Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


jeudi 18 juillet 2013

Je veux
me 
perdre
dans la
forêt des
lutins.

7 commentaires:

Pierre a dit…

"Alors m’éveillerai-je à la ferveur première / Droit et seul, sous un flot antique de lumière"
Mallarmé - L'après-midi d'un faune.

Pierre a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=Ncz-D1Vf13M

joseph a dit…

Ronde

[Les vieilles]
N'allez pas au bois d'Ormonde,
Jeunes filles, n'allez pas au bois:
Il y a plein de satyres, de centaures, de malins sorciers,
Des farfadets et des incubes,
Des ogres, des lutins,
Des faunes, des follets, des lamies,
Diables, diablots, diablotins,
Des chèvre-pieds, des gnomes, des démons,
Des loups-garous, des elfes, des myrmidons,
Des enchanteurs et des mages,
Des stryges, des sylphes, des moines-bourrus,
Des cyclopes, des djinns, gobelins,
Korrigans, nécromants, kobolds ...

[Les vieux]
N'allez pas au bois d'Ormonde,
Jeunes garçons, n'allez pas au bois:
Il y a plein de faunesses, de bacchantes et de males fées,
Des satyresses, des ogresses et des babaïagas,
Des centauresses et des diablesses,
Goules sortant du sabbat,< br /> Des farfadettes et des démones,
Des larves, des nymphes, des myrmidones,
Hamadryades, dryades, naïades, ménades, thyades,
Follettes, lémures, gnomides,
Succubes, gorgones, gobelines ...
N'allez pas au bois d'Ormonde.

[Filles et garçons]
N'irons plus au bois d'Ormonde,
Hélas! plus jamais n'irons au bois.
Il n'y a plus de satyres, plus de nymphes ni de males fées.
Plus de farfadets, plus d'incubes,
Plus d'ogres, de lutins,
De faunes, de follets, de lamies,
Diables, diablots, diablotins,
De chèvre-pieds, de gnomes, de démons,
De loups-garous, ni d'elfes, de myrmidons,
Plus d'enchanteurs ni de mages, de stryges, de sylphes,
De moines-bourrus, de cyclopes, de djinns,
De diabloteaux, d'éfrits, d'aegypans, de sylvains, gobelins,
Korrigans, nécromans, kobolds ...
N'allez pas au bois d'Ormonde,
Les malavisées vieilles,
Les malavisés vieux
Les ont effarouchés. Ah!
Comme quoi Ravel n'avait pas que la musique des notes mais aussi des mots (en général cette oeuvre se chante en moins de deux minutes - parole d'exécutant)

Silvano a dit…

@Joseph : joli !
@Pierre : je l'avais publié autrefois. Je réinsèrerai volontiers, merci.

JC Heckers a dit…

" On raconte que les montagnes furent le domaine réservé de Diane, et qu’elle en avait interdit l’accès après que Bacchus y eut semé la dévastation, un soir d’ivresse prononcée. Ceci expliquerait autant l’interdiction faite aux mortels d’y pratiquer la chasse que la curieuse façon qu’a la Forêt de refouler les intrus. La légende justifie que la région soit celle des sortilèges, et que par exemple entre deux clignements de paupières un chemin disparaisse, change de direction, ou surgisse, selon que le marcheur doit être éconduit ou guidé. La vérité est sans doute autre : la Forêt devait être telle qu’aujourd’hui bien avant que l’on songe à la parer d’une guirlande de mythes. Ce qui en redouble l’étrangeté. On parle encore, ici ou là, d’une caverne depuis longtemps scellée, creusée lors de la chute d’une étoile, qui détiendrait les secrets de cette contrée. Il est certain que c’est encore une fable. Dans les villages de la plaine elle sert d’ailleurs à effrayer les enfants, auxquels on fait craindre d’aller les perdre près du gouffre s’ils ne sont pas sages.

Il y a néanmoins une petite vallée dans laquelle nul ne saurait pénétrer. La nature y est plus sauvage et foisonnante qu’ailleurs. C’est le domaine des oiseaux. Au printemps, on sait que l’on s’en approche au vacarme qu’ils font. De temps à autre ils se taisent soudain, et s’envolent tous comme si quelque chose d’effroyable les faisait fuir. Ils franchissent les crêtes et règne alors un silence tel que l’on croirait que l’univers s’est pétrifié. Bientôt le vent tombe et une brume s’étale durant plusieurs heures. Lorsqu’elle se dissipe, quelques mésanges reviennent avec prudence. C’est pour la gent ailée le signal du retour.

Je me suis égaré, un soir, aux confins de cette fine échancrure dans la montagne, bordée de falaises livides qui font comme des lèvres à peine ouvertes. Sur l’autre versant, les lueurs du couchant dansaient de chêne en chêne. Parfois des grondements sourds montaient jusqu’à moi. Je tentai, poussé par la curiosité, de m’approcher un peu plus, mais des buissons hérissés d'épines se dressèrent vite devant moi et je dus renoncer. Lorsque je fis demi-tour j’entendis d’étranges soupirs. Ils m’accompagnèrent jusqu’à ce que j’eus rejoint mon refuge. Je n’osai jamais me retourner mais m’interrogeai ensuite durant des jours. Quels elfes m’avaient donc suivi ? A moins que, comme je l’envisageai enfin, mon imagination ne se soit jouée de moi."

De moi-même, dans un truc qui s'appelle je crois Antò. La première fois que j'ai vu cette photo, j'ai pensé à ce passage. L'aurais-je vue avant, je suis sûr qu'elle m'en aurait inspiré un autre. C'est une de celles qui, dénichées sur la toile, m'auront le plus fait danser l'imagination. Et puis, elle est magnifique. [Fin d'intervention autosatisfaite et autopromotionnelle.]

Silvano a dit…

Votre texte est magnifique, lui aussi, Jean-Christophe. Merci pour ce partage d'émotions.

Anonyme a dit…

Merci Joseph,
Merci Jean Christophe,
Roger