Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.
Photo en-tête Mina Nakamura

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 13 juin 2025

Khalil Gharbia vers le haut

Two Strangers

  
 Je pense avoir déjà inséré dans ces pages ce court métrage puissamment érotique. Si la prestation d'Erik Nilsson n'a pas connu de suite notable, le fruité Khalil Gharbia, en revanche, a été remarqué, depuis, dans Peter Von Kant, de François Ozon, Paradis, de Zeno Graton et Barbès, little Algérie d'Hassan Guerrar.

Mary and George

Dans le premier épisode de la série Mary and George, Khalil joue un précepteur assez pervers (ce qui nous vaut une ou deux scènes plutôt bandantes).
   Ladite série aborde les amours homosexuelles de Jacques 1ᵉʳ, roi d'Angleterre, "sodomite" avéré, avec Georges Villiers, qu'il fit Duc de Buckingham. C'est à ce même Duc qu'Alexandre Dumas prête une liaison avec Anne d'Autriche (cf. affaire des ferrets de la reine). Villiers était beau et doté d'une intelligence hors norme. Dans la série, il est incarné par le sublime Nicholas Galitzine (soupirs). La mère de George, intrigante jusqu'au-boutiste, dirait-on de nos jours, est incarnée par la grande Julianne Moore.

Khalil dans Mary and George : "Un corps est un corps."
Notes
C'est en regardant le court-métrage Two strangers (voir là-haut) que François Ozon a eu l'heureuse idée d'inclure Khalil dans la distribution de Peter von Kant.
Jacques 1ᵉʳ, George Villiers (mondieu !) et sa maman
On peut acheter la série Mary and George sur Canal VOD (14,99 euros l'intégrale de la saison 1 en HD)

jeudi 12 juin 2025

Hésitation

Photo de Gerardo Vizmanos

 Il semble hésiter, mais dès lors que les vêtements sont ôtés,
le premier pas semble franchi, non ?

Sergio : à mourir !

Sergio Azuaga, Venezuela
Labellisé "Fouloulou !" sans la moindre hésitation.

Bi Brando : un américain à Paris

Marlon Brando et l'acteur français Christian Marquand

 Vers la fin de sa vie, Marlon Brando a confessé : " Je n’ai vraiment aimé que trois hommes dans ma vie : Wally Cox, Christian Marquand et Daniel Gélin. Les autres n’étaient que des navires qui passaient la nuit."
Après leur liaison — sous l'égide de Jean Cocteau, semble-t-il 
— perdura l'amitié qui unissait Brando à Marquand. Marlon donna à son fils le prénom de Christian.
Ironie de l’histoire, c'est avec la fille naturelle de Daniel Gélin, Maria Schneider qu’il tourna le sulfureux Dernier tango à Paris.

Brando et Wally Cox

La seule photo avec Brando et D.Gélin
Selon le blog Le côté de chez moi, signé plaisamment "Charlus" :

En 1949, Roger Vadim vivait à Paris avec son meilleur ami Christian Marquand. A cette époque Vadim, un peu acteur, un peu journaliste, n’était pas encore devenu réalisateur.
Un beau matin du printemps 1949, les deux amis déjeunaient à la terrasse de la Coupole, un ancien repaire d’Hemingway et Henri Millet, à Montparnasse. Assis à une table voisine, il y avait un jeune homme étonnamment beau. Il avait enlevé sa chaussure pour masser un pied endolori. L’entendant parler anglais avec l’un des serveurs, ils se sont rapprochés de lui et se sont présentés. En entendant le nom de Marlon Brando, ils n’ont pas particulièrement réagi. Ils ne savaient rien de son récent succès sur les planches de Broadway. Ils l’ont pris pour un jeune acteur US en ballade à Paris.
 
Au cours de la conversation, Brando s’est plaint d’habiter dans un hôtel plein de puces. Vadim et Marquand ont aussitôt proposé à Brando de venir vivre avec eux. Les trois sont devenus intimes… et même un peu plus. Christian Marquand est rapidement tombé sous le charme de Brando. Ils resteront amicalement et sentimentalement très proches malgré les mariages de Christian avec Tina Aumont et Dominique Sanda. À tel point que Brando donna le prénom de Christian à l’un de ses fils… Tout comme Vadim d’ailleurs.
Brando présentera ses nouveaux amis à son amant de l’époque Jacques Viale, le serveur de la Coupole. Celui-ci avouera plus tard que les plus beaux moments de sa vie il les a passés avec Brando et ses amis.
Quand, quelques mois plus tard, Roger et Christian ont déménagé, ils ont amené avec eux, pour partager les frais, un jeune comédien prometteur, Daniel Gélin. Et bien que Brando vivait une relation profondément sexuelle et émotionnelle, Gélin ne l’a pas laissé indifférent. C’était d’ailleurs une proie facile et consentante.

Quant au Brando de l'époque, on peut comprendre ses succès de toute nature :


La beauté du diable

Brando au "Flore" en 1949

mercredi 11 juin 2025

Surpris

Cette photo me rappelle un évènement de mes seize ans : ma mère, rentrant à l'improviste, me surprit avec mon copain H. en des tenues nettement débraillées. J'ai argué que nous essayions nos vêtements respectifs. Elle y crut ou fit semblant d'y croire. Nous avions échappé de peu au flagrant délit.

Piano du matin : l'immense Martha au service du Génie


Martha Argerich au Festival de Verbier 2008
Dix-neuf minutes pour laver notre âme.
C'est à pleurer de bonheur,
notamment la Sarabande.

mardi 10 juin 2025

Une bonne douche et au lit !

Ce sacré Tony !

La fameuse scène sans ambiguïté de Spartacus (S.Kubrick - 1960)

Avec Roger Moore, Amicalement vôtre
L'acteur sexy, bisexuel et star de Hollywood Tony Curtis est né en 1925 ; il est mort en 2010 à l'âge de 85 ans. Curtis s'est marié six fois et a engendré la star de Hollywood Jamie Lee Curtis avec sa première femme. Curtis a admis avoir eu des relations sexuelles avec des hommes et des femmes quand il est arrivé à Hollywood en 1948. Son personnage à l'écran était souvent sexuellement ambigu, comme dans l'épopée nordique de Richard Fleischer Les Vikings de 1958 et le péplum crypto gay Spartacus de 1960 de Stanley Kubrick. ” Il a aussi joué un drag parfait dans l'épopée comique de Billy Wilder de 1959 Some Like It Hot (Certains l'aiment chaud). L'un de ses meilleurs rôles était face à Burt Lancaster dans The Sweet Smell of Success d'Alexander Mackendrick (1957), qui avait aussi des sous-tons incestueux et homosexuels. Deux de mes films préférés de Tony Curtis ont pour co-vedette Debbie Reynolds, The Rat Race de Robert Mulligan (1960) et Goodbye Charlie de Vincente Minnelli (1964).
Il a aussi partagé le haut de l'affiche avec Natalie Wood dans trois films, Kings Go Forth de Delmer Daves (1958), Sex and the Single Girl de Richard Quine (1964) et The Great Race de Blake Edwards (1965).
On n'oubliera pas la série télévisée Amicalement vôtre, aux côtés du beau Roger Moore.
Pour ma part, je me souviens que l'apparition de Tony dans Les Vikings, vu à 13 ans à la télé, me transperça l'âme.

L'apparition de Tony dans Les Vikings (...) me transperça l'âme.

lundi 9 juin 2025

dimanche 8 juin 2025

Après le sacré, le profane


J'avais envie de donner dans le mélange des genres.

J.S.B au plus haut

On peut être mécréant et apprécier la musique sacrée. La Messe en si mineur de Bach est une pièce majeure de l'histoire de la musique. Ci-dessus, le final de cette œuvre, Dona nobis pacem, enregistré à la Philharmonie de Paris en avril 2015, où le public fit un triomphe (ô combien justifié !) à John Eliot Gardiner et au Monteverdi Choir
Pour entendre et voir le concert dans son intégralité : 
clic
Donne-nous la paix : fais vite !

samedi 7 juin 2025

J'ai rêvé

 que j'étais livreur de pizzas.

Et un Oscar pour le grand Legrand

J'ai tellement aimé ce film qui valut un Oscar à Michel Legrand pour un thème devenu un standard !
J'avais plus d'yeux pour Gary Grimes que pour la belle Jennifer O'Neill. Le sujet est universel : on peut transposer à loisir.

Ze plèce toubi (Al lec'h da vezañ)

Je demandais, mardi dernier et sans grand succès, qui connaissait ce beau lieu.
Il s'agit de la Villa Margaret à Larmor Plage (56).
Cet établissement, où l'on vient prendre une collation (huîtres, le dimanche, en saison) dans le jardin ou dans les salons joliment décorés, est un lieu de rendez-vous idéal. De plus, on est à mille lieues des prix pratiqués sur la Côte d'Azur.
La villa surplombe le joli petit port de Kernevel :

Photo Corinne Ouvray

Bon, parce que c'est vous :
En saison, de gentils serveurs

vendredi 6 juin 2025

Canapé de rêve

 Je me souviens que l'acquisition d'un canapé Chesterfield était pour J. le summum de la réussite.
Pour moi, le summum de l'ambition était de réussir à faire l'amour avec J., qui était le plus beau mec du lycée. J'y parvins un soir. Au creux d'un canapé-lit de chez Conforama.

À raison

 

Jose Luis Lucero

Une pépite du cinéma français : merci Arte !

L'histoire :
dans un pavillon de banlieue quelque peu délabré, Fernand, Louis et Alexa s'aiment et forment un ménage à trois. Alexa travaille auprès de personnes âgées et gagne l'argent du ménage, Fernand s'occupe de la maison et n'a pas de travail, tandis que Louis est musicien. 
Malgré quelques soucis financiers, le trio mène une vie tranquille, jusqu'au jour où...
Je ne divulgâcherai pas.


Au milieu des années 70, en pleine période de libération sexuelle d'avant-sida, le cinéma ne répugnait pas à s'intéresser aux sexualités différentes.
Tel ce film de Coline Serreau sorti en 1977 qui abordait le sujet de la bisexualité en observant à la loupe la vie passionnée (sans être toutefois totalement passionnante) d'un ménage à trois vivant sa relation dans un petit pavillon de la banlieue parisienne et le comportement de ses voisins.
On peut se demander, tant d'années après, si un sujet de ce genre intéresserait encore un producteur.
L'intérêt pour le film doit beaucoup aux acteurs : Sami Frey (Fernand, premier arrivé dans le cœur d'Alexa) est profondément juste une fois de plus, Mario Gonzales excellent en Louis, le pianiste (tiens donc !) qui "rejoint" (au propre comme au figuré) le couple initial et tombe éperdument amoureux des protagonistes, et enfin Christine Murillo, devenue depuis l'une des plus grandes comédiennes du théâtre français et encore récemment, moliérisée.
Le film réussit à nous faire entrer en empathie avec ce trio briseur de tabous, à nous faire partager ses émotions, ses joies, ses déchirements.
Le film de Coline Serreau - qui connut un peu plus tard le succès avec "3 hommes et un couffin" - était relégué aux oubliettes de l'histoire du cinéma français au point qu'il était très difficile d'en trouver la moindre image.
À une certaine époque, pas si lointaine, on trouvait le DVD à des prix prohibitifs.
Enfin, aujourd'hui, grâce à Arte.tv, vous pouvez découvrir cette pépite dans de bonnes conditions !
On s'y rue, ici : clique là-dessus !

Christine Murillo et Sami Frey

Sami Frey et Mario Gonzales

Jaquette de l'édition VHS
L'accroche se fait sur "3 hommes et un couffin" !
Hasardeux.
NB
Si vous avez un téléviseur récent, n'oubliez pas d'y entrer l'application Arte.tv : c'est tellement mieux sur grand écran !

Vidéo coquine

jeudi 5 juin 2025

Belle offrande

" Voilà, c'est ce que tu voulais voir, non ? "

Jeune joie

Photo Stephen Beadles Flickr

Demain matin,
j'essaie !

L'amant de Marcel

Le compositeur et chef d'orchestre Reynaldo Hahn fut l'amant de Marcel Proust de 1894 à 1896. Leur amitié survécut à leur liaison charnelle, qui dura jusqu'à la mort du grand écrivain en 1922.

"
Reynaldo Hahn a été sans doute un des êtres que Proust a le plus aimés. Quiconque a pu approcher un tant soit peu Reynaldo Hahn le comprend sans peine. Sa conversation avait un grand charme qui ne tenait pas seulement à son talent de musicien et de chanteur, mais à l'étendue de sa culture, à son usage du monde, à un enthousiasme généreux et narquois, dont on subissait aussitôt la contagion, à une disponibilité qui est à la fois un attribut de l'intelligence et une forme de la bonté."
Emmanuel Berl

« Hier, à Versailles, Marcel avait, devant certains arbres, devant une mare ensoleillée ou un parterre de fleurs, des moments d’attendrissement ou de joie ingénue, comme en ont les enfants à la vue de leur premier joujou. »
Reynaldo Hahn : Journal (1890-1945) (Gallimard)

Bonus
Les agréables frères Jussen jouent Le ruban dénoué, de Reynaldo Hahn,
première pièce des Décrets indolents du hasard, enregistrés en 2024.
Hahn n'a pas écrit seulement L'heure exquise, tube ultra-célébré.

En guise de "Piano du matin", ce jour

La mort de Nicole Croisille


Dans le cadre professionnel, j'ai eu l'occasion de l'approcher à deux reprises, et, notamment, d'assister à une répétition avant l'un de ses concerts.
C'était une vraie "femme de spectacle", sachant tout faire avec le même talent. Généreuse sur scène, elle était très discrète, certains diraient "distante" ; le besoin de se protéger, sans doute.
Elle ne fut jamais la "star" qu'elle aurait pu être, malgré une période de succès dans les années 70 à 80. On se souvient d'elle, bien sûr, grâce au "dabadabada" (et non "cha"...) d'Un homme et une femme, et de Une femme avec toi, adaptation française de Donna con te, créée par Mia Martini, que l'on peut écouter ci-dessous.
La mort de Nicole Croisille me touche beaucoup. Les chansons sont les empreintes de nos vies.

mercredi 4 juin 2025

Mamma mia !

Belle allure, mais

 Dans ma rue, je croise fréquemment un garçon — gay, sans aucun doute — qui arbore ce genre de vêtements, ce qui change agréablement des sacs siglés foot.
L'autre jour, n'y tenant pas, je lui ai adressé un pouce levé en guise de compliment pour sa tenue. J'eus droit à un regard méprisant. Ce qui me rappelle ce que Proust, déjà, disait de certains (de pas mal) d'entre nous (1) dans une page de Sodome et Gomorrhe :

[Aussitôt il témoigna au professeur la dureté des invertis, aussi méprisants pour ceux à qui ils plaisent qu’ardemment empressés auprès de ceux qui leur plaisent. Sans doute, bien que chacun parle mensongèrement de la douceur, toujours refusée par le destin, d’être aimé, c’est une loi générale et dont l’empire est bien loin de s’étendre sur les seuls Charlus, que l’être que nous n’aimons pas et qui nous aime nous paraisse insupportable. À cet être, à telle femme dont nous ne dirons pas qu’elle nous aime mais qu’elle nous cramponne, nous préférons la société de n’importe quelle autre qui n’aura ni son charme, ni son agrément, ni son esprit. Elle ne les recouvrera pour nous que quand elle aura cessé de nous aimer. En ce sens, on pourrait ne voir que la transposition, sous une forme cocasse, de cette règle universelle, dans l’irritation causée chez un inverti par un homme qui lui déplaît et le recherche. Mais elle est chez lui bien plus forte. Aussi, tandis que le commun des hommes cherche à la dissimuler tout en l’éprouvant, l’inverti la fait implacablement sentir à celui qui la provoque, comme il ne la ferait certainement pas sentir à une femme, M. de Charlus par exemple, à la princesse de Guermantes dont la passion l’ennuyait, mais le flattait. Mais quand ils voient un autre homme témoigner envers eux d’un goût particulier, alors, soit incompréhension que ce soit le même que le leur, soit fâcheux rappel que ce goût, embelli par eux tant que c’est eux-mêmes qui l’éprouvent, est considéré comme un vice, soit désir de se réhabiliter par un éclat dans une circonstance où cela ne leur coûte pas, soit par une crainte d’être devinés qu’ils retrouvent soudain quand le désir ne les mène plus, les yeux bandés, d’imprudence en imprudence, soit par la fureur de subir du fait de l’attitude équivoque d’un autre le dommage que par la leur, si cet autre leur plaisait, ils ne craindraient pas de lui causer, ceux que cela n’embarrasse pas de suivre un jeune homme pendant des lieues, de ne pas le quitter des yeux au théâtre même s’il est avec des amis, risquant par cela de le brouiller avec eux, on peut les entendre, pour peu qu’un autre qui ne leur plaît pas les regarde, dire : « Monsieur, pour qui me prenez-vous ? (simplement parce qu’on les prend pour ce qu’ils sont) je ne vous comprends pas, inutile d’insister, vous faites erreur », aller au besoin jusqu’aux gifles, et devant quelqu’un qui connaît l’imprudent, s’indigner : « Comment, vous connaissez cette horreur ? Elle a une façon de vous regarder !… En voilà des manières ! » M. de Charlus n’alla pas aussi loin, mais il prit l’air offensé et glacial qu’ont, lorsqu’on a l’air de les croire légères, les femmes qui ne le sont pas, et encore plus celles qui le sont. D’ailleurs, l’inverti mis en présence d’un inverti voit non pas seulement une image déplaisante de lui-même, qui ne pourrait, purement inanimée, que faire souffrir son amour-propre, mais un autre lui-même, vivant, agissant dans le même sens, capable donc de le faire souffrir dans ses amours. Aussi est-ce dans un sens d’instinct de conservation qu’il dira du mal du concurrent possible, soit avec les gens qui peuvent nuire à celui-ci (et sans que l’inverti n° 1 s’inquiète de passer pour menteur quand il accable ainsi l’inverti n° 2 aux yeux de personnes qui peuvent être renseignées sur son propre cas), soit avec le jeune homme qu’il a « levé », qui va peut-être lui être enlevé et auquel il s’agit de persuader que les mêmes choses qu’il a tout avantage à faire avec lui causeraient le malheur de sa vie s’il se laissait aller à les faire avec l’autre. Pour M. de Charlus, qui pensait peut-être aux dangers (bien imaginaires) que la présence de ce Cottard dont il comprenait à faux le sourire, ferait courir à Morel, un inverti qui ne lui plaisait pas n’était pas seulement une caricature de lui-même, c’était aussi un rival désigné. Un commerçant, et tenant un commerce rare, en débarquant dans la ville de province où il vient s’installer pour la vie, s’il voit que, sur la même place, juste en face, le même commerce est tenu par un concurrent, n’est pas plus déconfit qu’un Charlus allant cacher ses amours dans une région tranquille et qui, le jour de l’arrivée, aperçoit le gentilhomme du lieu, ou le coiffeur, desquels l’aspect et les manières ne lui laissent aucun doute. Le commerçant prend souvent son concurrent en haine ; cette haine dégénère parfois en mélancolie, et pour peu qu’il y ait hérédité assez chargée, on a vu dans des petites villes le commerçant montrer des commencements de folie qu’on ne guérit qu’en le décidant à vendre son « fonds » et à s’expatrier. La rage de l’inverti est plus lancinante encore. Il a compris que dès la première seconde le gentilhomme et le coiffeur ont désiré son jeune compagnon. Il a beau répéter cent fois par jour à celui-ci que le coiffeur et le gentilhomme sont des bandits dont l’approche le déshonorerait, il est obligé, comme Harpagon, de veiller sur son trésor et se relève la nuit pour voir si on ne le lui prend pas. Et c’est ce qui fait sans doute, plus encore que le désir ou la commodité d’habitudes communes, et presque autant que cette expérience de soi-même qui est la seule vraie, que l’inverti dépiste l’inverti avec une rapidité et une sûreté presque infaillibles. Il peut se tromper un moment mais une divination rapide le remet dans la vérité. Aussi l’erreur de M. de Charlus fut-elle courte. Le discernement divin lui montra au bout d’un instant que Cottard n’était pas de sa sorte et qu’il n’avait à craindre ses avances ni pour luimême, ce qui n’eût fait que l’exaspérer, ni pour Morel, ce qui lui eût paru plus grave.]
In À la recherche du temps perdu, livre IV (Sodome et Gomorrhe)  Marcel Proust | nrf Gallimard (2) 

(1)  Si vous êtes déjà allé "en boîte", ces attitudes vous sont, sans nul doute, familières.
(2) Mon logiciel de secours en cas de doute, me signale, au fil de mes billets, les phrases de plus de 40 mots, qui nuisent, selon lui, à la compréhension du texte. C'est prendre mes lecteurs pour des andouilles, me semble-t-il. Avec le texte de Monsieur Proust, mon logiciel a bugué : bien fait ! 

Sélection naturelle

Depuis quelque temps, Gay Cultes a moins de lecteurs (+/- 2000/jour) qu'auparavant, c'est logique et révélateur : moins d'images et plus de textes. Ça me convient. J'aimerais plus de commentaires avisés. À vous de voir.

mardi 3 juin 2025

Gay, lui ? Mais non , voyons !

Un homme de goût ?
C'est autre chose, mais quelque chose me dit que vous serez indulgents.

"Skam Belgique" : adorables !


Le concept Skam, d'origine norvégienne, est décliné ici en Belgique "flamande".
La version originale est donc en néerlandais.
Les seuls sous-titres proposés sont en anglais.
On peut néanmoins suivre le parcours amoureux 
des deux personnages principaux de la troisième saison,
Robbe et Sander, avatars belges de Lucas et Elliot, notre couple français.
Sur YouTube se succèdent les épisodes, depuis celui-ci,
qui relate la rencontre entre ces deux charmants jeunes hommes :
Willem Herbots est Robbe,
le blond Willem De Schryver est Sander.

Charmants, vous dis-je !

Morbihan

Qui connaît ?

 Non loin de Lorient, c'est le lieu idéal pour un apéritif entre amis. J'apprécie la vue sur la mer et les bateaux. Ici, le pâté Hénaff (cent pour cent breton) a un tout autre goût que consommé à Paris. Il est servi par un délicieux pain bûcheron -  Le pain bûcheron se distingue des autres typologies de pain par sa croûte rustique particulièrement croustillante. Il s'agit d'un gros pain de campagne à la mie foncée, souple et alvéolée, auquel on ajoute généralement des céréales.

Libre de toute publicité


lundi 2 juin 2025

En (ré)écoutant les Variations Goldberg

Photo d'Alexandre Chagnon

Je "poste" tardivement, aujourd'hui
Non que j'aie trop célébré la victoire du Qatari Saint-Germain, mais je me suis accordé une très grasse matinée, bercé par ces "Godberg" interprétées par le jeune Lim, celles-là même que j'avais inséré ici mardi dernier. (clic). En conclusion de mon billet, j'écrivais : c'est parfait, le matin, pour écrire, lire ou tout simplement méditer. C'est ça.
J'ai déjeuné, hier, avec un jeune élève à fort potentiel pianistique qui ne sera pour autant pianiste. Fou de cinéma, il regarde pas moins de... vingt films par mois, en salles, s'il vous plaît ! C'est un littéraire qui s'orienterait volontiers vers l'écriture de scénarios.
Après le déjeuner, nous avons regardé Habemus Papam, le film de Nani Moretti où Michel Piccoli crevait l'écran une fois de plus. Ensuite, longue discussion sur le cinéma italien, qu'il connaît peu. Nous avons prévu de voir quelques pépites, dont Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola, L'argent de la vieille de Comencini, Une vie difficile de Dino Risi avec un immense Alberto Sordi, ou encore Nous nous sommes tant aimés de Scola. Ce jeune homme a déjà abordé Pasolini, avec Théorème, L'Évangile selon Saint Matthieu et Accatone. Tout juste dix-huit ans : rassurant.

Lea Massari et Alberto Sordi, Una vita difficile

Piano du matin : facile, cette sonate ?

Combien d'apprentis pianistes ont ils travaillé cette Sonate de Beethoven ?
Réputée facile, elle recèle quelques chausse-trappes.
Interprétée ici par le grand Daniel Barenboim, elle est idoine pour débuter la journée.

dimanche 1 juin 2025

Minous voyageurs

Robin Lee Graham lors de son périple
Le jeune de 16 ans qui a fait le tour du monde avec son chat, 1965.

Robin Lee Graham, 16 ans, a quitté la Californie sur un voilier de 24 pieds appelé Dove, déterminé à naviguer seul autour du monde. En cinq ans et 30 000 miles, il a combattu les orages, a réparé son bateau plus d'une fois et a passé le temps avec ses chats - Joliette, Ourson et d'autres, recroquevillés dans la cabine.
Son histoire a été racontée dans National Geographic, plus tard dans un livre à succès, et finalement dans un film appelé The Dove (Charles Jarrott, 1974).
Joseph Bottoms dans le film The Dove (La colombe) 1974
Bon
dimanche !

Concert du dimanche : Sasha en Chine, ça dépote !

Pas commode, le chef (début) : on est en Chine en 2019 et l'on s'attend quasiment
à une intervention des gardes rouges pour arrêter les spectateurs trop bavards !
Alexandre Malofeev se révèle aussi bon interprète de Mozart qu'il l'est,
par exemple, de Prokofiev. Son répertoire est devenu impressionnant.
Le deuxième mouvement accompagne le générique de fin d'Amadeus, le film de Forman.

Actuellement, tournée 2025 en Chine :


*
Alexandre Malofeev sera, le 27 juillet, au 
Festival International de Piano
de La Roque d'Antheron
où il jouera le Concerto 5 (L'empereur) de Beethoven.
Mes places sont réservées.

Ô lac

Villa Lario, lac de Come (It.)