Lugubre gondole |
Je me souviens qu'un après-midi, comme je me laissais guider par le hasard dans la Sérénissime, mon oreille fut aimantée par les sonorités, échappées des fenêtres d'un palazzo, de la Sonate en si mineur de Franz Liszt.
C'était un disque.
Richter ou Horowitz : je ne m'étais pas encore penché suffisamment sur cette oeuvre que je considère désormais comme majeure pour en déterminer l'interprète.
Je me souviens de mon émoi la première fois que je passai en vaporetto devant le Palazzo Vendramin où mourut Richard Wagner, le gendre de Liszt, et que je m'étais dit bêtement que mourir à Venise, c'est la classe !
J'ai découvert Venise sur le tard, en 2005, avec une amie cinéaste qui s'y rendait pour la Mostra. La cité des Doges n'était pas encore devenue ce parc d'attractions qui l'a transformée à une allure vertigineuse, en quinze ans, les bateaux de croisière et les vols à bas coût ayant permis d'y charrier les foules irrespectueuses qui la polluent aujourd'hui (exemple ici).
Je me souviens de la banderole qui ornait la façade de la Fenice ressuscitée, littéralement renaissante de ses cendres.
On peut renaître d'un incendie.
Mais de l'ignorance ?
La Fenice en 2005 - Photo Silvano Mangana |
9 commentaires:
J'y étais début Juillet. Heureusement, les foules sans respect ne fréquentent pas les musées. Elles ne font que passer, mais font effectivement beaucoup de dégâts.
Jules
En effet, Jules : la cité devient fréquentable le soir.
Par bonheur Venise est très belle en hiver, dans la brume ou lorsqu'elle scintille de givre au soleil. Quel plaisir de s'y perdre et de s'y oublier avec pour seule compagnie quelques autres téméraires et des pigeons morts de froid. Mais c'est un souvenir déjà un peu ancien, avant 2005 Cher Silvano. J'espère que l'hiver protège toujours cette ville-fantasme, que, comme tout fantasme, on n'aime ni partager ni affronter à l'épreuve de la réalité...
Pierre
Pierre, mes souvenirs émus remontent à un mois de février, avant le "carnaval".
Quand vous abordez certains sujets, le niveau des commentaires s'élève.
Jules
Ma version préférée est celle du pianiste français Jean-Philippe Collard , mais évidemment il y a Horowitz, et ne pas oublier le hongrois Zoltan Kocksis.
Jean-Paul V
@Jean-Paul V : pour moi, c'est Horowitz.
Je ne la connais pas par Collard ni par Kocsis (que Richter adorait). En farfouillant, je dois avoir une belle version par Gilels et une par Arrau, qui était un grand Lisztien.
J'attends qu'un pianiste vivant la reprenne. Chamayou, peut-être ?
J'ai découvert Venise, en 2014, grâce à une amie qui y va avec ses parents depuis 35 ans. Merci EJ (pas Elton John que j'aime pour autant) pour les prix des billets, ma première vision de la ville fut dans le hublot de l'avion (toujours prendre une place hublot de droite dans l'aéronef), le Campanile et juste à coté de lui, un furoncle blanc purulent(sic), un monstrueux paquebot. L'effet d'échelle était terrifiant, même vu d'avion. J'ai logé sur la Giudecca (ce que je fais toujours depuis, mais loin du Cipriani et du Redentore, loin de l'auberge de jeunesse et leurs touristes ivres le soir de retour de Saint-Marc. J'y vais toujours première quinzaine de mai, il commence à faire beau et surtout il ne fait pas trop chaud. Mais, cela me serre le cœur, Venise change terriblement, trop de touristes ne méritent pas cette ville, ils y vont pour un "selfi-moi-j'y étais", sans aucun bagage culturel minimum de la ville. Le seul endroit de la ville sans touristes.....c'est à San Michele que je visite longuement à chacun de mes séjours, Stravinsky et sa femme Vera, Diaguilev et le mausolée de la famille Stucky sont mes habitués. La mort fait peur aux touristes, c'est tant mieux pour moi ! Mais grouillez-vous de visiter cette ville, car elle est perdue !
Merci M. Silvano, j'ignorais que Wagner était mort à Venise, je savais qu'il aimait l'Italie, Ravello et la villa Cimbrone ainsi que les Iles Borromées.
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