Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 16 juin 2018

Pierre Clémenti : une vie violente



Porcherie, de Pier Paolo Pasolini
[Paris, 28 septembre 1942 : pendant l’occupation allemande, Rose Clémenti, concierge au 19, rue de Babylone, donne naissance à son deuxième enfant, Pierre, avant de quitter sa charge pour s’installer rue Saint-Placide. Seule face aux difficultés matérielles et au « qu’en dira-t-on ? », elle fait le ménage chez les bourgeois, livre des chapeaux, se lève à l’aube et rentre à la nuit tombée, disparaît mystérieusement à la fin de la guerre puis revient, ignorante du destin qui attend ce bébé qu’elle ne souhaitait pas et dont la vie restera à jamais marquée par « le secret de Rose ».
La singularité, la beauté, le talent d’un « enfant de misère » qui devint acteur et dont tous s’accordent à dire qu’il fut, ange ou démon, un être d’exception, naît certainement là. Car qui était Pierre Clémenti ?
Partie à la recherche de celui « qui jamais ne trahit ses rêves », l’auteur nous entraîne à travers Paris occupé, derrière les murs des bagnes pour enfants et dans les milieux underground des années 70. Des trottoirs de Saint-Germain-des-Prés, à la Factory d’Andy Warhol, des milieux artistiques et littéraires aux hôpitaux psychiatriques, on croise Jean Genet, Roger Blin, Maurice Béjart, Philippe Garel, Bernardo Bertolucci, François-Marie Banier, Dominique Isserman ainsi que Jean-Pierre Kalfon et tous ceux qui firent les belles heures d’une époque trop séduisante pour n’avoir pas été dangereuse. Ce récit très personnel est aussi celui d’une belle amitié entre le peintre et son modèle, décédé à 57 ans d’un cancer du foie.]

Ces lignes en argument du très bel ouvrage consacré par Jeanne Hoffstetter à ce comédien incandescent dont la vie fut un véritable roman.
Clementi reste à jamais dans les mémoires cinéphiles comme l'acteur d'une époque marquée par la rébellion d'une jeunesse assoiffée de justice et de liberté.
C'est bien de ça qu'il s'agit : Pierre Clémenti fut avant tout un homme libre.
Sans compromissions jamais.


Dans Belle de jour de Luis Buñuel avec, ci-dessous, Catherine Deneuve.


 Le Guépard de Luchino Visconti
On lira avec intérêt Pierre Clémenti, roman (!) de Jeanne Hoffstetter (Denoël éd.).
Filmographie : clic

1 commentaire:

Pippo a dit…

S'il en est un qui a des yeux "de braise", c'est celui-là, même quand ils sont clos. Son corps est tout en os et en feu. Et cette bouche qu'on voudrait approcher.
Un de mes grands souvenirs : son irruption dans Belle de jour, la charge érotique qu'il jetait soudain.
Grande distinction de fils d'excellente famille dans Le Guépard.
Merci de ces très belles photos de Pierre Clémenti.