Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


lundi 3 octobre 2016

Aquarius : ah, enfin, un vrai beau film !

C'est exactement le film qu'il me fallait après l'insupportable hystérie du casting en surjeu du film de Xavier Dolan.
Une mise en scène qui ne se la joue pas, qui sait se faire humble devant  l'histoire - car, ici, il y en a une ! - de Clara, qu'incarne la bouleversante Sonia Braga, personnage attachant qu'on a envie de prendre dans ses bras, elle, si fière, si déterminée, si tendre, héroïne de cinéma (de la vie !) qu'on n'oubliera pas de sitôt. Ce grand film eût mérité, à Cannes où il était en compétition, mieux que les applaudissements (mérités) qui le saluèrent. Pour le moins, le Prix d'Interprétation, et un Grand prix, usurpé, à mon sens, par le cinéaste-qu'on-s'arrache, dont on peut attendre tellement mieux, et beaucoup plus "juste".
Le film de Kleber Mendonça Filho, inconnu de moi jusqu'à hier, ne peut que nous concerner, qui réussit l'exploit de parler de cancer sans le moindre pathos, de dénoncer la voracité des vautours de l'immobilier, la corruption qui mine le Brésil, de dresser un tableau de famille où l'homosexualité de l'un des fils de Clara est abordée, comme ça, simplement, sans qu'il en soit fait toute une histoire, situation normale où l'on s'inquiète seulement de savoir si le compagnon va bien, si l'on aura le plaisir de le rencontrer bientôt, lui, si sympathique sur la photo pudiquement révélée à une mère heureuse du bonheur de son fils. Tout simplement. Ce n'est qu'un des aspects d'un scénario impeccable admirablement mis à l'écran, servi par un travail de "chef op'" remarquable, et une bande son de haute volée qui donne, souvent, envie d'esquisser un pas de danse.
Car Aquarius, c'était une gageure (prononcer "gajure", gens de radio et de télé mal formés ! ), évite tous les écueils, et, comme le proclame une "promo" pour une fois légitimée, nous fait passer de joie à tristesse pendant deux heures et demie où, captivés, on ne s'ennuie pas une seconde.
Bravo !   

Sonia Braga-"Clara" : si fière, si tendre, et déterminée

Bonus (pour commencer la semaine avec énergie et optimisme) :


2 commentaires:

Celeos a dit…

Ben je vais essayer d'y aller... Moi aussi ça me lavera les neurones.

Enguerrand a dit…

Pas du tout d'accord avec la critique négative (il en faut bien, cependant)sur Dolan et son adaptation de la pièce de Lagarce. Rien que pour trois scènes : Celle entre Martine et Louis dans la remise de jardin, Nathalie Baye et Gaspard Ulliel, la mère et le fils, donc, est poignante !, celle de la scène d'amour de Louis et son amant, Pierre Jolicoeur avec la reprise de la chanson de Françoise Hardy,"Une miss s'immisce" par Exotica est fulgurante (et le clin d'œil à Titanic) et enfin la scène finale métaphorique du coucou s'échappant de la pendule pour mourir est superbe. Tant que les films de Dolan laissent personne indifférent et qu'au "Masque & la plume", les animateurs s'étripent pour critiquer ses films, y a de l'espoir.

Ah ! Sonia Braga ! "Le baiser de la femme araignée" (1985), c'est elle ! Mais oui !

Enguerrand