Vienne fut la capitale musicale de l'Europe, et tente de maintenir cette position. Sans succès, selon moi, malgré les multiples concerts organisés chaque jour à l'intention des touristes : la capitale autrichienne s'enorgueillit d'un Mozart mis à toutes les sauces du "merchandising made in China", un peu moins de Beethoven, encore moins de Schubert, (lequel, pourtant y naquit et repose au cimetière central non loin de Brahms et de Beethoven, dans ce que l'on nomme le "carré des musiciens"), et très peu de Gustav Mahler, illustre représentant de ce que l'on nomme "école de Vienne".
Mais Mahler était juif, et eut à subir des attaques révélatrices de la résurgence de l'antisémitisme dans un pays qui, moins de trente ans après la mort de l'immense chef d'orchestre et compositeur, se jetterait dans les bras du plus sinistre personnage que le vingtième siècle ait connu.
C'est Martin Scorsese, grand cinéaste mélomane, qui fit (re)connaître ce quatuor, l'intégrant à son film Shutter Island, l'une de ses œuvres les plus puissantes.
L'une des scènes les plus fortes de Shutter Island, de Martin Scorsese.
Mahler fut évidemment un compositeur banni par le régime nazi, à l'instar de nombreux musiciens juifs.
Le quatuor fut écrit par Mahler à l'âge de 17 ans.
La vidéo :
Inon Barnatan, piano Boris Brovtsyn, violon Amihai Grosz, alto Boris Andrianov, violoncelle
Enregistré le 29 december 2010, au cours de l'Internationaal Kamermuziekfestival d'Utrecht, Vredenburg.
Gustav Mahler en 1898 photographié par Josef Székely |
4 commentaires:
Oui ! L'Autriche, ou comment un empire à 2 têtes s'est effondré et comment Vienne s'est transformée en ville culturelle de "province" en Europe. Voilà ce qui arrive lorsqu'on liquide, "au sens propre" bien entendu, son élite culturelle juive le plus souvent. On régresse et d'ailleurs jamais Vienne ne s'en remettra, adieu le phare culturel qu'elle fut en 1900 et, de ce point de vue, Stephan Zweig savait de quoi il parlait, "Le Monde d'Hier", oui.
L'Autriche, JAMAIS "dénazifiée", il faut bien des autrichiens de la trempe d'un Thomas Bernhard ou d'une Elfriede Jelinek pour nous le rappeler. Pour moi, l'Autriche, c'est un profond malaise et oui, j'aime pas les belles cartes postales, ça cache toujours quelque chose.
Enguerrand, j'approuve la quasi totalité de votre texte. Mais, concernant la seule ville de Vienne, j'aurai l'occasion d'en écrire plus ; Wien demeure une enclave libérale (au vrai sens du terme)où les sociaux-démocrates disposent d'une large majorité qui lui vaut, encore aujourd'hui, d'être appelée "Vienne la rouge "(!) dans les autres Länder, effectivement, où les nationalistes-populistes ont progressé ces dernières années : outre sa beauté - qui vaut bien que l'on fasse quelques photos -, elle a une vie culturelle très active, est un comportement étonnamment "gay friendly", comme on le dit dorénavant.
C'est donc une ville éminemment fréquentable, qui a su rendre justice à ses génies autrefois ostracisés par les nazis.
Vous avez raison tous deux. Enguerrand voit les choses de manière plus historique et politique. Souhaitons que Vienne reste cette ville d'ouverture d'esprit. Elle sera bien seule dans le pays, où la droite et son extrême vont connaître le succès aux prochaines législatives, malgré les récents scandales qui ont sali le FPÖ.
S,
Vous avez bien raison de rappeler de Vienne est une ville superbe. Et les viennois actuels tout autant.
C'est vrai que je suis incapable, enfin si tout de même, de ne pas penser aux drames d'hier. J'entends encore mon grand-père suisse de Lausanne, mobilisé sur la rive suisse du lac de Constance me raconter la peur atroce de voir les bateaux d'Hitler "débouler" sur la Confédération. Il ne comprenait pas comment l'Autriche, cet immense phare culturel avait pu si facilement basculer dans l'Anschluss. Et encore, il ne savait rien de la déportation des juifs viennois. Freud savait de quoi il en retournait et dont les 4 sœurs, Rosa, Marie, Adolfina et Paula sont mortes en déportation.
Silvano, la Sachertorte a-t-elle toujours aussi bonne réputation ?
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