Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 12 mars 2019

Silvano "alla bolognese"

La Piazza Maggiore

C'est à n'en pas douter une ville de culture où la Cineteca fait un travail admirable de restauration des chefs-d'oeuvre du septième art, où l'on croise plus qu'ailleurs des promeneurs livre en main, où Eataly dispose, sous son ristorante en mezzanine d'une vaste librairie (je jurerais que le nouvel Eataly parisien en est dépourvu !), où, sur la Piazza Maggiore, on peut boire un café au chaud soleil d'un mars indulgent pour le voyageur, en posant son regard, comme aimanté, sur un garçon indifférent à la rumeur de la foule en passeggiata : assis à même le sol, cahier à dessin sur les cuisses, il imprime de son fusain les émerveillements que le badaud saisit négligemment avec  son "smartphone" avant de les oublier aussitôt puis de les effacer d'un clic de sa "galerie" de bric et de broc.

Un promeneur livre en main et un garçon qui dessine... 
Un peu plus loin, l'inévitable (ce n'est pas ici péjoratif) Neptune de Jean de Bologne, ce qui ne peut s'inventer, cette statue que de prudes ecclésiastiques voilèrent un temps d'un  immonde caleçon, n'a de cesse de m'intriguer : je trouve le personnage viril et "very nice tapétasse tonight" à la fois.
Bologne, ce sont aussi les nourritures les plus terrestres qui soient : des monceaux de charcutailles, de fromages et autres délices dispensateurs de  cholestérol vous attirent dans les échoppes par leur fumet, comme dans un vieux cartoon américain où les arômes se font mains tentatrices pour attirer Daffy Duck (ou tout autre) dans le piège malignement tendu pour s'en débarrasser une fois pour toutes. Mais je me laisse emporter en pensant aux ripailles qui nous attendent, mes visiteurs et moi, dans les jours à venir.
Dans ces contrées, on n'échappe pas, et encore moins qu'ailleurs, aux visages recouverts d'un épais tapis de poils, si bien qu'on a envie, en croisant un bel individu de sexe masculin absolument glabre, de lui demander ses papiers et un certificat des parents pour avoir l'autorisation de l'observer pour le plaisir des pupilles. Pour les papilles, on n'en demande pas tant.
En revanche, à Bologne et dans la région, une flopée de bicyclettes, et pas une seule trottinette : je dis bien pas une seule, hormis celles à destinations des bambini exposées dans les boutiques dédiées à l'exaltation de l'enfant-divinité italien, dans un pays où l'on se reproduit beaucoup moins qu'ailleurs en Europe, paraît-il.


À la "Cineteca", Piazza Pasolini (mais oui !) on projette dimanche matin Jules et Jim de François Truffaut.
La projection est précédée d'une collazione, et ça coûte 6 euros.
Un avant chef-d'oeuvre qui vous roborative le corps pour cette somme, c'est très italien !

C'est du Palazzo Comunale que j'ai pris la première photo.
Je partage avec vous ci-dessous, trouvé en ce beau palais, un troublant San Giovanni Battista d'un disciple de Guido Reni qui jamais n'atteignit la postérité.
Mais son Saint Jean Baptiste traverse les siècles.
La photo n'est pas très bonne ; elle dit simplement comment je suis resté en arrêt devant ce saint obsédant :


7 commentaires:

Xersex a dit…

Je confirme qu'il y a très peu de reproduction en Italie!

Anonyme a dit…

Enfin, nous retrouvons un Silvano inspiré ! Qui ne nous gratifie pas seulement d'une mince légende sous une photo (aussi belle soit-elle), comme ces temps derniers.
Que Bologne, après Parme, en soit remerciées. Sans doute les nourritures terrestres que proposent ces capitales gastronomiques y sont-elles pour quelque chose. Mais je suis certain que le spectacle de la rue s'ajoutant aux trésors picturaux qu'elles offrent à tout visiteur amoureux sont les véritables déclencheurs de cette prolixité retrouvée !
Renato

Silvano a dit…

Merci Renato. Moi aussi, c'est ainsi que GC me plaît ! Mes activités professionnelles ne me laissent pas toujours le temps de m'y exprimer comme je le voudrais. En l'occurrence, j'étais en vacances. Parfois, en période d'intense activité, je me contente d'entretenir la flamme et programme à l'avance les billets-photos pour lesquels il faut déjà prendre du temps afin de faire un choix correspondant à l'esprit du blog. Enfin, cette semaine, puisque je suis de retour d'un voyage, vous allez être comblé, je pense.

Anonyme a dit…

Comme Renato, je suis ravi de retrouver le Silvano narrateur que j'apprécie tellement. Cela dit, il est un peu sévère, car vos chroniques cinéma, il y a peu de temps, étaient excellentes, et les musicales également. On va finir par se cotiser pour vous envoyer plus souvent en voyage.
Alban

Xersex a dit…

On voyage bien, à travers les histoires et les photos de Silvano!

Silvano a dit…

Alban (ah ah ah !) : oui, les cagnottes sont très à la mode.
Hormis Renato et Albin (et non Alban), il y avait autrefois, près du Casino de Juan-les-pins, un salon de coiffure tenu par "Antonio et Alban", un couple qui coiffait les stars de passage.

Anonyme a dit…

Je reconnais, Albin (Alban ?), que mon commentaire était un peu sévère et ne tenait pas compte des indéniables efforts de Silvano pour susciter l'intérêt des fidèles de GC dans tous les domaines.
Qu'il en soit remercié et qu'il projette vite un autre voyage !...
Renato