En lisant le titre de votre post, Silvano, je pense soudain à mes amis D et C, qui se sont "tant aimés" pendant vingt ans ou peu s'en faut, aimés à n'en savoir que dire, aimés à perdre la raison, aimés à n'avoir que l'autre d'horizon, l'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien. Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid !
Perdus l'un sans l'autre, sans compas, sans boussole, sans mât ni fertiles îlots ; se cherchant sous la pluie, se devinant au détour d'un regard.
Et puis, sans qu'on sache pourquoi, vint un soir où Cupidon voulut remballer sa vaine panoplie, recouvrer tout son fourbi. Game Over. Plus d'ailes, plus de bandeau sur l'oeil : "Je viens récupérer mes flèches."
Et il brûla tous leurs trophées, leurs reliques, leurs gages, leurs portraits, leurs lettres idylliques.
Bien belle fut la part du feu.
"Faut voir à pas confondre amour et bagatelle, à pas trop mélanger la rose et l'immortelle", qu'il leur dit en se sauvant, à pas traiter comme une affaire capitale une petite fantaisie sentimentale. Plus de crédit dorénavant."
Un soir, depuis la chambre hors de prix qu'il avait louée tout au sommet d'un hôtel parisien, C téléphona à D pour lui dire qu'il ne rentrerait pas, qu'il ne rentrerait plus. Il voulait récupérer tout son fourbi, de préférence un jour où D ne serait pas "à la maison".
Avant de raccrocher, avisant la pauvre marguerite qu'on avait effeuillée jadis selon le rite, quand on s'aimait un peu, beaucoup, l'un après l'autre, en place il remit les pétales.
Enfin, pour bien montrer qu'il faisait table rase, il effaça du mur l'indélébile phrase :"C est épris de D".
4 commentaires:
A part la dernière, un peu torride, ces photos sont touchantes. C'est rassurant dans ce monde brutal.
Jeremy
J'ai écrit quelque chose au-dessus de la dernière.
A n'avoir que toi d'horizon...
En lisant le titre de votre post, Silvano, je pense soudain à mes amis D et C, qui se sont "tant aimés" pendant vingt ans ou peu s'en faut, aimés à n'en savoir que dire, aimés à perdre la raison, aimés à n'avoir que l'autre d'horizon, l'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien. Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid !
Perdus l'un sans l'autre, sans compas, sans boussole, sans mât ni fertiles îlots ; se cherchant sous la pluie, se devinant au détour d'un regard.
Et puis, sans qu'on sache pourquoi, vint un soir où Cupidon voulut remballer sa vaine panoplie, recouvrer tout son fourbi. Game Over. Plus d'ailes, plus de bandeau sur l'oeil : "Je viens récupérer mes flèches."
Et il brûla tous leurs trophées, leurs reliques, leurs gages, leurs portraits, leurs lettres idylliques.
Bien belle fut la part du feu.
"Faut voir à pas confondre amour et bagatelle, à pas trop mélanger la rose et l'immortelle", qu'il leur dit en se sauvant, à pas traiter comme une affaire capitale une petite fantaisie sentimentale. Plus de crédit dorénavant."
Un soir, depuis la chambre hors de prix qu'il avait louée tout au sommet d'un hôtel parisien, C téléphona à D pour lui dire qu'il ne rentrerait pas, qu'il ne rentrerait plus. Il voulait récupérer tout son fourbi, de préférence un jour où D ne serait pas "à la maison".
Avant de raccrocher, avisant la pauvre marguerite qu'on avait effeuillée jadis selon le rite, quand on s'aimait un peu, beaucoup, l'un après l'autre, en place il remit les pétales.
Enfin, pour bien montrer qu'il faisait table rase, il effaça du mur l'indélébile phrase :"C est épris de D".
Bien belle fut la part du feu.
Faut voir à pas confondre amour et bagatelle...
(Emprunts à : "Aimer à perdre la raison", de Jean Ferrat, "Avec le temps", de Ferré, "Sale petit bonhomme", de George Brassens, "Brise marine", de Stéphane Mallarmé)
Merci pour ce beau témoignage, another country ; je sais également ce qu'il en est.
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