Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 11 août 2017

Bolzano | Bozen : de ci, de là (mais pas cahin-caha)

Éléments of cimes


De justesse !
Je ne sais pourquoi, hier après-midi, comme je me proposais de tenter le téléphérique qui permet d'aller tout là-haut caresser les nuages, encouragé par un soleil généreux, un accès soudain de flemme me fit changer d'avis et je me dirigeai vers l'hôtel pour y déposer cette page de mon carnet de voyage.
Sitôt dans ma chambre, voilà que les foudres de Zeus (j'évite le nom romain pour ne pas froisser les "insoumis" qui me liraient) se sont abattues sur cette charmante cité alpestre où je musardais peu de temps avant ce déchaînement intempestif.
M'imaginant balloté dans la cabine, si ultra-moderne qu'elle fut, je n'ai pas regretté d'être venu nourrir mon journal quotidien.
De plus, pour bercer mes cogitations, j'ai trouvé que la télé de l'hôtel permettait d'accéder à "Rai radio classica" qui m'offre du Schubert, du Debussy, et même du Paolo Conte interprété par une chanteuse lyrique.



Tyrol féchone*







Cette boutique chic des "Portici", rue bordée d'arcades bien pratiques quand il pleut, expose, outre des vêtements plus passe-partout de bonne facture, cet ensemble qui revisite le costume local.
On rêve de ce que l'on pourrait mettre dedans.
* En anglais, "fashion". 











Lecteur


Ne désespérons pas : dans chaque ville où je trimballe mon élégante silhouette (eh, c'est mon blog !), je finis toujours par trouver un jeune homme n'appartenant pas à la multitude des accros à l'écran tactile.
Celui-ci lisait un gros volume, assis sur un banc de la promenade qui borde le  parc de la Talvera, où l'on peut folâtrer dans l'herbe fraîchement coupée (ah, ce parfum), bercé par les flics, les flacs, et les flocs du torrent du même nom ; lequel, en fin de course, ira se vautrer dans les eaux moins limpides de l'Adige.
Un garçon lisant, il est content le blogueur !


Sinon, j'ai bien observé : les piétons marchent bien à droite pendant que les cyclistes roulent à gauche. 
Ach, la dizipline !

 

 

Concert foudroyant


Chaque été, je m'efforce d'assister à un concert sur mon lieu de vacances. Une malédiction s'acharnait jusque-là, qui m'attirait en des lieux où je n'aurais jamais dû mettre les oreilles : l'an dernier, un concert en plein air, à Palerme, me fit prendre le large à l'entracte avec mon compagnon de voyage qui ne demandait pas mieux. L'année précédente, à Catane, j'eus à subir, dans la plus sublime aria du Requiem de Rossini, la méforme d'un ténor qui manqua s'étrangler dans les notes le plus aigües de ce chef-d’œuvre de l'inventeur du tournedos de luxe ('y a du foie gras). 
Le concert de Bolzano fut heureusement tout autre.
L'influence autrichienne sur la culture musicale de la région s'y fait sentir avec bonheur, et je fus épaté de l'excellente tenue de la formation dénommée Academia d'archi di Bolzano (orchestre à cordes du patelin), d'un niveau que beaucoup de phalanges françaises de villes plus importantes peuvent lui envier. Mais, comme je le disais, on est en terre semi-germanique, et il est des pays où la musique tient une place (par la culture et l'éducation) à nulle autre pareille.
Cette formation accueillait pour l'occasion un formidable ténor, Bernhard Berchtold, que je n'ai jamais vu à la téloche, mais qui écrase le Vincent Niclo qu'on nous assène d'habitude quand on veut faire "culturel qui fait pas fuir le chaland" .
De plus, en cours de programme, il nous chante cette Aria du Philemon et Baucis de Haydn que j'aime tant, à faire pleurer une ganache comme le je-sais-plus-quoi de Villiers, frère de l'autre.
Invité également, un certain Johannes Hinterholzer qui joue divinement du cor, notamment dans le Concerto pour cor et orchestre K417 du voisin de Salzbourg, Monsieur Mozart.
Je découvre une Symphonie de Rosetti (1750/1792), enlevée, joyeuse, réconfortante, et le concert se termine par la Sérénade pour ténor, cor et cordes de notre frère en gayté Benjamin Britten, sublime !
Plafond de verre, un vrai !
Détail d'importance, le concert se déroule sous les coups de tonnerre et les éclairs que le plafond de verre (un vrai, celui-là) du Castel Mareccio, nous permet d'apprécier, en lumières psychédéliques non invitées mais bien venues.
La pluie se calme pour me permettre de rentrer à l'hôtel après une intéressante discussion avec Marco Mandolini, le presque bien nommé, qui est premier violon dans l'orchestre régional, qui doit être de très haut niveau si je me réfère à la qualité de la "petite" formation entendue ce soir.
À défaut d'autre chose, je m'envoie, en rentrant, deux croque-monsieur sur l'une des terrasses de l'hôtel.

Les croque-monsieur, c'est bon, mais...




5 commentaires:

Alex H a dit…

J'adore vos carnets de voyage : merci Silvano !
Et toujours un présentation "classe" !

Maxence 27 a dit…

Cette année, nous avons choisi les Cyclades : c'est merveilleux et nous avons le sentiment de participer modestment à l'économie du pays.
Même ici, nous vous accompagnons ;-)
M&A

Celeos a dit…

Merci de nous faire partager ces moments précieux en ces lieux particuliers. Si toutefois vous voyez, en plus des jeunes filles sexagénaires et des jeunes garçons de familles encore trop sage, un lama tibétain en lévitation, n'ayez plus aucun doute: vous jouez dans le film de Sorrentino !

Celeos a dit…

PS: Jupiter me fait savoir qu'on peut l'invoquer sans difficulté dès lors qu'on ne se prend pour lui. Mais vous avez raison de parler de Zeus: les modèles originaux sont toujours de meilleure qualité et difficiles à soumettre aux contrefaçons...

Silvano a dit…

Alex Hache : merci, tout simplement.
Maxence : vous nous manquiez ; les petits lecteurs se mettent en tandem et oublient leur "rifugio". (Les amateurs des films de P.leconte comprendront).
Celeos (1) : grâce à vous, je comprends pourquoi le serveur de la piscine m'a appelé "Michael", ce matin. Je n'en suis pour autant flatté : je suis tellement gamin.
Celeos (2): on a pourtant un président vachement Zeusien (je vous offre cet absurde néologisme)