C'est un bel édifice (construit entre 1865 et 1901) ancré sur une place entre deux mondes, les demeures luxueuses de la via Libertà et le quartier populaire du Borgo Vecchio.
Beaucoup moins important que le Teatro Massimo, il peut accueillir un petit millier de spectateurs.
En cette soirée de juillet, l'Orchestre Symphonique de Sicile, hôte permanent du lieu, donne un concert sur la place.
Au programme, Sibelius, Tchaïkovski, Grieg, et Debussy.
Deux des œuvres ayant pour instrument solo la harpe, il n'est guère surprenant qu'en ce bruyant environnement, on ait recours à sonorisation.
Mais les organisateurs ont choisi de mettre le paquet : une multitude de micros - une forêt - a été disposée sur scène de façon à amplifier chacune des sections.
Et le résultat est... calamiteux.
" J'espère qu'on entendra bien la harpe, mon chéri. " |
Mon comparse retient à grand peine un fou-rire pendant que je m'éloigne vers les barrières qui délimitent l'enceinte des "payants" (on peut entendre gratuitement à cent lieues à la ronde, supposè-je).
L'amplification à outrance distord inévitablement le son des cordes, le téléphone portable qu'un musicien a oublié d'éteindre fait entendre un air imprévu, un violoniste donne de fréquents coups d'archet dans un micro qui les répercute comme autant de détonations...
Sibelius n'est pas plus à la fête que son collègue italien : l'imprécision rythmique - on ne sait qui, de la harpiste ou de l'orchestre court après l'autre -, la technique perfectible de cette même soliste, le volume sonore, ont raison de notre patience : on quitte les lieux dès la première pause, un peu groggy, amusés néanmoins de cette ambiance très particulière dont, en d'autres temps, les Marx Brothers auraient pu faire une scène de choix.
On n'ira pas jusqu'à exiger le remboursement de nos places à cinq euros : l'expérience, unique, les vaut bien !
Photos Silvano Mangana, juillet 2016
6 commentaires:
un peu de campanilisme: une soirèe de chaud, de nombreuses spectateur et voila pour 5 euros, qoui on y attende? le telefon que squille s'est le signe du temp, il n'a plus la pedanterie de l'accademisme, mais, il y a toujours le talent de Fanali ou de autres et sont beaucoup, ciao
catania
Oui, catania : mais, quand même, un musicien qui va sur scène avec son téléphone...
Le problème de cette soirée, surtout, ce sont les watts de la sono.
Le talent n'est pas en question.
Belle évocation !
campanilisme ?
Alex H. : peut-être une traduction "Google" de sciovinismo pour chauvinisme ? (catania, est sicilien de Catane, comme son pseudo l'indique).
pas de sciovinisme, il est maleresment que le smartphon gagne sur les stupides
catania
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