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Villa Pallavicino - Stresa, Lac Majeur (It.) Photo Silvano avant le drame |
À l'été 2012, m'arriva en ce lieu une piquante mésaventure : je n'imaginai pas qu'on pouvait fermer pareil jardin d’Éden à cinq heures et demie d'une après-midi baignée de lumière. Non, je m'étais mis en tête -va savoir pourquoi ?- que je pouvais arpenter les allées, musarder à défaut de batifoler, m'arrêter pour observer tranquillement zèbres et autres lamas, prendre mon temps. J'avais inconsciemment décrété qu'on ne pouvait me mettre dehors avant six heures et demie. Je fus tout de même intrigué, vers six heures, du silence qui s'était abattu sur l'immense propriété, troublé seulement par quelque hululement et autre hennissement. Les bars étaient fermés, l'inévitable "petit train touristique" soigneusement garé sur la butte, et je n'avais croisé âme qui vive depuis longtemps. De plus, doté d'un sens de l'orientation légendaire, j'eus quelque difficulté à retrouver la sortie, empiétant au passage sur un domaine privé, salué par d'effrayants aboiements de molosses que j'imaginai déjà lancés à ma poursuite. Quand, enfin, après de nombreux détours, j'avisai le grand portail, ce fut pour m'apercevoir qu'une lourde chaîne cadenassée l'ornait fort joliment. Dans un premier temps, n'écoutant que mon absence totale de courage, je me lamentai sur mon sort, anticipant une nuit à la belle étoile en compagnie de bêtes sauvages, de crapauds, de serpents, et, pire, de moustiques assoiffés ! Je me résolus à escalader le mur d'enceinte donnant sur une route à forte circulation. Je me mis alors à faire de grands signes à des voitures dont les conducteurs, vu la hauteur, ne pouvaient me voir. Je réalisai ma stupidité, fouillait mon sac à la recherche d'un quelconque papier pouvant receler le numéro de téléphone de mon hôtel ; sans succès. Je me mis alors en devoir de rejoindre la terre ferme par tous moyens. J'y parvins enfin, avec l'adresse de qui n'a pratiqué d'activité physique depuis des lustres, récoltant au passage moult écorchures en glissant voluptueusement le long du mur de pierres de taille.
Fourbu, je m'arrêtai à la première plage-bar lounge pour y demander un désinfectant pour mes blessures avant que la gangrène ne me gagne. M'apitoyant sur moi-même comme je le méritais, je m'offris une grappa, puis une deuxième, pour me remettre de mes émotions. À la lecture de ce blog prétendument romantique, vous ne pouviez savoir pas, cher lecteur, à quel point je vivais dangereusement, n'est-ce-pas ?
5 commentaires:
Quelle drôle d’idée de vouloir quitter le jardin d'Éden ? Vous auriez dû en profiter pour vous mettre en tenue d’Adam ! cela aurait peut-être attiré quelque serpent diablotin. Qui ne tente rien...
@Pierre : pauvres bêtes !
A votre place, j'aurais attendu la nuit noire pour voir si ce beau jardin n'étais pas fréquenté par quelques beaux anges égarés. Il y en a où il faut se laisser enfermer pour croiser une faune inattendue. Il y a toujours moyen de sortir après, les habitués vous montrent le chemin.
Jeremy
Fleur parmi les fleurs, vous n'auriez pas dépareillé dans ce magnifique jardin cher Silvano :-)
Clément
Je ne ricane pas c'est le genre de chose qui pourrait m'arriver , mais quand même je pense que j'aurais regardé l'heure de la fermeture ...
Mais bon tu es sauvé et depuis tu nous publies de bien belles choses alors tout va bien
Amitiés ...
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