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Pierre Deladonchamps (Franck) et Patrick d'Assumçao, bouleversant Henri |
Je n'ai jamais été un adepte des rencontres et galipettes en plein air ou en sous-sol ; c'est un pan de notre condition d'homosexuels qui m'est totalement étranger. Ce consumérisme sexuel, ce besoin de satisfaire l'envie (le mot "désir" est trop beau pour le galvauder) m'ont toujours effrayé pour ne pas dire choqué. Le film d'Alain Guiraudie ne nous épargne rien de ces ébats que les languedociens appellent "coups de dunes" pour les relativiser avec humour. L'interdiction aux moins de 16 ans est ici justifiée, ce dont conviennent la productrice, Sylvie Pialat, et son réalisateur. Mais
"L'inconnu du lac" n'est en aucune manière un film de cul, et ce, malgré quelques plans de nature à effaroucher l'hétéro "gay friendly" soucieux de se documenter sur la question. Ce dernier en aura pour son ticket de ciné et saura tout de nos pratiques, sur lesquelles, en bon "élitiste", j'aime, quant à moi, à laisser planer le mystère. Scènes de sexe sans ambages, donc, mais pas seulement, puisque, voilà que surviennent les caresses, les regards, l'amour en un mot, que l'on n'attend pas, incongru peut-être, là, au milieu des vidages de scrotum obligatoires, étincelant, oui, et tragique. C'est ce qui fait la grandeur du film de Guiraudie : malgré toutes les réticences -la mienne y compris-, on ne peut détacher son regard de l'écran large (quel beau Scope-couleurs !), se désintéresser un instant d'un scénario qui manie la dramaturgie avec virtuosité. On s'attache, certes, aux deux protagonistes principaux, beaux, mais c'est le personnage d'Henri le solitaire (Patrick D'Assumçao) , spectateur mais jamais voyeur, largué par la vie, qui nous touche, nous bouleverse, nous hante longtemps après que les lumières de la salle se rallument. L'acteur qui l'interprète est d'une justesse, d'une sincérité rares. Malgré ses aspects que d'aucuns jugeront glauques, "L'inconnu du lac" est un film lumineux, et pas seulement par son décor, magnifiquement photographié : thriller sans noirceur, film d'amour, histoire d'hommes, mais au sens le plus large du terme. Car, en effet, le tour de force de Guiraudie est de faire que, malgré les scènes décrites plus haut, chacun de nous, homme, femme, homo, hétéro, puisse se reconnaître en des personnages qui sont entièrement, totalement, humains. Tour de force, ou simplement démonstration éclatante de ce qu'est le talent, "L'inconnu du lac" est un grand film d'amour universel.
Silvano
2 commentaires:
Entièrement d'accord.
Michel aime vraiment Franck et uniquement que lui d'où cette fin... Mais c'est mon point de vue. Ce genre de film vaut largement superman et le reste même si c'est en effet l'Amour qui est choquant , la jalousie, l'intrusion de l'inspecteur, celui qu'on aime moins en gris Franck qu'on protège vénère par passion, trop passionnément sans doutes ! Cependant Franck rapelle Michel mais il ne reviendra pas, trop tard, sa passion s'en ira avec lui je pense !...
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