Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 12 novembre 2021

Ressenti(ment)s essentiels, mais pas seulement

Bête immonde

Un gentil lecteur, que d'aucuns qualifieraient de "bien pensant" (quelle horreur que de bien penser, la vogue étant au mal !) a eu l'amabilité (le salaud !) de m'envoyer un courriel où il célébrait les valeurs humanistes que véhiculerait selon lui ce journal.
Je ne m'en targue nullement, tant la tolérance, la solidarité, la conscience que j'ai d'appartenir au peuple du monde me semblent nécessaires à l'acceptation que j'ai de moi quand je fais face à mon miroir.
Un sale vol de corbeaux plane aujourd'hui au-dessus de nos têtes, des oiseaux de malheur construisant leur nid sur l'oubli. Oubli d'un  passé pourtant récent, oubli de ce qui a fondé les démocraties, oubli de l'Histoire majuscule, négation de la collaboration avec l'occupant nazi.
J'eus récemment la peine de constater l'adhésion d'un présumé copain aux thèses les plus extrêmes du prétendu "grand remplacement" professé par l'ancien bon écrivain Camus (pas Albert, l'autre !).
L'homme fut, m'écrivait-il, fervent partisan du PS.
Ça me rappelle que certains membres de la SFIO (pas une majorité : la vérité est à présent rétablie par des historiens scrupuleux) votèrent les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940.

Plus gaulliste qu'eux... tumeur !


On a pu voir dernièrement la fille d'un homme qui a soutenu les auteurs d'un attentat contre De Gaulle déposer une gerbe (c'est à gerber, oui !) sur un monument érigé à Bayeux en hommage à l'auteur de l'appel à se rebeller contre l'hydre fasciste.
D'autres "personnalités" du même acabit y sont allées de leur hommage au "grand homme" sur la tombe de celui qui ne peut plus protester.
Ce fut "bal tragi-comique à Colombey" pour paraphraser la fameuse couverture du salutaire Hara Kiri hebdo (l'avant Charlie) de novembre soixante-dix.
J'écris ces lignes en toute objectivité, car je suis personnellement très critique sur le règne du général et de ses affidés de 1958 à 1969.
Le rebelle de 1940 me séduit davantage. Les coups de gomme sur le passé, à l'heure où l'on dit tout et n'importe quoi à loisir grâce au tambour des réseaux, sont significatifs du délitement des valeurs autrefois partagées par une majorité d'entre nous, de celles qui soudent une communauté, avant le "grand effritement" actuel.
Résistons !


Rire de tout en bonne compagnie

Je me suis rendu lundi soir dernier au mythique Café de la gare (41 rue du Temple), où sévirent en d'autres temps des inconnus appelés à devenir des célébrités (justifiées, c'est loin d'être le cas, d'ordinaire) : Coluche, Patrick Dewaere, Miou Miou, Renaud, entre autres, y firent leurs premières armes dans un esprit qui perdure grâce à Sotha, Philippe Manesse, Rony, et autres survivants.
Sur scène, Les Darons, cinq quinquagénaires réunis pour 5 lundis d'automne dans un joyeux bordel qui permet d'oublier les ignominies quotidiennes.
C'est toujours drôle, parfois un peu "potache", avec des chansons et des sketches dont quelques grands moments d'humour absurde : l'enterrement d'un copain, une séance de remue-méninges réunissant des barons du CAC 40 qui dérive vers un burlesque que je ne divulgâcherai pas.
L'état d'esprit général est à la tolérance de toutes les différences. Sain, quoi !
Si vous êtes à Paris, il reste trois dates : le 15, le 22 et le 29 novembre à 21 heures.


Coquetteries gastronomiques

Pied de porc ou pied de cochon : dans les deux cas, faut aimer.

Dans les restaurants, il y a des modes. Actuellement, le chou-fleur fait un retour en force, que l'on accommode en "carpaccio", en "veloutés", en "émulsion" (le truc qui fait penser à de la salive), cru, cuit e tutti quanti.
Idem pour les appellations ; ainsi, le porc n'existe plus, bah, caca, horreur : dorénavant, le porc en restaurant, c'est du cochon. Côtes de cochon, avouez que ça a plus de gueule que "côtes de porc" qui manque de noblesse. Ça permet aussi de facturer plus cher une nourriture des plus populaires.
J'espère que ce changement de libellé n'est pas dû à la crainte de l'arrivée imminente du "grand remplacement".

Pour finir, rubrique déco


Ces chaises design d'inspiration scandinave ont envahi salons et lieux publics.
Encore faut-il trouver le séant qui leur donnera une tout autre valeur à un objet  très commun.

7 commentaires:

Périclès a dit…

Je valide tout à fait vos propos concernant le cirque hypocrite et écœurant des dépôts de gerbe à Colombey, c'est fort justement à gerber.
Et puisque vous parlez du Café de la Gare, je mentionne un autre spectacle qui s'y joue, Volpone, et cela en toute objectivité et pas seulement parce que quelqu'un qui m'est proche en fait partie.

Xersex a dit…

on est dans une phase de transformations sociales et politiques, où tout ce qui a été acquis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est remis en cause. Je ne sais pas où nous finirons, cher Silvano. Je pense que pour la première fois dans l'histoire, les jeunes savent pertinemment qu'ils seront dans une situation pire que celle de leurs pères et grands-parents.

estèf a dit…

Je partage votre point de vue Silvano sauf bien sûr le fait d’associer le corbeau à tout ça. Je penserai plutôt à une hydre. Bonne journée

Silvano a dit…

estèf : j'emploie le mot "hydre" dans le deuxième paragraphe.

Alex Cendre a dit…

Billet utile ! Il est vrai que le corbeau n'a pas la réputation qu'il mérite. Silvano se réfère sans aucun doute au "Chant des partisans".
J'aime bien ce genre de publications, diverses et variées, d'un seul tenant.

uvdp a dit…

Xersex : "les civilisations sont mortelles" ( Paul Valery après la guerre de 14-18 ) . Cependant je suis moins pessimiste que vous : il y a au moins un acquis qui ne peut être remis en cause : les extraordinaires progrès de la médecine .

Xersex a dit…

c'est vrai et c'est beaucoup, mais ce n'est pas assez. Je veux parler des conditions économiques et sociales.