Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 23 juin 2023

Karol Szymanowski, un gay de génie

Karol Szymanowski à 15 ans - Bibliothèque universitaire de Varsovie
Karol Szymanowski Maciej (1882 - 1936) est l'un des compositeurs les plus importants de la musique du XXe siècle. Il est intéressant non seulement pour sa musique, mais aussi parce qu'il était un homosexuel notoire ; son développement artistique est clairement lié à son orientation.
C'est au cours de ses voyages en Sicile et en Algérie qu'il découvre son homosexualité. Rentré en Europe après cette révélation, il tombe amoureux de Boris Kochno qui devient son amant avant de collaborer (et plus encore) avec Serge Diaghilev.
Szymanovski ne fera jamais mystère de ses inclinations, dédiant à son cher Boris tout un chapitre de son roman Efebos, chapitre intitulé Symposion.
Suite à un incendie, le roman a été détruit ; seul le chapitre concernant Kochno (auquel il dédia deux poèmes en français :  a été sauvé.
Pour écrire son roman, Szymanoski s'éloigne de la composition pendant deux ans, de 1917 à 1919.
Boris Kochno à l'époque de sa liaison
avec Szymanowski, qui lui dédia
3 poèmes en Français :
GanymèdeBaedeckerVagabond et N'importe où
Il y revient (heureusement pour la musique), produisant une somme d’œuvres qui en font un compositeur très important du 20è siècle, influencé, les premiers temps, par Mahler, Wagner et autres grands Viennois (il réside d'ailleurs à Vienne pendant plusieurs années) puis par la musique française (Debussy et Ravel au premier chef). Il compose notamment un Opéra très "gay", Le roi Roger, mais aussi un très beau Stabat Mater, quatre symphonies dont la dernière est dédiée au pianiste Arthur Rubinstein, son compatriote. On lui doit également de nombreuses musiques de ballet dont certaines pour les Ballets Russes de Diaghilev.
Né en Ukraine, mais de nationalité polonaise, c'est à Lausanne que, tuberculeux depuis l'enfance, ce grand musicien (de grands critiques et musicologues le tiennent pour un génie méconnu !) s'éteint en 1936.
Malgré son homosexualité assumée, Karol Szymanovski eut droit, de son vivant, à la reconnaissance de ses pairs et de son pays, où lui fut décernée, à titre posthume, la Grand Croix de l'ordre Polonia Restituta, l'équivalent de notre Grand Croix de la Légion d'Honneur. 
Pour l'anecdote, il avait prévu de placer son cœur près de celui de Chopin en l'église Sainte Croix, mais le cœur fut brûlé lors de l'insurrection de Varsovie en 1944.

Szymanowski à 18 ans

et un peu plus tard.

Diverses sources pour ce billet, dont l'important travail de Colin de la Motte-Sherman pour Erato.
Les erreurs éventuelles seraient dues à ma piètre maîtrise de la langue anglo-saxonne.
J'ai fait appel à mes souvenirs scolaires pour traduire les textes en langue germanique.
Pour l'italien, ce fut plus facile.
La notice de Wikipédia ne contient pas d'erreurs flagrantes, semble-t-il.
C'est ici : clic
Silvano

Les pièces pour piano du compositeur sont fréquemment au programme des concours les plus difficiles, dont celui de notre CNSM.
Voici un Prélude, le n°2 de l'opus 1, interprété par le grand Krystian Zimerman. Cette œuvre de jeunesse tient d'un romantisme très fin de siècle. Par la suite, sa production sera nettement plus "moderne".

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Silvano

Merci pour ce billet très complet, a l'heure de TiK ToKeries.
Kochno a été par la suite le compagnon de Chrisitian Bérard et donc fréquenté Cocteau

Bonne continuation

F.

Silvano a dit…

F. : merci ! Pour Kochno, je savais. Ce sera le sujet d'un prochain billet.

Pivoine a dit…

Oh oui, c'est très intéressant, je ne connaissais pas du tout, et j'aime beaucoup le morceau musical choisi... il est très paisible. Merci!