Il faudrait être complétement idiot pour ne pas considérer les dégâts que notre espèce a causés sur la planète qu'elle occupe à titre provisoire — ce qu'elle s'applique à ignorer, le déluge étant pour les suivants. Des dégâts, les humains, dans leur inhumanité, passent leur existence à en faire subir à leurs semblables, dans une sorte d'orgie sanglante qui n'épargne désormais que d'infimes régions du globe. Ici, où l'on n'est pas (encore) à manier l'armement de masse, on se livre à une guéguerre-civile permanente à propos de tout et de rien, on a les nerfs à vifs, guettant la faute qui permettra la curée. Dans un pays qui, nous serine-t-on, fut celui des "Lumières", on s'emmitoufle dans la couverture sombre de l'anonymat pour répandre son fiel, pour vomir les haines les plus crasses, encouragés par les plus vils démagogues, toutes obédiences confondues. Dans un pays qui fut celui des droits de l'homme, on édicte des lois scélérates qui déconstruisent ce qui fut patiemment édifié contre les vents mauvais et les marées délétères. Ce qui pouvait nous rendre fiers est maintenant mis à bas par des pantins à jamais déshonorés*, qu'ils soient de droite "républicaine", du centre (du nombril, plutôt) ou de la"vraie gauche". Cette dernière, ayant fait blocage, peut vociférer ensuite quand c'est la loi "dure" qui est votée.
Dans les heures qui viennent, on va se répandre (au son des flonflons auto-tunés** d'étoiles de plus en plus filantes, ou, selon les générations, en hurlant que la chenille redémarre) en vœux usuels de bonne santé -bonheur-prospérité. Les vrais "prospères", du haut de leur Aventin mondialisé, se souhaiteront de l'être encore plus et nous laisseront grignoter les reliefs de leur banquet. Nous nous en satisferons, comme d'habitude, en ayant, de temps à autre, une pensée compassionnelle pour la multitude qui crève de faim.
Je sens mon lecteur habituel sidéré : choisir les dernières heures de 2023 pour lui révéler qu'on ne se contente pas de célébrer les "anges" ou de distiller de belles notes de musique, mais qu'on observe, réfléchit, et, faisant ce piètre état des lieux, que l'on en souffre ?! Eh bien, nous dirons que c'est la meilleure de l'année.
Mais rassurons-nous : je continue ma distribution quotidienne de poudre de perlimpinpin. Ça me fait du bien aussi.
Silvano
Prenons soin de la beauté, préservons-la de toutes les barbaries. |
* Un homme vient de mourir,
qui, promis aux plus grands honneurs,
refusa de laisser le moindre espace aux
déshonneurs ordinaires qui guettent les puissants.
Il fit plus pour nous qu'un quelconque roitelet.
** L'auto-tune, c'est ça : clic
6 commentaires:
Merci pour cet article. Liberté, égalité, FRATERNITÉ.
Sidéré? Pas du tout. Nous sommes habitués à vos contenus de qualité et votre regard sur le monde et les humains est très juste.
Je vous trouve bien pessimiste Silvano . Voyez en 30 ans les progrès de la médecine , la pauvreté qui recule presque partout . Voyez comme les nations tentent de s'unir contre le réchauffement climatique . Voyez le Pape qui autorise la bénédiction des couples homosexuels . Il est vrai que , malheureusement , la faim , la guerre , sont toujours là .
Fraternellement votre . Bon bout d'an .
J'adhère totalement au commentaire de Eric D.
Aucune surprise, aucune sidération, mais une admiration sincère et, j'en suis certain, grandement partagée.
Joël
Merci Silvano pour ce très beau texte, sur la forme comme sur le fond.
Vos images et votre inspiration frappent toujours juste.
C'est peut-être ce qu'on appelle la grâce !
Mille baisers de Pierre
Je n'approuve pas l'entièreté de votre propos, mais je vous remercie d'exprimer votre ressenti. J'adhère pleinement à ce que vous écrivez sur cette loi "scélérate" qui déshonore notre démocratie. Faites comme chez vous, en effet !
;)
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