Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 12 février 2008

Trenet, au paradis des poètes.




Dans les années 70, le nom de Charles Trenet glissé dans une conversation entre deux garçons était une sorte de signe de reconnaissance : à l'heure de la pop et du rock triomphants, évoquer ce chanteur-poète était une sorte de référence car l'orientation sexuelle du "fou chantant" avait été révélée par une "affaire de moeurs" comme on disait alors qui avait mis l'artiste au ban d'infamie, au point que, sur les plateaux de télévision, rares étaient ceux qui osaient encore le saluer !
Dans la France gaulliste de 1963, le grand auteur-compositeur avait été "traîné" devant les tribunaux à la suite d'une plainte pour "outrage à la pudeur" et "attentat aux moeurs" après avoir été victime d'une dénonciation calomnieuse de la part d'un employé récemment licencié disant l'avoir "surpris" (!) en compagnie de 4 jeunes hommes*.
Lors du procès qui s'ensuivit, le "témoignage" de l'employé éconduit accabla encore un peu plus le chanteur qui écopa d'un an de prison avec sursis et de 10.000 francs d'amende.
En "préventive", il fut jeté en prison pendant un mois, épreuve qui affecta durablement sa carrière.

Ce n'est qu'en 1983 que l'autre "grand Charles" eut droit, grâce à Jack Lang, à la reconnaissance unanime de ses pairs : Trenet, en effet, est l'inventeur de la chanson française moderne, d'une manière neuve d'ordonner couplets et refrains, d'utiliser les modulations, le recours aux "ponts".
Il sut, le premier, faire "swinguer" ses ritournelles, empruntant au jazz ses orchestrations, ralliant les "zazous" dans l'immédiat après-guerre.
Mais Charles Trenet fut avant tout un poète qui, au delà de ses "standards" internationaux ("La mer", mais aussi "Que reste-t-il de nos amours" connu à l'étranger sous le titre "I wish your love") laisse des œuvres aussi essentielles que "La folle complainte", "Mam'zelle Clio", "L'âme des poètes", "Revoir Paris"...
Impossible ici de citer la discographie pléthorique d'un artiste qui atteint souvent au génie.

Pour l'anecdote, l'ayant croisé une fois dans ma vie alors qu'il venait acheter un piano à Antibes, je m'en souviens comme d'un homme peu sympathique, bourru, capricieux.
Un jeune et bel ami de l'époque que Trenet avait pris en auto-stop en garde un souvenir bien différent.





La Mer (Beyond the sea), succès planétaire, chanson parfaite, semble partie pour l'immortalité...

* Cette "affaire" symbolise parfaitement l'amalgame fréquemment constaté entre "pédérastie" et "pédophilie" : Trenet n'était absolument pas pédophile ; il était attiré par les jeunes gens.
A l'époque des faits, la majorité sexuelle des garçons était "décrétée" effective à 18 ans !
Depuis la présidence Mitterrand, elle est, en France, fixée à l'âge de 15 ans.
Ce qui n'occulte en rien les lois sur le "détournement de mineur".

Un site à visiter, celui des Amis de Charles Trenet.
Et également, le site de l'Institut Charles Trénet : clic

1 commentaire:

Daniel a dit…

Il y a un dicton qui dit que les rouquins sont tout bon ou tout mauvais ! Cependant , cette chanson est vraiment belle et il a une voix merveilleuse .