"Tristes sous leurs déguisements fantasques" |
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
— (Paul Verlaine, « Clair de Lune », Fêtes galantes, 1869)
Nous y voilà : la préfecture étend à de larges zones de la capitale l'obligation de porter le masque à l'extérieur. La désinvolture dont ont fait preuve nombre de parisiens est finalement sanctionnée. Je fus effrayé - lors d'une période de paranoïa que je traversai en juillet - de constater à quel point une population d'une tranche d'âge 18/40 ans se contrefichait des mesures dites "gestes-barrière" dans une rue voisine jalonnée de bars, restaurants et autres pubs, envahissant en soirée les trottoirs-terrasses dans une dangereuse promiscuité.
Tout récemment, un match de football opposait le Qatari (Paris) Saint-Germain aux joueurs de l'équipe de Bergame, ville qui se remet lentement de la catastrophe sanitaire du printemps : les images des camions militaires transportant les cercueils des victimes me hantent, d'autant que la Lombardie est l'une de mes régions de prédilection, que je parcourus à plusieurs reprises ces derniers mois. Un ami originaire de Brescia vécut ainsi la période, accroché quotidiennement à son téléphone pour prendre des nouvelles de ses parents.
Agglutinés devant l'écran d'un bar tout proche, les supporteurs, en grand nombre, se répandaient en effusions lors du coup de sifflet final, semblant ignorer le risque encouru.
J'ai évoqué le moins possible la pandémie dans ce journal : je ne voulais ajouter ma voix à celles de ceux qui prétendaient savoir. J'ai simplement transmis un jour les propos d'un philosophe qui déplorait que trop peu de nos concitoyens étaient capables de prononcer un simple "je ne sais pas", le moindre péquin pérorant comme s'il avait fait de longues études de médecine, quand épidémiologistes et virologues, eux-mêmes, se contredisaient jour après jour.
Aujourd'hui, l'exemple d'un comportement responsable nous vient précisément de cette Italie, tant moquée, qui parvient à contenir le virus.
"On vit les uns contre les autres" disait la chanson extraite de Starmania.
C'est là que le bât blesse.
6 commentaires:
Oui, "les uns contre les autres" aux deux sens du mot "contre" : proximité et antagonisme.
Des scènes effarantes, il y en a partout, on comprend mieux les massacres des épidémies au Moyen-âge...
Et le pire, c'est l'agressivité, lorsque quelqu'un(e) demande de porter le masque. L'épisode de cette infirmière agressée, blessée, n'est pas unique, il y a eu des cas similaires en Israël (la personne frappée à coups de briques), en Allemagne, partout...
Chez moi, le Maire a pris des arrêtés et défini des zones où le masque est obligatoire. Mais la police ne fait aucun contrôle parce que c'est une zone touristique et qu'il ne faut fâcher personne...
Bon courage !
C.
Je ne peux pas serrer mes grands-parents dans mes bras depuis le début de cette sale épidémie. L'inconscience de certains de mes amis m'éloigne d'eux. Je refuse toutes les invitations aux soirées. Votre blog me console de la situation. Je le lis tous les jours et vous remercie, entre autres choses pour vos choix musicaux.
Bravo,autant pour l article que pour les commentaires!
Bon dimanche à tous.
La première phrase du commentaire de Fabien de Nîmes est très émouvante. Merci pour les compliments.
Je ne vais sûrement pas excuser la conduite de certains jeunes ou moins jeunes mais je pense que si le gouvernements et les autorités sanitaires avaient un peu mieux communiqué au lieu de nous asséner dix fois par jour les mêmes messages depuis des mois sans compter les sketchs débiles comme Rémy et son barbecue ou l'autre qui met le masque sur les yeux, on prendrait peut-être la situation un peu plus au sérieux.
Pas faux, Ludovic !
Ce matin, un médecin spécialiste disait sur Inter qu'on en arrivera peut-être à montrer des patients en réanimation. Ce serait beaucoup moins infantilisant que les "spots" que vous dénoncez et produirait sans doute l'électrochoc nécessaire.
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