Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


jeudi 20 septembre 2018

Arnaud avant et après les barbares


Arnaud Gagnoud est un jeune comédien parisien victime tout récemment d'une agression homophobe en plein Paris.
Je publie ci-après le texte qu'il a fait paraître sur sa page facebook.
Je pense à des jeunes de ma connaissance qui s'épanchaient en public cet été à proximité d'un public des moins tolérants (c'était à Naples !).
On croit que les temps ont changé.
Il est hélas recommandé d'être prudents.

Le texte d'Arnaud


Je savais qu'un jour ça m'arriverait. Une agression homophobe violente en pleine rue. Je savais qu'un jour je devrais faire ce choix : prendre une photo et la publier ou ne pas la publier. Avec les conséquences que cela aura dans les deux cas. Je ne savais juste pas quand cela aurait lieu. C'est donc aujourd'hui.
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Hier soir, avec mon copain, nous sommes allés voir jouer une amie et collègue comédienne dans un petit théâtre du 20ème arrondissement de Paris. Alors que nous sortions prendre l'air et attendre notre amie, nous avons eu le malheur, en discutant, de nous serrer dans les bras. Un câlin. Juste un câlin. Il était 22h00.
Un groupe de trois jeunes, postés à une vingtaine de mètres, nous a vus. Ils nous ont interpellés. Comme nous les avons ignorés, ils se sont rapprochés. Un flot d'insultes homophobes sortait de leurs bouches. Ils exigeaient que nous quittions "leur quartier" où "y a pas de PD ici". Comme nous avons refusé de partir, les insultes sont devenues plus graves, plus haineuses. Puis un quatrième les a rejoints. Un gamin qui paraît avoir douze ans. Et c'est lui qui a appelé des renforts. Un scooter avec notre cinquième et sixième agresseurs. Insultes, bousculades, menaces. On ne cède pas. Le chauffeur du scooter détache son casque, le retire, et me frappe avec. Deux coups portés à la tête. Tout va très vite. Les spectateurs du théâtre voient la scène, arrivent en courrant, les font partir et nous mettent à l'abri.
Mon copain n'a rien, fort heureusement.
Pour moi un traumatisme facial, avec ecchymose et oedeme periorbitaire. 7 points de sutures et plusieurs jours d'ITT.
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Voilà. Nous avons fait le choix de partager cette photo et notre histoire. Nous avons fait le choix de porter plainte.
Pour que ces violences cessent enfin, même si nous ne nous faisons pas d'illusions...


6 commentaires:

Rénato a dit…

Rien n'est jamais gagné... Attention à cette petite peur insidieuse qui voudrait nous faire reculer. Soupirs, tristesse, je ressens épidermiquement la souffrance et le traumatisme ressentis par les victimes. Restons soucieux de nous tous. Bonne journée. Rénato


Xersex a dit…

Je pense à des jeunes de ma connaissance qui s'épanchaient en public cet été à proximité d'un public des moins tolérants (c'était à Naples !).

A Napoli ci sono i femminielli
ils sont jeunes et efféminés et sont tenus en haute estime! On dit que leur présence porte du bonheur et de la chance aux mariages.

david jean felix a dit…

C'est toujours difficile de diffuser une image de soi après agression. C'est un témoignage très fort

Jules D. a dit…

Ça fait froid dans le dos. Rien n'est gagné. Il faut faire attention.
Jules

Silvano a dit…

Xersex : oui, je connais les "femminielli. Ce n'était pas le sujet de mon billet.
David : effectivement.
Hélas, Jules !

Xersex a dit…

Per Silvano: lo so, ma il tuo post mi ha fatto ricordare i femminielli napoletani
Pour Silvano: je le sais, mais ton post m'a fait penser au femminielli napolitains