Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 8 avril 2009

En écoutant Frédéric

Frédéric Mitterrand devant la Villa Médicis qu'il dirige depuis peu.
Photo : SIPA

La radio de service public a du bon qui consacrait, via France Musique, le weekend dernier à la Villa Médicis dont le directeur, Frédéric Mitterrand, faisait à l'antenne des interventions très remarquées.
Outre que la voix de M. Mitterrand est, pour beaucoup, une chanson douce qui longtemps nous captiva à la radio et à la télévision (Etoiles et toiles, Acteurs Studio et ses "destinées" de grands de ce monde), le personnage est attachant à plus d'un titre pour le rédacteur de ce billet qui, relisant à la suite de quoi, cette belle "Mauvaise vie" que le neveu du président défunt nous offrit en 2005 (Robert Laffont éd.), retrouvait des émotions, des effluves enfouis d'épices marocaines et de l'alcali volatil* destiné à désinfecter les sièges du théâtre espagnol ambulant qui plantait son châpiteau au milieu de ce terrain vague là bas, autrefois, quand on était petit, dans le quartier de l'Océan, à Rabat.
C'est là qu'on adulait Sarita Montiel dont l'écrivain-cinéaste-animateur, en touche-à-tout de talent, sait nous parler sans exagérer les trémolos de sa voix familière.
La Mauvaise Vie doit bien sûr figurer en bonne place dans toute bonne bibliothèque, car chacun d'entre nous y trouvera un peu de lui-même.
Premiers émois amoureux, prise de conscience de sa "différence", difficulté ou impossibilité de se révéler aux autres tel quel l'on est, dragues sordides, amours exaltées, recours enfin aux prestations tarifées quand l'âge fait de vous, à nouveau, un exclus, un paria dans le microcosme "gay", tout est dans ce bel ouvrage, écrit d'une impudeur toute... pudique.
Bien écrit, tout simplement.
Frédéric ne le sait pas, mais nous avons une famille amie commune, des gens "de là-bas", progressistes, bons, dont l'un des membres nous a quittés hier ou tout juste avant-hier ; ce fut Frédéric Mitterrand qui, la voix moins assurée qu'en médias, prononça ce que l'on appelle encore en termes surannés, l'éloge funèbre et fit monter à mes yeux les larmes que je m'étais efforcé jusqu'alors de contenir.
Personnalité éminemment respectable, authentique, Frédéric Mitterrand mérite notre gratitude.

Nota : sur Frédéric Mitterrand, voir aussi :Festival de Cannes.

2 commentaires:

Bibliothèque Gay a dit…

Merci pour ce bel hommage à Frédéric Mitterand.
La lecture de "La Mauvaise Vie" restera un grand moment pour moi.

pepito a dit…

bien sûr ! "Fred" est un "ami intime" qui a toujours accompagné ma vie, même si nos chemins ne se sont croisés que quelques instants lors d'une séance de décicace solitaire aux "mots à la bouche".
j'ai toute une collection de podcasts de ses émissions radio sur france-cul... je suis chaque fois ravi de l'entendre !