Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


lundi 20 juillet 2015

Sicile, à boire et à manger (1)

Silvano ou presque (photo de lui-même)
Ces quelques jours en Sicile ont fait de moi une loque humaine, tant la chaleur y fut écrasante, comme vous le constaterez sur la photo prise dans les jardins qui jouxtent la pescheria (marché aux poissons) de Catane. Je dus mettre en œuvre des trésors de stratégie pour accomplir mes pérégrinations : éviter les heures les plus chaudes - s'il en était ! -, marcher le plus possible à l'ombre - quand il y en avait ! -, faire des haltes dans les ruelles balayées par une brise bien venue, retourner chez Lea, mon hôtesse, pour y arroser d'eau froide mon corps incendié, rafraîchir mon palais de moult "granite" (limone, fragola = citron, fraise) pour éviter l'asphyxie, me poser sur un banc dans une église - il en est des centaines comme dans l'autre Italie...
Sur un "palazzo" du 17è siècle
Ayant établi mon quartier général à Catane, j'y pus constater combien l'expression "terre de contrastes" propre aux dépliants touristiques s'y trouve justifiée : la via Etnea, large avenue du centre-ville, et les lieux historiques (Duomo, Teatro Massimo Bellini) bénéficient de toutes les attentions de la voirie ; mais dès que l'on s'en écarte de quelques pas seulement, le manque de moyens vous assaille immanquablement : pas un édifice, palais baroque, église médiévale, qui ne soit couvert de tags, pas une rue, un trottoir, qui ne soient jonchés des reliefs de notre "civilisation" : mégots par centaines, papiers, gobelets de plastique et autres déchets peu ragoutants. La rouille et mauvaises herbes - les bonnes sont mortes de chaleur - flétrissent les façades d'édifices qui ont connu autrefois une période fastueuse. C'en est pathétique, "ça vous brise le cœur" me dit Luca dans la voiture qui me mène à l'aéroport Fontanarossa. Français mécontents (un pléonasme !), nous n'avons pas conscience, avec nos sites bien entretenus, de Bordeaux à Paris, de Nice à Rennes, de la chance que nous avons ; ici, dans cette terre âpre, seuls les principaux monuments bénéficient de quelques soins, quand, chez nous, sont devenus obligatoires les ravalements de façades ; ici, en Sicile, les moyens financiers pour le faire sont inexistants !
Il est pourtant des merveilles préservées, comme le Palazzo Biscari, qui vaut à lui seul un prochain billet : la famille a su garder les lieux en excellent état, les ouvrant pour des "eventi" de toutes sortes, mariages, cocktails, tournages de films, de clips (Violet Hill de Coldplay, entre autres), organisant des visites quotidiennes pour un montant laissé à l'appréciation des participants.
Siracusa, Piazza del Duomo - Photo Silvano
Syracuse est visiblement mieux lotie que sa voisine, où palazzi et églises sont soigneusement entretenus ; il est vrai que la la ville chantée par Yves Montand et Henri Salvador, a été classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, et sans doute faut-il y voir relation de cause à effet. Fondée par les Grecs, la ville, édifiée sur l'île d'Ortygie a de tout temps été considérée comme la plus belle cité méditerranéenne. Des Grecs aux Alliés qui en firent un point stratégique après leur débarquement lors de la deuxième guerre mondiale, Syracuse (Siracusa, en italien) est en outre l'un des haut-lieux de l'Histoire du monde.

8 commentaires:

Celeos a dit…

Je connais bien des sites, hélas, qui n'ont, en France, pas les faveurs d'un entretien minimal. Mais je compatis à la situation italienne, ô combien ! J'ai mis la Sicile au programme de prochaines destinations, entre autres balades méditerranéennes.

Silvano a dit…

Celeos : à Syracuse, vous serez un peu (beaucoup) en Grèce ; vous devez en connaître l'histoire mieux que moi.

estèf a dit…

De la Sicile, je ne connais vraiment que Palerme où le manque de moyens est monumental, au moins dans certains quartiers. Il se dégage toutefois quelque chose que toute restauration "à la française" pourrait faire disparaître. Certains coins du Paris sublime et magnifié sont terriblement désincarnés. Ne trouvez-vous pas ?

Silvano a dit…

Ce n'est pas faux, estèf. Il faut cependant un juste milieu ; ne pas laisser mourir ce que nous ont légué nos prédécesseurs. Tout aseptiser n'est pas la bonne solution non plus.

Maxence 25 a dit…

Ravi de retrouver votre humour, Silvano. (en début d'article, c'est parfait !)

Anonyme a dit…

Je suis une nouvelle fois en cette si belle Italie que vous aimez tant.
Bologne, demain Modène, et vendredi Ravenne.
Je pense à vous en voyant l'art de vivre, de manger, en visitant églises et musées, en déambulant dans les rues, croisant de superbes anges, comme celui qui téléphonait en boxer depuis son balcon, hier soir, via del inferno, cela ne s'invente pas. Mais j'étais tombé dessus en venant de la rue des chanoines. (Y'a pas forcément de contradiction !)
Moi, cela ne m'empêche pas d'aller à la messe, à 8h à San Petronio. Vous y verrez une contradiction si vous voulez. Mais c'était la fête de Marie Madeleine. Le prêtre a préféré choisir le sage Paul plutôt que le Cantique des Cantiques, au choix comme première lecture.
Tombé en pleurs, devant la mise au tombeau de Santa Maria de la Vitta. Là encore, on n'a pas peur des contrastes.
Mais san Stefano et le tombeau de Saint Dominique, comme l'oratoire de saint Colomban, c'est à couper le souffle aussi. L'homme de Castille meurt ici, quelques années avant qu'un autre castillan, roi, ne soit ici même fait empereur.
Et tout cela avec la plus vieille université au monde.
J'arrête là.
Bien à vous
Xavier

Anonyme a dit…

Bon Jour, je suis de Catania et ayant lu votre articule de ma ville, je voudrais dire la mien: c'est tout vrai sur les dechets, les ecrit sur murs,les banlieux degradeè etc. touts fenomens exterieus. La profonditè di une regione comme la Sicilie va rechercheè entre les visages des gents, dans ses yeux qui expriment souffranges pour les mal gouvernement, la mafia et, comme il a dit Lampedusa, "une insulariteè terrificante", cet a dire, la incapaciteè de exprimer ses sentiment, meme les plus intimes. Terre de contrastes ! rien de plus vrai mais c' est un valeur ajoutée: les contrastes produire : solidarieteè vers l'immigrantes qui approdente in Sicilie, richesses de cultures e races; et alors, Qu'est ce qui empêche une Sicile plus riches et ordineè? La richesses de touts.

Silvano a dit…

Bonjour, lecteur "catanese" ! Je suis très heureux d'avoir votre point de vue. Rassurez-vous, c'est exactement l'impression que j'ai eue. La prochaine fois, ajoutez votre prénom ou un pseudo, merci.