Mes anges
De Matt Lambert |
Ma sensibilité me conduit souvent à idéaliser. Ainsi, il n'est pas rare que, m'extasiant devant telle nudité juvénile, l'ami de passage, par dessus mon épaule observant l'objet de mon émoi, se gausse de ma naïveté : - M'enfin, Silvano, tu ne vois pas qu'il s'agit d'un acteur de films pornos ?
Non, je ne le vois pas, je préfère penser que l'ange pose pour un moderne Bronzino, ou, pour la photo ci-dessus, qu'il s'agit d'une pause entre deux séances pour une nouvelle Pietà. l'autre soir, j'ai inséré une photo d'un "angelo" magnifique qu'un commentateur s'est chargé d'identifier comme étant (encore !) un "héros" de vidéos pour adultes.
Peut-on me laisser rêver ?
Mur
Naviguant de chaîne en chaîne de télé un soir, guettant désespérément de quoi satisfaire mon appétit, j'ai failli renoncer jusqu'au moment où je suis tombé sur un film mêlant fiction, images d'époque et témoignages des protagonistes, qui relatait l'histoire d'étudiants de Berlin Est assistant à l'érection (mais ce n'était pas un film pornographique !) du mur de Berlin, et leurs efforts - couronnés de succès pour certains, menant à la tragédie pour d'autres - pour passer à l'Ouest. C'était captivant. Le titre est Berlin, promotion 61. C'était sur la chaîne Histoire, qui pourrait rediffuser ce programme un de ces jours. J'ai trouvé une bande-annonce ici : clic
J'illustre avec une photo prise en 1989 où l'on voit deux beaux jeunes hommes de l'Est refusant de serrer la main de gens d'en face fêtant la chute du fameux mur.
Que se passe-t-il ?
Et pan sur le bec, comme le titrerait le Canard enchaîné !
Il y a quelques mois, je dénonçais dans un billet la nouvelle manie des journalistes de la presse parlée, télévisée ou écrite, d'employer à tout bout de champ des "ce qu'il se passe", formule remplaçant le "ce qui se passe" d'usage jusqu'alors. Et voilà que l'autre jour, preuve que l'on nous pollue les neurones quand l'on n'y prend garde, je commis la même erreur, dénoncée illico par un commentateur courroucé. Penaud, je corrigeai aussitôt. Je sais qu'il y aura des défenseurs de la nouvelle version pour me rétorquer que la tournure est logique (il se passe quelque chose, et donc...). Et bien, "au final" (grrrr !), je préfère continuer à utiliser l'ancienne, comme Nicole Croisille dans cette chanson de 1969 lors de la soirée de premier tour de l'élection présidentielle que Pompidou remporta au second..
En prime, d'une époque où les variétés permettaient d'attendre les résultats distribués au compte-goutte, vous avez, s'affichant en bas de l'écran, les scores des différents candidats. Gay Cultes, champion de l'information !
Croquignolesque
On ne manquera pas de s'étonner de voir à ce point critiqué le vocabulaire de l'actuel président de la République. Je ne parle pas des "fainéants" ou de ceux "qui ne sont rien" qui prêtent aisément le flanc à la polémique, surtout quand on les retire en toute bonne foi (!) du contexte. On entend pousser des cris d'orfraie quand M. Macron prononce le mot "bordel", les mêmes ricanant de l'emploi de termes prétendument désuets comme "truchement" (ah bon ?). Il est vrai que le ricanement est devenu un mode de pensée véhiculé à longueur de temps par les réseaux dits sociaux et que personne ne peut y échapper. Ce sont les "hors de" (off !) du président qui intéressent les polémicards de tout poil. En revanche, il ne se trouve personne pour souligner que le langage officiel présidentiel, avec ses mots "démodés" (parce que trop respectueux de la langue ?) et, entre eux, des liaisons enfin respectées auxquelles les deux (voire trois) prédécesseurs ne nous avaient pas habitués. Il y a cependant source d'agacements dans le verbe "jupitérien", une sorte de novlangue où se glissent des "et en même temps", des "toutes et tous", des "pardon de vous le dire"... croquignolets (et non "lesques"). Mon propos où il n'est question que de forme et non de fond, n'a absolument rien de politique ; juste histoire de dire où nous en sommes, "les gens".
Un faune pour réconcilier tout le monde :
7 commentaires:
<< Que se passe-t-il ? >>
Le commentateur n'était pas courroucé, il était déçu. Les lieux où l'on parle bien sont devenus si rares!
"Il ne se passe rien. Il se passe des choses importantes. Il se passe que vous m'ennuyez." sont des tournures parfaitement correctes. En revanche, "Qu'est-CE qu'il se passe ? Voici CE qu'il se passe." sont incorrectes; elles étaient d'ailleurs inconnues avant 2011.
Cette année-là, quatre mois après Fukushima, j'écrivis dans mon blog le texte suivant. (N.B. Le "tsunami" de 2004 était parvenu jusqu'à nous dans les bagages des touristes chassés de Thaïlande.)
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Qu'est-ce qu'il se passe ? un tsunami.
En français normal : "Que se passe-t-il ? Un raz de marée."
En français médiocre de l'an dernier : "Qu'est-ce qui se passe ? Un tsunami."
En abomination de cette année : "Qu'est-ce qu'il se passe ? Un tsunami."
C'est une soudaine déferlante de solécismes, un raz de marée (un tsunami, à la rigueur, si vous préférez), une dévastation : plus personne, pas même les journalistes, ne parle de "ce qui se passe" ("cette chose qui se passe") mais de "ce qu'il se passe" ("cette chose qu'il se passe").
Nous sommes en phase, André, vous le savez bien.
Pourquoi ? Il se passe quoi ?
Pasqua ?
Les deux premiers clichés pourraient aussi être extraits du classique "les damnés " de Visconti , non?
Revenons à l'essentiel, cet arbre a bien de la chance.
Roger
Joseph : le premier, un peu, oui. Mais le second, pas du tout (lisez le texte, merci!).
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