Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 23 mai 2015

Cadeau : et Beethoven inventa... le jazz* !



C'est l'une des dernières interprétations publiques d'Alfred Brendel, rangé des Steinway depuis.
La dernière Sonate de Beethoven est, sans contestation possible, l'une des clés de voûte de l'art pianistique, avec, selon moi, la Sonate en Si mineur de Liszt**.
Thomas Mann (encore lui !), dans son Doktor Faustus fait référence à cette oeuvre, la qualifiant "d'adieu à la Sonate", comme si, pour lui, ces pages, les dernières de Beethoven pour ce qui est de cette forme, signaient l'arrêt de mort du genre, car définitivement insurpassables. À mon avis, toutefois, Liszt le contredit.
L'incroyable, c'est le modernisme de ces pages du Maître de Bonn que la surdité a frappé depuis longtemps déjà. Il compose cette pièce entre 1820 et 1822, 5 ans avant sa mort, et, pour paraphraser certain jeune pianiste de mon entourage se tape un "grave délire" ! Dans l'extrait ci-dessus, vos oreilles ne vous tromperont pas : vers 6'30, on croit entendre un chorus (ici, une variation) de jazz !
À l'heure où le mot "génie" est appliqué à n'importe quoi, le terme, accolé au nom de Beethoven, véritable génie visionnaire, remet les pendules à l'heure.

* Bon, Bach, aussi, ok !
** À écouter par Claudio Arrau, si vous avez une demi-heure (mais vous la trouverez, n'est-ce-pas ?), ici : clic

5 commentaires:

Maxence 25 a dit…

Très étonnant, entre boogie et ragtime.

joseph a dit…

et Beethoven inventa aussi le piano quasi couché, puisque pour sentir les vibrations du sol, il avait fait raccourcir les pieds de piano

Anonyme a dit…

La version Pollini est bien belle aussi !
-Cornelis-

Anonyme a dit…

Dans l'interpretation de Ivo Pogorelich de cette sonate (DGG-1982), le "jazzisme" de Beethoven est plus evident.

Silvano a dit…

Absolument, M. Anonyme ; écrivons plutôt "encore plus évident", car le "jazzisme" est dans le texte.