Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


lundi 8 mars 2021

Les désarrois de l'élève Törless (rediffusion)

Après avoir vu sur l'indispensable Arte l'excellent documentaire Lotte Eisner - Par amour du cinéma, je suis allé chercher dans la cave de Gay Cultes, le billet sur Der junge Törless publié en décembre 2011.
Volker Schlöndorff intervient à plusieurs reprises dans ce "doc" passionnant, lui qui fréquenta assidument la Cinémathèque Française d'Henri Langlois dont Lotte Eisner fut la merveilleuse complice.
Vous pouvez voir cette belle évocation d'Arte jusqu'au 25 mars ici : clic.



L'histoire :
Un village à l'époque de la monarchie austro-hongroise. Jeune homme sensible et réservé, Törless devient pensionnaire dans un collège pour fils de la noblesse. Il se lie d'amitié avec Beineberg et Reiting, deux adolescents au caractère tyrannique. A ses heures de sortie, il rend visite à Bozena, une prostituée qui apprécie les jeux pervers.

Un jour, Basini, l'un de ses camarades de classe, dérobe de l'argent appartenant à Beineberg. Découvert, le jeune voleur passe en jugement devant ses camarades. Reiting lui propose alors un curieux marché : leur silence auprès des autorités enseignantes contre sa soumission totale. Basini accepte de devenir leur esclave.


Témoin intéressé par le comportement de cette " victime " consentante, Törless devient, sans s'en rendre compte, complice de ses tortionnaires. Les deux "tyrans" raffinent leurs tortures allant jusqu'à pendre Basini par les pieds devant la classe entière. Lié par sa complicité tacite, Törless est dans l'impossibilité d'intervenir. L'arrivée de professeurs sauve Basini du lynchage. Effrayé par la férocité de ses camarades, Törless choisit de fuir, puis il revient.



Un conseil de professeurs se réunit pour élucider les événements. Beineberg et Reiting parviennent à minimiser leur rôle néfaste tandis que Törless essaie en vain d'expliquer les raisons de sa complicité. Jugé trop vulnérable, il est rendu à sa famille.

(Fiche "Monsieur Cinéma")

C'est en 1966 que sort ce beau film triste adapté du roman de Robert Musil.
A la réalisation, Volker Schlöndorff, qui cueillera une Palme d'Or à Cannes en 79 avec "Le tambour".
Cruauté, perversité adolescente dans un monde en déliquescence, sont la marque d'un film sans concession hanté par l'apparition de l'alors tout jeune Matthieu Carrière qui crève l'écran et suffit à "porter" les film vers les sommets.
Il faut rendre hommage aussi à Marian Seidoski en Basini persécuté et, bien sûr, à l'adaptation signée Herbert Asmodi qui permet à Schlöndorff de recréer l'atmosphère oppressante du roman de Musil.

Le film "lance" donc le beau Matthieu Carrière qui ne cessera de tourner ensuite, en France et surtout en Allemagne où il poursuit sa... carrière (sorry !) (filmographie ici : clic).

Billet du 25 septembre 2009

6 commentaires:

palomar a dit…

Bonjour. À noter que le roman de Musil (comme le reste de son œuvre, d'ailleurs) est traduit en français par l'immense Philippe Jaccottet qui est décédé très récemment.

Silvano a dit…

Merci de le rappeler, palomar : effectivement, cet homme aux multiples talents fut aussi un grand traducteur ; notamment de Rilke et de Thomas Mann. Ce dernier pour la meilleure édition à ce jour de "La mort à Venise".

Pippo a dit…

Votre présentation du roman de Robert Musil est excellente, cher Silvano, bravo!
Et que pensez-vous de son Homme sans qualité? Rien que d'avoir dénommé Cacanie l'Autriche-Hongrie est une trouvaille réjouissante. Bonne journée.

Xersex a dit…

Cacanie ou Kakanie K.u.K.
Dans l'empire austro-hongrois k.u.k. était l'acronyme de kaiserlich und königlich.

Dans L'Homme sans qualités, Robert Musil appelle en plaisantant Cacania, l'empire dans lequel se déroule le roman: cela est dû à l'association phonétique avec "la formule" impérial et royal.

jacques a dit…



Non seulement traducteur de l'allemand et de l'italien, Ph. Jaccottet a traduit du russe et du grec. Il a traduit l'Odyssée ( grec du VIII ème av.JC) en respectant la même métrique de quatorze pieds.
Il a traduit la poésie de Hölderlin ( édition de la Pléiade ).
Son oeuvre, c'est surtout sa Poésie dont il dit :" la justification profonde de la poésie, c'est que finalement elle vous porte très au-dessus de vous même."

Anonyme a dit…

Dans l'homme sans qualités de nombreux paragraphes évoquent la musique. Cela dit Matthieu Carrière était bien mignon...
Jbbd