Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 3 janvier 2018

Hivernales

Santé, bonheur, etc.

 

Photo Dianora Niccolini pour faire plus joli
Pendant des années, et jusqu'à une date récente, j'ai travaillé les soirs de Noël et de Saint Silvano Sylvestre.
J'étais désemparé, l'an dernier, de devoir affronter les mouvements de foule du 31 décembre, d'être contraint d'esquiver les amas de viande saoule qui encombrent le métropolitain les soirs de liesse populaire. Si bien qu'au moment de sortir, je me ravisai et annulai les festivités prévues en ville ; ce dont mes amis, compréhensifs, ne me tinrent pas rigueur, espérè-je rétrospectivement.
Ce fut différent cette année, où je réveillonnai pour Noël chez des amis très chers dans une ambiance familiale, de celles qui tiennent chaud au cœur, quelques capiteux breuvages ayant pour tâche de s'occuper du corps sans que la dignité jamais ne fasse défaut, car on s'aime trop pour manquer de modération, voyez-vous ?
Pour la nuit où l'on bascule d'un an l'autre, étant invité à minuit par des saltimbanques à faire une petite fête sur la scène d'un célèbre café-théâtre, j'acceptai avec joie ; et la crainte, si je restais chez moi jusqu'à une heure tardive, de renoncer, de préférer, comme l'année précédente la quiétude du foyer aux tempêtes dans des verres de Champagne qui secouent Paris ces soirs-là.
Je me mis en quête d'un bi fort before (je suis dans le coup, que croyez-vous ?) pour me permettre d'attendre les douze coups qu'un blogueur sans imagination qualifierait de fatidiques, ce dont je m'abstiens, veuillez le noter.
Trouver une place de spectacle un 31 décembre ne relève pas de la gageure (ah, vous saviez qu'on prononce "gajure" ? Je vous aime !), c'en est une.
Ayant quelque entregent dans le milieu, je parvins finalement à dégoter la place J3, la seule disponible du Théâtre Tristan Bernard  où je vis le spectacle exceptionnel sur lequel j'écrirai un peu plus bas.
Après le spectacle, un verre de Crozes Hermitage dans le Marais, qui existe encore mais en beaucoup plus petit qu'avant, je trouve, et hop, je me pointe sur le lieu des festivités à 23h58, le temps de me débarrasser de mon pardessus, et d'être synchro pour les traditionnelles embrassades.
Amitié, sourires, constatation que le spectacleestunegrandefamille (là, c'était vrai !), on trinque, on s'embrasse à nouveau, on sait jamais, on déplore les absents, on grignote tout d'abord, puis abondance, bulles étrangement estampillées "brut"(es), ripaille, agapes sans blues, rires, ami  et gourou qui tient absolument à me présenter à deux artistes dont je comprends très vite, si ce n'est instantanément, qu'ils sont gays (où es-tu, je te hais !)...
L'aventure se poursuit vers deux heures dans le métro (quelle idée !) où la station Concorde ressemble à une célèbre vue de Woodstock, la paix et l'amour en moins, car les places du dernier métro de cette ligne (d'autres restent ouvertes toute la nuit, mais point celle-ci) valent de l'or, mais, ayant toujours un chausse-pied sur moi, je parviens à m'introduire dans le wagon de queue et à atteindre la couche supérieure du magma pour ne plus bouger jusqu'à destination, parvenant même à faire entrer de temps à autre un filet d'air dans mes poumons débarrassés de la clope depuis bientôt deux mois (oui, félicitez-moi, je suis hyper-fier !), c'est bien la peine.
À trois heures, je suis dans mon lit où j'achève la lecture de La disparition de Joseph Mengele, cadeau de Noël d'un ami qui sait combien j'ai besoin de me détendre avant de sombrer dans le sommeil.
J'ai plein de messages gentils sur mon smartphone, des vrais, avec mon prénom écrit, pas de ceux que l'on dispatche à tout son carnet d'adresse (je les flaire, ceux-là, et n'y réponds jamais).
J'avais laissé l'objet chez moi : c'est ça, la fête !

Image permettant d'aérer un peu.

"Autiste"

ou

"artiste" ?


Là est la question autour de laquelle s'articule la pièce à un interprète Une vie sur mesure, qui se joue actuellement à Paris au Théâtre Tristan Bernard, pièce que l'on a pu voir précédemment dans le Off d'Avignon et en tournée avec Cédric Chapuis qui la créa en 2010.
Aujourd'hui, le jeune Axel Auriant a pris le relais et stupéfie par son jeu de batterie et son talent de comédien : c'est trépidant, émouvant, et parfois bouleversant.
De plus, le jeune Axel est bien craquant :



Donc ça ne se rate pas, sachant que les prolongations vont jusqu'à fin mars, et le temps passe si vite...




Lectures diverses d'hiver


Comme écrit plus haut, en guise de lecture de vacances, j'ai lu le roman d'Olivier Guez La disparition de Joseph Mengele (Grasset) qui a obtenu le prix Renaudot, lequel est généralement plus intéressant que le Goncourt, surtout cette année où la tendance est au roman historique, et c'est le cas pour cette cuvée 2017 de ce prix prestigieux, comme on dit quand la paresse vous ramollit un tantinet les neurones, et vous m'accorderez que je sais reconnaître mes faiblesses.
Oui, c'est le cas, et le roman de Monsieur Guez, qui raconte comment le plus ignoble de tous les criminels de guerre nazis (si tant est qu'on puisse hiérarchiser l'ignominie) a pu échapper trente ans durant aux limiers du Mossad, à la justice de l'Allemagne Fédérale et à tous les chasseurs de criminels lancés à ses trousses, bénéficiant du soutien financier de sa puissante famille d'industriels allemands et d'un réseau d'assistance bien organisé en Amérique du Sud pour mourir de mort (apparemment) naturelle sur une plage en 1979, le roman, oui est passionnant.
Après lecture de ces péripéties,  les dernières pages vous assènent en quelques mots un rappel des exactions de cet individu, et ce sont des mots qui glacent le sang.
Ce n'est pas révéler la fin prévisible du roman, que d'en citer la terrible conclusion qui en fait, à elle seule, un grand livre :
Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal.
[...] Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.


On a beaucoup glosé et ricané sur le "revenu universel" prôné par Benoît Hamon, candidat (très) malheureux à l'élection présidentielle de 2017.
Maintenant que les gorges se sont passablement refroidies, il serait bon d'y réfléchir pour de bon, et de reprendre à zéro le travail pédagogique titanesque censé convaincre le citoyen lambda de la réelle utilité du concept.
Il y a pour cela un bouquin à succès au titre en forme d'oxymoron, qu'il faut faire circuler, ouvrage qui propose quelques solutions (on peut en discuter et créer, enfin, un vrai débat citoyen) pour panser quelques peu les plaies de ce monde bien amoché.
J'y reviendrai, pour peu que nous soyons quelques uns à l'avoir lu.
En attendant, ça vaut bien ses 20 €
Utopies Réalistes, par Rutger Bregman (Seuil)

 

 Conclusion



6 commentaires:

Roland a dit…

Vœux de santé, de bonheur partagés.Ajoutons un vœu supplémentaire afin que l'engagement citoyen se multiplie.

Jules D. a dit…

La photo du bas est très drôle. Tous mes vœux vous accompagnent en ce début d'année. Continuez à nous réjouir de votre optimisme, de vos anges si doux, de vos facéties,de vos humeurs...
On m'a offert Utopies réalistes, je le lis ce weekend.
Jules

Anonyme a dit…

Rien de pire que les Belles Idées et les Bonnes Intentions.
Dans Utopie, Thomas More décrit le pays parfait, qui assurerait le bonheur aux habitants. En particulier, il garantit à chacun la liberté de culte.
Voila qui est Bel et Bon.
Mais quand le même Thomas More est nommé Chancelier d'Angleterre, il fait griller, vif, c'est plus drôle, les protestants qui ne croient pas comme lui.
Roger

Anonyme a dit…

Je vous ai reconnu, Silvano, sur la photo !

Silvano a dit…

:)

Anonyme a dit…

Merci à Sylvano d'avoir corrigé ma faute d'orthographe.
Lire, mais pas n'importe comment.
La Réalité ce sont les Faits, pas les Idées.
Il faut se méfier des Belles Idées véhiculées dans les Livres.Il doit y avoir une concordance forte entre les écrits et les actions.Il est insupportable qu'un homme puisse écrire sur l'Education et abandonne ses enfants à l'assistance publique.
Celui qui écrit L'Emile et donne ses enfants à l'orphelinat est profondément malfaisant, dans ses actions et dans ses écrits.
Pourquoi faut il expliquer cela ?
Roger