Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 14 mars 2025

Alexander Malofeev à Paris : deux heures de bonheur !

Quelle soirée ! Photo C. F pour Silvano de GC

 

C'est la première fois que le jeune élève qui m'accompagnait assistait à un récital. Je l'ai vu se recroqueviller sur son fauteuil, extatique, habité, passionné. Le programme choisi par le jeune pianiste russe fut un véritable panorama de ses possibilités, de sa palette sonore, de sa technique imparable — pas une note à côté -, de la maturité : le petit prodige qui jouait à onze ans le Concerto de Grieg est devenu un grand pianiste qui nous surprendra encore. Il y eu des subtilités, une intelligence hors du commun à enchaîner les brumes de Janacek, sans interruption, avec les Funérailles de Liszt qui parvinrent à déchaîner l'enthousiasme d'un public nombreux, recueilli comme rarement, en mélange des générations, puisque Malofeev est devenu une "star" du piano qui touche les grands-pères comme les adolescents. On découvrait une Sonate de Kabalevski où alternent tendresse et fulgurances en tempête vrombissante. On s'enflammait avec Scriabine, compositeur pas assez joué, l'un des plus grands, pourtant. Cinq bis, pas moins, Rachmaninov, Tchaïkovski, pirouette pianistique finale, humilité, petit sourire, fatigue visible, due à l'accumulation des dates à travers le monde.
Repas au restaurant attenant à la Salle Gaveau après le concert, dans lequel l'artiste, après la séance de dédicaces, vint s'installer avec son "staff" à quelques mètres de notre table. Nous nous arrêtâmes, au moment de partir, quelques secondes pour ne pas déranger, juste pour un dernier bravo et un merci. À ma grande surprise, une accompagnatrice , dont je compris qu'elle était une sorte d'agent du virtuose en France, m'interpelait par mon nom pour vanter la qualité de l'enseignement de l'école de musique dont, jusqu'à février, je fus le directeur pendant de longues années. Malofeev n'y comprit rien, qui ne parle pas le français, étonné, apparemment. Nous fûmes étonnés de sa pâleur. Ce qui fit dire à mon accompagnateur :" on dirait un albinos "en vrai" ! "
Quelle soirée ! 

3 commentaires:

Axel a dit…

Quelle chance vous avez eue. Suite à votre article précédent, il n'y avait plus que des places "à visibilité réduite" et j'ai renoncé. Merci pour ce compte rendu.

Eric D a dit…

Oh! Un grand merci de nous partager vos émotions! C'est si grand en ces temps! En plus pour un jeune artiste palot qui défend la culture qui n'a pas de frontières; le pauvre c'est surement aussi difficile que la technique et le coeur.
Merci En Coeur Silvano

Silvano a dit…

Oui, Eric, d'autant plus qu'il doit être préoccupé par la situation de sa famille en Russie.