europa", il devient ragù que l'on sert avec des gnocchis de pomme de terre. On choisira de la viande de bœuf du même type que pour notre bœuf-bourguignon (gîte, paleron). Ce doit être excellent avec de la joue. Le goulasch (2 orthographes possibles) gagne à mijoter longuement dans une cocotte en fonte : il n'en sera que plus fondant. Réchauffé, c'est encore meilleur.
À vos fourneaux !



mercredi 19 avril 2023

N'aie pas peur, voyons, on a pieds !

 

Morceau de choix


Le plus beau film du monde et... la mozzarella in carrozza


Outre sa qualité unanimement reconnue - Le Voleur de bicyclette n'est jamais sorti du classement des 10 meilleurs films de l'histoire du cinéma - le film de Vittorio de Sica comporte une scène d'anthologie (parmi d'autres) dans la trattoria où le gamin affamé dévore une "mozzarella in carrozza", plat emblématique et économique de la cuisine italienne.

*

Pain, mozzarella di bufala bien fraîche, lait, oeufs, farine et filets d'anchois pour ceux qui aiment (comme moi) sont les ingrédients nécessaires. N'oubliez pas de fariner et de tremper les bords du pain, afin d'éviter que le mélange ne coule dans la poêle.
Voici la recette en italien ; mais en vidéo, nul n'est besoin de maîtriser la langue :


lundi 17 avril 2023

Mon amant de Saint-Jean | Épisode 70 : Être soi-même

Colmar, avril 1938

   Tous les mardis après-midi, les garçons du lycée se déplacent jusqu’aux bains municipaux de la Place des Unterlinden, vaste ensemble dédié à l’hygiène et aux sports. C’est pour Roland un supplice. Ce ne sont pas les exercices physiques qui le contraignent : ses années de scoutisme l’ont aguerri comme l’atteste ce corps parfaitement dessiné dont il peut être fier. Après les évolutions dans le grand bassin dont l’eau est chauffée – miracle de la technique moderne qui fait l’orgueil des Colmariens, il faut se rendre aux sanitaires où les nageurs procèdent à leurs ablutions sans la moindre pudeur et s’aspergent virilement dans les rires et les quolibets. À chaque visite, Sieffert se trouve à la merci du même dilemme : promener son regard sur un camarade trop bien découplé aurait pour effet d’attiser le feu de fantasmes chaque jour étouffés et réveillerait cette partie de lui qui ne sait mentir ; se cacher, refuser l’exposition de son corps à la vue de ses condisciples ferait tout autant le nid de fâcheux soupçons. Aussi a-t-il trouvé un pis-aller : à la sortie du grand bassin, il lambine, baguenaude, simule la rêverie, examine avec intérêt les détails architecturaux de l’édifice, la courbure de la voûte aux vitrages que troue la lumière du jour. Ainsi, quand il parvient sur les lieux des grandes éclaboussures, les jeunes gens se sont apaisés sous les coups de sifflet du pion de service et se sont rhabillés. Le surveillant ne manque pas d’admonester le traînard, qui, soudainement revenu du pays des songes, se précipite sous la douche tiède, se savonne frénétiquement, couvre son anatomie de la serviette toujours trop petite à son goût, empoigne ses vêtements et se retrouve prestement en tenue. Le soir, il aura tout loisir de fantasmer lors du rite qui s’est institué entre lui et son coturne.
   Les nouvelles du monde, en cette saison où le soleil retrouve sa vigueur, sont accablantes. Les échos qui parviennent de l’autre rive du Rhin ont tout pour jeter l’effroi dans la communauté protestante, pétrie d’humanisme, de tolérance, de générosité. Son instituteur de père, si bon, si aimant, si attentif, a inculqué au lycéen ces valeurs qui font les hommes bons. Mais dans la grande ville, ce garçon qui dissimule, à s'en déchirer l'âme, sa vraie nature, entend trop bien les rumeurs annonciatrices de lendemains terrifiants. Chez le voisin, le bilan de cinq années d’un prétendu socialisme national suscite de vives discussions dans le cercle restreint des étudiants qui s’intéressent au devenir de la planète. Il n’y a, ici, que peu de partisans de ce que l’on appelle dorénavant « l’expérience » du Front Populaire que la plupart qualifient d’échec. La conscience politique de Roland, que ses penchants inavouables tourmentent, n’est que balbutiante. Il s’informe toutefois. Il réfléchit. Il sait que son cœur fera obstacle à des idées qu’il juge, en son for intérieur, répugnantes. Guère plus. Mais le souvenir de ses conversations avec le Montpelliérain Marcel Fabre le conforte, le réconforte. Il lui écrira à ce sujet. Il lui en a déjà dit beaucoup de ses souffrances, de ses atermoiements, comme un appel au secours. Il sait qu’à l’autre bout de la France, quelqu’un l’aime et le comprend. Il voudrait s’y transporter par magie, se lover dans des bras amicaux, être lui-même. Une femme, des fiançailles suivies d’un mariage comme tous les autres, il ne pourra pas. Il partira un jour. Il verra sa mère et son père en larmes. Il ira à Paris, le centre du monde. Il fera du cinéma.

À suivre 
©  Louis Arjaillès - Gay Cultes 2022-2023
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(...) attiser le feu de fantasmes...
Illustrations :
1- Les bains municipaux de Colmar construits en 1906 (Photo anonyme - 
Stadtarchiv Colmar, Archives municipales de Colmar). Les bains, démantelés, sont devenus annexe du Musée Unterlinden en 2015.
2 - X (trouvée dans... les archives Gay Cultes)
3 - Façade intacte après le rattachement au Musée.
4 - Plus de bassin, mais un bel espace pour les événements





dimanche 16 avril 2023

Pasqual de Berlin


Créativité

Procrastinateur en diable, c'est, le plus souvent, le dimanche que je mets en forme l'épisode de Mon amant de Saint-Jean que certain(e)s d'entre vous liront le lundi. Les nuits précédentes, cependant, j'ai tenté de "voir" ce qu'il allait advenir de mes personnages le temps de deux pages de format A4. Il m'est arrivé de publier dans la précipitation : il y a toujours, fort heureusement, une bonne âme pour me signaler par courriel une coquille ou une faute de frappe. Remerciements à ces lectrices et lecteurs vigilants.
Précision : ce n'est pas moi, sur la photo. Le mystère demeure.
Bon dimanche !

Cuicui

11'33 pour enchanter notre dimanche :


Handel - Concerto in F n. 13 The Cuckoo & The Nightingale (Le coucou et le rossignol) Johann Aratore, Handel Festival Chamber Orchestra, John Tinge

Mythique