Le journal quotidien - non hétérophobe - de Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007. Photo en-tête Mina Nakamura "La gravité est le plaisir des sots"
Cette photo de Finny Tapp est dans le droit fil de mon billet de dimanche dernier qui traitait de l'élégance. New-York est l'une des seules grandes villes des États-Unis préservée des trumpettes de la mort. Ce garçon a une grande qualité : il n'est pas hétérosexuel. S'il pose en petite tenue, c'est toujours avec le sens de l'originalité. Le photographe Eduardo Brassai n'est sans doute pas étranger au concept :
Le photographe a titré : Finny en blanc, ne sachant où aller
Mais le principal atout du garçon est son sourire franc, d'un beau gosse qui aime la vie :
Préparation pour la "pride" de N.Y
J'ai déjà publié la suivante, mais abondance de bien…, n'est-ce pas ?
Regardant cette vidéo, j'ai une pensée pour Nina Simone, qui ne put entreprendre la carrière de concertiste dont elle rêvait en raison de son genre et de sa couleur de peau : c'était trop pour Notre époque n'a pas que des inconvénients, qui permet l'éclosion de talents, tel celui de la jeune Isata Kanneh-Mason . La "féminitude" s'invite ainsi, aujourd'hui, dans ces pages, en hommage de femme à femme, avec ces deux œuvres de Clara Schumann, épouse de Robert, dont ce dernier jalousait la technique et le toucher. Madame Schumann (1819-1896), compositrice et pianiste, est enfin reconnue et jouée de plus en plus. Il aura fallu pas mal de temps.
Deuxième mouvement, Adagio, de la Sonate en sol mineur de Clara Schumann
Isata Kanneh-Mason est britannique. Née en 1996, elle fut lauréate du prix Leonard Bernstein 2021 et du prix Opus Klassik 2020 du meilleur jeune artiste. Auparavant, elle a pu entrer à la Royal Academy of Music grâce à la bourse Elton John, avec lequel elle s'est produite en 2013 à Los Angeles.
Dans un petit jeu, je demandais de quel film était extraite une image animée diffusée ici il y a peu. Une terrasse, le vent qui joue avec un rideau et l'on perçoit les effluves d'une conversation qui ira s'amplifiant quand la caméra de Visconti nous emmènera jusqu'au salon dans lequel converse la famille du Guépard. La semaine dernière, sur la Piazza Maggiore, où trône le Neptune le plus érotique qui soit, les "Bolognese" ont pu voir ou revoir le film du grand cinéaste. Un orchestre jouait tous les passages sur lesquels la musique de Nino Rota règne en majesté. J'aurais bien aimé communier avec cette fervente assemblée.
Avant les grandes vacances, j'eus une conversation sur l'élégance avec mes élèves grands adolescents. L'un deux, sarcastique, me fit remarquer — Oui, mais à notre âge, pas besoin de faire trop d'efforts ! J'accusai le coup, rétorquant néanmoins qu'à "leur âge", je soignais mon apparence vestimentaire malgré mes faibles ressources. Le fils d'une famille plus aisée, d'une beauté qui affolait toutes et tous au lycée, m'offrait, de temps à autre, des vêtements de marques qu'il avait très peu portés. Malgré son intérêt pour les jeunes femmes, il m'offrait également son corps, faisant de moi le seul amant qu'il eut dans sa vie. Pour revenir à cette conversation, j'objectai qu'une allure choisie avec soin était révélatrice d'un respect de soi et des autres. Autres temps…
La version de Michel Corboz du Requiem de Gabriel Fauré est ma préférée. Ici, dans le PieJesu, la voix de l'enfant monte jusqu'au ciel. On peut être mécréant, comme moi, et constater que la foi peut, dans toute forme d'art, faire des miracles.
Soprano : Alain Clément
Baryton : Philippe Huttenlocher
Orgue : Philippe Corboz
Maîtrise Saint-Pierre-aux-Liens de Bulle
Chef de Choeur : André Corboz
Orchestre Symphonique de Berne
Direction : Michel Corboz Pour écouter l'œuvre en entier, veuillez cliquer : ici.
Pour moi, Sviatoslav Richter est le plus grand pianiste du XXᵉ siècle et, pour le moment, du suivant, même si la période actuelle a donné le jour à quelques musiciens exceptionnels. Pour vous en convaincre, je vous demande d'écouter avec un bon son (ne serait-ce qu'une bonne enceinte connectée), le premier mouvement de cette sonate d'un Schubert dont l'existence fut sans cesse de meurtrissures. Toutes ces douleurs, Richter nous les transmet mieux que personne. L'incroyable maîtrise des nuances, dont les plus beaux "crescendo" * qu'il m'a été donné d'entendre, font de ce disque édité par Decca en 1994 un sommet de la musique enregistrée.
Sous l'enregistrement public que nous offre YouTube (ici : clic), un commentateur chinois écrit ceci : "J'y ai vu les années s'écouler, les feuilles pousser et verdir, et le vent d'automne les arrose à nouveau jusqu'à ce qu'elles soient recouvertes de neige, attendant la prochaine réincarnation. Hors de l'univers, de petites planètes inconnues flottent dans l'obscurité et le vide, vastes et solitaires. Mais à nos yeux, elle a traversé le temps et est aussi un diamant étincelant qui illumine le cœur des gens."
* Crescendo (créchen’do) : augmentation progressive du son. Gérondif du verbe italien "crescere" (croître).
Le décès de Thierry Ardisson a touché beaucoup de Français. Son empreinte dans le paysage audio-visuel est indélébile. Le document diffusé par Tf1, La face cachée de l'homme en noir, trace un portrait contrasté d'un homme dont la vie fut tumultueuse. Concernant Juan-les-Pins, il s'avère que j'ai connu, bien après, celui qui le "découvrit" sur la plage et l'engagea comme disquaire (on ne disait pas encore disc-jockey) du Whisky à gogo. Dans son autobiographie, Ardisson ne faisait pas mystère de ses expériences homosexuelles de l'époque.
Thierry Ardisson,17 ans, au Whisky à Gogo de Juan-les-Pins
Ange gracile, presque androgyne, Jace Cameron n'est pas seulement modèle : il est aussi musicien et chante joliment. La vidéo ci-dessous, tendrement gay, date de 2023. Jace s'est légèrement remplumé depuis.
Conan Gray est un auteur compositeur interprète américain d'origines irlandaise et japonaise. Gay, il fut victime de harcèlement et de violences au lycée. Il fut ensuite mis à la porte du domicile de ses parents. Il fait partie des artistes de "Republic", la maison de disques d'Amy Winehouse et d'Ariana Grande, entre autres artistes à succès. Sans ambiguïtés, ces deux vidéo-clips connaissent un énorme succès.
Le sympathique (et sexy) Nacho Penin, apprécié ici à maintes reprises, aurait arrêté le mannequinat pour se consacrer au restaurant que ses gains lui ont permis d'ouvrir à Madrid. Sage décision. Les deux photos, signées Cole Fawcett datent de 2021.
Les plus anciens pourront établir un parallèle avec la situation en France, le billet évoquant les mouvements de libération qui ont vu le jour en Espagne, à l'époque du franquisme agonisant. La France avait tracé la voie avec, notamment, le GLH et le FHAR.
Je recommande .
D'autant que, pareillement à GC, figure dans la colonne de droite un lien vers la traduction.
Enzo Staiola, l'enfant du film Le voleur de bicyclette, est mort le 5 juin dernier à l'âge de 86 ans. Au cours de mes pérégrinations italiennes, s'il m'arrive de déguster une "Mozzarella in carrozza",
je pense immanquablement à cette scène du film de Vittorio De Sica.
L'étranger, de François Ozon, d'après le chef-d'œuvre d'Albert Camus, sortira au cinéma le 29 octobre prochain. Aux côtés de Benjamin Voisin, Rebecca Marder et Pierre Lottin : ça promet !
Il s'agit de l'acteur américain Don Johnson — vous savez, Deux flics à Miami ! — faisant ses débuts, à vingt ans, dans Le jardin magique de Stanley Sweethehart, un film de Leonard Horn réalisé en 1970 sur un jeune homme qui tente de comprendre la révolution sexuelle.
Cette superbe photo est très étrange, Johnson apparaissant nu, posant clairement comme une pin-up.
Le regretté Etienne Roda-Gil, auteur du texte original, serait fort surpris. C'est bon de rire parfois !
* Des pompiers parisiens vendaient, l'autre matin, des billets de loterie pour leur bal. On a l'impression qu'il y a eu un casting de beaux gosses pour assurer le succès de l'opération.
C'est l'un des concertos (en entier !) les plus connus de Mozart. Mais servi, ici, par deux monstres sacrés :
Claudio Abbado, le chef que l'Italie a tant pleuré quand il quitta ce monde et Friedrich Gulda, qui figure très haut dans mon Panthéon des pianistes. Personnage atypique, homme libre, Gulda, musicien d'exception, flirta avec le jazz : il terminait certains de ses concerts par une fugue à faire swinguer les dormants du Père Lachaise et fut l'ami de Chick Corea et de Keith Jarrett, qui le vénérait.
Le théâtre de La Scala de Milan a averti les spectateurs qu'ils ne pourront pas entrer sur le site s'ils arrivent en tenue de plage, notamment des shorts, des débardeurs ou des tongs, y compris pour les visites en journée. Cela fait suite à des plaintes selon lesquelles certains membres du public arrivaient habillés pour la plage et non pour l'opéra . Un avertissement a été placé sur les billets et sur le site web de l'opéra et un panneau « Règles de conduite » est désormais installé à l'entrée du théâtre. Il demande aux détenteurs de billets de « choisir une tenue vestimentaire conforme au décorum du théâtre » et précise que « les spectateurs portant des débardeurs, des shorts et des tongs ne sont pas autorisés ». Ceux qui arrivent habillés de manière inappropriée aux yeux de l'opéra ne seront pas remboursés. Ce code vestimentaire vient renforcer l'interdiction d'apporter à manger et à boire pour les représentations, d'enregistrer et de filmer. On en est arrivés là ! (Info Via Classic fm)
Mes lecteurs les plus fidèles savent combien cette disposition me chagrine. D'aucuns, là-bas, ont d'abord pensé que la mesure prévenait la jeunesse. Que nenni, selon les gestionnaires de la prestigieuse salle milanaise ! En vrai réalité, ce sont essentiellement les comportements de certains touristes qui l'ont motivée. Le porte-parole de La Scala a ajouté qu'il y avait eu un "changement de comportement mené par les visiteurs qui ne suivent pas l'opéra, mais voient La Scala comme un point de repère."
Une touriste prenant un bain de soleil au bord d'une fontaine à Milan (Photo Alamy)
À Venise, les "carabinieri" sont obligés de sanctionner les visiteurs qui fufent leur "gelato" sur les marches des ponts ou des musées, retardant les Vénitiens qui bossent.
Je citai Oscar Wilde, hier, en prélude à... un Prélude de Chopin. Sur le pianiste compositeur aussi Français que Polonais, Marcel Proust écrivit ceci :
Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots Qu’un vol de papillons sans se poser traverse Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots. Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce, Toujours, tu fais courir entre chaque douleur L’oubli vertigineux et doux de ton caprice Comme les papillons volent de fleur en fleur ; De ton chagrin alors ta joie est la complice : L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs. De la lune et des eaux, pâle et doux camarade, Prince du désespoir ou grand seigneur trahi, Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pâli, Du soleil inondant ta chambre de malade Qui pleure à lui sourire et souffre de le voir… Sourire du regret et larmes de l’Espoir !
Marcel Proust, Les Plaisirs et les Jours, Portraits de peintres et de musiciens 1896 Illustration : Chopin d'après P.Schick