Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 18 avril 2021

Vagues flammes de l'Ourse

Dans un billet publié mercredi dernier (ici), je faisais référence au très beau - et méconnu - film de Luchino Visconti Sandra, dont le titre original est Vaghe stelle dell' Orsa, en hommage à l'un des "Canti" du grand poète Giacomo Leopardi.
C'est un extrait de cette œuvre que Gianni (le beau Jean Sorel, en alternative à un Delon alors trop demandé ? - récite à sa sœur Sandra (la Cardinale au sommet de sa beauté) avant le drame final.
La bande originale du film repose entièrement, lancinante, sur les Prélude, choral et fugue de César Franck, joué ci-dessous par un Nikolaï Lugansky très habité.
Dans le film, la "tragédienne" Marie Bell (le terme lui va si bien) "joue", dans une simulation pianistique ratée, disons-le, l'œuvre du compositeur français, révélant ainsi le désordre mental qui la submerge.


« Vagues flammes de l’Ourse, qui m’aurait dit
Que je viendrais vous contempler encore
Dans le jardin paternel scintillantes,
Et parler avec vous des fenêtres
De ce logis où j’habitais enfant
Et découvris la fin de mes bonheurs. »
Giacomo Leopardi*

Jean Sorel dans le film de Visconti
*Texte original :

« Vaghe stelle dell’Orsa, io non credea
Tornare ancor per uso a contemplarvi
Sul paterno giardino scintillanti,
E ragionar con voi dalle finestre
Di questo albergo ove abitai fanciullo,
E delle gioie mie vidi la fine. »

9 commentaires:

Ludovic a dit…

je serais curieux de connaitre de la part de nos amis italiens leur avis sur la traduction de Vaghe Stelle par vagues flammes. merci d'avance

Pippo a dit…

Merci, cher Silvano, de me faire connaître ce film de Visconti, qu'en effet je ne connaissais pas. Heureux qu'il ait choisi Prélude, choral et fugue de César-Auguste Franck, né Liégeois comme moi.

Silvano a dit…

Cher Ludovic : je sais, bien sûr, que la traduction littérale est "Pâles étoiles...". J'aime bien cette interprétation plus en accord avec le sujet du film. Je vais vérifier, si le film est encore en ligne, ce que dit Gianni (Jean Sorel) lorsqu'il cite les vers de Leopardi.

Ludovic a dit…

Sandra est pour moi un des plus beaux film de Visconti voire le plus beau et évidemment pas seulement pour la beauté de Jean Sorel et de Claudia Cardinale. On y attendait Delon mais si vous avez la chance de revoir ce film, vous vérifierez peut-être le souvenir que j'ai gardé d'un beau docteur qui lui ressemble beaucoup. Je ne suis pas certain que Delon aurait pu avoir la sensualité pathétique de Sorel.

Silvano a dit…

@Ludovic : comment pourriez-vous penser que je n'ai pas apprécié l'ex-petit ami de Sandra ?
Et oui, Sorel est parfait dans le rôle.

Marc a dit…

Incité par la lecture de votre billet, je viens de revoir ce film, un des plus beaux de Visconti, qui condense presque toute son oeuvre. La traduction donnée par les sous-titres est bien "Vagues flammes de l'ourse..."

Silvano a dit…

Marc : effectivement, après vérification, ce sont les sous-titres que j'avais en tête quand j'ai utilisé cette traduction.

Xersex a dit…

Les poèmes doivent être lus dans leur langue originale, ou au moins lus avec le texte original ci-contre.

Enguerrand a dit…

J'ai découvert ce film lors de la magnifique rétrospective Visconti de la cinémathèque française 2 ans avant cette covid de malheur ! Copie restaurée grâce au mécénat la marque de luxe florentine, Gucci. Magnifique découverte, en effet. Pour les curieux, le début du film commence sur l'autoroute quittant Genève et qui venait d'être inaugurée en direction de Montreux. Lorsque le nom de Suso Cecchi d'Amico (les viscontiens savent qui elle est)apparait, c'est le Montreux Palace (magnifique hôtel art nouveau complet en juillet durant le festival de jazz) qui apparaît sur la gauche de l'écran. Visconti utilise la symbolique du trajet que les aristocrates anglais faisaient pour aller en Italie, leur fameux "Grand Tour" qui se terminait en Grèce. Montreux, ville que j'adore (et qu'a aimé jusqu'à sa fin Freddie Mercury) était la dernière ville du Lac Léman, avant de prendre le col du Simplon à l’époque de Lord Byron, tunnel aujourd'hui pour arriver en Italie.