American parano
Photo: Ryan Pfluger/The New York Times/REDUX/REA |
Dans White, son dernier opus, Bret Easton Ellis, l'auteur d'American Psycho se livre sans ambages, traçant un autoportrait qui est également une peinture sans concession aucune des mœurs de notre temps : grosso modo les quarante dernières années. Sur beaucoup de points, dans les deux premiers tiers de cet essai d'importance, j'ai eu maintes fois l'occasion de retrouver les considérations sur l'époque que je sème ça et là dans ce blog depuis une douzaine d'années déjà. Comme souvent, et c'est tangible dans le troisième tiers, B.E.E se plaît à semer la confusion sur sa propre personne, dénonçant notamment l'attitude de la gauche "hollywoodienne" depuis l'accession de Trump au pouvoir : en fait, il me rappelle ceux qui clamaient que, bien qu'opposants d'emblée, les volées de bois vert essuyées quotidiennement par Sarkozy tout au long de son mandat donnaient envie de le soutenir, ce que je trouvai irritant et surtout très con.
C'est un peu le propos de cette dernière partie du bouquin, qui n'est pas faite pour éveiller ma sympathie pour l'auteur que certains virent comme un nihiliste à l'époque où fut publié ce qui reste comme un roman essentiel sur l'époque des yuppies et autres modèles de la génération X, et qui, selon moi, bien que déclarant ne jamais voter (quel rebelle !) n'est en fait qu'un fieffé réactionnaire.
Si son récit est émaillé de vérités qui crissent quelque peu à mon oreille gauche - le nouveau puritanisme dans le "camp du progrès" et l'obsession-Trump chez les mêmes - , les cent dernières pages sont de nature à faire tourner le petit lait dégusté dans les cent premières. Bref, la dénonciation du "politiquement correct" dont Easton Ellis semble s'être fait le porte-étendard, qui trouve chez nous des représentants dont la simple écriture du patronyme donne la nausée, finit par tourner court en redondance un peu trop assumée.
On notera que le traducteur lui-même, lors de ce dernier tiers, lâche l'affaire : grossières fautes de français et paragraphes écrits dans un sabir qu'il faut décoder patiemment en sont la preuve éclatante.
Mocky
Sans doute des gens sincères, mais aussi des faux-culs - Afp |
Le bouffeur de curés a été enterré en grande pompe à Saint Sulpice : il aurait bien rigolé ou serait entré dans l'une de ses colères de brave type.
J'ai revu, sur Ciné+classic, l'entretien de 2017 avec Hugues Baudouin pour Cinéma de notre temps, l'émission d'André S. Labarthe. Mocky semble apaisé, fatigué sans doute, déplorant sans colère qu'aucun producteur ne s'intéresse plus à lui, qui tourne néanmoins un film par an avec des bouts de ficelle, film qui ne sortira que dans sa propre salle et en DVD. Il y a simplement en lui cette passion pour le cinéma qui ne s'éteindra qu'à sa mort. L'émission est une vraie somme où le cinéaste évoque ses débuts comme acteur, puis sa carrière de réalisateur avec les plus grands acteurs, effectuant notamment un travail remarquable de transformation sur un Bourvil jusqu'alors confiné dans des personnages de benêts, dont il fait un escroc (Un drôle de paroissien) ou un pourfendeur de la société des médias (déjà !) dans La grande lessive en... 1968.
J'ai inséré ici, lors de son décès, un extrait YouTube de son engueulade avec la mère Boutin lors de la sortie du Miraculé en 87 : la bénédiction du cercueil, l'autre jour, relève des incongruités de la vie... familiale. Pour compléter le commentaire de Ludovic, l'autre jour, j'ajouterai que Mocky aurait pu tourner en ultime pochade un film intitulé Le bal des faux-culs.
John, Paul, George et Ringo (et inversement)
Lily James, pétillante, et Himesh Patel, fadasse. |
En ces temps de disette cinématographique, je suis allé voir l'agréable Yesterday, le film de Danny Boyle écrit par Richard Curtis.
Le synopsis en est alléchant :
"Jack Malik est un auteur-compositeur interprète en galère, dont les rêves sont en train de sombrer dans la mer qui borde le petit village où il habite en Angleterre, en dépit des encouragements d’Ellie, sa meilleure amie d’enfance qui n’a jamais cessé de croire en lui. Après un accident avec un bus pendant une étrange panne d’électricité, Jack se réveille dans un monde où il découvre que les Beatles n’ont jamais existé… ce qui va le mettre face à un sérieux cas de conscience."
Ingénieux concept scénaristique bien qu'un peu tiré par les cheveux : il me semble que l'on eût pu trouver mieux que cette ficelle de la panne d’électricité planétaire pour justifier l'oubli de l'oeuvre des quatre de Liverpool.
Une bonne bande-son (et pour cause !), quelques clichés sur l'univers du spectacle, une actrice très intéressante, Lily James, un rôle principal tenu sans relief par Himesh Patel, une mise en scène tranquille (c'est le même Boyle qui signa un jour Transpotting ?)... font de Yesterday un divertissement pour tuer le temps en salle climatisée quand il fait trop chaud en ville.
Il y a encore des fans dans la génération actuelle, si ! |
Jeu de langue (française)
Outre les "parques", "arques" et autres "matches", les journalistes et présentateurs(trices) sont en compétition pour décrocher la palme de celle ou celui qui décrochera le grand prix de l'utilisation d'expressions impropre.
La grande mode, par exemple : "la parade a connu son point d'orgue avec la prestation remarquée de l'homme volant."
Le sang de tout musicien qui se respecte ne doit faire qu'un tour en entendant cette ânerie.
Quant à moi, je sors sur le balcon et hurle à ce monde déclinant : "point culminant, andouilles !"
Je ne vous fais pas un dessin, n'est-ce-pas ?
Un point d'orgue, signe qui, en musique, indique qu'il faut prolonger la durée de la note ou du silence sur ou sous lequel il est placé. |
Pause
Encore un terme musical qui marque un silence dans une mesure.
Même si je fais une pause cette semaine, je maintiens le rythme des parutions : j'ai préparé mes billets d'avance.
Toutefois, je ne garantis pas une réponse immédiate à vos commentaires : nous dépendons du "wifi", mes pauvres amis ; tâchons de survivre en cas de pénurie.
Si vous vous demandez où je vais, je ne vous le dirai pas, na !
Je ne vous le dirai pas, na ! |
4 commentaires:
Sûr que l'Italie a des arguments plus que convaincants. A ce rythme vous allez finir par y être imposable ;)
Bon séjour et profitez bien.
Ohhh ... ;-) Enterrement en grandes pompes ?? Sans doute une coquille ;-) ? La pompe conviendra, tout simplement.... J'ai fait l'autre erreur habituelle, récemment : imper au lieu d'impair (re 'ohhh'). Comme quoi, on se laisse aller.
D.
D. : il faut vraiment que je prenne du repos ! Merci, j'ai corrigé.
D'autant que je ne connais pas la pointure du défunt.
Arrow : merci !
Comme j'ai aimé B.E Ellis ! il avait vraiment durant les années 80 et surtout début 90, les 2 doigts dans la prise électrique de son époque. A la sortie de "American Psycho", on a plus idée du scandale que ce fut aux USA. Moi,j'ai grandement aimé "Zombies"
Comme souligné dans votre billet, parfaitement juste, ce type est une caricature de ce qu'il dénonce chez les autres.
Il crache à la figure (gueule) des "gauchistes" (ailleurs que dans White), par exemples les gays qui se sont battus contre l'inertie criminelle de Reagan durant l'horreur du sida et qui, désormais, veulent vivres des nouveaux droits chèrement acquis (mariage, enfants). Ce conformisme l'insupporte ! D'ailleurs, lui que l'on a jamais entendu sur les horreurs de cette maladie alors que gay. Il dénonce le jeunisme, et vit avec un homme de 25 ans son cadet. Bref, cela n'enlève rien à son talent d'auteur, mais ne jamais oublier que Ellis ne s'est jamais battu pour quoi que ce soit. Enfin, savoir qu'il est porté aux nues par Charles Beigbeder, termine de me détourner de celui que j'ai apprécié jadis.
Vraiment Beigbeder, quelle horrible erreur de casting du "Masque et la Plume". Jean-Louis Bory, bien trop jeune pour avoir pu vous écouter, alors Beigbeder, ça compense pas.
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