Je n’ai pas réussi à te plaire, et je ne pense pas
y arriver jamais. Quelques mots, une approche
comme avant-hier au bar, et rien de plus.
Que ce soit triste, je ne dis pas. Mais nous autres artistes,
à force de concentration, et bien entendu pour un court
laps de temps, il nous arrive d’éprouver un plaisir
qui a presque l’apparence de la réalité.
C’est ainsi qu’avant-hier au bar - la générosité
de l’alcool y étant pour beaucoup - j’ai connu
une demi-heure d’amour parfait.
Et tu as dû comprendre, il me semble,
puisque tu as fait exprès de t’attarder un peu.
C’était une grande nécessité. Car en plus
de mon imagination, en plus de la magie de l’alcool,
il fallait que je voie tes lèvres,
il fallait que ton corps soit proche.
comme avant-hier au bar, et rien de plus.
Que ce soit triste, je ne dis pas. Mais nous autres artistes,
à force de concentration, et bien entendu pour un court
laps de temps, il nous arrive d’éprouver un plaisir
qui a presque l’apparence de la réalité.
C’est ainsi qu’avant-hier au bar - la générosité
de l’alcool y étant pour beaucoup - j’ai connu
une demi-heure d’amour parfait.
Et tu as dû comprendre, il me semble,
puisque tu as fait exprès de t’attarder un peu.
C’était une grande nécessité. Car en plus
de mon imagination, en plus de la magie de l’alcool,
il fallait que je voie tes lèvres,
il fallait que ton corps soit proche.
Constantin Cavafy -Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης- 1917
Traduction de Dominique Grandmont, En attendant les barbares et autres poèmes, Gallimard.
2 commentaires:
Un beau mercredi. Vous êtes inspiré, M.Silvano !
Oui !
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