Au petit bonheur.
Les garçons qui gravitent autour de moi - je ne veux sous-entendre pour autant que je suis leur centre de gravité : ils ont de belles occupations et d'autres intimités - me font tant de cadeaux du cœur que je vous ennuierais, à la longue, en les transmettant ici jour après jour.
Je fais part aujourd'hui de quelques unes de ces joyeuses émotions qui, ça et là, parsèment mon existence parisienne d'étoiles qui trouent le ciel le plus anthracite d'autant de lumière vive.
Un soir, aux prémices de l'été, G2 (j'ai deux G dans mon ciel, dont l'autre, plus ancien), mon gentil voisin du dessus, est venu avec son petit ami et le colocataire de celui-ci (c'est fou ce qu'on co-loue autour de moi) pour un "aperitivo" (le garçon-ami de G 2 est Italien) qui s'est prolongé en rires et chansons dites "de variétés" martelées au piano par votre serviteur et chantées - fort juste - par un G2 éclairé.
G2 va rentrer sous peu d'Italie où son ami R. l'a entraîné dans un périple culturel et ludique à la fois. C'est normal, c'est l'Italie.
Ils m'ont envoyé une carte postale, oui !
Je suis sensible à ces mots gentils envoyés de là où où je ne suis pas. Autant qu'à l'offrande d'un bouquet de fleurs, c'est dire ! J'aime ces garçons "bien élevés" qui savent plaire à ceux qui ont mis les pieds sur terre bien avant eux et savent recevoir, à présent, - car ce ne fut pas toujours le cas : à vivre vite, on néglige souvent l'essentiel - les dons des anges qui savent aimer.
Ph. Hervé Guibert |
C'est l'occasion pour lui de "passer" boire un café, et il arrive que la rencontre se prolonge jusqu'à partager ensemble le repas du soir.
En écoutant de la bonne musique, on parle beaucoup : des discussions vives, parfois, jouissives, car F. pratique la dissection de l'actualité (politique, notamment) en parfait analyste malgré son jeune âge. Je le vois peu, car il prépare LE concours, celui qui fait les "élites" de la nation, ceux qu'il est de bon ton de vilipender par les temps qui s’essoufflent. Il m'amuse fort, ce garçon qui croit savoir qui couche avec qui dans le microcosme, en a la certitude ; et je m'attendrais presque à le voir sortir des photos de ces personnages en situation scandaleuse ! Car le jeune homme est doté d'une réelle force de conviction, et pourrait, un jour devenir dangereux. Mais ils sont deux, dans le petit cercle, à m'appeler "Maître" avec tant de candide fierté, que je ne peux faire autrement que de l'aimer.
Le petit P. se trouve, quand j'écris ces lignes, à Antibes, où se déroule l'action de Tombe, Victor !
Tout heureux de mettre ses pas dans ceux de mes personnages, il m'envoie un texto - c'est un spécialiste ! - avec une photo d'un poteau indicateur surmonté de la plaque "Chemin des contrebandiers", qu'il accompagne de ces mots : " Je suis tout foufou de découvrir tout ça ! ".
L'affection - avec un très grand A - que me porte ce gamin mérite mieux, souvent, que mon attitude par trop "pédagogique", et je serais bien inspiré de faire plus d'efforts, de l'écouter mieux, de ne pas me borner à lui concocter de bons petits plats, même si leur préparation est un acte d'amour.
Avant de partir au sud, il m'a invité dans un lieu étrange, branché, auquel l'on ne pourrait le nom de "restaurant", mais où l'on déjeune d'un pain creux d'illustre boulanger dans lequel un chef très médiatisé fourre, au choix, diverses préparations fort goûteuses.
L'endroit est achalandé d'employés et cadres de ce quartier où l'on fait des affaires autour de l'art, principalement. Beaucoup de costumes bleu-marine de coupe étroite très parisienne, comme en porte, entre autres, Bruno Julliard, le premier adjoint de notre Mairesse. Une barbe soignée, et le tableau est complet. Mais, comme à l'accoutumée, je digresse : je suis touché de cette invitation de la part d'un garçon qui vient tout juste d'entrer dans la vie active.
C'est moi qui offre le café au Palais Royal où nous débouchons après une courte promenade dans l'un des plus agréables quartiers du vieux Paris.
Le petit P. retourne à son travail, et je me balade le nez au vent, guilleret. Jour de chance, je trouve les chaussures de cuir blanc - chic et décontractées - dont je rêvais depuis le début des soldes, et même, olive sur la pissaladière, de l'huile d'olive Alziari, la niçoise, dont j'achète le petit modèle tant son prix s'est envolé vers les cimes depuis quelques mois.
Photo Luke Smalley, 1993 |
En rentrant, je me suis fait un devoir de préparer des "tramezzini"* : certains soirs, vers onze heures, E., le sportif de la petite bande fait une halte après l'un de ses matchs de foot en salle.
Il est affamé et fait honneur à la collation que je lui ai réservée.
Il est tard, l'heure à laquelle j'écris, en général. Le bruit familier de son scooter, qu'il gare en bas de chez moi, m'arrache à mes divagations à prétentions littéraires ; je cours à la cuisine préparer le plateau et le litre d'eau nécessaire après l'effort.
On sonne. J'ouvre la porte sous un "Bonsoir, Maître" tonitruant qui annonce à tout le voisinage qu'E. est là.
Et bien là.
" Je suis tout foufou de découvrir tout ça ! " |
Mais j'ai encore tout bousculé de fond en comble : je reviens à la conception initiale, une saga où l'on retrouvera les personnages du premier roman.
* Les fidèles lecteurs connaissent : ce sont des petits sandwiches "à la Vénitienne" au pain de mie garnis de diverses façons.
Mais ils ne sont et ne seront jamais aussi bon qu'à Venise.
6 commentaires:
L'angélisme reste un heureux chemin.
Amo tanto "tramezzare" !
Vous avez là un joli aréopage. Je suis sûr que vous l'accompagnez avec l'attention qui sied à des jeunes gens qui deviendront d'excellents honnêtes hommes. Je bois à cet avenir-là. Salute !
Délicieux butinage de garçons en fleur...
Heureux bourdon de cet Éden!
Hersaint : on peut fantasmer, mais, en l'occurrence, je ne "butine" qu'intellectuellement.
Celeos : salute !
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