Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 11 juin 2014

À Bologne, de la pasta "al ragù" à... Robespierre

Donatello, c'est un restaurant de Bologne en nostalgie savamment entretenue par la famille Fanciullaci, maîtresse des lieux depuis un bon siècle.
Ce sont les descendants du fondateur qui vous accueillent, prévenants sans jamais être obséquieux, toujours prêts à intervenir sans jamais avoir l'air d'être aux aguets.
Ce que j'appelle "de grands pros".

Un salle de "ristorante" de belle tenue. Au fond, le vénérable signore Fanciullaci.

Le décor n'aura évolué, depuis la création, qu'en fonction des nouvelles photographies de célébrités qui s'y succèdent encore : ici, on croise le regard de Fellini ou de la Magnani, de Maria Callas et de toutes les étoiles venues jouer dans la capitale de l'Emilie-Romagne.
A côté de moi,lors de ce pranzo*, deux rappeurs noirs qui doivent être très connus ; mais je ne suis guère féru de ce genre de "musique" et ne saurais en dire plus.

Tortellini in brodo : ça n'a l'air de rien, mais c'est divin !
On déguste ici les spécialités locales dont les fameuses tagliatelle al ragù (appelées, dans nos contrées, "bolognaises", et servies, souvent -hérésie !- avec des "spaghetti" !) ou les tortellini in brodo. Pour cette spécialité, c'est simple : il suffit d'avoir une poule paysanne sous la main, une demi-journée de libre, et, bien sûr, de faire vous-même vos tortellini.
En antipasti, on picore des cubes de mortadelle et des morceaux du meilleur parmesan possible, car tout droit venu... de Parme.
Me laissant conseiller, j'ai opté, lors de mon deuxième déjeuner (j'étais adopté) pour cette superbe pièce porcine rôtie, croquante à souhait d'abord, fondante ensuite :



Avec une addition qui avoisine les 30 euros, Donatello, où les habitants de la ville se pressent à partir d'une heure et demie de l'après-midi, est une adresse précieuse.

Oh, des anges musclés et moustachus ! En noir et blanc, si ce n'était la "clim", voyage dans le passé.
Intrigué par la présence, sur la carte, d'un "filetto  Robespierre" (filet de boeuf), j'en demandai le pourquoi au signore Fanciullaci, un sexagénaire classieux aux longs cheveux blancs : il me répondit dans sa langue chantante "perche è più sanguinolente" en néologisme ne figurant pas dans mon dictionnaire italien-français.
J'adore ce "sanguinolent" accolé à l'Incorruptible.

*Déjeuner

6 commentaires:

Pierre a dit…

Dans l’autre sens, je m’étais laissé aller à découvrir (dans un boui-boui à Rome) ce qu’était un steak « Bismarck ». En fait, on met juste un œuf au plat dessus, mais le nom venait plus sûrement de la semelle de ses bottes !

The Narrow Corner a dit…

Beau lieu.

Tout ce que j'aime. Merci de cette critique gastronomique agrémentée de séduisantes photos.

Vos propos sur le filet de boeuf Robespierre me rappellent évidemment la célébrissime "Soupe à la dégueu", ce mets rare et raffiné tant apprécié des bobos de Rome.

Silvano a dit…

Ah, il y a donc des bobos à Rome, aussi ?

The Narrow Corner a dit…

Je ne suis pas allé à Rome depuis le siècle dernier, et je le regrette vivement, mais je suis persuadé que nos chers amis transalpins ont eux aussi leurs confréries de bobos...

Soit dit en passant, cher Silvano, je prends beaucoup de plaisir à lire vos posts culinaires et vos chroniques gastronomiques.

Silvano a dit…

ac : c'est le terme "bobo" qui m'amuse ; ça veut tout dire et rien dire : je pense qu'on est toujours le "bobo" de quelqu'un.

Maxence 24 a dit…

Vous nous faites saliver, Silvano-sado !