Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 14 novembre 2020

Chaussures bien cirées : on va vous admirer !


Le confinement peut être mis à profit pour passer en revue nos chaussures en cuir et leur donner l'apparence du neuf.
L'heure étant aux baskets, on ne manquera pas de remarquer le soin que vous mettez à votre présentation.
Dépoussiérez, appliquez ensuite un peu de crème pour cuir, attendez quelques secondes en sifflotant un air de Richard Wagner ou de Dalida, puis appliquez au chiffon le cirage (de la même couleur que les chaussures, tant qu'à faire), patientez un moment en fredonnant La ci darem la mano ou Le régiment de Sambre et Meuse selon vos goûts puis brossez ensoignant les coutures.
Astuce (merci qui ?) : crachotez ce faisant quelques gouttes de salive (certifié !) sur le cuir en respectant soigneusement la distanciation sociale en vigueur et, miracle, "c'est si propre que l'on peut se voir dedans" comme le proclamait une vieille pub.
Je suis sûr que c'est ce que vous avez remarqué d'emblée sur l'illustration de circonstance ci-dessus.

jeudi 12 novembre 2020

Beau comme un polonais


Pawel Milner est un sympathique modèle 
né en Pologne en 1990. Ces deux photos on une dizaine d'années, je pense. 

Ah, le joli baryton-basse que voilà !

Mon enquête fut peu fructueuse, ma maîtrise de la langue de Dostoïevski étant ce qu'elle est ; c'est à dire nulle.
J'ai appris seulement qu'il s'appelle Alekseï Mikhaïlov et chante dans la "chorale d'état" de St Pétersbourg.
Ci-dessus, une captation (mal) réalisée lors d'un concours.
Malgré son physique avenant, on ne peut parler ici de "voix d'ange".


L'œuvre "serait"  Zoryu b'yut de Georgy Sviridov. Dans la première vidéo, là-haut, on peut se permettre de penser à du Rachmaninov...


Je n'en sais pas plus. 😇

Espérer, malgré tout

L'enfance d'Ivan (Andreï Tarkovski 1962)

Le film de Tarkovski est plus noir que ne le laisseraient supposer ces images et le titre de ce billet.
C'est l'un des plus beaux films du monde.

mercredi 11 novembre 2020

Clairement obscur

Jesse Shannon

Chair à canon



Quand au bout du jour le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pieds
Venu pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leur tombe
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
C'est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font leur foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu de se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n'avons rien
Nous autres, les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs là
Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendrons
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau

mardi 10 novembre 2020

Le confinement a du bon

Le tourment de mon cœur est si doux...

On peut voir, aux "Frari*", à Venise, le tombeau de l'immense Claudio Monteverdi (Crémone 1567-Venise 1643), lequel, comme Vivaldi ne fut redécouvert qu'au milieu du siècle dernier, grâce, sans aucun doute, aux moyens de diffusion modernes.
Cela ne suffit à expliquer pourquoi, comme le prêtre roux, ce compositeur de génie fut ignoré pendant près de trois siècles !
Dans son Dictionnaire amoureux de Venise, Philippe Sollers ne dit pas que des bêtises et déplore que la Fenice privilégie l'opéra romantique de Rossini, Verdi et autres Donizetti jusqu'à la lie, se risquant frileusement en de rares occasions à mettre Britten à son programme ; et encore, il s'agit évidemment de La mort à Venise !
Mais de Monteverdi ou d'Alessandro Scarlatti, niente !
(J'aimerais que l'on me contredise.)
L'aria Si dolce è'l tormento ci-dessus, admirablement servie par Rolando Villazón, est un extrait du Combattimento di Tancredi e Clorinda. C'est "Le concert d'Astrée" d'Emmanuelle Haïm qui entoure le grand ténor dans cette version publique enregistrée en la Basilique de Saint-Denis. J'ai choisi l'air le plus célèbre, mais tout le disque (visuel ci-dessous) est source de ravissement. Les fleurs que des mains anonymes déposent sur la tombe de Monteverdi aux "Frari" en reconnaissance tardive sont plus que jamais méritées. Non loin de lui reposent Le Titien et Antonio Canova. L'endroit est bigrement bien fréquenté !

* Santa Maria Gloriosa dei Frari

Drôle d'époque

lundi 9 novembre 2020

Vivement l'été


Un été 2021 sans Covid-19 et sans Trump (ça, c'est fait !) ,
le rêve !

Le chemin des contrebandiers 2020 (extrait 3) : "La douzième fois"

(...) ton souffle quand tu dors sur le côté...
Le grésillement de la sonnette m’a extirpé de mon rêve vers les deux heures du matin. 
Il a dit « Je dors là, ok ? ».
- Tu viens dormir pour la douzième fois, Yann, lui dis-je d’une voix cotonneuse.
Et onze fois j’ai subi ton corps contre le mien quand tu t’agites dans ton sommeil, ton souffle quand tu dors sur le côté et ton haleine, ce mélange de pomme et de cigarette blonde ; et puis, quand tu rêves, ce bras qui s’égare sur moi car tu dois penser à elle ; et moi, tu comprends, je n’en peux plus de cette envie de toi, de ces nuits blanches à espérer, à me dire « jamais » ou « la prochaine fois, qui sait ? ».
Et Yann me foudroie de son sourire "Ultra Brite au goût sauvage", le même que celui du plongeur de la pub à la télé :
- Cette envie de moi, ça fait mal, non ?
Aussitôt, il enlève le slip blanc de tous mes fantasmes, me rejoint sous les draps, enfouit son visage trop beau dans l’oreiller, marmonne :
- Fallait bien que ça arrive, non ? Sois calme, sois tendre, sois doux, et j’aimerai peut-être.
Et moi, je ne serai plus jamais aussi calme, aussi tendre, aussi doux.
Je sais à présent ce qu’il attend de moi, et sans malignité je prolonge l'attente 
jusqu’à percevoir l’effondrement de ses dernières craintes, jusqu’à son total abandon.
Je m’applique, je fais tout ce qu’il faut pour qu’il aime ça. Ou mieux encore, qu’il m’aime.
C’est lent, c’est long – si court, en fin de compte -, il dit « Ah ouais, finalement, c’est pas désagréable. » puis « Je crois que j’aime ça. » et enfin, fier de lui comme un gamin, « Moi je jouis quand je veux, tu me dis, hein ? »
Des feulements, un cri animal enfin, promesse non tenue. Le rejoindre d’urgence, mêler mes spasmes aux siens. Nous restons immobiles un moment. Je l'entends clairement sourire :
« Putain, je suis plus pédé que je le croyais. »

© Louis Arjaillès pour Gay Cultes, novembre 2020
Photo Silvano.

Bibliothèque sans rat

Bibliothèque de Saint-Gall, Suisse - Massimo Listri

dimanche 8 novembre 2020

Sacré Quentin !

" Tu penses toujours que tu es le Président, n'est-ce pas ? "

Si vous êtes comme ci, téléphonez-me. Si vous êtes comme ça, téléphonez-moi !

Simon Loof par Damon Baker


Brillant !

J'aime beaucoup Luis Fernando Pérez, découvert à La Roque d'Anthéron il y a quelques années, où il interpréta la suite Iberia d'Isaac Albeniz. Nous découvrîmes, après une prestation de très haut niveau, un homme généreux, humble, à l'écoute.
Du même Albeniz, il interprète ci-dessus, et sans doute au cours des "bis" d'un récital, la célèbre pièce Asturias aussi périlleuse pour les pianistes que pour les guitaristes.

On découvrira mieux Luis Fernando Pérez dans les sonates d'Antonio Soler éditées par l'excellent label Mirare :

Tout corps plongé dans l'eau...

Simon Nessman, humide, torride



Ecrire, disent-elles (ils)


Pour les deux ou trois lecteurs qui s'en inquiètent,
j'écris et insérerai sous peu ce que je pense publiable.

samedi 7 novembre 2020

Quelle arrogance !

Casey Jackson, de New York, là-bas

 Il sait sans doute que je vais le labelliser "Fouloulou !".
Est-ce une raison pour vous toiser de la sorte ?

Embarque-moi !

Sur le lac Taungthaman (Birmanie) Photo Vassilios Alexopoulos 



Garçon de joie : une profession en péril ?

Avant la pandémie, un jeune homme de mon cercle, alors en fac, me disait qu'il avait appris que certains étudiants, pour joindre les deux bouts (!), se livraient à la prostitution de toute nature, homo, bi ou hétérosexuelle.
Ont-ils tous renoncé aujourd'hui, ou ont-ils recours au télétravail ? Bénéficient-ils du chômage partiel ?

vendredi 6 novembre 2020

Que je m'aime ! (un de plus)

Un certain Matthew Crawford

Il est
vrai qu'il
a de quoi
se trouver plaisant.

GC déco : nos belles bibliothèques

Les précédents occupants de mon appartement ont eu l'obligeance de ma laisser la bibliothèque en noyer qu'ils avaient fait faire sur mesure pour le salon.
Moins grande, mais sans commune mesure avec celle que je possédais, venant d'une célèbre enseigne nordique, elle déborde à présent de livres et comporte un large rayon consacré à ma vidéothèque.
Comme le montre la photo ci-dessous, j'ai gagné de la place en rangeant les grands ouvrages à l'horizontale.
Pour la teinte, c'est très voisin de celle-ci.
Mes abonnés, réputés grands lecteurs, apprécieront.

Tout retourné*

Dean’s Flip at Black’s Beach - Tom Bianchi

*Le premier qui pense "tout le monde n'a pas cette chance." est prié de sortir. 

jeudi 5 novembre 2020

S'abandonner enfin


Une bibliothèque, encore

Biblioteca Certosa di Padula | Photo Massimo Listri 1990
La chartreuse de Padula se trouve dans la région Campanie (It.) 

L'amour aujourd'hui

Chacun interprètera
l'image (trouvée sans crédit) selon son ressenti :
ils se connaissent ?
Ils se draguent par application interposée ?

mercredi 4 novembre 2020

mardi 3 novembre 2020

Vienne meurtrie

Mon séjour à Vienne, en juillet 2019, ne fut qu'enchantements que mes photos ne peuvent transcrire qu'approximativement.
Les fous d'Allah ont encore frappé.
Dans une ville de paix, de musique, de beauté.
Je vis l'une des périodes les plus douloureuses de ma vie.
Solidarité.

Comme lui, je fus subjugué par tant de beauté. Ici, un ange sur le Ring

Le temps de la réflexion

 

De saison


Magnifique.
Merci à l'indispensable France Musique.
"Ce monde a besoin de musique."
Plus que jamais

Adieu Sean

En cette médiocratie, les télé(sans)visions on réduit Sean Connery à ses James Bond.
La filmographie de ce grand acteur est pourtant autrement significative de son talent.
Voyez-la ici : clic.
Et vive l'Ecosse indépendante !

La rose et la flèche, de Richard Lester avec la sublime Audrey Hepburn.

Pas de printemps pour Marnie d'Alfred Hitchcock

De l'absurdité du militarisme : La colline des hommes perdus de Sidney Lumet

lundi 2 novembre 2020

"Automneries" d'un automne pas vraiment folichon

Chantage : " Un bonbon ou un sort ! "
Samedi, j'ai offert des bonbons à des enfants qui habitent mon immeuble.
Ne vous méprenez pas : il y avait parmi eux des élèves de la structure que j'ai à gérer acrobatiquement en ces temps de restrictions, et c'était jour d'Haloween, cette "fête" détestable importée des Etats Unis.
Les gosses étaient déguisés et m'ont apostrophé d'un "un bonbon ou un sort !" : je n'avais que des friandises mentholées à leur offrir. Je ne suis pas sûr d'avoir fait leur bonheur avec ces "Menthises" (pub gratuite).
Quoi qu'il en soit, j'ai été par le fait épargné et puis envisager l'avenir avec sérénité.
Pour le mauvais sort, j'ai eu mon compte l'été dernier : accident, escroquerie à la carte bleue heureusement compensée par ma banque, fautive en l'occurrence, et j'en passe.

Entendu dimanche, sur France Musique, un entretien avec l'écrivain Alain Mabanckou, dont le nouvel opus,  Rumeurs d'Amérique (chez Plon), vaste tour d'horizon des Etats Unis d'aujourd'hui, est sorti cette année. Américains, votez
exhorte-t-il !
Un long passage de l'entretien fut consacré à James Baldwin, qu'il admire, déplorant que La chambre de Giovanni, chef-d'œuvre s'il en est, se trouve relégué dans les rayons de "littérature gay", dont j'ai déjà dit ici (et je suis concerné) qu'il était inepte de cataloguer une œuvre sous prétexte qu'elle traite d'amours masculines ou, pire, que son auteur est réputé homosexuel.
Puisque le progrès, pour une fois heureux, en donne la possibilité, allez donc, je vous le conseille humblement, découvrir l'émission Musique émoi de dimanche dernier illustrée par les choix musicaux de Mabanckou, dont une extrait de la Rhapsody in blue jouée par J.-Yves Thibaudet (tiens, tiens !).
Je me procure Rumeurs d'Amérique dès que possible.
En librairie.

Un concert sans public pour cause de pandémie, selon notre humeur, malgré la gaieté de l'œuvre (et du pianiste, avec un "y", c'est notoire et sans problème), ce peut être lugubre.
Ici, Thibaudet en complicité avec l'excellent chef Gustavo Dudamel et le Philharmonique de Los Angeles.



Sous les dais blancs, les militaires.
Depuis plusieurs années, les églises romaines (ci-contre, la basilique Santa Maria Maggiore) sont gardées nuit et jour par l'armée comme l'ont été pour les fêtes chrétiennes de Toussaint les lieux de cultes français.
Bien que non-croyant, j'ai été bouleversé par l'attentat de Nice et me désespère qu'on doive en arriver là.
Les récupérations politiques n'ont pas tardé, venant de la droite se prétendant "républicaine" et de son extrême.
S'il est une valeur intangible, c'est bien la laïcité.
Souhaitons que le pouvoir actuel ne cède pas aux sirènes fascisantes qui ne feraient qu'envenimer la situation.
C'est mon point de vue.
Merci de ne pas en débattre en commentaires : Gay Cultes n'est pas un forum.
Apaisons-nous avec de la bonne musique et... un ange : 

Un si beau lecteur

Christian Zellermayr par Mark Drew

Même quand il ne lit pas, ce garçon est tout à fait convenable :

Egon Schiele

Quatre arbres, 1917

dimanche 1 novembre 2020

Chaud, cet ange !*


Bon dimanche !
(et bonne fête à tous !)

* Un jeu de mots d'une hauteur intellectuelle jamais atteinte est caché dans ce titre.
Savourez, et offrez-moi des fleurs ; à l'exclusion des chrysanthèmes, merci. 

Mais comm' j'la kiffe c'te meuf !*


Pour chanter avec elle, ça fait du bien :

Agitata da due venti … freme l'onda in mar turbato … e 'l nocchiero spaventato … già s'aspetta a naufragar. Dal dovere da l'amore … combattuto questo core … non resiste e par che ceda … e incominci a desperar.

* Traduction : j'éprouve une admiration sans borne pour cette immense artiste.

Ah, bouquiner dans un lieu sympa !

Biblioteca dell'Abbazia di Wiblingen, Germania - Photographe : Massimo Listri

Le confinement est très bien accueilli par... Amazon et autres sites de même acabit.
Les librairies, considérées comme "commerce non essentiel" (et mon cul, il est pas essentiel ?), ont dû fermer boutique.
Mais on peut acheter des bouquins chez Leclerc et les ranger dans son caddie avec son papier- toilette (décidément, on n'en sort pas).
Sachons être positifs, néanmoins : certaines grandes surfaces ont fermé leur rayon-lecture.
Marc Levy va vendre un tout petit peu moins, cette fois.

Je viens de lire d'une traite Novecento : pianiste d'Alessandro Baricco.
C'est bien meilleur que le film de Tornatore, où même le grand Ennio Morricone... pataugea.