Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


dimanche 16 juin 2019

Franco Zeffirelli, mort d'un esthète

Janvier 2000. Franco Zeffirelli sur la scène de l'Opéra de Rome, © AFP / Leemage
Tout d'abord assistant de Luchino Visconti puis à son tour metteur en scène d'opéra de premier plan, ami de Maria Callas avec laquelle il collabora à maintes reprises (La Traviata, Tosca, Norma...), Franco Zeffirelli fit quelques incursions au cinéma, avec notamment un Roméo et Juliette qui connut un triomphe international.
En 1996 Zeffirelli a fait sa "sortie du placard" ("coming out", pour les anglophones) ; contrairement à son maître Visconti, il fut un homme de droite, sénateur du groupe Forza Italia de Berlusconi.
Il est mort samedi 15 juin à l'âge vénérable de 96 ans.


Note du 19 juin :
la teneur de ce billet est purement informative ; j'ai pris quelques précautions en le rédigeant, me contentant de citer les éléments saillants de la vie de Zeffirelli, dont j'ai revu, tout récemment La mégère apprivoisée qui ne vaut que par la beauté de Liz Taylor, à son apogée, et de son époux (et adversaire !) Richard Burton.
On s'informera davantage sur le personnage, lequel ne m'a jamais inspiré la moindre sympathie, comme je l'écris à Enguerrand, l'un des commentateurs de cet article, qui signale les positions ultra-réactionnaires de l'homme sur l'IVG et autres questions de société. Paradoxal ou pas, finalement, de la part de ces gens que l'on peut classer à l'extrême droite et qui ont, dans le privé, des pratiques peu compatibles avec les droits humains : ainsi, Enguerrand, toujours, renvoie vers un article du Hollywood Reporter qui nous en apprend de belles sur le comportement du réalisateur envers ses jeunes acteurs : clic (en anglais, mais la traduction Google est, pour un fois, correcte).

11 commentaires:

Arrow a dit…

Merci et bon dimanche à vous Sylvano. J'avais vaguement entendu parler sur France info hier du décès d'un réalisateur Italien, je savais que j'aurai sur votre site un complément d'information. Merci à lui pour ce qu'il nous a donné, son Roméo est magnifique.

Xersex a dit…

Quel ragazzo tutto fuoco e nervi farà molta strada!
Così la divina profetizzò su Franco Zeffirelli. Azzeccando la profezia.

Ce garçon tout feu et nerveux ira un long chemin!
Ainsi, la divina a prophétisé à propos de Franco Zeffirelli. Et la prophétie s'est avérée juste.

Ludovic a dit…

Les plus jolies fesses de garçon de l'année 1968.
Quant à Zeffirelli, comme disait Tintin : "Dieu ait son âme, mais c'était un rude coquin!".

Enguerrand a dit…

Zeffirelli, pour ce qui relève de ses films, quel bâillement !


Luchino Visconti, malgré son pédigrée (et quel pédigrée), aristocratique, financier (son père Giuseppe était l'un des plus gros actionnaires d'Alfa-Romeo, le blason de sa famille, la guivre qui dévore un enfant est sur le logotype de la marque automobile milanaise à coté de la croix de Milan, et surtout de la Fiat) a ouvert les portes du palais familial, via Salaria, aux résistants italiens durant l'occupation de Rome par les troupes d'Albert Kesselring. 9 mois atroces, on massacre les civils et résistants, Anna Magnani dira de ce siège "on avait une peur terrible, ouvrir sa porte à des gens recherchés c'était jouer a vie". Visconti en paiera le prix, si les allemands n'ont jamais osés forcer ses portes, il sera torturé par les phalangistes. Il ne l'oubliera jamais.
Tout cela pour dire que le "comte rouge" avait une colonne vertébrale politique solide, et à mille lieues de son univers social. Rien de cela chez Zeffirelli.

Constat sévère, coming-out tardif, totalement aphone durant les ravages du sida dans la péninsule (des amants mourants ?), réactionnaire viscéral, s'est fourvoyé avec la pestilence berlusconienne fossoyeur avec la Fininvest (financée par la mafia) de la culture du cinéma italien avec ses chaines de TV vulgairo-atroces. Même Ricardo Muti, de droite lui aussi, a dénoncé, en 2011, la politique culturelle de Berlusconi durant la représentation de Nabucco qu'il dirigea pour les 150 ans de l'unité italienne.

La seule chose que m'évoque le décès de Franco Zeffirelli ? La fin d'un monde culturel disparu depuis longtemps déjà.

Silvano a dit…

Enguerrand, vous concéderez que ce billet est purement informatif. Votre commentaire est très pertinent.

Xersex a dit…

Pour Enguerrand:
Lumières et ombres, comme il convient à une personnalité qui a marqué le passé. Vous ne pouvez pas vous attendre à du courage ou à des attitudes différentes à l'égard de sa propre personnalité et de ses propres idées. Ce ne serait même pas juste.

Enguerrand a dit…

Zeffirelli, de droite, donneur de leçon, propos scandaleux sur l'avortement, réactionnaire et.... les langues se délient... pervers ! :

https://www.hollywoodreporter.com/news/franco-zeffirelli-abuse-accusers-speak-1219298

C'est en anglais, bonne lecture !

Silvano a dit…

Merci Enguerrand.
Très instructif.
Le personnage ne m'avait jamais inspiré de sympathie. Je comprends pourquoi.

Silvano a dit…

Note pour les liens : en fait, si Chrome est votre navigateur, il vous permet, en surlignant le lien, d'y accéder en un clic.

Enguerrand a dit…

@S

Je consulte The Hollywood Reporter régulièrement. Avec Variety, c'est la bible des professionnels du cinéma US, tout sauf un torchon. Toujours très bien informé, cet article est terrible pour Zeffirelli, il a bousillé des carrières et des vies de jeunes adultes. Ce qui est redoutable, c'est que l'article fait de lui le typique homosexuel refoulé qui se détestait tellement qu'avec sa réputation artistique il s'est tout permis. Bien entendu il n'a pas pu s'empêcher de donner des leçons de morale alors que dans sa vie personnelle il n'en avait pas. C'est odieux.

Xersex a dit…

Pour tous: on connaissait en Italie l'homosexualité de Zeffirelli. Cela n'a jamais été un secret pour personne. Même Pasolini et Visconti étaient tous deux homosexuels. Mais c'était une chose bien connue des années cinquante.

Ceci est légèrement hors sujet, mais peu importe.
Lorsque Maria Callas a commencé à travailler avec Visconti alla Scala, elle était soumise à sa culture et à son charme, mais pas à ses manières parfois rudes et vulgaires, y compris le fait qu'il admettait ouvertement son homosexualité (Maria était très puritaine à l'époque). .

Avec Zeffirelli, par contre, elle travaillait mieux, car il était plus calme.

Enfin, après l’affaire Onassis et le tournage du film sur Médéa, elle était tombée amoureuse de Pasolini, sachant très bien qu’il était homosexuel.

Trois grands artistes, trois amis si différents les uns des autres (même en tant qu’idées politiques) unis cependant par des tendances homosexuelles, qui - croyez-moi - étaient connues de tous en Italie.