Je ne peux, en mea culpa, qu'abonder dans son sens en ce qui concerne la part non négligeable du soutien que Peyrefitte apporta à la "cause", à une époque où la seule évocation d'une "Marche des libertés" eût été inconcevable.
Pour le reste, même si A. Deléry a sa vision de la personnalité de R.Peyrefitte, je ne peux me départir de l'impression tant soit peu désagréable que m'a laissé la lecture de certains livres de l'écrivain.
La mise au point de Deléry n'en reste pas moins très utile.
La voici :
"Je vous remercie de votre intérêt pour mon livre, et de votre critique.
Elle m'avait échappée mais je l'aurais sans aucun doute découverte, me rendant régulièrement (et toujours avec beaucoup de plaisir) sur votre site.
Vous n'êtes pas tendre avec Peyrefitte!
Certes, sa carrière parait très contrastée.
Il y a incontestablement un "avant" et un "après" dans son œuvre. Comme beaucoup de lecteurs, je considère que ses livres ont été moins bons après "l'Exilé de Capri".
Pour autant, je crois que c'est une erreur de le réduire aux seules "Amitiés particulières", certes son chef d’œuvre.
Son évocation de Fersen, dans "Les amours singulières", son livre sur l'Italie "Du vésuve à l'Etna", par exemple, sont de très beaux livres, très bien écrits. J'ai aussi tenté de montrer que son talent n'avait pas disparu après "L'Exilé".
Certes, "Manouche" et "tableaux de chasse", qu'il a écrit pour complaire à Albin Michel, éditeur qui fut pour lui un véritable mauvais génie, en l'encourageant dans une pente scandaleuse et scabreuse que Flammarion avait su décourager, sont de très mauvais livres, comme Roy que vous citez.
Mais les 3 tomes d'Alexandre sont magnifiques (en particulier la Jeunesse, 2 tomes en poche). Son "Retour en Sicile", son dernier vrai livre (d'ailleurs inachevé) montre qu'il avait encore un style classique d'une très haute qualité.
Enfin, fut il sulfureux?
Je trouve que vous faites bon marché du rôle très important qu'il a eu dans la libération homosexuelle; son attitude a été constamment courageuse, et lui a couté cher: écarté des honneurs, il traîne une réputation détestable qui nuit à la postérité de son œuvre, dont j'ai montré qu'elle reposait plus sur des légendes complaisamment répandue par les nombreux ennemis qu'il s'était faits que sur des réalités (ainsi de son soit-disant antisémitisme ou de ses prétendues accointances avec l'extrême-droite).
Certes, il ne cachait pas son attirance pour les adolescents (son âge de prédilection se situant quand même plus vers 15 ou 16 ans que vers 12...Ce n'est pas la même chose, me semble t-il).
C'est très mal, mais ces choses là existent (pour reprendre l'expression du dernier épisode de Louis, garçon facile!); pouvait-il ne pas en parler ou vivre dans une hypocrisie qu'il a toujours refusée?
Quant à son histoire avec Alain-Philippe Malagnac, elle a quand même duré presque 40 ans, avec des vicissitudes! On est loin d'une histoire d'ogre et de petit poucet, d'autant qu'en occurrence, l'ogre a été mangé par le petit poucet...
Certes, il avait 12 ans et demi quand Peyrefitte l'a rencontré; mais j'ai recueilli sur Malagnac des témoignages très proches, qui montrent l'extraordinaire maturité du personnage.
Elle m'avait échappée mais je l'aurais sans aucun doute découverte, me rendant régulièrement (et toujours avec beaucoup de plaisir) sur votre site.
Vous n'êtes pas tendre avec Peyrefitte!
Certes, sa carrière parait très contrastée.
Il y a incontestablement un "avant" et un "après" dans son œuvre. Comme beaucoup de lecteurs, je considère que ses livres ont été moins bons après "l'Exilé de Capri".
Pour autant, je crois que c'est une erreur de le réduire aux seules "Amitiés particulières", certes son chef d’œuvre.
Son évocation de Fersen, dans "Les amours singulières", son livre sur l'Italie "Du vésuve à l'Etna", par exemple, sont de très beaux livres, très bien écrits. J'ai aussi tenté de montrer que son talent n'avait pas disparu après "L'Exilé".
Certes, "Manouche" et "tableaux de chasse", qu'il a écrit pour complaire à Albin Michel, éditeur qui fut pour lui un véritable mauvais génie, en l'encourageant dans une pente scandaleuse et scabreuse que Flammarion avait su décourager, sont de très mauvais livres, comme Roy que vous citez.
Mais les 3 tomes d'Alexandre sont magnifiques (en particulier la Jeunesse, 2 tomes en poche). Son "Retour en Sicile", son dernier vrai livre (d'ailleurs inachevé) montre qu'il avait encore un style classique d'une très haute qualité.
Enfin, fut il sulfureux?
Je trouve que vous faites bon marché du rôle très important qu'il a eu dans la libération homosexuelle; son attitude a été constamment courageuse, et lui a couté cher: écarté des honneurs, il traîne une réputation détestable qui nuit à la postérité de son œuvre, dont j'ai montré qu'elle reposait plus sur des légendes complaisamment répandue par les nombreux ennemis qu'il s'était faits que sur des réalités (ainsi de son soit-disant antisémitisme ou de ses prétendues accointances avec l'extrême-droite).
Certes, il ne cachait pas son attirance pour les adolescents (son âge de prédilection se situant quand même plus vers 15 ou 16 ans que vers 12...Ce n'est pas la même chose, me semble t-il).
C'est très mal, mais ces choses là existent (pour reprendre l'expression du dernier épisode de Louis, garçon facile!); pouvait-il ne pas en parler ou vivre dans une hypocrisie qu'il a toujours refusée?
Quant à son histoire avec Alain-Philippe Malagnac, elle a quand même duré presque 40 ans, avec des vicissitudes! On est loin d'une histoire d'ogre et de petit poucet, d'autant qu'en occurrence, l'ogre a été mangé par le petit poucet...
Certes, il avait 12 ans et demi quand Peyrefitte l'a rencontré; mais j'ai recueilli sur Malagnac des témoignages très proches, qui montrent l'extraordinaire maturité du personnage.
Pour finir, ses "ragots"; ils semblent aujourd'hui peu de choses, au regard du grand déballage de la presse people; ils ont contribué à montrer au grand public que l'homosexualité existait dans tous les milieux et n'était pas une tare ou une maladie de quelques maudits; ils ont révélé l'hypocrisie cafarde de ceux qui, comme Mauriac, homosexuels cachés, vouaient publiquement les homosexuels aux gémonies!"
Antoine Deléry
2 commentaires:
Le "mea culpa" n'est-il pas excessif ? Il faut replacer l'homme et son oeuvre dans l'histoire : Peyrefitte a connu la non - pénalisation (legs de la Révolution), la pénalisation (voulue par le régime de Vichy) voulue par une fraction des conservateurs (voir l'amendement Mirguet), l'abrogation de la pénalisation (avec Robert Badinter). Son exemple a facilité le combat des pères de la libération, obtenue par le mouvement gay.
Oublieuse mémoire :
En 63 Jean Delannoy met en scène le film qui permet à un jeune figurant de rencontrer Peyrefitte dans la cuisine de l'abbaye de cistercienne de Royaumont, lieu de tournage.
Ils avaient de l'audace.
En 62, le chanteur Charles TRENET avait fait de la prison après qu'un voisin ait dénoncé à la police le passage de jeunes gens dans sa piscine privée.
Roger
Enregistrer un commentaire