Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 30 mars 2019

Images qui bougent avec du son

Je vais au cinéma.
Mais je n'ai pas toujours le temps de chroniquer chaque film vu. 
Ainsi ai-je préféré, ces derniers jours, relater mes italiennes extases.
À Bologne s'étalent en CinémaScope des publicités pour la série italo-britannique Le nom de la rose adaptée du roman du grand auteur local Umberto Eco.
Damian Hardung en tenue monastique
Il s'avère qu'à mon retour, j'ai découvert que la série était diffusée sur des chaînes à péage que je paie, et que j'ai donc pu en voir l'essentiel : en demeure que le film "de cinéma" (il faut préciser, de nos jours !) de Jean-Jacques Annaud est nettement supérieur à cette version télévisée qui s'étale un peu plus pour nous révéler des détails dont on n'a finalement que faire, même s'il est amusant d'apprendre, car on ne pourrait s'en douter, bien sûr, que des moinillons s'enculaient allègrement dans leurs cellules ou à l'ombre des arbres tutélaires (comme on dit) avant que d'être occis par quelque jalouse du monastère.
C'est fabriqué avec les moyens d'aujourd'hui, comme en relief même en 2D, les sons tournoient dans les enceintes, et puis, tout de même, c'est tourné en Italie, avec un Adso (l'assistant de Guillaume de Baskerville joué par John Turturro) incarné par un jeune Damian Hardung fouloulesque, avec lequel on aimerait bien sonner mâtines.


Damian Hardung en civil dans la vraie vie par Matt Lambert
Bref, j'avoue que la série se laisse voir sans déplaisir, mais n'égale pas, loin s'en faut, le film où Sean Connery obtint sans aucun doute l'un des plus grands rôles, si ce n'est le meilleur, de sa carrière.

Beautiful Timothée

Timothée Chalamet et Steve Carrel, également excellents
Le cher Elio de Call me by your name a dû faire frémir, voire désespérer plus d'une minette (et d'un minet !) dans My beautiful boy  (le "my" ayant été ajouté connement par le distributeur français), mélo sans pathos (à saluer !) où un père tente de sortir son fils de l'enfer de la drogue.
J'ai beaucoup de mal avec les films "à injections", de L'homme au bras d'or à Requiem for a dream, en passant par Panique à Needle Park, trois films importants, au demeurant !
Alors, voir notre petit chéri de 2018 se piquouser avec la dernière énergie (c'est le cas de le dire) dans le film plutôt réussi de Felix Van Groeningen, ça remue.
Comme à peu près 137% des films d'aujourd'hui, c'est "tiré d'une histoire vraie".
Bon, allez, 3 étoiles sur 5 pour moi, quand même, parce que Chalamet affirme son talent, et promet d'être un acteur majeur des années à venir, comme le fut (et le confirma) un certain Leonardo DiCaprio antan.
En bémol de dernière mesure, j'apprends qu'est mise en chantier une suite de Call me by your name : j'aimais beaucoup la fin du premier film et n'avais pas apprécié les dernières pages du roman d'Acyman. Je crains le pire.

Nos favoris dans La favorite


Joe Alwyn
J'ai déjà fait allusion au film de Yórgos Lánthimos, ébouriffante chronique des mœurs de la cour d'Angleterre au début du 18è siècle, emmenée par trois actrices exceptionnelles Olivia Colman (et un  Oscar, un !), Rachel Weisz et la de plus en plus impressionnante Emma Stone.
Ce blog étant tout de même un petit peu pédé branché jeunes gens-finis-mais encore tout doux, je saluai récemment la réapparition, côté distribution masculine, de Nicholaaaaaaaaaaas Hoult (Lord Harley) tout en oubliant, ce que je répare illico, de signaler combien Joe Alwyn (déjà 28 ans, le bougre !) est affriolant en Samuel Masham.
Le film peut se regarder encore sur quelques grands écrans (il faut de l'espace pour l'admirer), et sortira en juin sur les supports domestiques.

Idem
Nicholas Hoult magnifié par ses pairs cacochymes



Ma vie avec John F.Donovan : plutôt une bonne surprise



Le gamin (Jacob Tremblay) est un peu moins insupportable que certains...
Je n'avais pas aimé Juste la fin du monde (déjà, l'emploi de "juste...", en début de phrase, ou placé n'importe comment en conversations mondaines me hérisse) après un bouleversant Mommy qui atteint au chef-d'oeuvre. J'étais donc sur mes gardes en entrant dans la salle (le Max Linder, je conseille, si vous habitez Paris), sachant que d'un tel phénomène, on peut s'attendre au meilleur comme au pire.
Ce film-là est très "américain", très différent de sa production précédente, en attendant que Xav (je l'appelle comme ça dans l'intimité) revienne en terrain (vraiment) gay pour Matt & Max, son prochain opus déjà en boîte (en clé numérique devais-je dire).
Avec Ma vie avec John F.Donovan, Dolan tient peut-être (enfin ?) son film maudit, puisque seule la France a eu, pour l'heure, le privilège de montrer à ses cinéphiles cette jolie histoire d'un homme qui se souvient de la relation épistolaire qu'il eut, enfant, avec l'acteur star de son feuilleton télévisé (on disait comme ça à l'époque) préféré.
Non, non, je sais ce que vous pensez : ici, pas de rencontre et de relation pédo-sexuelle à la Michael Jackson, et ce n'est pas ce qui motive le fait que le film peine à être vu partout dans le monde. Simplement, l'accouchement fut difficile, car, comme Dolan le disait il y a peu à l'hebdomadaire Télérama :  "Pour la première fois, tout a été pénible et problématique du début à la fin, du financement à la postproduction, et bien au-delà. Ce serait inélégant de citer précisément les gens qui ont posé problème, et je suis finalement fier du résultat, mais il a fallu faire des choix très difficiles. J'ai connu toutes les déceptions que je pouvais vivre, humainement et artistiquement. En passant à un budget important, à un tournage fragmenté, en anglais et sur deux continents, j'ai été confronté à ma propre ignorance, inexpérience, incompétence."
Surprenante preuve d'humilité - si l'on ne peut croire qu'il se dédouane -  de la part de quelqu'un que les jalou(x)(ses) du Marais (marigot ?) parisien et/ou cinématographique se plaisent à dépeindre en personnage prétentieux bouffi d'orgueil !
Car, quoi qu'il en dise, laborieusement monté et remonté, le film est plutôt une bonne surprise dont le  cinéaste trentenaire n'a pas à rougir.
Et puis, hein, la Susan Sarandon de Thelma et Louise en résurgence, merci M. Dolan !

Tournage de Matt & Max, le prochain Dolan. À Cannes ?



 *
Sinon, si ce n'est déjà fait, on voit d'urgence Green Book Sur les routes du Sud, de Peter Farelly, et, bien sûr, Grâce à Dieu, de François Ozon.
*

 Bonus :

Damian Hardung : voir tout là-haut.

5 commentaires:

Arrow a dit…

Merci pour cette belle page cinéma.

Thibault a dit…

Craquant, le Damian !
Super page, c'est vrai !

Yama Zek a dit…

Ravi que vous abondiez dans mon sens, Silvano: le "My" ajouté par le distributeur français a "Beautiful boy" est parfaitement inepte (voir même inutilement lénifiant).

Xersex a dit…

fort beau Adso!

Anonyme a dit…

Cher Silvano

Mieux vaut tard que jamais !

J'ai vu hier le Donovan de Dolan que j'ai aussi trouvé très bien et j'avoue que la logorrhée négative de la critique m'est incompréhensible surtout en la lisant ex post
Le jeune Rupert est magnifique, l'acteur Donovan pris dans ses contradictions et sa célébrité est touchant, son compagnon d'un soir est d'une sincérité remarquable
Bref une belle brochette !

Bien fidèlement à vous

F.