Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 6 mars 2016

Roma/Rome, impressions (1)

Il faut toujours revenir à Rome, que l'on découvre d'un œil neuf à chaque nouvelle visite. C'est presque lieu commun que de le réaffirmer. Pourtant, ce fut encore le cas cette fois, où je fus accueilli par l'une de ces averses qui s'obstinent à tenter de noyer ces vestiges de l'Empire qui tiennent encore debout malgré les affronts que leur ont fait subir au fil des siècles, pêle-mêle, l'ignorance, l'aveuglement, la cupidité, les pouvoirs religieux ou politiques, de ceux qui châtrent les statues d'éphèbes ou divisent, pour de sinistres - ou comiques, c'est selon - parades, un Forum qui fut un chef-d’œuvre d'architecture et parvient encore à narguer l'inconséquence des fantoches de toutes obédiences.

Quatre jours, ce n'est rien, mais j'en profitai pour m'attarder dans ces quartiers où les hordes de barbares armés de leurs perches-à-selfie, n'ont pas l'idée, c'est heureux, de mettre leurs baskets.
Quand ils se bousculent aux abords de la Fontaine de Trevi, s'extasient sur l'atroce monument à la gloire de Vittorio Emanuele de la Piazza Venezia ou arpentent en meutes le Colosseo, on se balade le nez au vent dans le Testaccio où, sur la place, lézardent de vieux autochtones, un œil sur les petits-enfants qui, comme tous les gosses du monde, courent après les pigeons, dont les froissements d'ailes troublent à peine le calme d'une matinée paresseuse.
J'aime que la langue italienne substitue à notre "marche", le terme "cheminement" ; je chemine donc, sans me presser, les mains derrière le dos, dans ces quartiers dits "populaires". Le soir, sereinement épuisé, je dormirai bien mieux qu'à Paris.
Je découvre les abords de San Lorenzo, où je déjeune, comme je me l'étais promis, la trattoria où Pasolini avait ses habitudes. J'y déguste la meilleure "pasta Amatriciana" de ma vie, en complimente la patronne qui en rougit de fierté, et me promet, si je reviens, de m'expliquer ce que "carbonara" veut dire.
Comme souvent, le "vino della casa", un "pecorino" (ce terme ne désigne pas seulement un fromage) est un cadeau. L'addition est toute douce. Je note que les endroits où j'ai fait les repas les moins glorieux, sont aussi les plus chers.
Gigantesque... et fort laide
Hormis mon pèlerinage à San Sebastiano, que je décrivais longuement, ici, il y a peu, et la visite de l'incroyable Duomo d'Orvieto, mon parcours ne me mènera point en terre chrétienne.
Je me suis mis, d'ailleurs, in-petto, en colère, de découvrir la gigantesque (et fort laide) statue de Jean-Paul II, que l'on a érigée sur la Piazza dei Cinquecento, signe que le pouvoir vaticanesque vous traque en des lieux que l'on souhaiterait vierges de toute influence "sacrée".

Mais, fort heureusement, l'âme du poète court encore dans les rues :

Une partie de football dédiée à Pier Paolo Pasolini, oui !

Demain, je vous narre mes émois artistiques.
Silvano  

1 commentaire:

Celeos a dit…

J'étais en vous lisant, un peu, et pas assez – il me semble sentir l'odeur de l'amatriciana –, à Rome. J'attends la suite avec impatience !