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Photo de Josef Koudelka |
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura
"La gravité est le plaisir des sots"
dimanche 15 novembre 2020
samedi 14 novembre 2020
Chaussures bien cirées : on va vous admirer !
L'heure étant aux baskets, on ne manquera pas de remarquer le soin que vous mettez à votre présentation.
Dépoussiérez, appliquez ensuite un peu de crème pour cuir, attendez quelques secondes en sifflotant un air de Richard Wagner ou de Dalida, puis appliquez au chiffon le cirage (de la même couleur que les chaussures, tant qu'à faire), patientez un moment en fredonnant La ci darem la mano ou Le régiment de Sambre et Meuse selon vos goûts puis brossez ensoignant les coutures.
Astuce (merci qui ?) : crachotez ce faisant quelques gouttes de salive (certifié !) sur le cuir en respectant soigneusement la distanciation sociale en vigueur et, miracle, "c'est si propre que l'on peut se voir dedans" comme le proclamait une vieille pub.
Je suis sûr que c'est ce que vous avez remarqué d'emblée sur l'illustration de circonstance ci-dessus.
vendredi 13 novembre 2020
jeudi 12 novembre 2020
Beau comme un polonais
Ah, le joli baryton-basse que voilà !
Mon enquête fut peu fructueuse, ma maîtrise de la langue de Dostoïevski étant ce qu'elle est ; c'est à dire nulle.
J'ai appris seulement qu'il s'appelle Alekseï Mikhaïlov et chante dans la "chorale d'état" de St Pétersbourg.
Ci-dessus, une captation (mal) réalisée lors d'un concours.
Malgré son physique avenant, on ne peut parler ici de "voix d'ange".
Le revoici, entouré de ses petits camarades lors d'un concert dans une église de Moscou :
Espérer, malgré tout
mercredi 11 novembre 2020
Chair à canon
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pieds
Venu pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leur tombe
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Tous ces gros qui font leur foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu de se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n'avons rien
Nous autres, les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs là
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
mardi 10 novembre 2020
Le tourment de mon cœur est si doux...
On peut voir, aux "Frari*", à Venise, le tombeau de l'immense Claudio Monteverdi (Crémone 1567-Venise 1643), lequel, comme Vivaldi ne fut redécouvert qu'au milieu du siècle dernier, grâce, sans aucun doute, aux moyens de diffusion modernes.
Cela ne suffit à expliquer pourquoi, comme le prêtre roux, ce compositeur de génie fut ignoré pendant près de trois siècles !
Dans son Dictionnaire amoureux de Venise, Philippe Sollers ne dit pas que des bêtises et déplore que la Fenice privilégie l'opéra romantique de Rossini, Verdi et autres Donizetti jusqu'à la lie, se risquant frileusement en de rares occasions à mettre Britten à son programme ; et encore, il s'agit évidemment de La mort à Venise !
Mais de Monteverdi ou d'Alessandro Scarlatti, niente !
(J'aimerais que l'on me contredise.)
L'aria Si dolce è'l tormento ci-dessus, admirablement servie par Rolando Villazón, est un extrait du Combattimento di Tancredi e Clorinda.
C'est "Le concert d'Astrée" d'Emmanuelle Haïm qui entoure le grand ténor dans cette version publique enregistrée en la Basilique de Saint-Denis.
J'ai choisi l'air le plus célèbre, mais tout le disque (visuel ci-dessous) est source de ravissement.
Les fleurs que des mains anonymes déposent sur la tombe de Monteverdi aux "Frari" en reconnaissance tardive sont plus que jamais méritées.
Non loin de lui reposent Le Titien et Antonio Canova.
L'endroit est bigrement bien fréquenté !
* Santa Maria Gloriosa dei Frari
lundi 9 novembre 2020
Le chemin des contrebandiers 2020 (extrait 3) : "La douzième fois"
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(...) ton souffle quand tu dors sur le côté... |
Il a dit « Je dors là, ok ? ».
- Tu viens dormir pour la douzième fois, Yann, lui dis-je d’une voix cotonneuse.
Et onze fois j’ai subi ton corps contre le mien quand tu t’agites dans ton sommeil, ton souffle quand tu dors sur le côté et ton haleine, ce mélange de pomme et de cigarette blonde ; et puis, quand tu rêves, ce bras qui s’égare sur moi car tu dois penser à elle ; et moi, tu comprends, je n’en peux plus de cette envie de toi, de ces nuits blanches à espérer, à me dire « jamais » ou « la prochaine fois, qui sait ? ».
Et Yann me foudroie de son sourire "Ultra Brite au goût sauvage", le même que celui du plongeur de la pub à la télé :
- Cette envie de moi, ça fait mal, non ?
Aussitôt, il enlève le slip blanc de tous mes fantasmes, me rejoint sous les draps, enfouit son visage trop beau dans l’oreiller, marmonne :
- Fallait bien que ça arrive, non ? Sois calme, sois tendre, sois doux, et j’aimerai peut-être.
Et moi, je ne serai plus jamais aussi calme, aussi tendre, aussi doux.
Je sais à présent ce qu’il attend de moi, et sans malignité je prolonge l'attente jusqu’à percevoir l’effondrement de ses dernières craintes, jusqu’à son total abandon.
C’est lent, c’est long – si court, en fin de compte -, il dit « Ah ouais, finalement, c’est pas désagréable. » puis « Je crois que j’aime ça. » et enfin, fier de lui comme un gamin, « Moi je jouis quand je veux, tu me dis, hein ? »
Des feulements, un cri animal enfin, promesse non tenue. Le rejoindre d’urgence, mêler mes spasmes aux siens. Nous restons immobiles un moment. Je l'entends clairement sourire :
« Putain, je suis plus pédé que je le croyais. »
Photo Silvano.
dimanche 8 novembre 2020
Brillant !
J'aime beaucoup Luis Fernando Pérez, découvert à La Roque d'Anthéron il y a quelques années, où il interpréta la suite Iberia d'Isaac Albeniz. Nous découvrîmes, après une prestation de très haut niveau, un homme généreux, humble, à l'écoute.
Du même Albeniz, il interprète ci-dessus, et sans doute au cours des "bis" d'un récital, la célèbre pièce Asturias aussi périlleuse pour les pianistes que pour les guitaristes.
On découvrira mieux Luis Fernando Pérez dans les sonates d'Antonio Soler éditées par l'excellent label Mirare :
Ecrire, disent-elles (ils)
samedi 7 novembre 2020
Quelle arrogance !
Garçon de joie : une profession en péril ?
Avant la pandémie, un jeune homme de mon cercle, alors en fac, me disait qu'il avait appris que certains étudiants, pour joindre les deux bouts (!), se livraient à la prostitution de toute nature, homo, bi ou hétérosexuelle.
Ont-ils tous renoncé aujourd'hui, ou ont-ils recours au télétravail ? Bénéficient-ils du chômage partiel ?
vendredi 6 novembre 2020
GC déco : nos belles bibliothèques
Les précédents occupants de mon appartement ont eu l'obligeance de ma laisser la bibliothèque en noyer qu'ils avaient fait faire sur mesure pour le salon.
Moins grande, mais sans commune mesure avec celle que je possédais, venant d'une célèbre enseigne nordique, elle déborde à présent de livres et comporte un large rayon consacré à ma vidéothèque.
Comme le montre la photo ci-dessous, j'ai gagné de la place en rangeant les grands ouvrages à l'horizontale.
Pour la teinte, c'est très voisin de celle-ci.
Mes abonnés, réputés grands lecteurs, apprécieront.
Tout retourné*
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Dean’s Flip at Black’s Beach - Tom Bianchi |
*Le premier qui pense "tout le monde n'a pas cette chance." est prié de sortir.
jeudi 5 novembre 2020
Une bibliothèque, encore
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Biblioteca Certosa di Padula | Photo Massimo Listri 1990 La chartreuse de Padula se trouve dans la région Campanie (It.) |
L'amour aujourd'hui
Chacun interprètera
l'image (trouvée sans crédit) selon son ressenti :
ils se connaissent ?
Ils se draguent par application interposée ?
mercredi 4 novembre 2020
ESSENTIEL
Pour que cessent ces ignobles pratiques, cliquez sur l'image et signez la pétition.
Remplissez le formulaire, car vous n'êtes pas Louis Arjaillès (!)
Quoi ? De la pub dans Gay Cultes ? Oui mais...
Six minutes
et cinquante-sept
secondes pour sourire ensemble.
mardi 3 novembre 2020
Vienne meurtrie
Mon séjour à Vienne, en juillet 2019, ne fut qu'enchantements que mes photos ne peuvent transcrire qu'approximativement.
Les fous d'Allah ont encore frappé.
Dans une ville de paix, de musique, de beauté.
Je vis l'une des périodes les plus douloureuses de ma vie.
Solidarité.
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Comme lui, je fus subjugué par tant de beauté. Ici, un ange sur le Ring |
De saison
Merci à l'indispensable France Musique.
"Ce monde a besoin de musique."
Plus que jamais
Adieu Sean
En cette médiocratie, les télé(sans)visions on réduit Sean Connery à ses James Bond.
La filmographie de ce grand acteur est pourtant autrement significative de son talent.
Voyez-la ici : clic.
Et vive l'Ecosse indépendante !
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La rose et la flèche, de Richard Lester avec la sublime Audrey Hepburn. |
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Pas de printemps pour Marnie d'Alfred Hitchcock |
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De l'absurdité du militarisme : La colline des hommes perdus de Sidney Lumet |
lundi 2 novembre 2020
"Automneries" d'un automne pas vraiment folichon
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Chantage : " Un bonbon ou un sort ! " |
Ne vous méprenez pas : il y avait parmi eux des élèves de la structure que j'ai à gérer acrobatiquement en ces temps de restrictions, et c'était jour d'Haloween, cette "fête" détestable importée des Etats Unis.
Les gosses étaient déguisés et m'ont apostrophé d'un "un bonbon ou un sort !" : je n'avais que des friandises mentholées à leur offrir. Je ne suis pas sûr d'avoir fait leur bonheur avec ces "Menthises" (pub gratuite).
Quoi qu'il en soit, j'ai été par le fait épargné et puis envisager l'avenir avec sérénité.
Pour le mauvais sort, j'ai eu mon compte l'été dernier : accident, escroquerie à la carte bleue heureusement compensée par ma banque, fautive en l'occurrence, et j'en passe.
Un concert sans public pour cause de pandémie, selon notre humeur, malgré la gaieté de l'œuvre (et du pianiste, avec un "y", c'est notoire et sans problème), ce peut être lugubre.
Ici, Thibaudet en complicité avec l'excellent chef Gustavo Dudamel et le Philharmonique de Los Angeles.
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Sous les dais blancs, les militaires. |
Bien que non-croyant, j'ai été bouleversé par l'attentat de Nice et me désespère qu'on doive en arriver là.
Les récupérations politiques n'ont pas tardé, venant de la droite se prétendant "républicaine" et de son extrême.
S'il est une valeur intangible, c'est bien la laïcité.
Souhaitons que le pouvoir actuel ne cède pas aux sirènes fascisantes qui ne feraient qu'envenimer la situation.
Apaisons-nous avec de la bonne musique et... un ange :
dimanche 1 novembre 2020
Chaud, cet ange !*
Savourez, et offrez-moi des fleurs ; à l'exclusion des chrysanthèmes, merci.
Mais comm' j'la kiffe c'te meuf !*
Ah, bouquiner dans un lieu sympa !
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Biblioteca dell'Abbazia di Wiblingen, Germania - Photographe : Massimo Listri |
Le confinement est très bien accueilli par... Amazon et autres sites de même acabit.
Les librairies, considérées comme "commerce non essentiel" (et mon cul, il est pas essentiel ?), ont dû fermer boutique.
Mais on peut acheter des bouquins chez Leclerc et les ranger dans son caddie avec son papier- toilette (décidément, on n'en sort pas).
Sachons être positifs, néanmoins : certaines grandes surfaces ont fermé leur rayon-lecture.
Marc Levy va vendre un tout petit peu moins, cette fois.
Je viens de lire d'une traite Novecento : pianiste d'Alessandro Baricco.
C'est bien meilleur que le film de Tornatore, où même le grand Ennio Morricone... pataugea.