Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 15 octobre 2024

Piano du matin, pas de chagrins

Donnez-nous notre Bach de chaque jour !

Le bel endormi


Au cours de ma onzième année, comme nous étions en vacances chez la grand-mère au cœur d'un août brûlant, je poussai un matin la porte de la chambre de mon grand-frère. Lui n'y était pas, mais un ange brun habitait le lit, un Jean-Jacques de dix-huit ans que le drap blanc couvrait à peine jusqu'à la naissance d'une brune toison. La peau était rose, pas encore brunie par le soleil du midi. Un bras était replié sur le front, les lèvres me semblèrent d'un rouge-vif, « purpurin » lirait-on dans un ouvrage désuet ; le haut de son corps, offert à mon regard, se soulevait lentement, métronomique-ment, au rythme de sa respiration ; l'épiderme était souple, lisse, velouté, en appel irrésistible à la caresse.
Une jambe dépassait du lit, le pied reposant sur le sol de ciment brut ; la cuisse était ferme, épaisse, le genou était fort, où subsistait une trace d'un récent accident de "Vélo Solex" ; le mollet musclé s'abritait sous une fine couche de poils bruns qui bouclaient un peu si l'on remontait jusqu'où palpite le grand Mystère.
Pétrifié, j'ouvrais des yeux ronds, là, sur le pas de la porte.
Le jeune homme a ouvert brièvement les yeux, juste assez, je crois, pour m'apercevoir le détaillant avec émotion.
Devant le café noir, peu après, dans la salle commune, j'ai cru intercepter un clin d’œil qui me hante encore.
(c) Silvano Mangana - Gay Cultes 2015


Regrets éternels

 

Maggie Smith

lundi 14 octobre 2024

Affolant, non ?


 

L'amour obscur

J'ai peur de perdre la merveille
de tes yeux de statue, et l'accent
que, pendant la nuit, pose sur ma joue
la rose solitaire de ton haleine.
J'ai peine à n'être en cette rive
qu'un tronc sans branches ; et ce qui me désole est de ne pas avoir la fleur, pulpe ou argile, pour le ver de ma souffrance.
Et si toi, tu es mon trésor occulte,
si tu es ma croix, ma douleur mouillée,
si je suis le chien de ton domaine,
ne me laisse pas perdre ce que j'ai gagné
et décore les eaux de ton fleuve
avec les feuilles de mon automne désolé.

Federico Garcia Lorca
Sonnets de l'amour obscur (Poésies IV - Gallimard)

Ce cher Marcel

 




dimanche 13 octobre 2024

Souriceaux champêtres

Sourire dominical

 

Tyler Otto
Bon
dimanche !

Brahms accompagne Michel Blanc

 Sans égaler l'extraordinaire Michel Simon de Panique (Julien Duvivier-1947), Michel Blanc est excellent dans Monsieur Hire (Patrice Leconte-1989), sans doute l'un de ses meilleurs rôles. Les deux films sont adaptés du roman de Georges Simenon, Les fiançailles de Monsieur Hire.
Dans le film de Leconte, cet extrait du Quatuor N°1 en sol mineur opus 25 de Johannes Brahms revient en leitmotiv, renforçant l'atmosphère angoissante de ce "remake" qui n'en est pas un.
Voici ce thème, interprété par Émilie Weibel, violon, Darryl Bachmann, alto Gabriel Esteban, violoncelle et Margarita Ilieva, piano, lors du Concert Jeunes Talents (2015) du Festival Puplinge Classique. Une version sans doute pas très aboutie, mais qui nous remet en tête (pour la journée ?) cette œuvre lancinante :








Michel Blanc
et
son prédécesseur,
Michel Simon

L'Italie gourmande en concert à Pleyel


Plus de concerts de musique dite classique, Salle Pleyel, depuis la création de la Philharmonie. Si la programmation du lieu est aléatoire, le deuxième étage vaut le détour, où exerce le chef sarde Emilio Giagnoni (Noto Paris).
Pour ne pas (trop) se ruiner, on dégustera ce magnifique "vitello tonnato" et cette "pasta cacio e pepe" dont je donnai la recette ici même il y a peu :

samedi 12 octobre 2024

Je lis au lit. Et vous ?


Chez le libraire : les deux derniers suppliciés pour "bougrerie"


Paris, 6 juillet 1750. Bruno Lenoir et Jean Diot meurent étranglés puis brûlés en place de Grève. Ils seront les derniers condamnés à mort pour homosexualité en France. Plonger dans les documents judiciaires ayant mené à leur exécution permet de reconstituer le Paris des années 1750 et le milieu homosexuel tenu secret malgré sa banalité.
Entre réalité et fiction, ce roman propose de donner vie et corps à ces deux hommes, dont l’histoire tragique reflète autant les errements judiciaires d’une société complexe que l’intemporel combat pour la tolérance.

« On entre dans ce livre par la fiction et on en sort percutés par la réalité de son histoire. Le premier roman de Pauline Valade, construit à partir d’archives et d’imaginaire, rend le lecteur captif d’un récit dont il connait pourtant déjà le dénouement. » Le Monde


Joli film

Louis Hoffman et Jannick Schümann | Center of my world
(Titre original Die mitte der welt)
Titre français : Moi et mon monde (2016)

vendredi 11 octobre 2024

Inséparables à jamais

 

Pier Paolo Pasolini et Ninetto Davoli
Aujourd'hui, 11 octobre,
Ninetto a 76 ans.


Donne moi ton cœur

Luciano Camilleri par David Macke

Duncan et Paul, une longue histoire

 

Duncan Grant : Paul Roche allongé 1947

Duncan Grant

Paul Roche (1916-2007) était un poète et romancier britannique célébré pour ses traductions des grands auteurs classiques grecs.
Entré dans les ordres, il abandonna la prêtrise en 1950 pour entretenir en toute sérénité sa relation avec le peintre Duncan Grant, jusqu'à la mort de celui-ci en 1978.
Roche était père de cinq enfants. Comme quoi, l'un n'empêche pas l'autre, comme on dit.
Grant, lui, était homo avec des tendances bisexuelles. Beau gosse, il eut de nombreuses liaisons, dont l'une avec l'écrivain et éditeur David Garnett, lequel, après la fin de leur relation, épousa... la propre fille biologique de son ex-amant !
Et dire que certains mènent une existence monotone...

Plouf

 

Giacomo Giannotti dans la série Inganno (Netflix)


jeudi 10 octobre 2024

Frimas d'automne

Avec ce temps, surtout ne prends pas froid.
Pense à mettre une petite laine.

 

Joey : pas si "gore" que ça

Joey Gore par Hard Cider 

 

Piano du matin : une main gauche très adroite

Interprétation magistrale de la fameuse Chaconne de Bach transcrite
pour la seule main gauche par Johannes Brahms.
Alexandre Kantorow est un très grand.

 

Spartacus tout nu

 

Cette affiche artistique du film de Kubrick fut créée par Reynold Brown en 1960.
Faut-il préciser qu'elle ne bénéficia d'aucune sortie publique ?

mercredi 9 octobre 2024

Monstres

 


Cadeau : quatre jolies images qui bougent extraites de la série Monsters (Netflix)

Sage comme une image

 

Evan Pankratov photographié par Heifetz

1966 : Florence dévastée. Un grand film s'en est souvenu.

 34 morts dont la moitié dans la capitale de la Toscane, 50 000 familles sans abri, 6000 commerces détruits, un pont emporté, l'eau et des torrents de boue détruisant sur leur passage de nombreux chefs-d’œuvre de l'histoire de l'art, tel qu'on peut le voir dans le film magistral de MarcoTullio Giordana Nos meilleures années, (La meglio gioventù) (1) dont les protagonistes rejoignent les centaines d'étudiants bénévoles venus du monde entier (les Mud Angels) pour aider les familles et tenter de sauver tant d'incunables détériorés quand ils ne furent perdus à tout jamais (voir la fin du document) : les inondations de novembre 1966 sont encore présentes dans toutes les mémoires, à Florence.

Document (en italien) des actualités télévisées de l'époque :


Nicola (Luigi Lo Cascio) et Matteo (Alessio Boni), les deux frères de Nos meilleures années, à Florence

(1) Le chef-d'œuvre de M.T Giordana est visible sur de nombreuses plateformes en VOD : deux fois trois heures presque trop courtes.

À sa sortie, le film est resté plus de 24 semaines au cinéma dans les salles parisiennes grâce au grand succès rencontré par le public. Ressorti durant le Festival Lumière 2018, Nos meilleures années figure pourtant peu dans les films qui ont pu marquer le cinéma. Cet ajout au sein de la plateforme VOD (initialement MUBI) redonne une visibilité appréciable à ce grand film du cinéma italien contemporain. 

Le malheur des uns...

 


mardi 8 octobre 2024

Hautement baroque

 

Gioele Borghello par Giuseppe Riserbato
Ce Gioele,
un rien l'habille !

Le parcours du blogueur de fond

Petit cadeau bonus

Rejoint, entretemps, par un commentateur très apprécié, un ami, frère en littérature, m'écrivait combien il appréciait les changements récents, dans la teneur des billets de ce journal que je m'efforce de maintenir quotidien, malgré mes activités professionnelles. Curieusement, si je constate une baisse des commentaires, ce blog attire un nombre croissant de "pages vues". Les images d'anges y sont pour beaucoup, certes, mais les avis, moins nombreux, me semblent davantage "intelligents". Je ne modère que s'ils sont hors sujet, agressifs ou stupides à mon sens. Parfois, un commentateur "exige" une modification, comme si j'étais rétribué pour mon travail. C'est passablement irritant. Suggérez : c'est plus courtois et j'en prends compte. Enfin, je me réserve le droit de donner mon ressenti sur les sujets de société qui empoisonnent notre vie de chaque jour. Je ne m'en priverai pas, même si j'ai reçu des injonctions de m'en tenir à la diffusion de photos de garçons. En résumé, je fais comme si j'étais chez moi. C'est le cas. On peut toujours aller voir ailleurs si je n'y suis pas.