J'aime beaucoup Rome, bien entendu - intensément -, car c'est la ville d'Italie où j'ai le plus longtemps séjourné. Cependant, j'ai toujours été frappé par son côté "provincial", car elle ne fait pas du tout capitale, comme d'autres en Europe. Sa nature n'est pas moderne : très peu de cinémas, de boutiques de mode, de cafés "branchés". Pour ça, il faut aller à Milan. Rome s'est endormie dans la beauté de son passé, et les princes charmants occasionnels que furent les cinéastes Fellini, Pasolini, Rosselini, etc., n'ont eu l'air de la réveiller que le temps d'un lumineux baiser.
Pierre, concernant le cinéma, il y a eu beaucoup de fermetures définitives dues, entre autres, à l'offre pléthorique (avec la qualité que l'on sait)des chaînes de télévision, mais aussi à l'absence d'une réelle politique de soutien comme chez nous. Je prépare un billet sur un jeune collectif qui se bat dans ce sens, et multiplie des actions qui suscitent l'admiration. à suivre, donc. Ce que vous dites de cette sorte de léthargie, fait, sans doute, que je préfère Rome à Milan. Votre dernière phrase est touchante.
On ne peut que saluer ce genre d'initiatives... et regretter le temps béni des pléthoriques coproductions franco-italiennes. Mais sur le mode de vie urbain européen (qui m'intéressait plus alors qu'aujourd'hui), c'était pianissimo (morendo). Il faut dire aussi que le poids "moral" de l'église y reste encore très pesant.
C'est donc plus une ville faite pour y rêver que pour y vivre.
"Sa nature n'est pas moderne : très peu de cinémas, de boutiques de mode, de cafés "branchés". Pour ça, il faut aller à Milan. Rome s'est endormie dans la beauté de son passé, et les princes charmants occasionnels que furent les cinéastes Fellini, Pasolini, Rossellini, etc., n'ont eu l'air de la réveiller que le temps d'un lumineux baiser."
Pour ma part, je donne toutes les boutiques et les cafés de Milan (et les cinémas en prime) pour la lumière, la vitalité de la rue, la vibration de l'air, la stimulante langueur de la vie romaine. Ce concentré de beauté ("La Grande Bellezza", comme dit Sorentino) que ce film capte assez bien, malgré son montage un peu trop heurté (et tant pis pour les modernes qui préfèrent prendre leur cappuccino ailleurs ; ils laissent plus de place à la contemplation...).
Pierre nous dit quand même que "Rome s'est endormi dans la beauté de son passé", phrase dans laquelle on peut percevoir plus qu'une nuance de déploration. Ce "sommeil" est d'ailleurs tout relatif : c'est quand même à Rome que se trouve l'un des meilleurs cinémas italiens (l'un des rares où l'on peut voir des films sous-titrés), le "Nuovo Sacher" de Nanni Moretti. On peut aussi chaque été y voir des films en plein air (et assister à de fort intéressantes conférences) dans le beau cadre de l'Isola Tiburtina, et, pour les fans du "clubbing", on s'amuse bien à la Muccassassina...
Même si c'est avec quelques jours de retard que je le fais, comme romain d'adoption, je ne peux que défendre "ma" ville (tout en notant bien que ce qu'en dit Pierre n'est pas une critique très violente!). Malheureusement, il faut aussi avouer qu'elle se laisse prendre comme les autres par plein de choses qui la dénaturent. Une rue comme le Corso n'est qu'une succession de boutiques de fringues désolante. Il reste, oui, le Nuovo Sacher si bien indiqué par Emmanuel, ou le cinéma du Campo dei Fiori mentionné par Silvano (sans oublier au milieu du même Campo la librairie Fahrenheit 451, petite mais excellente et tenue par de vrais libraires... pub gratuite!), mais tout cela, pour combien de temps?
10 commentaires:
C'est malin, ça donne envie d'y aller !
J'aime beaucoup Rome, bien entendu - intensément -, car c'est la ville d'Italie où j'ai le plus longtemps séjourné. Cependant, j'ai toujours été frappé par son côté "provincial", car elle ne fait pas du tout capitale, comme d'autres en Europe. Sa nature n'est pas moderne : très peu de cinémas, de boutiques de mode, de cafés "branchés". Pour ça, il faut aller à Milan. Rome s'est endormie dans la beauté de son passé, et les princes charmants occasionnels que furent les cinéastes Fellini, Pasolini, Rosselini, etc., n'ont eu l'air de la réveiller que le temps d'un lumineux baiser.
Pierre, concernant le cinéma, il y a eu beaucoup de fermetures définitives dues, entre autres, à l'offre pléthorique (avec la qualité que l'on sait)des chaînes de télévision, mais aussi à l'absence d'une réelle politique de soutien comme chez nous.
Je prépare un billet sur un jeune collectif qui se bat dans ce sens, et multiplie des actions qui suscitent l'admiration. à suivre, donc.
Ce que vous dites de cette sorte de léthargie, fait, sans doute, que je préfère Rome à Milan. Votre dernière phrase est touchante.
On ne peut que saluer ce genre d'initiatives... et regretter le temps béni des pléthoriques coproductions franco-italiennes.
Mais sur le mode de vie urbain européen (qui m'intéressait plus alors qu'aujourd'hui), c'était pianissimo (morendo).
Il faut dire aussi que le poids "moral" de l'église y reste encore très pesant.
C'est donc plus une ville faite pour y rêver que pour y vivre.
Grand Merci pour cette belle ambiance tout à fait éternelle ...
Marcel
"Sa nature n'est pas moderne : très peu de cinémas, de boutiques de mode, de cafés "branchés". Pour ça, il faut aller à Milan. Rome s'est endormie dans la beauté de son passé, et les princes charmants occasionnels que furent les cinéastes Fellini, Pasolini, Rossellini, etc., n'ont eu l'air de la réveiller que le temps d'un lumineux baiser."
Pour ma part, je donne toutes les boutiques et les cafés de Milan (et les cinémas en prime) pour la lumière, la vitalité de la rue, la vibration de l'air, la stimulante langueur de la vie romaine. Ce concentré de beauté ("La Grande Bellezza", comme dit Sorentino) que ce film capte assez bien, malgré son montage un peu trop heurté (et tant pis pour les modernes qui préfèrent prendre leur cappuccino ailleurs ; ils laissent plus de place à la contemplation...).
Emmanuel F. : qui vous dit que Pierre déplore cet état des choses ?
Pierre nous dit quand même que "Rome s'est endormi dans la beauté de son passé", phrase dans laquelle on peut percevoir plus qu'une nuance de déploration. Ce "sommeil" est d'ailleurs tout relatif : c'est quand même à Rome que se trouve l'un des meilleurs cinémas italiens (l'un des rares où l'on peut voir des films sous-titrés), le "Nuovo Sacher" de Nanni Moretti. On peut aussi chaque été y voir des films en plein air (et assister à de fort intéressantes conférences) dans le beau cadre de l'Isola Tiburtina, et, pour les fans du "clubbing", on s'amuse bien à la Muccassassina...
Oui, et il y a des films en v.o également au Campo dei Fiori. J'ai adoré "La grande bellezza", mais je ne peux être objectif.
Même si c'est avec quelques jours de retard que je le fais, comme romain d'adoption, je ne peux que défendre "ma" ville (tout en notant bien que ce qu'en dit Pierre n'est pas une critique très violente!). Malheureusement, il faut aussi avouer qu'elle se laisse prendre comme les autres par plein de choses qui la dénaturent. Une rue comme le Corso n'est qu'une succession de boutiques de fringues désolante.
Il reste, oui, le Nuovo Sacher si bien indiqué par Emmanuel, ou le cinéma du Campo dei Fiori mentionné par Silvano (sans oublier au milieu du même Campo la librairie Fahrenheit 451, petite mais excellente et tenue par de vrais libraires... pub gratuite!), mais tout cela, pour combien de temps?
Enregistrer un commentaire